Samuel James est un bluesman dont le style est exclusivement acoustique. Une démarche très proche des authentiques précurseurs qui sillonnaient les routes poussiéreuses du sud américain. Pensez aux bluesmen originels comme Skip James, Mississippi John Hurt, Son House, Bukka White et Charley Patton. Mais s’il puise son inspiration chez ces légendes, ses compos sont parfaitement adaptées à la scène contemporaine. Tant sa musique que ses lyrics. En outre, c’est un multi-instrumentiste.
Originaire de Portland, non loin de la frontière canadienne (NDR : c’est dans le Maine, face à l’Atlantique), son grand-père était guitariste. Il explorait également différents styles de blues. Ceux qui correspondaient à son époque, bien sûr. Quant à son père, il était pianiste professionnel et tromboniste. Le jeune Samuel apprend la danse à claquettes dès cinq ans, le piano à huit et devient pro à douze. Il n'a pas encore passé la barre des trente balais, lorsqu’il grave sa troisième œuvre, "Songs famed for sorrow and joy", un elpee déjà édité chez Northern Blues Music. Samuel est un solitaire. Sa musique est intimiste. Il manifeste un profond respect pour les traditions. Ainsi, s’il compose son propre répertoire, sur les planches, il adore reprendre des classiques de ces maîtres du blues, tout en cherchant chaque fois, à se réapproprier ces morceaux. Sur cet opus, il est à l’aise sur tous les modèles de guitares (resonator, flamenco, 6 et 12 cordes) ; mais aussi au banjo, au piano et à l'harmonica. Il tape des pieds et des mains ; et bien entendu il chante. Et le résultat est excellent, puisque James parvient à faire revivre la musique des années 20 et 30, en tirant parti de la technologie moderne.
Dès l’ouverture, il impressionne. Fermez les yeux, et vous aurez la sensation de vous trouver face à l'artiste. Il pince nerveusement ses cordes, tape furieusement du pied et chante en puissance, tout au long de "Bigger blacker Ben", une ouverture royale. Très dépouillé, "I'll break your promise" force le respect. "Cryin' blind" est un régal ! Sa présence, tant aux cordes qu’aux vocaux, est envoûtante. Il démontre son habileté au picking sur "A sugar smallhouse Valentine", rappelant au passage le style Piemond. Tout comme sur la jolie pièce instrumentale, "Trouble on Congress street rag". Chanson d’amour empreinte de douceur, "Rosa 's sweet lil' love song" s’adresse à Rosa Poda (dont la silhouette longiligne est reproduite sur la pochette), une danseuse du ventre locale. Il balance furieusement d'autres cris d'amour en s’armant d'un banjo aux sonorités sémillantes et métalliques à travers "Darlin' Maeve" et "Miss Noreen". En fin de parcours, il tape du pied en récitant a capella "Wooden tombstone". Et en finale, il le prend littéralement lors d’un "Path of ashes", au cours duquel, il assure l’intégralité de l’instrumentation.