Tanlines est un duo constitué d’Eric Emm et de Jesse Cohen. Mais sur « The big mess », ce dernier a très peu participé aux sessions d’enregistrement, trop occupé par sa carrière parallèle dans le marketing et son podcast musical ‘No effects’. Il a d’ailleurs accepté, de bonne grâce, qu’Éric continue l’aventure sous ce patronyme. Finalement, c’est Patrick Ford, considéré comme le troisième membre du groupe qui l’a suppléé.
Première constatation, la synthpop a cédé le relais à une musique davantage hybride. A cause de la place prise par les grattes. La basse, mais surtout la guitare. Cette dernière adopte même des tonalités surf sur « Clouds », un morceau dont la fin se révèle hymnique. Mais aussi « Hold on » où elle se mettent à carillonner, alors que le timbre d’Eric, enrobé de chœurs féminins, est aussi chaud que celui de Matt Berninger (NDR : curieusement, c’est Peter Katis, notamment producteur pour The National, qui a mixé l’opus). Et même surf/blues. Sur « Endless love », mais surtout tout au long de « Burns effect » (quoique quelques accents flamencos la traversent insidieusement), une plage que chante Emm, d’une voix rappelant ici, plutôt Chris Isaak. Et elle évoque encore celle de Jarvis Cocker (Pulp) sur « The age of innocence », une piste tapissée, en arrière-plan, de pedal steel. Il faut reconnaître que la voix d’Emm est superbe, bien timbrée, vibrante… Ce qui lui permet d’interpréter une ballade soul mid tempo romantique comme « Speed (?!?!).
Elégants, les synthés sont disposés en couches sur « Outer banks », un titre dynamisé par un drumming spasmodique. Cependant, hormis « The big mess », sur lequel John McEntire (Tortoise, The Sea & The Cake) se consacre à la batterie, les 10 autres pistes sont imprimées par une boîte à rythme, un peu trop binaire, malgré une ligne de basse quelquefois caustique (« Arm’s length away »), pour rendre les compos plus percutantes.