Blue Roses est une petite merveille insoupçonnée, que n’augure ni son nom ni sa pochette dénués de caractère. De l’intérieur, c’est pourtant le repère d’une multi-instrumentiste à la voix de velours. Laura Groves s’enrobe aussi aisément d’un piano enjoué que d’une guitare caressée du bout des doigts. L’album se déroule dans un naturel fascinant ; les vocalises se superposent en vagues soyeuses, se couvrent tantôt de claquements de mains tantôt d’un xylophone éthéré pour tracer tout droit le chemin vers cet univers résolument onirique. Sur ces arrangements impeccables, chaque envolée vocale, chaque note de piano semble délicatement soupesée (à l’exception peut-être du synthé incongru empiétant sur « I’m leaving »). En fait, ce folk féminin ne tombe dans le piège ni de la candeur ni de l’imitation.
On ne dissimulera pas la comparaison avec Laura Veirs, tant elle éclate au grand jour. Mais ce n’est que pour mieux faire l’éloge de la novice, à qui il n’aura pas fallu les cinq albums de la New-yorkaise pour se hisser jusqu’à une telle perfection. Et pour façonner ce plongeon renversant sur « Rebecca », à 2 min 31’, qui transforme instantanément en extase les derniers frissons contenus.