S’appeler Mauvais, fallait vraiment oser ! Mais de surcroît programmer la sortie d’un nouvel album un premier avril en pleine période de confinement tient plus de la schizophrénie qu’à la prise de risque…
Ajoutez-y un peu plus de 55 minutes de chansons délirantes et vous obtiendrez un produit subversif à n’en plus finir.
Pourtant le trio Calogero Marotta/Patrick Schouters/Christophe Enclin est coutumier du genre. Souvenez-vous, lors du premier essai, enthousiastes, ces gais lurons avaient proposé de prendre la place du gros Gégé (« Pour toi, je peux devenir Gérard Depardieu »).
Si le premier opus laissait déjà entrevoir les entrelacs d’un graal sous un lit de lyrisme éhonté, « Tout va bien » pointe le bout du nez quatre années plus tard dans un registre assez éclectique tout en conviant, au passage, des comparses tels que France Cartigny, Jean-Pol Steffens et Hervé Borbé, sans oublier quelques autres lascars, afin de livrer une kyrielle de chansonnettes destinées à faire le bonheur de celles et ceux pour qui la langue française a (encore) une certaine importance (toute relative)…
Tout en mettant l’accent sur le second degré et la bonne humeur, les musiciens s’adonnent joyeusement à un exercice lexical entre réflexions sur l’absence de l’acteur français Michel Constantin, figure emblématique des seconds rôles dans les années 60-80, et natation synchronisée ; le tout en affichant une facilité déconcertante ou si préférez… comme s’ils nageaient comme des poissons dans l’eau…
Vu sa curiosité surréaliste, Mauvais (s’) offre une vision musicale particulièrement ample et la traduit en douze compos dont la filiation littérale est improbable, à l’instar du titre « Je voyage en OVNI ».
Entre le mysticisme d’un Mickey 3D et la poésie contemporaine d’Hiroshima Mon Amour, Mauvais cultive le sens du rythme et de la folie sous un air faussement désabusé, mais avec cette intelligence artistique dont trop peu de groupes peuvent se targuer.
Drôle, captivant et addictif à la fois !