Comme la plupart des jeunes issus de ma génération, je dispose d’un lecteur me permettant de savourer la musique quand je veux et où je veux ; rendant ainsi mes déplacements plus agréables. Appareil d’autant plus utile lorsqu’il s’agit de découvrir les cds à chroniquer. Mais vu la mémoire limitée de ce lecteur, la plupart des albums ne sont stockés que durant quelques semaines. Juste le temps de les écouter et de les analyser. Avant d’être remplacés. Une minorité d’œuvres y sont quand même conservées. Parce que je les apprécie tout particulièrement. Et « Apple’s Acre », le dernier long playing de Nurses, bénéficie de ce privilège…
Natifs de Portland (Oregon), Aaron Chapman et John Bowers avaient édité un elpee autoproduit, il y a deux bonnes années. Depuis, le duo a engagé un percussionniste (Jonas Mitchell), puis signé chez Dead Ocean, un label qui a franchement le nez creux pour dénicher de nouveaux talents. En se servant d’instruments conventionnels (piano, guitare, etc.), mais surtout insolites, Nurses élabore une pop à la fois minimaliste et psychédélique. Les mélodies sont, en outre, contagieuses. Mais le point fort de ce combo procède des vocaux échangés par les deux membres fondateurs. En jouant constamment sur les différentes tonalités tout en superposant des boucles, ils parviennent à modeler de véritables petits bijoux. A l’instar de « Bright Eyes », digne du meilleur d’Animal Collective. Du beatlenesque « Lita » ou encore de « What Then » plus proche d’un Le Loup. Au fil de l’écoute, d’autres influences sont très susceptibles de vous traverser l’esprit. Celles de Menomena voire de Yeasayer, notamment. Néanmoins, Nurses a le bon goût de retravailler constamment ces références, afin de rendre sa solution sonore la plus originale possible. D’ailleurs, à chaque nouvelle écoute, on y décèle certaines subtilités qui n’étaient pas apparues, la précédente…