De temps à autre, il est bon de se farcir un band complètement déjanté. Et c’est le cas de Teke Teke, un septuor montréalais dont le patronyme s’inspire soit d’une légende urbaine japonaise, soit du mythique guitariste Takeshi Terauchi. Pas étonnant, puisque hormis le tromboniste Etienne Lebel, les musicos sont originaires du pays au soleil levant. Et sur cet opus, les lyrics sont chantés dans cette langue, par Maya Kuroki, également artiste visuelle.
« Shirushi » constitue le premier elpee de la formation. Une œuvre dont la musique intègre des tas de courants musicaux, depuis le punk au garage en passant par le psychédélisme, la musique de film (Ennio Morricone en tête), la trance fusion, le folklore nippon, le jazz, le post et le surf rock (celui initié par le Ventures et devenu l’eleki).
Outre l’instrumentation basique (guitare, basse, batterie, trombone), les musiciens se servent également d’instruments folkloriques comme la shinobue (flûte en bambou) et le taishögoto (harpe de Nagoya). Et le tout est enrichi d’orchestrations, parfois gracieuses et séduisantes, comme lors du final « Tekagami ». Mais surtout luxuriantes. A l’instar de l’hypnotique, baroque, épique et presque sinistre « Barbara », au cours duquel l’ombre de Mothers of Invention se met à planer. Bref, la fantaisie n’a pas l’air d’avoir de limite chez Teke Teke. Même que parfois, on frôle le délire. Et le plus bel exemple revient à « Sarabande », un morceau au cours duquel des notes cuivrées loufoques s’invitent au cœur d’orchestrations réminiscentes d’« Atom heart mother » du Floyd. Caractérisé par son intro bucolique qui vire rapidement au chaos bruitiste, « Kala kala » finit par épouser une forme psyché/folk/rock. Et dans le même esprit, « Meikyn » se conclut par une incursion dans le free jazz.
Déconcertant, mais dans le bon sens du terme !