Ozark Henry est un personnage que j’apprécie beaucoup. Et je ne m’en cache pas. Son nom de scène me plaît pour sa sonorité mais aussi pour sa signification. « Ozark » est une référence à une chaîne de montagne de l’Arkansas et « Henry » incarne un personnage de Junkie, œuvre de l’écrivain William S. Burrough. La classe ! Les autres raisons de mon estime vis-à-vis du chanteur belge sont bien plus terre à terre. Il y a quelques années, lors d’une soirée quelque peu arrosée, j’étais attablé à ses côtés, dans un restaurant asiatique. A Courtrai (NDR : d’où il est originaire). En fin de soirée, j’ai maladroitement et malencontreusement renversé mon verre de vin dans son assiette. L’artiste n’en a pas fait un plat, se contentant d’un sourire et d’un mot sympathique. La classe encore une fois ! En outre, il se procure ses instruments chez le même fournisseur que je fréquentais à l’époque. N’est-ce pas une raison suffisante pour mériter ma considération ?
Ces anecdotes nous éloignent quelque peu du sujet. Piet possède de bons gènes. Il est le fils du compositeur classique Norbert Goddaer. Il a donc été encouragé, très jeune, à se lancer dans la musique. Il a commencé à jouer du piano (NDR : et du saxophone) à l’âge de 6 ans. Ce qui explique sans doute pourquoi il jouit d’une telle maîtrise aux ivoires. Et qu’il est aussi perfectionniste.
« Grace » a été enregistré en studio, mais en prise directe. C’est-à-dire comme un ‘live’. En février 2008. Piet souhaitait réarranger une partie de son répertoire d’une manière plus dépouillée en les focalisant sur le chant et le piano. Et manifestement, à l’écoute de cet elpee, c’est la voix qui impressionne avant tout. Cette voix si caractéristique, empreinte d’une grande pureté domine les compos. Le prince de la pop belge est parfois critiqué pour l’excès de sophistication de ses arrangements ; mais ses versions allégées prennent une toute autre dimension. On y recèle même parfois quelques accents empruntés subrepticement à Coldplay voire à U2. Toutes ses plus belles chansons et tous ses hits sont ici réunis. A l’instar des superbes « Indian Summer » ou encore « Word Up ». Et les plages les moins notoires, comme la bande son du film « To Walk Again », sont aussi réussies. Enfin, sous leur forme épurée, « Vespertine » et « Sun Dance » sont vraiment impressionnants.
Après avoir écouté ce quasi ‘Best Of’, on peut mieux comprendre pourquoi à une certaine époque, David Bowie avait déclaré être devenu fan d’Ozark Henry. Et pas pour rien qu’il est considéré comme un des plus grands mélodistes belge ! Alors, l’état de « Grace » ? Pas tout à fait. A cause de la longueur de certains morceaux. Les sept minutes de « Splinter » finissent même par lasser. Et puis d’une trop grande homogénéité entre les différentes compos. Se farcir l’intégralité de cette œuvre est assez fastidieux. Un brin de folie aurait à coup sûr permis à ce disque de décrocher la timbale. Ce n’est sans doute que partie remise…