Provocante célébration du désir charnel, à la fois artistique et délicieusement crue, « ShortBus » est la dernière extravagance cinématographique en date de John Cameron Mitchell, déjà responsable de l’excellent « Hedwig & The Angry Inch ». Le film retrace les boires et déboires sentimentaux et sexuels de deux couples, l’un hétéro, l’autre homo, qui au détour de leurs peines de cœurs se retrouvent certains soirs en compagnie d’autres âmes perdues dans un club underground de New York, le « ShortBus ». Lieu où les disciplines, les genres et les corps s’entremêlent. ‘Comme dans les 60’s, mais l’espoir en moins’.
Non content d’emprunter de jolis morceaux à Yo La Tengo, Azure Ray, Animal Collective ou The Hidden Cameras afin d’illustrer la bande sonore de son œuvre épicurienne, Mitchell a également fait appel à quelque uns des protagonistes de son film. On y recense donc un talentueux Jay Brannan (qui interprète le rôle de Ceth) sur un « Soda Shop » exquis, ainsi que Lee & LeBlanc, formation menée par Sook Yin Lee (alias Sofia dans le film) et Justin Bond & The Hungry March Band sur l’étincelant « In The End », conclusion en fanfare du long métrage. Mais on retiendra principalement la voix envoûtante de l’Australien Scott Matthew (à ne pas confondre avec l’américain Scott Matthews) interprétant, sur disque comme sur grand écran, quatre titres tout simplement intenses et captivants, non loin des meilleurs et plus sombres travaux d’Elvis Costello. A contrario du film, qui n’est pas à mettre sous tous les yeux, cette bande originale ravira les sens des 'sexually challenged indie people'. Surtout si l’on fait fi de la présence superflue de The Ark.