Il y a une dizaine d’années, la jazzwoman Matana Roberts s’est lancée dans un projet particulier qui lui tenait à cœur. Elle l’avait baptisé Coin Coin Project. A travers les douze chapitres annoncés, la native de Chicago revient sur l’histoire sombre de l’esclavage aux Etats-Unis en utilisant l’outil qu’elle maîtrise le mieux : le saxophone. Sur les treize morceaux de « Coin Coin Chapter Four : Memphis », elle relate les mémoires d’une jeune femme dont les parents ont été assassinés par le Klux Klux Klan. Cette histoire se déroule à Memphis, lieu de naissance de sa grand-mère. Comme sur les précédents chapitres, elle a invité des collaborateurs pour apporter davantage de substance à l’ensemble. Si auparavant on a déjà eu l’opportunité de croiser des musiciens du label Constellation (qui sort l’album) ou encore Prefuse 73, pour cet opus, elle convie un autre habitué du label montréalais, Sam Shalabi (que l’on a récemment croisé au sein de Land of Kush). Sur ce quatrième LP, Matana Roberts réalise un cocktail entre free jazz déstructuré et folk spirituel. Alternant passages plus ambiants sur lesquels viennent se poser une voix et d’autres qui laissent place aux impros dont elle a le secret. Et il fallait s’en douter, le gospel a également voix au chapitre sur cet opus...
Attention, si vous n’êtes pas réceptifs au free-jazz (NDR : ce qui est le cas de votre serviteur), l’écoute de ce disque risque de vous donner du fil à retordre ; mais au fil du temps, pourrait vous réserver quelques moments de satisfaction.