Jamie Alexander Treays est un flibustier. Sous le patronyme de Jamie T, il bat pavillon noir tout en pillant les océans où il navigue. Sur son étendard, en dessous du crâne blanc –ne laissant présager rien de bon pour ceux qui s’approcheront de son navire– est inscrit sa ligne de conduite : ‘Même pas peur !!!’ A coup de grand voile et d’attaques sournoises, il enrichit son magot. Ses victimes se nomment pop, folk, jazz et hiphop. Le boucanier ne fait pas dans le détail. En lieu et place d’enterrer son magot sur une île connue de lui seul et de quelques compagnons alcoolisés au rhum, il préfère partager et redistribuer à ceux qui le désirent, les richesses amassées au fil des croisements de fer. Avec l’élégance d’un Mike Skinner ou d’Arctic Monkeys, l’Anglais balance la sauce sans scrupule et surtout sans état d’âme.
Difficile de cataloguer le style original du Briton. Même si les accents hip hop sont forts présents, il y a un réel sens de la curiosité qui propulse « Kings & Quenns » au firmament de l’éclectisme. Savoureux, espiègle, déjanté sont les liants à cet imbroglio des genres. Jamie T déverse dans ses textes des tranches de vie allant de l’amour à la fiesta sans limite, avec un accent savoureux et ronflant de pur Londonien. « Kings & Queens » succède à l’excellent « Panic Prevention » sorti en 2007 qui nous faisait déjà penser que ce bad kids avait du matos dans l’armoire. Qu’ils se nomment Samuel Bellamy, Jack Sparrow ou Capitaine Crochet, les pirates auront toujours un capital sympathie fort élevé ; mais rares sont ceux qui en plus, ont l’esprit altruiste comme le Capitaine T. Vous l’aurez compris, cet album fera partie de mon top 10 de l’année ; et ce, dans la catégorie générosité qualitative.