Thomas Ruf est né le douze décembre mil neuf cent soixante-cinq (12.12.1965). Il est le boss du label qui porte son nom. Son chiffre fétiche est le 12. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles il a sous-titré cette luxueuse collection : "12 years of where blues crosses over". Une compile qu’il a voulu plus originale que toutes celles de ses éventuels concurrents. En fait, cet opus constitue une rétrospective de douze années riches en productions maison.
En 2006, le "Full circle" de Walter Trout avait récolté un immense succès commercial. Son plus grand à ce jour. "Workin' overtime" en a été extrait. Une plage au cours de laquelle il partage un duo en compagnie du Canadien Jeff Healy, célèbre guitariste atteint de cécité. La délicate Sue Foley figure également sur ce recueil. Pour un titre très saignant. En l’occurrence la plage éponyme de son excellent elpee "New used car". En 2005, la redoutable et imposante Candye Kane s’était illustrée par son excitant "White Trash girl". La présence de cette compo n’est donc pas étonnante. La même année, le Ruf Blues Caravan réunissait plusieurs jeunes artistes dont Ian Parker, un Britannique particulièrement doué. Sa voix est pure. Sa guitare menaçante. Mais surtout il impressionne par son "It hurts a man". Commis en 2003, le "White crosses" du Texan Omar Dykes nous permet de revivre de biens agréables instants. Un morceau finalement bien léger concédé par le géant dont le bon quintal lui donne souvent une puissance démesurée. On n’entend plus guère Larry Garner aujourd’hui. En 2002, la voix frêle mais bien timbrée de ce sympathique personnage colorait une chanson qui porte son nom. L’année suivante, Thomas faisait une découverte importante : Ana Popovic. Depuis, sa carrière a pris une toute autre dimension. La guitariste slave est même prête à rebondir outre-Atlantique, puisqu'elle vient de signer chez Delta Groove, label établi à L.A. réputé pour son dynamisme. Sa très belle ballade "Love fever" est ici incluse. En 2000, l’Albion avait révélé le jeune Aynsley Lister. Il a déjà bien roulé sa bosse depuis. Chantre remarquable, Kevin Coyne nous a malheureusement quittés. En 2004. Un hommage lui est en quelque sorte rendu sur cette plaque. L’écurie possède également ses fers de lance. Tout d’abord Canned Heat, les rois de la boogie music. "See these tears" date de 1999. Il met en exergue le talent de Robert Lucas et du regretté Henry Vestine. Le funk débridé et participatif de Bernard Allison n’a pas été oublié. Il remonte déjà à 1995. Et Luther Allison clôture la partie audio de cette anthologie par "Put your money where your mouth is". En 1989, Ruf était l'agent européen de cette star. Cinq ans plus tard, il monte son label pour son héros. C'est l'Histoire!
Le DVD s'ouvre et se referme par le merveilleux Luther Allison. Il chante "Bad love", extrait d'un vidéoclip tourné en 1994. L’émotion est alors à son comble. Et c’est bien compréhensible. Chez Ruf, on ne s’est véritablement intéressé au DVD qu’au cours des trois dernières années. En 2006, le line up de Blues Caravan (toujours d’actualité) réunissait Ian Parker, Aynsley Lister et Miss Lyytinen, dont la fraîcheur illumine les cœurs. Souriant, Sue Foley caresse les cordes de sa Telecaster multicolore tout au long d’"Absolution". Et elle est habile sur son instrument, la mignonne! Bob Brozman manifeste une dextérité folle et quasi inhumaine. Un exercice de style d’un bon quart d'heure. Bernard Allison reprend le succès éternel de son père, "Bad love". Flanqué de ses Howlers, Omar nous entraîne au cœur des bayous de la Louisiane. Il nous y réserve un de ses meilleurs titres : "Monkey land". 2005 est manifestement l’année des décibels. Robin Trower, Ana Popovic et Ian Parker se fendent chacun d’un blues rock bien électrique. Ce dernier se distingue inévitablement dans la spécialité qui est la sienne : la longue ballade lente aux accents dramatiques, et nous concède un excellent "Awake at night". L’univers californien des Imperial Crowns s’embrase. Dément, brûlant, torride même, "Lil' death" est attisé par la slide aux accents métalliques et démoniaques. De plus anciennes images ont également été sélectionnées. Et en particulier celles consacrées à Aynsley Lister, réputé pour sa slide puissante. A Walter Trout, ensuite. Le vendeur le plus performant du label est bien évidemment soutenu par ses Free Radicals. Et enfin au coup de cœur maison, le sympathique duo teuton, Friend'n Fellow. Si cette collection est finalement bien agréable à regarder aussi bien qu’à écouter, nos vœux, pour la suite de l'histoire, vont inévitablement à Thomas Ruf!