« Skinty Fia » (NDR : sorte de juron gaélique signifiant ‘damnation du cerf’) constitue le 3ème opus de Fontaines DC, une œuvre qui reflète notamment le sentiment d’exil éprouvé par les musicos, depuis qu’ils se sont établis à Londres. Pour le produire, le band a de nouveau bossé en compagnie de Dan Carey (Wet Leg, Squid, black midi, The Lounge Society, …)
L’album s’ouvre par « In ár gCroíthe go deo », une chanson interprétée en gaélique, dont le début est presque chanté a cappella. Puis, sous l’impulsion de la batterie, l’intensité monte en crescendo, avant que les cordes de guitares se mettent à tourbillonner, sur fond de chœurs liturgiques. Et le plus souvent, c’est ce drumming qui dynamise les compos, même les plus indolentes. Autre compo inspirée par la tradition irlandaise, « The couple across the way », dont la vulnérabilité est entretenue par la mélodie jouée à l’accordéon…
Outre le contagieux « Jackie down the line », on épinglera encore le subtilement psychédélique « Roman holiday », la ballade mélancolique « Bloomsday », dont la gratte est judicieusement traitée à la slide ainsi que le plus complexe titre maître, imprimé sur un tempo spasmodique.
Excellent, parsemé de références politiques et culturelles, « I love you » baigne au sein d’un climat gothique, peut-être réminiscent du Cure. Et l’œuvre de s’achever par « Nabokov », une plage qui se réfère probablement à Vladimir Nabokov, écrivain russo-américain auteur, notamment, du roman polémique « Lolita » …
Si le second opus du groupe irlandais avait déçu, « Skinty Fia » devrait figurer dans de nombreux tops de l’année 2022.