Le principe d’« Electric Gypsyland » est simple : on confie les travaux des formations phares de la musique des Balkans (Taraf de Haïdouks, Koçani Orkestar, Mahala Raï Band ainsi que le Français Zelwer) à une brochette de remixeurs. Ce deuxième volume de la série part dans tous les sens, du meilleur au plus anodin.
Le premier disque s’ouvre par l’électro folk pointilliste de Tunng. Il parvient à transformer la musique de Taraf en une envolée rêveuse qui ne dépareillerait pas sur un album du label Morr. Après le ‘loungy’ Buscemi, les rockeurs US d’Animal Collective transposent le Koçani Orkestar en une étrange kermesse de nains de jardins atomisés au psilo. Balkan Beat Box orchestre la rencontre réussie des vieilles rythmiques dancehall de King Jammy avec les cuivres bondissants du Mahala Raï Band. Par contre, on passera la main sur le dub trop clinique de Dj Click et l’envolée trop abstraite de Smadj. Plus dancefloor, Shantel booste le très beau « Duba, duba si hora » du Taraf, inclus d’ailleurs ici sous sa version originelle sur le deuxième cd. Les anglais d’Oi Va Voi se fendent d’un magnifique et lancinant « A rom and a Home », dont les arpèges de guitares restent gravés à l’esprit. Forty Thieves Orkestar réveille le fantôme des Pogues sur la cavalcade éthylico-punkoïde de « The Man Who Drinks ». Le ShrineSynchroSystem embarque Tony Allen et le joueur de kora Sekou Koyate lors d’une jam investie par le violon éraillé du défunt Neacsu, figure tutélaire du Taraf. Atmosphère éthylique encore, où le Russendisko transforme une pièce intimiste de Zelwer en polka reggae. Et on ne peut passer sous silence l’excellente contribution électro du belge Gaetano Fabri sur « Go East ».
L’auditeur curieux pourra découvrir certaines des versions originales sur le deuxième compact disc ; et notamment le très beau « Siki, Siki Baba » du Koçani Orkestar, les imbattables roumains du Taraf, le funky Mahala Raï Band et le plus synthétique Zelwer. Beaucoup de bonnes choses, peu de déchets.