Presque deux années se sont écoulées depuis la sortie du premier album de Clare & The Reasons, « The Movies ». Un premier essai qui avait obtenu d’excellentes critiques. Pour la circonstance, Clare avait reçu le concours de son époux et du compositeur français Olivier Manchon ainsi que de la formation The Reasons. Un opus qui avait surtout marqué les esprits par le timbre vocal doux et suave de la New-Yorkaise, ainsi que par les arrangements particulièrement réussis. Un bémol : l’absence de folie. Ce qui au fil de l’écoute se traduisait en un ennui poli.
« Arrow » constitue donc le second elpee de C.&T.R. Le timbre vocal de Clare Muldar est toujours aussi exquis. Les arrangements sont à nouveau impeccables. Si les cordes acoustiques (NDR : particulièrement envoûtantes tout au long de « You getting me ») et les accords de piano dominent l’instrumentation, la diversité des climats déjoue le piège de la morosité. On a même droit à des cuivres sur la cover du « That’s All » de Genesis. Le spectre de Joanna Newsom plane parfois. A cause du côté baroque des compos. Mais en plus cool et surtout en plus printanier. Clare interprète également une plage dans la langue de Molière (NDR : serait-ce un clin d’œil adressé à son mari ?) Véritable hymne à la capitale de la France, « Perdu à Paris » baigne dans une expression sonore qui aurait pu servir de fil conducteur à une chanson de Jacques Brel. « Melifera » libère une certaine forme d’allégresse ; mais elle aurait pu se muer en grâce si cette compo avait été enrichie de chœurs. Néanmoins, cet elpee s’avère de toute bonne facture. Léger, ensoleillé, il répand des effluves printaniers auxquelles on aspirait depuis de longs mois.