Fiona Apple est un fameux personnage. Féministe jusqu’au bout des ongles (NDR : elle a été violée à l’âge de 12 ans !), elle dénonce le monde qui l’entoure. Et tout particulièrement dans ses lyrics. Certains médias ont même baptisé ce nouvel opus de post ‘Me Too’. Son cinquième, alors que le premier remonte déjà à 1996. Mais à chaque fois, on se prend une claque. Pas seulement à cause des textes, mais aussi de la musique. « Fetch the bolt cutter » a été enregistré chez elle, à Venice Beach. Et c’est la première fois qu’elle supervise entièrement la mise en forme de son elpee, même si elle a reçu le concours des ingénieurs du son Tchad Blake et John Would.
Mais venons-en à ce disque, qui outre l’instrumentation basique (piano, guitare/(contre)basse/batterie) est truffé de cris, chuchotements, respirations noueuses, percus insolites (notamment africaines, exotiques, métalliques, caribéennes, parfois synthétiques et même produites à l’aide d’ossements), des aboiements de chiens, etc. Et puis, il y a la voix de Fiona capable d’osciller d’un cri déchirant à un murmure intimiste, en passant par des intonation féroces, fragiles, puissantes ou frémissantes. Sans oublier les chœurs ! Angéliques, liturgiques, quasi-a cappella ou gospel. Tout un programme ! D’autant plus que l’autrice/compositrice/interprète n’hésite pas à jouer avec les structures des morceaux, en brisant les rythmes, par exemple ou encore en nous plongeant dans une forme d’univers vaudou. Un peu à la manière de Tom Waits pour l’album « Bone machine ». Bref, trempé dans un blues singulier, cet LP est à la fois complexe et désorientant. Mais il reflète parfaitement le talent créatif de l’artiste.