Gilles Weinzaepflen AKA Toog nous vient de Mulhouse. Si Jacques Tati l’avait un jour rencontré, il l’aurait certainement invité à rejoindre son équipe d’ingénieurs du son, lors de l’un ou l’autre tournage. Et « Goto », son nouvel opus, en est une parfaite démonstration. Car si le Français déborde d’imagination, il ne se soucie pas de faire aboutir ses compos. Pour lui, l’essentiel est de créer des ambiances en y incorporant de nombreux bruitages et quelques notes d’instruments. Mais en brouillant constamment les pistes tout en expérimentant, sans tenir compte de l’auditeur, on a l’impression que Toog cherche parfois par agacer. Et ca marche ! C’est même parfois (pas toujours) efficace.
« Traffic Jam » ouvre le bal. Une mélodie simpliste est perturbée par des bruitages de voitures et de klaxons. On se croirait en plein « Traffic » de Tatischeff. ‘Où va la vie’ chante-t-il. ‘Partout, n’importe où !’, répond Gilles. Et c’est ce que côté un peu niais et mielleux qui énerve… Bref, si l’univers cinématographique constitue l’inspiration première de Toog, on a quand même droit à une excellente conclusion lors du très mélodique et visionnaire « L’Esprit De l’Inventeur », où le cinéaste Michel Gondry (« Be Kind Rewind », « Eternal Sunshine of The Spotless Mind », etc.) pose sa voix sur de superbes nappes de pianos et des sonorités électro minimalistes.
Toog partage volontiers ses idées qui foisonnent dans sa tête. Parfois farfelues parfois géniales, elles sont le fruit des élucubrations d’un personnage haut en couleur ; mais elles ne ciblent qu’un public bien spécifique. Ne cherchez pas de trame ni de structure. On a parfois l’impression d’être en présence d’un véritable foutoir ! Un peu à l’image de l’artiste. Intéressant, ce disque n’est cependant pas pour autant vraiment brillant.