Il a d’abord sévi chez Louise Attaque et Tarmac, puis s’est lancé en solo et ensuite en duo, notamment en compagnie de Rachida Brakni, mais a également enfilé le costume d’auteur et de producteur, et tout particulièrement pour Bashung et Vanessa Paradis. Il faut le reconnaître, Gaëtan Roussel multiplie les expériences musicales avec une facilité déconcertante depuis de nombreuses années.
A l’aube du 25ème anniversaire du groupe qui l’a porté à l’autel d’un succès populaire et critique, l’énigmatique chanteur à la signature vocale singulière nous propose son quatrième opus. Un disque aussi détonnant que grisant…
Partiellement écrits avant le confinement, les onze titres de ce disque traitent de la condition humaine, de la capacité de résistance ("Les Matins difficiles"), du partage générationnel ("La Photo") en passant par le réconfort amoureux ("Je me jette à ton cou", "Tout contre toi").
Tramée essentiellement sur la guitare acoustique et la voix, la musique du presque quinqua agrège allégresse et délicatesse ; et pourtant, son timbre éraillé apporte un côté dramatique et intimiste au propos.
"Est-ce que tu sais?", c’est avant tout un disque d’amour et de résilience au cours duquel l’auteur et son réalisateur Maxime Le Guil (Christophe, Camille, Vincent Delerm…), sans chœurs, ni anglicismes, mais en épinglant quelques duos (Camélia Jordana sur "La photo" et Alain Souchon pour "Sans sommeil") et en s’autorisant quelques envolées de violons ci et là, ont accompli un travail sans concession où l’à-propos de l’homme rejoint celui du grand mélodiste.
Une œuvre ambitieuse mais aboutie dont la diversité et l’amplitude sont tempérées par cet ersatz de sobriété propice à l’introspection et au dépouillement.
En gravant "Est-ce que tu sais?", Roussel (se) pose des questions, sans parvenir pour autant à donner des réponses, chacun étant invité, au fond, à trouver les siennes…