Le précédent opus de The Black Angels, « Death song », remonte à 2017. Depuis, le line up du band a subi de profondes modifications, puisque Kyle Hunt et Nate Ryan ont cédé leur place au multi-instrumentiste Rami Verdooren et au sixcordiste Jake Garcia. Le quintet est, bien entendu, toujours drivé par le chanteur/bassiste/organiste Alex Maas et compte toujours en ses rangs la drummeuse Stephanie Bailey ainsi que le guitariste Christian Bland.
Produit par John Agnello, « Wilderness of mirrors » constitue le 6ème elpee de cette formation texane (Austin) dont le patronyme été emprunté au titre « The Black Angel's Death Song » du Velvet Underground. Pourtant, la musique émarge surtout au psychédélisme. Et tout au long de « Wilderness of mirrors », elle emprunte au Floyd de Syd Barrett, à Love, aux Beatles circa « Tomorrow never knows » et au 13th Floor Elevators. Sur l’excellent « The river », le groupe évoque spécifiquement ces références. Et le rythme lancinant du titre maître ainsi que la voix flottante de Maas s’inspirent manifestement des premiers elpees du Pink Floyd. « 100 flowers of Paracusia » nous replonge dans la Californie des Byrds et de Jefferson Airplane. Un psychédélisme West Coast qui alimente « Vermillion eyes », une plage rognée par un clavier vintage et qu’imprime un tempo syncopé. « A walk on the outside » adresse un clin d’œil au band de feu Roky Erickson. « History of the future » libère des décharges électriques rampantes. Caractérisé par son drumming martelé, « El jardin » s’autorise des giclées de guitares joyeusement discordantes. Et elles passent au fuzz sur l’intense « La Pared (Govt. Wall Blues) », une piste au cours de laquelle des cloches d’église sont invitées. Plus enlevé, « Empire falling » est aussi pugnace qu’emballant. Enfin, « White a trace » est canalisé par une section rythmique lancinante, alors qu’en début de parcours le cri d’un guerrier indien nous avertit peut-être qu’il vient de déterrer la hache de guerre. Des sonorités d’orgue lointaines voilent le presque acoustique « Here & now ». Elles deviennent sibyllines et ténébreuses sur « Suffocation », le morceau qui clôt ce superbe album, dont les lyrics continuent de traiter des rapports entre les êtres humains, l’individu et la société…