Repéré en 2010 grâce à l’album « Immaculada », un brûlot qui lui avait ouvert les portes du label Sacred Bones, le quatuor de Brooklyn ne cesse de se réinventer, de surprendre, voire de complètement déstabiliser son auditoire.
Elpee bien propre sur lui, ce « Mercy » démarre par une ballade qui d’emblée plante le décor. Classique et élégante cette chanson séduit par ses harmonies et agace par ses évidences.
Mais « Waiting In Dirty Water » emprunte alors directement une autre voie, conduite par un gimmick répétitif dessiné conjointement par des sonorités de guitare et d’orgue, échappées des années 70.
Dix minutes plus tard, après avoir tiré en longueur, secoué par des montées psyché saturées ou apaisé plus loin par des nappes d’Hammond sous LSD, le titre entrevoit alors un final aux portes de la perception, lors d’un decrescendo grisant...
La force de cet album procède sans aucun doute du songwriting et d’un line-up stabilisé depuis quelques temps. Et ces faiblesses dans l’audace de ce groupe à essayer tout ce qui lui chante. En témoigne ce « Children All Over The World » baigné de chorus et outrageusement maquillé comme un camion volé sur une aire d’autoroute dans les années 80. Mais le plus surprenant c’est que l’ensemble tient parfaitement la route. Et si le bruit des débuts fait souvent place à l’écriture, les fulgurances de quelques soli de guitares rappellent les débuts sans concession.
Tantôt calme, tantôt extatique, la musique de The Men explore les genres, s’approprie les codes tout en assurant sa propre originalité.
Une vraie réussite, telle une insulte gracieuse jetée à la face du monde.