Derrière ce patronyme énigmatique et déjà maladif, se cache un musicien anglais anticonformiste, visionnaire et sans doute génialement dérangé.
Et qui n’a pas peur de bousculer le mélomane, comme tend à l’indiquer la plage d’ouverture de son premier opus qui s’étire sur 17 minutes intrigantes, angoissantes et claustrophobes.
« Vacca Wall » (du nom d’un chemin bordé de pierres mystérieuses dans le Yorkshire) tisse d’emblée une toile épaisse dans laquelle l’oreille vient se coller pour ne plus se détacher de cet objet à la fois beau et intriguant.
Évidemment, vous l’aurez compris, l’album n’offre pas de transe destinée à se trémousser sur les plages d’Ibiza, à moins d’un fameux bad trip sous acide.
Zébré d’éclairs blafards comme les néons d’une autoroute fantôme, les compositions sont délayées dans une texture sombre et épaisse comme le goudron.
À certains moments, « Erratics & Unconformities » sonne comme la berceuse d’un délire d’Alejandro Jodorowsky dans un monde réduit au silence par les machines.
Ici les paysages d’une Angleterre industrielle s’étendent à perte de vue et le ciel plombé se reflète sur des flaques d’huile qui maculent chaque rue, chaque campagne, chaque espoir.
Et quand Craven Faults s’abandonne à la méditation, c’est pour dessiner en pointillés des parallèles qui jamais ne se rejoindront (« Hangingstones », « Signal Post »).
Certes, le propos peut paraître opaque, mais il est le reflet de sensations, de ressentis, d’ébauches d’images et de visions incertaines nourries par six titres magistraux traversés de sons analogiques, digitaux et même récoltés ci et là lors d’énigmatiques trajets entre ville endormie et activités industrielles.
Un road trip exceptionnel alimenté par les photos y afférentes que vous trouverez sur le site de l’artiste ici
De toutes façons, si certains films n’existent que dans votre imagination, Craven Fault se chargera de les mettre en musique…