Fondé en 1979, Bush Tetras a connu plusieurs interruptions au cours de son existence. Il a ainsi été actif depuis sa naissance à 1983, de 1995 à 1998, et à partir de 2005. Principalement féminin, le combo a changé de bassiste à plusieurs reprises ; Laura Kennedy, membre originelle, qui avait quitté le band en 1998, est décédée le 14 novembre 2011, des suites d'une longue maladie. Et en 2021, alors que le groupe bossait sur son nouvel elpee, c’est le batteur Dee Pop qui tombe subitement mort. L’ex-Sonic Youth, Steve Shelley, a pris le relais depuis l’an dernier (NDR : il s’est également chargé de la production de l’album) et après plusieurs remaniements, Cait O'Riordan (NDR : elle a milité chez les Pogues et a été mariée à Elvis Costello !) a finalement repris la basse…
Bush Tetras est considéré comme un groupe de no wave américain. Engagé politiquement à gauche, il est d’ailleurs issu de New York. « They live in my head » constitue son sixième elpee, et son esprit contestataire semble ne pas avoir fléchi, les textes traitant de la pandémie, du besoin de protester et de contester les injustices ainsi que des inégalités qui gangrènent notre société. Et lorsque Cynthia Sley adopte des intonations vocales proches de Patti Smith, le message semble encore plus percutant, à l’instar du titre maître. Ou alors de Grace Slick (Jefferson Airplane). Comme sur « Another room », une compo à la jolie mélodie, malgré les cordes effilées et grinçantes dispensées par La sixcordiste Pat Place. Elles le sont régulièrement, parfois acides, tranchantes comme du funk blanc labellisé Gang of Four (« I am not a number », « So strange »), cosmiques (« Walking out the door ») ou même psychédéliques (« The end »). On épinglera quand même le drumming de Pete Shelley, jamais envahissant, mais toujours aussi efficace. Même que parfois, on a l’impression qu’il imprime, sur certaines plages, un tempo new wave.