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Bernard Dagnies

Bernard Dagnies

mardi, 26 juin 2007 00:19

The art of fiction

Pour concocter son premier opus, Jeremy Warmsley a compilé des chansons issues de ses cinq premiers opus. Une œuvre qu’il a divisée en deux parties, un peu comme sur un vinyle. La première réunit des compos essentiellement acoustiques alors que la seconde s’aventure davantage dans l’électronique. Ou si vous préférez, il y a un peu d’électronique dans la première partie et un peu d’acoustique dans la seconde. Il émarge donc au folktronica. Et lorsqu’on écoute ses chansons, des tas d’artistes ou de groupes nous traversent l’esprit : les Beatles, Bright Eyes, James, The Divine Comedy, Magnetic Fields, Ben Folds Five, Sufjan Stevens, Antony & the Johnsons, They Might Be Giants, Mull Historical Society, Aphex Twin, Ryan Adams, Nick Drake et surtout Rufus Wainwright. Agé de 22 ans ce Franco-britannique tire ainsi parti de tout ce qui lui tombe dans l’oreille pour composer une pop contagieuse, mélodique, tantôt orchestrale, tantôt minimaliste, tantôt ambient. Une musique assez surprenante mais toujours chatoyante qu’il pimente de son timbre vocal falsetto, à la croisée des chemins de Tim Booth et évidemment de Rufus. Fermement établi dans l’âge digital, ce troubadour des temps modernes constitue une des toutes bonnes surprises de ce premier semestre. Il lui restera donc à convaincre en enregistrant un véritable album constitué de nouvelles chansons. Mais vu le talent affiché sur « The art of fiction », le succès est au bout du chemin… Et ce n’est pas une fiction !

mardi, 26 juin 2007 00:17

Volta

Pour enregistrer son sixième album studio, Björk semble avoir voulu faire le point. En proposant un album synthétisant tout ce qu’elle a pu créer à ce jour. Et surtout en revenant à une musique plus accessible. Ce qui ne veut pas dire que l’expérimentation soit absente. Au contraire. Mais cette œuvre suit un fil conducteur très palpable et devrait ravir ceux qui n’ont jamais juré que par « Post » ou encore « Homogenic ». Un fil conducteur qu’on pourrait également comparer à une marche. Marche en avant, marche militaire, marche forcée : une chose est sûre, la section de cuivres (à la limite de la fanfare) trame ce fil. Marche martiale, tribale et païenne, « Earth intruders » ouvre l’opus. Une compo également parue en single. Sur laquelle le collectif congolais Konono n°1 apporte également son concours aux percus. Car, pour concocter ce disque, Björk a bien sûr bénéficié de la collaboration de quelques invités. Antony des Johnsons partage ainsi un duo vocal. Sur deux plages. Soit le majestueux, épique, dramatique et presque funèbre (ces cuivres !) « The dull flame of desire ». Et puis l’introspectif « My juvenile », caractérisé par la présence d’un clavicorde. Timbaland ensuite. Préposé aux rythmes électro et à la mise en forme pour trois compos. Pas la plus grande réussite ! Mark Bell de LFO. Probablement la participation la plus efficace. Ce pionnier de l’électro inocule ses beats à la Autechre tout au long du poignant (ces cuivres !) « Wanderlust », un fragment abordé dans l’esprit d’un certain Thom Yorke. Il a coécrit et coproduit le violent, torturé et possédé « Declaration of independence ». Quelque part entre electro noisy et acid techno, ce morceau aurait pu naître d’une rencontre entre DAF et Front 242. Parmi les autres invités figurent le Malien Toumani Diabaté. On le reconnaît au son très caractéristique de la kora sur le léger « Hope ». La joueuse de pipa (un luth oriental) Min Xiao-Fen sur le délicatement asiatique « I see who you are », malgré un final enrichi de… cuivres… Parmi les compos les plus intéressantes, on épinglera l’inquiétant, voire menaçant (ces cuivres !) « Vertebrae by vertebrae », et enfin le solennel et désenchanté « Pneumonia », un titre partagé uniquement entre cuivres (encore !) et la voix de Björk. Oui, parce que sans sa voix exceptionnelle, Björk ne serait pas Björk.

Vous ne serez cependant pas trop étonnés d’apprendre qu’une partie de cet elpee a été enregistré en Afrique. D’ailleurs son titre ne fait pas seulement référence au physicien italien du XVIIIème siècle qui a inventé la pile électrique, mais aussi au lac artificiel au Ghana, sis sur le fleuve portant le même nom. Vous savez tout. Ou tout au moins presque pour opérer votre choix. Et ma foi, si vous aimez Björk vous ne serez pas déçus… D’autant plus que le digipack est très coloré et plutôt réussi…

mardi, 19 juin 2007 19:58

Le retour d’Ed Kuepper

Un nouvel album de l’ex Saints, Ed Kuepper sortira début septembre. Il a été enregistré, mixé et produit par Ed en personne.

Jefferey Wegener, Peter Oxley, Jane Elliot et Sir Alfonso y ont collaboré activement. Parmi les guests figurent Chris Bailey, l’ex chanteur des Saints, Warren Ellis, le violoniste de The Dirty Three ainsi que le joueur de banjo et de lap steel John Willsted (Go-Betweens, Discgraceland, Mummy And Daddy, The Apartments)

Le tracklist :  

Hang Jean Lee/That Depends/Demolition/That's a shame/Skinny Jean/Real to me/Daddy's Girl/The Yellow Dog/Let me be your conscience/Miracles are an illusion

Croisons les doigts pour qu’il soit distribué en Belgique…

Le nouvel album de Robert Wyatt s’intitulera « Comicopera ». Il devrait être dans les bacs le 8 octobre.

 En voici le tracklisting:

Act One: Lost In Noise

1 Stay Tunes
2 Just As You Are
3 You You

4 A.W.O.L.
5 Anachronist

Act Two: The Here and The Now

6 A Beautiful Peace
7 Be Serious
8 On The Town Square
9 Mob Rule

10 A Beautiful War
11 Out of The Blue

Act Three: Away With The Fairies

12 Del Mondo
13 Cancion de Julieta
14 Pastafari
15 Fragment
16 Hasta Siempre

lundi, 11 juin 2007 22:45

Délivré sans ordonnance

Tout d’abord, il y a lieu de féliciter celui qui a eu l’idée du concept de la pochette. Bien en rapport avec le titre « Délivré sans ordonnance ». Les jeux de mots relatifs à la médecine et surtout à la pharmacopée sont légion (‘14 capsules’, ‘voie auditive’, ‘conservation : entre 5 et 80°, à l’abri de la haine et de la stupidité’, ‘2mg de skarockcuivrique acidorigolochoride’, etc.) Normal, quand on est atteint par le syndrome de la skarlatine… (fallait bien que je la place celle-là ?). Mais venons-en à l’album concocté sous la houlette de Rudy Coclet et Géraldine Capart (Arno, Mud Flow). Aux studios Rising Sun. Tout d’abord, les cuivres (une trompette, un saxophone et un trombone) sont enfin bien mis en évidence. Et il faut reconnaître que le trio tire parfaitement son épingle du jeu. Même si les accès de folie ne sont pas encore assez fréquents à mon goût. Les dérapages dans le dixieland (« Mi amor ») ou dans la fanfare slave de type Emir Kusturica (l’intro « Pré-scription) laissent un goût de trop peu. Ce qui n’empêche pas l’aspect festif de dominer les débats (qui a dit les ébats ?) En outre, le mixing n’est pas irréprochable. Lorsque la guitare devient plus envahissante, on n’entend presque plus la voix de Sim. Et pourtant, ses textes engagés constituent une des forces de Skarbone 14. Et je pense tout particulièrement à la diatribe adressée à la StarAc sur « Le producteur » ou encore à « J’entends du vent », une chanson consacrée à l’immigration, à l’intolérance et au racisme. Il y en a d’autres, mais il faut bien tendre l’oreille pour comprendre le message. Ce qui n’est pas normal. Sans quoi, on a droit à quelques bonnes surprises. Tout d’abord « Jamais deux sans toi ». Balayée par un accordéon, cette chanson qui conjugue valse et cabaret évoque quelque part Yann Tiersen et en particulier « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Bref instrumental cuivré, « Le coup classique » aurait pu servir de bande sonore à un épisode des « Aventures d’Arsène Lupin ». Quant à « Déroutes en route », il évolue aux confins du skiffle. Bref, pas de panique pour les aficionados de Skarbone 14, les références à La Mano Negra, la Ruda, Les 100 gr de Têtes ou encore Babylon Circus sont toujours bien présentes ; mais en tentant (timidement ?) l’ouverture vers d’autres styles, le groupe se réserve une certaine marge de manœuvre pour l’avenir. Reste à bosser, bosser et encore bosser pour atteindre le niveau du trio de cuivres. Et le groupe a peut-être trouvé la solution en multipliant les concerts à travers l’Europe. L’expérience est un atout irremplaçable. Et à ce prix, le succès est peut-être au bout du chemin. C’est tout le mal qu’on souhaite à cet ensemble qui compte quand même huit musiciens…   

lundi, 11 juin 2007 22:44

Sedition

Fin 2004, la formation légendaire, The Scientists, s’est presque reformée sous son line up le plus intéressant : c'est-à-dire celui qui a sévi entre 82 et 87 (NDR : la naissance du groupe remonte à 1978 !) Soit Boris Sujdovic (Exterminators, Invaders, Beasts of Bourbon et Dubrovniks), Thom Thewlis (Instertellar Villains et Scoundrelles) ainsi que l’inévitable Kim Salmon. Seul Brett Rixon n’a pas répondu à la proposition et a été remplacé par Leanne Chowie. Tout ce petit monde s’est remis à tourner et en particulier en Angleterre. D’abord, à l’invitation de Mudhoney, en supporting act, pour un concert qui s’est déroulé à Londres. Au Shepherd’s Bush Empire. Puis lors du festival « All Tomorrow Parties ». C’est à cette occasion que cet opus a été immortalisé. Pour la circonstance, le tracklist du set impliquait onze titres dits ‘classiques’. Ce sont ces onze morceaux qui figurent sur ce « Sedition ». Bref, un véritable caviar (Oui, je sais, le caviar est constitué d’œufs d’esturgeon, pas de saumon) au cours duquel, vous comprendrez pourquoi des artistes ou des groupes comme Mudhoney, Jon Spencer, The Von Bondies, The White Stripes et The Drones reconnaissent The Scientists comme une de leurs influences majeures. Et puis pourquoi Sonic Youth, les Cramps, Henry Rollins et même Jon Spencer les adorent. Voix caverneuse, riffs de guitares poisseux, malsains, marécageux, décapants, déchiquetés, torturés, psychédéliques ou surf, basse ténébreuse, palpitante et drums tribaux. Le tout tramé sur une structure directement inspirée du blues traditionnel ou du punk le plus destructeur. Si vous adorez les Stooges et que leur dernier album vous a déçus, n’hésitez plus, ce « Sedition » en est l’antidote parfait !

 

lundi, 11 juin 2007 22:40

Rock Formations

Cet album est le résultat d’un projet monté par Kim Salmon, en 2004. Pour le concrétiser, il avait réuni 5 autres guitaristes (Dave Graney, Ash Naylor, Penny Ikinger et Anton Ruddick) ainsi que deux drummers (Clare Moore et Michael Stranges). Neuf plages sont issues de sessions d’enregistrement opérées en studio. Treize autres ont été immortalisées au Metro de Sydney. Inutile de dire que ce disque pète d’électricité. On est d’ailleurs plus proche du heavy métal (parfois aussi du prog) que du garage auquel Kim nous avait habitués jusqu’ici, que ce soit en compagnie des Surrealists ou au sein des Scientists. Rien à voir avec une jam cependant, toutes les partitions ayant été écrites par Salmon. On y retrouve d’ailleurs l’une ou l’autre compo issue du répertoire de l’un ou de l’autre de ses groupes. Revues et corrigées pour la circonstance. Pas de lyrics, mais de temps à autre, des cris, onomatopées ou samplings de voix. Presque une symphonie en métal dirigée de main de maître par l’homme poisson ! Enfin, pour la première partie, l’enregistrement ‘live’ souffrant manifestement de la prise de son un peu trop étouffée. Néanmoins, les amateurs de gros riffs à la Black Sabbath devraient y trouver leur bonheur…

jeudi, 31 août 1995 04:00

Un poisson très électrique

Ancien membre des Scientists et des Beast of Bourbons, Kim Salmon continue d’alimenter la veine rock garage et rebelle, mais en compagnie d’un nouveau groupe : les Surrealists. Et dans un style plus roots que chez Nick Cave, apparu lui aussi voici une quinzaine d’années. Cet ex-émigré à Londres, est retourné vivre aujourd’hui chez lui, en Australie. Rencontre.

Vous n’habitez plus Londres?

Non. En fait, lorsque j’y habitais, on m’a offert beaucoup d’argent pour que je vide les lieux et quitte le pays. C’est la raison pour laquelle j’ai ensuite vécu trois ans à Perth, pour finalement m’établir à Melbourne, où je vis à l’heure actuelle.

Conway Savage joue du piano sur votre dernier album. As-tu entendu l’album que Mick Harvey, musicien aussi chez Nick Cave, a consacré à Serge Gainsbourg ?

Oui, cet album de reprises est une excellente idée. Gainsbourg n’est tout de même pas célèbre dans le monde entier. C’est donc une bonne façon de le faire connaître, surtout que certaines versions que Mick a enregistrées sont vraiment très réussies. Même que je préfère sa version de « Bonnie & Clyde » à l’original, pourtant déjà d’excellente facture.

Puisque nous en sommes à parler des Bad Seeds, je ne vois pas comment on pourrait éviter d’évoquer la personne de Nick Cave. Faites-vous partie de son petit cercle d’amis?

Je la voyais venir celle-là... En fait, à Melbourne, on te juge selon ton degré de proximité avec Nick Cave. Il y a comme un phénomène de hiérarchie. Ni moi, ni mon groupe n’ont envie de faire partie de ce petit jeu. Finalement, on ne le connaît qu’assez peu. Peu importe après tout.

Pourquoi reprenez-vous « Holocaust » d'Alex Chilton ?

Parce que c’est une chanson que j’aime beaucoup. Je n’ai en tout cas pas cherché un titre susceptible de véhiculer un message politique. Et pas davantage pensé à attirer l’attention du monde sut la montée du racisme et des nationalismes. Non, le thème de l’holocauste est abordé dans son sens le plus large. Il s’avère que dans l’Histoire, l’holocauste a pris une signification très spécifique que le mot n’avait pas au départ. Ce terme existait bien avant. « Holocaust » signifiait ‘une grande catastrophe’. Maintenant, si cette chanson peut faire réfléchir les gens sur ces questions, tant mieux ; mais j’avais davantage un concept poétique qu’une motivation politique lorsque j’ai choisi de l’interpréter…

Quelle place occupe l’épisode des Beast of Bourbons dans ta carrière musicale ?

On m’a souvent conseillé de me consacrer davantage à ce groupe. Personnellement, j’avais l’impression que l’énergie que j’y déployais était dépensée au détriment des Surrealists, de mon œuvre personnelle. La maison de disques me promettait que Beasts of Bourbon ferait un bon tremplin pour les Surrealists. Finalement, je me suis donné à fond pour l’album « Bloody Tom » des Beasts en consommant toute l’énergie que j’aurais pu consacrer aux Surrelalists.

Gardes-tu des contacts avec James Baker et Dave Faulkner?

Bien entendu, ce sont de vieux amis. Je rencontre assez régulièrement James dans un pub où nous buvons quelques bières ensemble. A cause de son emploi du temps très chargé, je vois Dave moins souvent. Nous avons depuis longtemps le projet de participer tous les trois à la bande originale d’un film, mais jusqu’ici, rien n’a jamais pu se concrétiser.

Les Fleshtones, Alan Vega et les Cramps apprécient tout particulièrement la scène garage australienne. Ces groupes ou artistes représentent-ils quelque chose pour Kim Salmon?

Pas du tout. Je n’ai rien à foutre de ces types.

On connaît ton admiration pour Iggy pop. Alors, la reformation des Stooges, c’est une bonne idée ?

Dis donc, c’est loin d’être fait tout de même ! J’en ai parlé à Ron Asheton, il y a deux ou trois ans et il avait l’air de s’en foutre royalement. Mais sinon, ça me plairait. J’aurais enfin l’occasion de les voir à l’œuvre, au risque d’être déçu évidemment. Je pense en tout cas que ce serait une reformation, plus honorable que celle des Sex Pistols, qui se mettent en contradiction avec ce qu’ils proclamaient à la grande époque du punk. Les Stooges n’ont jamais tenu des propos aussi durs sur la vieillesse, etc.

Dernière question. Vous avez vécu à Perth. Connaissez-vous Ed Kuepper?

Il est de Brisbane, pas de Perth ! Je l’ai rencontré une ou deux fois. Je faisais la première partie d’une de ses tournées australiennes quand je jouais en solo, il y a quatre ans. Il est venu un jour et il m’a invité.

Vous aimez sa musique?

Il y a certains trucs bien. J’apprécie certaines de ses chansons. Il a de bonnes idées. Certaines fonctionnent, d’autre pas. Je n’aime pas sa façon de chanter, mais bien son jeu de guitare. Son attitude est très respectable : elle exclut les compromis…


Version originale de l’interview parue dans le n° 45 du magazine Mofo (juillet/août 1995)

samedi, 30 septembre 1995 03:00

Rien qu'un vestige?

Si pour les teenagers, Jethro Tull ne représente plus qu'un vestige du passé, dans l'histoire du rock'n roll cette formation constitue un véritable monument, au même titre que le Floyd, Led Zeppelin, le Who, les Kinks, Yes ou King Crimson. Fondé en 1968, le Tull n'est toujours pas prêt à déposer les armes, même si sa démarche ne colle plus tellement à l'actualité. Son leader, Ian Anderson a toujours, en tous cas, bon pied bon œil et possède un avis terriblement lucide sur le monde contemporain ; et pas seulement musical. Lors de la sortie de son album " Divinities ", il nous a accordé cette interview ; une occasion unique de lui parler de son passé, de son présent, et bien sûr de son futur…

Dans la musique de Jethro Tull, j'ai toujours ressenti une ambiguïté entre le mode de vie rural et le mode de vie urbain. Pourquoi?

Je vis à la campagne et je travaille en ville!

Au cours de la première moitié des seventies, Jethro Tull a fait partie d'un mouvement typiquement britannique que l'on a appelé rock progressif. Et des oeuvres comme "Aqualung" et "Thick As a Brick" reflètent parfaitement cet état d'esprit. Ne penses-tu pas que l'aspect cyclique du rock 'n roll pourrait, dans un futur proche, conférer à ces deux oeuvres un rôle plus indicatif?

Je ne crois pas. La différence entre la fin des sixties, le début des seventies et aujourd'hui c'est que les grands musiciens du passé, tels que Jimi Hendrix, Grateful Dead, Frank Zappa, Captain Beefheart, Yes, Emerson Lake & Palmer, Genesis dans son contexte originel, Fleetwood Mac lorsqu'il était encore drivé par Peter Green, ont apporté des éléments d'autres cultures à la musique rock. Le deuxième elpee de Jethro Tull, "Stand up", bien que basiquement partagé entre blues et folk britannique, s'inspirait de l'Orient, du Moyen Orient. Nous avons toujours tenu compte de ces éléments extérieurs pour élaborer notre création. A la fin des seventies, lors de l'explosion du punk, et tout au long des eighties, le rock a essayé de se ressourcer par l'intérieur. Mais au bout de quelques années de pauvre ballet génétique, il s'est complètement asphyxié sur lui-même. Le regard vers l'extérieur a toujours été crucial pour le rock et la pop. Depuis le début des nineties le mouvement commence à évoluer positivement. Je ne parle pas des revivalistes insulaires, comme Oasis et Blur qui se contentent de reproduire des clichés consommés il y a vingt ou trente ans en Angleterre, mais des formations américaines comme Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden qui ont apporté incontestablement quelque chose à la musique. Bien sûr, ils se sont inspirés des sixties, mais ils regardent également le monde extérieur. Et je pense que c'est une bonne chose pour permettre une ouverture vers de nouveaux horizons musicaux...

A l'instar de Tea Party?

Pourquoi me poses-tu cette question? Je la trouve cocasse et en même temps déconcertante. Voici quinze jours, je suis allé remettre les dernières bandes du nouvel album de Jethro Tull chez Chrysalis. Et lors de cette visite, l'attachée de presse m'a refilé deux CD dont un de Tea Party, en ajoutant: "Ecoute ce disque, tu vas certainement apprécier". J'ai été agréablement surpris. Mais en même temps, j'ai voulu en connaître davantage sur ce trio canadien. Justement, il se produisait près de chez moi, et j'ai rencontré Jeff Martin auquel j'ai demandé quelques explications sur ses sources d'inspiration. Il m'a bien sûr parlé de Bert Jansch, John Renbourn, Roy Harper, des Doors, de Led Zeppelin et puis de Davy Graham. Mais comment a-t-il pu connaître Davy Graham puisqu'il n'a jamais rien gravé sous son propre nom. Quel âge avait-il à cette époque! Il m'a simplement répondu qu'à partir de seize ans, il était très intéressé par la musique des sixties et fasciné par tous ces musiciens. Mais je trouve incroyable qu'il soit parvenu à se forger un style de phrasé de guitare sans avoir véritablement connu cette époque et puis que sa musique entretienne certains climats proche du prochain album du Tull! N'empêche, ce combo m'a beaucoup plus. Sa musique est très rafraîchissante, innovatrice, mais risque d'être frappé d'ostracisme aux States. Dangereux d'y afficher des opinions anti-fondamentalistes en se servant d'une musique à coloration orientale...

Que sont devenus les vieux potes du Jethro Tull?

Jeffrey Hammond a quitté le groupe en 75 et mène depuis une vie de rentier. Il se consacre à la peinture. Deux fois par an, il vient s'enquérir des royalties issues du back catalogue du groupe. John Evan s'est tiré du groupe en 79 ou en 80! Mais il a dépensé son argent dans des projets foireux. Il a d'abord investi dans un chantier naval, puis dans une entreprise immobilière. Mais ses affaires ont mal tourné. Tout comme son mariage d'ailleurs. Résultat des courses. Il s'est retrouvé sur la paille. Ou presque! La dernière fois que j'ai entendu parler de lui c'était il y a deux bons mois. Il suivait, paraît-il, des cours à l'université. Barriemore Barlow a également essayé de se lancer dans le business. Il a monté un studio d'enregistrement, joué au producteur. Au manager. Mais l'an dernier, ses affaires ont capoté. Banqueroute! Glenn Cornick vit depuis plusieurs années au States. Il est toujours infecté par le virus de la musique, mais comme semi-professionel. Partageant son temps entre la vente de pitas et ses expérimentations... mais il joue encore! Finalement, tous ces gars vivent encore grâce au chiffre d'affaire du back catalogue de Jethro Tull. Cela leur permet de survivre. C'est triste, car je pense qu'ils étaient capables de faire autre chose. D'apporter un plus à la musique. J'ai été très affecté lorsqu'ils ont décroché...

Est-il facile de faire accepter au nouveau line-up du Tull, de jouer des anciennes chansons du Tull sur scène. Y a-t-il des morceaux que le groupe refuse d'interpréter?

Nous jouons des compositions plus anciennes sur scène. Mais les arrangements sont totalement différents. Ce qui souvent peut se révéler très intéressant. Mais c'est un choix opéré de commun accord. Et je respecte cette décision. Et des chansons comme "Living in the past" ou " Witches promises" ne figurent plus dans notre répertoire. Regarde Plant et Page, ils ne veulent plus jouer "Stairway to Heaven", malgré leur réunion...

Qui t'a donné l'idée d'enregistrer ce "Divinities"? Pour un artiste réputé peu conventionnel, n'est-il pas paradoxal de le voir tâter de la musique classique?

C'est Roger Lewis, manager/ directeur d'EMI département classique qui m'a demandé de réaliser ce projet, il y a un an et demi. Figure-toi qu'au même moment, Chrysalis m'a sollicité pour faire un album de blues. Un projet qui n'a pas encore été concrétisé, puisqu'il nécessitera l'engagement de musiciens spécifiques. D'autant plus que j'avais dans la tête l'idée de graver un disque plus acoustique, sans oublier la place à accorder au nouvel opus de Jethro Tull... Mais je ne pense pas m'être investi dans la musique classique. J'ai simplement écrit et mis en application de la musique pour instruments classiques. Je joue de la flûte. C'est toujours ce que j'ai joué. Mais elle figure dans un contexte orchestral à côté du violon, du violoncelle, du cor, de la trompette, etc. Je ne crois pas trop que l'on puisse parler de musique classique. Pour prétendre être un compositeur de ce style, tu dois être passé de vie à trépas depuis plus de cent ans. Et même les critiques les plus intraitables concèderont que je ne suis pas mort, il y a cent ans. Or même si cette musique possède des affinités avec le classique, elle accuse de nombreuses influences: folk, celtique, moyenâgeuse, sémitique, scandinave, jazz, africaine... et bien sûr classique. Un élément parmi les autres, qui caractérise "Divinities" comme la musique de Jethro Tull!

Quels dieux honores-tu sur "Divinities? Y a-t-il une place pour Pan?

Si j'ai voulu donner une dimension religieuse, spirituelle à cette œuvre, c'est parce que j'ai voulu afficher l'idée d'un Dieu unique. Aussi bien pour les catholiques, les protestants, les juifs et même les hindouistes. Un créateur identique pour les adeptes du monothéisme. Un seul Dieu représenté à travers douze références différentes susceptible de transcender l'imagination. Chaque culture vit sa religion suivant ses dogmes, son rituel, son folklore, sa culture. Je n'essaie pas de porter un jugement, mais plutôt d'élaborer une philosophie toute personnelle qui n'engage que moi même...

Depuis quelques années, tu sembles de plus en plus branché par les questions d'écologie. Une raison?

L'écologie est une science qui mériterait d'être enseignée dans toutes les écoles et même à l'université. Je ne crois pas d'ailleurs, qu'au cours des trois prochaines décennies, beaucoup d'améliorations soient enregistrées dans ce domaine. Ce serait même plutôt l'inverse! Pour l'instant, les mouvement écologistes sont beaucoup trop subordonnés aux idéaux politiques. Aussi bien Greenpeace que Friends of the Earth. Et à cause de cette implication, ils n'ont pas toujours l'influence positive qu'ils devraient naturellement manifester. J'ai rencontré les responsables de ces organisateurs à différentes reprises. Et je leur ai fait comprendre que si leurs objectifs étaient justifiés, leurs méthodes l'étaient beaucoup moins. Je pense que les problèmes vont se multiplier si vous entretenez des relations destructrices. Il ne faut pas se contenter d'assurer la police environnementale. Il est nécessaire d'agir à d'autres niveaux. Je n'ai aucune relation particulière avec ces mouvements, mais dans le domaine de l'écologie, je crois que j'ai mon mot à dire...

Est-il exact que tu passes tes loisirs à jardiner?

Pas tout à fait! En fait, je dispose d'une grande propriété en Angleterre entourée d'un immense jardin. Deux hommes y travaillent en permanence. Mais ma passion pour le jardinage se limite aux pipéracées. Et en particulier les poivriers du Chili. J'adore la cuisine épicée. C'est la raison pour laquelle je suis intéressé par cette culture. Mais je ne porte guère d'intérêt aux fleurs ou aux arbres fruitiers.

Même aux légumes?

Non, je préfère me rendre dans les bons supermarchés et y acheter mes légumes. Ils y subissent un contrôle drastique en Angleterre. Et je préfère consommer leur marchandise que celle des particuliers qui passent leur temps à pulvériser leur production de produits chimiques...

(Version originale de l'interview parue dans le n° 36 - septembre 95 - de Mofo)

 

 

 

 

vendredi, 25 mai 2007 00:36

Robert Wyatt chez Domino

Robert Wyatt a signé chez Domino et son prochain album, provisoirement intitulé “Comic Opera”, devrait sortir en septembre.