Certains disques sont difficiles à chroniquer et même à étiqueter. Et le plus souvent, ils sont peu accessibles. C’est le cas du denier opus de PAK, « Motel », que la critique musicale case quand même dans la nébuleuse du free-jazz. Cet elpee est d’autant plus difficile à cerner que sa production a été bâclée. Des conditions qui ne permettent pas au groupe de se montrer à son avantage. On a même souvent l’impression que les morceaux ne sont pas suffisamment aboutis.
Après quelques mesures, on aurait rapidement tendance à abandonner l’écoute de ce cd. Mais par souci de professionnalisme, on essaie quand même de s’accrocher. Et puis, au fil du temps, en parvenant à faire abstraction de la piteuse mise en forme, on commence à découvrir un talent certain chez ce trio yankee. Assurée par le drummer Keith Abrams et le bassiste Jesse Krakow, la section rythmique est à la fois subtile et solide. Elle permet, en tout cas à Ron Anderson de baliser les compositions schizophréniques de Ron Anderson. A l’instar d’un Mr Bungle ou encore du Singe Blanc, les trois New-yorkais s’efforcent de brouiller les pistes en variant les tempos ou en renouvelant les climats, suivant leur humeur. Chaque morceau épouse d’ailleurs un schéma similaire : il n’y en a aucun. Et le morceau d’entrée, « You like It Like That », en est certainement une merveilleuse illustration. Il glisse aisément d’un rythme soutenu, façon Singe Blanc, vers une expression balkanique bercée par les accords d’un violon. Seul « Zugzwang » dénote de l’ensemble. Motif, c’est la seule plage de l’œuvre qui n’est pas déstructurée. Par contre, inutile de chercher une quelconque mélodie. Peine perdue, elles sont inexistantes.
Dans ces conditions, « Motel » s’adresse avant tout à un public averti. Quant au mélomane lambda, il aura la nette impression de subir une agression de ses tympans ; ce qui d’un certain point de vue, n’est pas tout à fait faux.