Qui peut se targuer d’aligner 40 ans d’une carrière musicale aussi riche que glorieuse, vendre 20 millions de disques dans le monde et d’entendre ses tubes, adaptés par la crème de la crème de la scène musicale ; et tout particulièrement Metallica, Sting, Sonic Youth, The Presidents of the United States, Leyla Kaye ou encore Red Hot Chili Peppers ?
Véritable caméléon, Plastic Bertrand est toujours parvenu à insuffler un grain de folie dans des compos faussement gnangnan où la grandiloquence se faufile parfois entre le courant new beat d’un « Slave to the Beat » ou le punchy « Ça plane pour moi ».
Artiste touche-à-tout, le Bruxellois s’est ici entouré d’une belle brochette de professionnels tels que Dan Lacksman (Telex) et Alec Mansion (le père de Charlotte, une autre artiste belge), au Synsound Studios de Bruxelles, afin d’enregistrer un 10ème opus, un LP partagé entre compos chantées en français ou en anglais.
Onze années après gravé « Dandy Bandit », il nous propose « L’Expérience Humaine », un disque qui s’inscrit dans un courant électro-funk, institué en France par un certain… Daft Punk. Cette sortie est un évènement à lui seul, parce qu’attendu autant par le populi que la critique.
Si ce n’est l’album de la décennie, il constitue néanmoins un exercice relativement intéressant qui complète à merveille la discographie d’un sexagénaire… plus en forme que jamais.
Son style virevoltant et sautillant constitue un véritable produit de consommation que l’on prendra plaisir à écouter avec une sincérité absolue et une délectation immédiate, avant de passer ensuite à quelque chose de plus absolu tout en se souvenant de l’homme et de l’artiste qu’il a été.
Les sonorités électroniques et la voix robotisée rencontrées sur plusieurs chansons (NDR : souvenez-vous de « Tout petit la planète », début des années 80) rendent le format très contemporain, un mouvement bien dans l’air du (d’un) temps qui s’amplifie mais surtout attire une frange d’auditeurs plus jeunes, friands de ce genre de musique.
François Jouret, lui, à vrai dire, n’a plus rien à prouver. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle il émane de son personnage, justement, cette part innée d’humanité. Il herche simplement à se faire plaisir et faire plaisir aux autres tout simplement.
On épinglera, encore, « Don’t Stop », une compo disco interprétée en compagnie de Leee Johns, le chanteur d’Imagination, un créneau qu’il n’avait jamais exploré…