Rien n’est droit. Tout est oblique. Distordu, sale, foutraque et pourtant, l’ensemble tient miraculeusement debout. Car chez ce trio nantais, la règle est de transgresser allègrement. Violenter la mélodie pour qu’elle se révèle sous son jour le plus outragé, caresser la dissonance jusqu’à la faire vibrer au diapason, marteler jusqu’à l’épuisement, s’époumoner jusqu’à l’extinction, désosser, plier, coller, recoller, absoudre, cracher, juguler, calmer, régurgiter, déglutir, et au final fondre le tout dans un moule aux jointures imparfaites pour mieux laisser s’écouler le fiel et la sueur.
« Eugenia », second opus du groupe, tient en onze titres ravageurs et surtout ravagés.
Frénétique succession de riffs sous adrénaline que l’on s’injectera en intra-veineuse pour doper un moral en berne ou insuffler quelques grammes de couleurs opiacées dans une journée morose, le tout servi dans un emballage pop tâché de cambouis. Cet album affiche un seul credo : jouir de tout et maintenant, sans plus attendre, et de préférence les yeux fermés, mais les oreilles grandes ouvertes.
Allez-y, c’est de la bonne, faites-vous plaisir !