Lorsque Faithless a publié en 1995 « Salva Mea » (avec, déjà, Dido au micro), on aurait pu penser qu’il s’agissait d’une énième formation dance à deux balles. Le genre ‘One Hit Wonder’ que tout le monde aurait oublié deux ans plus tard et dont le plus gros carton à l’époque, « Insomnia », ne passerait en boucle que dans la sono des kermesses d’Outsiplou-Les-Bains. Tout faux. Enchaînant tubes sur tubes, Maxi Jazz, Sister Bliss et l’homme de l’ombre, Rollo Armstrong, font taire les mauvaises langues pour ensuite époustoufler les masses lors d’une première tournée européenne grandiose, qui passera notamment par l’AB en 1997. Faithless devient par la suite, et très rapidement, le groupe incontournable des grands festivals. Pas mal comme parcours. Mais l’effet ‘conte de fée’ commencerait-il à s’estomper ? Ayant terminé sa course dans les charts anglais bien loin derrière ses prédécesseurs, « To All New Arrivals » est, à ce jour, l’essai le moins fructueux du trio.
Mauvais choix de single porte-drapeau (le très moyen « Bombs ») ? Manque de titres potentiellement radiophoniques ? Pourtant, ce nouvel essai présente une formation fidèle à elle-même. Lassitude, peut-être ? Il est vrai que la formule n’a que très peu évoluée depuis « Outrospective ». En effet, rien de bien neuf sous le ciel anglais. « To All New Arrivals » marie donc, comme de coutume, quelques titres pop ou électro merveilleusement bien produits (« Emergency », « Nate’s Tune ») aux inévitables morceaux trip-hop (« The Man In You »). Si l’œuvre propose un Maxi Jazz beaucoup trop en retrait, on ne peut que saluer la liste d’invités prestigieux : l’inévitable Dido, Cat Power (l’apaisant « A Kind Of Peace ») mais également Robert Smith (« Spiders, Crocodiles & Kryptonite », et son sample habilement remanié du « Lullaby » des Cure). En conclusion, le cinquième essai de Faithless n’étonnera pas grand monde, mais c’est toujours ça de pris. En attendant de les voir sur scène, là où ils brillent véritablement.