Avant d’entamer les sessions d’enregistrement, Isaac Brock, le leader de Modest Mouse, avait déclaré qu’il sacrifierait ses parties de guitare pour enregistrer cet album, afin d’élargir l’espace de créativité. Mais au fil de ces sessions, elles sont revenues en force. Invité de marque, Johnny Marr est même venu donner un bon coup de gratte à « We are between », une piste enrobée de chœurs hymniques et dont la ligne de basse aurait pu être tracée par Simon Gallup. Outre l’instrumentation organique, le combo s’est également servi d’instruments moins conventionnels (banjo, marimba, mélodica), électroniques (synthés, boîte à rythmes) mais surtout insolites dont des percus cognées sur tout ce qui leur tombait sous la main...
Première constatation, caractérisé par ses arrangements luxuriants, l’elpee est parfaitement produit ; à tel point que parfois on se demande si ce n’est pas Brian Eno qui s’est chargé de la mise en forme.
A la limite du rap, la voix de Brock est souvent déclamatoire. Ce qui ne l’empêche pas de se muer en falsetto un peu à la manière des frères Mael chez Sparks ; comme sur le post punk « Walking and running ». Du post punk qu’on retrouve tout au long du vigoureux « Japanese trees ». Et dans le même esprit, « Fuck your acid trip » évolue sur un tempo mid new wave.
De cet LP on épinglera encore « We’re lucky », dont l’intensité monte en crescendo et se gonfle d’une section de cuivres. Puis « Wooden soldiers », un morceau qui s’ouvre dans une ambiance à la Tom Waits, puis vire à l’allègre (ces sifflotements) et invite même une pedal steel. Et enfin « Transmitting receiving », un manifeste anti-technologie caractérisé par sa mélodie et sa contre-mélodie ; une plage qui synthétise le thème de cet album qui met en garde contre les dangers d’Internet…