Tout au long du trajet qui mène à Hasselt, nous avons traversé une multitude d'orages. Plus violents les uns que les autres. A un tel point, qu'on se demandait si le festival n'allait pas connaître une situation semblable à 2003, lorsque les campeurs durent plier armes et bagages, tant il était tombé de précipitations. Le site avait même été transformé en véritable cloaque. En arrivant à Kiewit, on s'est quand même rendu compte qu'il avait plu. Mais dans des proportions raisonnables. Ce qui ne nous empêchait pas de craindre le pire. Car les ondées ont commencé à se manifester. Pour heureusement cesser vers 13 heures. A partir de ce moment, le temps est demeuré menaçant, ne distillant que quelques gouttes voire une averse de brève durée. Finalement, le soleil fera de timides apparitions, préservant ainsi une affiche vraiment exceptionnelle. A croire qu'il existe un microclimat dans cette région, car tout au long de cette journée le reste de la Belgique aura les pieds dans la flotte tant il est tombé des hallebardes. Et connaîtra même des inondations ! Auxquelles nous assisterons sur le chemin du retour, vers 3h30 du matin…
Mauvaise nouvelle, Baby Shambles a déclaré forfait. Une demi surprise, car Doherty continue de filer du mauvais coton. Pas pour rien que les Libertines ont décidé de se passer de ses services. Et même de son talent.
Résultat des courses, le set de The Coral est retardé à 13h05. Tout en avalant un sandwiche, on entend au loin la musique d'un groupe qui ressemble à celle du Clash. Elle vient du club. Au sein duquel se produit Infadels. Une belle occasion pour découvrir cette formation londonienne pratiquement inconnue en Europe. De petite taille, tout de noir vêtu et la boule à zéro, le chanteur harangue la foule d'une voix au timbre fort proche de Joe Stummer. Look années 30 (le chapeau !), le guitariste arpente tout le long de la scène. Et hormis le drummer (NDR : ce serait le fils de Bill Brudford, un personnage qui a notamment milité chez Genesis, King Crimson et Yes) les autres sont aussi agités. En particulier, le claviériste/bidouilleur qui frappe sur une cymbale comme un malade. A la croisée des chemins de Radio 4, de Midnight Runners et de The Rapture, leur cocktail de punk, de funk, de soul, de garage, d'électro et de hip hop devient rapidement épileptique tout en libérant un groove irrésistible. Leur set est, en outre, très précis, ce qui ne gâche rien. Une chose est sûre, ces Infadels devrait facilement fidéliser ( ?!?!?) un public qui aime danser et faire la fête. C'est en tout cas un groupe à suivre…
Décontractés, souriants, les membres de The Coral montent sur la main stage ; mais on a l'impression qu'ils ne sont pas très motivés. L'heure de programmation y est sans doute pour quelque chose ; mais de là à se comporter en touristes… Constituée d'une majorité de chansons issues de leur deuxième album voire du troisième, la première partie de leur show va confirmer ce sentiment de détachement et de quiétude propice à une bonne sieste. Leur mélange de rythm'n blues et de country y contribue largement. Et c'est au moment où on a failli s'endormir que le groupe s'est enfin décidé à en revenir à son style garage/psyché. On aura droit ainsi à « Simon Diamond », « Waiting for the heartaches », Don't think you are the first » (NDR : au cours duquel le claviériste souffle dans un drôle de mélodica), « The operator » (NDR : le clin d'œil à « Astronomy domine » du Floyd circa Barrett), une nouvelle compo au cours de laquelle le guitariste va se servir d'un archet et en finale le décapant « Arabian sand » (NDR : mais si peu pour la circonstance). Et 35 minutes plus tard, la formation liverpuldienne tirait sa révérence…
Bien que né en 1996, Good Charlotte n'a guère évolué. Si sur disque, son post grunge peut encore séduire les très jeunes, sur les planches c'est la guerre ! Surpuissant, le son bombarde les tympans. Aux abris : les marines nettoient une poche de résistance dans un quartier chaud de Bagdad. Et les intégristes ripostent. On ne demande qu'une seule chose : un cessez-le-feu ! Il arrivera 40 minutes plus tard. Une boucherie !
Une puissance du son que Death From Above 1979 parvient à maîtriser à la perfection. Responsable d'un excellent nouvel opus (« You´re a Woman, I´m A Machine »), le duo canadien pratique une forme de drum'n' bass sculptée dans le métal, le punk ou le blues. Sébastien Grainger chante et joue de la batterie pendant que son compère, Jesse Keeler, se réserve la basse (souvent) et les synthés (parfois). Mais en permanence distordue par les pédales, la basse est utilisée comme une six cordes. Maintenant, il faut reconnaître que les festivaliers qui n'avaient pas eu l'occasion d'écouter (NDR : et surtout de réécouter) le double album avant d'assister à leur set, ont dû éprouver de grosses difficultés pour apprécier leur concert.
Les Posies s'étaient officiellement séparés en 1998, mais John Auer et Ken Stringfellow ont décidé de reformer le groupe en engageant une nouvelle section rythmique ; et puis ont enregistré un nouvel album : « Every kind of light ». Avant de repartir en tournée. Ils n'ont plus vingt ans. Le visage émacié, les yeux exorbités, Ken semble subir davantage le poids des ans et des excès en tous genres. Mais musicalement, ils ont toujours la pêche ! La power pop musclée, électrique, héritée en ligne droite des Byrds et de Big Star est toujours aussi rafraîchissante. Alimentée par les guitares du tandem de base et soulignées par leurs harmonies vocales soignées, limpides, leur set est énergique. Le son puissant, excellent. Tour à tour John et Ken se réservent le lead vocal, interprétant ainsi leurs propres chansons. Pour la plupart issues de leur dernier opus ; même si le combo de Seattle n'oubliera pas d'y inclure quelques classiques comme « Solar sister » ou « Dream all day ». A l'issue de leur prestation la formation s'est quand même offerte un rafraîchissement. En l'occurrence une bonne rasade de whiskey, qu'ils ont bue à la santé du public…
Depuis le temps que la presse française parle des prestations 'live' de The National en termes élogieux, je souhaitais voir ce que cette formation américaine (New-yorkaise d'adoption, elle est originaire de Cincinnati, dans l'Ohio) avait dans le ventre. Pas pour les albums, bien sûr, puisqu'à l'instar du tout dernier (« Alligator »), ils sont tout bonnement remarquables. Surprise, Padma Newsome, violoniste/claviériste et membre semi permanent du combo n'est pas de la partie. Le line up est donc réduit aux frères Dessner (Aaron aux guitares et basse, Bryce à la guitare), aux frangins Devendorf (Scott aux guitares et basse, Bryan – pieds nus ! -à la batterie) ainsi qu'au chanteur Matt Berninger. Il y a bien deux choristes qui participent au premier titre, mais passé cette entrée en matière, on entre véritablement dans le vif du sujet. Sans le concours de Padma, la musique de The National prend une coloration beaucoup plus tonique, plus électrique. Mais une électricité chargée d'émotion très palpable. Qu'accentue d'abord les frères Dessner, capables de jouer de leurs six cordes sans onglet ! Que canalise la section rythmique à la fois solide, souple et efficace. Et que magnifie le baryton profond de Matt. L'intensité des compos, tour à tour intimistes, tragiques, ou impétueuses atteint même son paroxysme lorsqu'il hurle comme un désespéré. A cet instant, on a l'impression qu'il est hanté par l'âme de Ian Curtis. Emouvant ! Pourtant, le quintet peut également évoluer dans un registre plus nonchalant, empreint d'une grande mélancolie. C'est à cet instant qu'on se rend compte du rôle du drummer, dont le jeu très riche et original (NDR : lors d'un morceau, il recouvre les peaux d'étoffe, pour rendre les sonorités sourdes) s'apparente parfois à celui d'un jazzman. Un grand moment du festival ! (NDR : voir également l'interview)
Pour occuper la scène principale à 18 heures, Zornik doit jouir d'une grande popularité en Flandre. Et vu l'accueil que lui a réservé le public, c'est manifeste. Notamment après avoir interprété ses deux singles « Goodbye » et « Believe in me ». Un accueil mérité, même s'il faut avouer que le trio ne sait pas encore trop s'il doit marcher sur les traces de Muse ou de K's Choice. Koen Buyse en est le chanteur/guitariste. Une très belle voix ! Mais, franchement son look (un hybride entre Matthew Bellamy et Brian Molko) prête quand même à sourire. Cause à effet, Phil Vinall (dEUS et Placebo) a produit leur dernier album, un disque masterisé aux studios Abbey Road. Excusez du peu ! Suffirait que le groupe parvienne à trouver sa propre identité, et il pourrait s'exporter assez facilement. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
L'ex drummer de Smashing Pumpkins a donc monté son propre groupe : le Jimmy Chamberlin Complex. Un patronyme très bien choisi. A cause de la complexité de leur musique. On se croirait même revenu à l'époque du jazz rock de Chick Corea, voire du Soft Machine de Mike Ratlege et de Hugh Hopper. Faut dire aussi que Jimmy est avant tout un batteur de jazz ; et qu'il n'est venu au rock que lorsqu'il a rejoint le groupe de Billy Corgan. La prestation des différents instrumentistes a beau être époustouflante de virtuosité, le public a beaucoup de mal à vibrer à l'écoute d'un style musical tombé en désuétude depuis plus de 30 ans…
Stéphane (NDR : notre spécialiste en métal) avait tellement dit du bien de Nightwish, que je me suis décidé à aller jeter un œil au set de ce groupe finnois. Avant qu'il ne monte sur les planches, une bande sonore majestueuse, 'wagnerienne', envahit toute la plaine. Probablement un enregistrement de l'orchestre classique Academy's of St Martin's in the Field, auquel le groupe a fait appel pour l'enregistrement de leur dernier elpee « Once », en 2004 (NDR : pour votre information, sachez que Howard Shore, le compositeur de la bande originale du film « Le Seigneur des anneaux » a également reçu le concours de cet ensemble symphonique). Puis un à un les membres du groupe pénètrent sur le podium en saluant la foule. Il faut cependant attendre quelques minutes pour voir arriver la chanteuse Tarja Turunen. Très belle fille au demeurant ; dont la chevelure de jais retombe sur une longue robe noire recouverte d'un voile jaune. Jaune comme le micro et son pied de microphone. (NDR : qui a parlé de string jaune ?) Elle possède, en outre, une très belle voix. Une voix de sirène, opératique qui domine une musique qui mélange métal, classique, prog et gothique. Dans le style, c'est même bien fichu ; et le public conquis semble apprécier le spectacle. Malheureusement les riffs âcres du guitariste rayent constamment les jolies mélodies et au bout de dix minutes, je préfère m'éclipser…
Le Marquee était plein à craquer pour accueillir la nouvelle coqueluche britannique : The Futureheads. Un quatuor issu de Sunderland responsable d'un premier album surprenant. Un opus éponyme dont les compos évoquent tantôt Gang Of Four, The Jam ou encore XTC. Dans un style déchiré entre post punk, new wave et funk blanc. Le tout raffiné par de superbes harmonies vocales. Car les quatre musiciens chantent en jouant le plus souvent sur la diversité de leurs organes vocaux. Energique, effréné, dévastateur et pourtant hyper mélodique, le set enchante les aficionados mais déconcerte le public peu averti. Les compos défilent à une allure vertigineuse, le combo épinglant la plupart des plages de leur dernier elpee ; et en particulier leur fameuse interprétation a cappella de « Danger of the water » , « Decent days and nights » caractérisé par son riff irrésistible emprunté au « My sharona » de Knack et puis une version absolument mémorable du « Decent days and nights » de Kate Bush, au cours de laquelle le groupe va faire participer le public aux canons à travers une répartition mathématique des 'ooh ooh ooh'. Impressionnant ! Et le deuxième highlight du festival …
Brian Warner cultive la polémique et la provocation. Pourtant, lorsqu'on analyse attentivement ses propos ou ses textes, ils ne sont pas aussi simplistes qu'une certaine presse veut bien nous faire croire. Suffit d'ailleurs d'écouter ses propos dans le film « Bowling at Columbine » pour en être convaincu. Et puis, il ne faut pas oublier qu'il draine une cohorte de fans assez impressionnante. Fallait d'ailleurs voir cette plaine de Kiewit envahie par ces filles et ces garçons qui se maquillent, se coiffent ou s'habillent comme leur idole. Maintenant, il ne faut pas se bercer d'illusions : Brian fait intégralement partie du star system (NDR : pas pour rien qu'il est actionnaire d'une des plus grosses boîtes de crèmes glacées aux States). Aussi, c'est sans le moindre préjugé et avec beaucoup de curiosité que je suis allé voir le spectacle de Marilyn Manson. Une énorme mise en scène accueille la troupe de musiciens dont les maquillages et les vêtements sont plus excentriques et morbides les uns que les autres : des tableaux différents servent de cadre, un écran géant balance des mots issus de ses chansons ; et puis il y a cette potence à laquelle se balance un clavier. Rigolo ! Ce qui l'est moins, c'est qu'on n'entend pratiquement pas le guitariste. Que le son est pourri. La voix de Brian n'est déjà pas terrible, mais elle est régulièrement abrasée par des craquements (NDR : sinistres ?) ; un peu comme lorsqu'on écoute un vieux vinyle rayé. Brian monte sur des échasses. Peut-être pour mieux voir le public, car nous on ne voit rien. En fait, il n'y a pas grand-chose à voir. Et surtout à écouter. Pour nous le spectacle de Grand Guignol se termine à cet instant. N'en déplaise aux aficionados de Marilyn Manson. Un désastre !
Auteur d'une prestation cinq étoiles lors de son passage au Cirque Royal de Bruxelles, dans le cadre des Nuits Botanique, Arcade Fire constituait manifestement une des attractions majeures de la journée. Win Butler, Régine Chassagne, Richard Reed Parry, William Butler, Tim Kingsbury, Sarah Neufeld et Jeremy Gara ont de nouveau reçu le concours du violoniste Owen Pallett (Final Fantasy) pour accomplir cette nouvelle tournée. Hormis Sarah et Owen, qui se consacrent exclusivement à leur archet, tous les autres musiciens changent régulièrement d'instrument. Ce qui confère une coloration très diversifiée à leur solution sonore. Dès les premières notes de l'inévitable « Wake up », on sent déjà un degré d'intensité particulièrement élevé. Win, le leader se tient bien au centre de la scène. Look d'employé de banque (la plupart des hommes de la formation sont vêtus de la sorte), il joue le plus souvent de la guitare. Et assure un des deux lead vocals. D'un timbre qui rappelle David Byrne (Talking Heads). Régine se réserve d'abord les claviers. Puis au fil du set, l'accordéon, le xylophone, l'accordéon et même les drums. Jolie brunette, fluette, une fleur dans les cheveux, elle ressemble à une hawaïenne. Et puis elle dispose d'une voix très fine, aiguë, rappelant tantôt Kate Bush, tantôt Björk. Grand, cheveux bouclés, portant des lunettes, Richard Parry a le visage d'un étudiant de la fac ; c'est aussi un des deux clowns de service. Mais également un musicien talentueux. Il joue de la guitare, des percussions (NDR : il tape sur tout ce qu'il a sous la main, même sur des casques de moto), une contrebasse insolite et des claviers. Will Butler (le frère de Win) est plutôt pince sans rire. Râblé, imprévisible, un peu fêlé, il jette un froid dans le public, lorsqu'en fin de concert, il monte sur les armatures du chapiteau, avec une cymbale et son pied, à plus de 6 mètres de hauteur. Mais il est également excellent musicien. Bassiste, guitariste, il est capable de jouer du xylophone à l'envers. Et puis c'est un percussionniste aussi furieux qu'habile. Tous les musiciens assurent les backing vocaux. Et lorsque les sept voix sont à l'unisson, c'est impressionnant. Surtout lorsque le public les accompagne. Tout au long de leur set, le combo canadien va aligner la plupart des titres de son album « Funeral » : « Tunnels », « Laika », « Power cut », « Haiti », « Rebellion » ainsi que de son Ep. Et lorsque Régine interprète « In the backseat », sans doute en pensant à la disparition récente de ses proches, une larme commence à perler sur son beau visage. Emouvant ! Puis la machine se remet en route. Nonobstant, une multitude de cordes de guitares brisées et quelques petits soucis techniques, l'intensité finit par atteindre son paroxysme. Gorgées de crescendos qui finissent par s'écraser, leurs minis symphonies peuvent adopter des rythmes de new wave dansants, goûter à la simplicité folk ou à la grandeur opératique ; le tout avec une agression cathartique et une tendresse délicate. Et une nouvelle claque ! La troisième de la journée…
Pendant ce temps, le dance hall faisait le plein pour accueillir Goldfrapp. Un bassiste, un drummer et deux choristes/danseuses accompagnent le couple Gregory/Alison. Alliant discrétion et efficacité Will Grégory se charge des synthés, boîtes à rythmes et autres arrangements technologiques. Mais c'est toujours Alison qui focalise tous les regards. Très jolie, de petite taille (NDR : pas plus d'1m60 !), blonde, vêtue d'un tailleur de type Chanel et coiffée d'un superbe chapeau, elle affiche un côté rétro, cabaret, dans l'esprit de Marlène Dietrich. Vocalement, c'est tout à fait différent, puisque son timbre velouté, tendre, sensuel, campe un hybride entre Debbie Harry et Madonna. Leur électro pop avant-gardiste n'empêche en tous cas pas le public de danser. Et vu la qualité du set, il a pu joindre le plaisir des yeux et des oreilles… parfois dans un état de transe…
Je tiens à féliciter les organisateurs du Pukkelpop pour avoir choisi de placer les Pixies en tête d'affiche et non pas M.M. Pourtant, vu la différence de statut accordé par MTV à ces deux groupes, l'inverse aurait pu se produire. Et j'imagine les pressions qui ont dû être exercées pour infléchir leur position. Mais en privilégiant la qualité sur la notoriété, ce festival continue de respecter une ligne de conduite, préserve son image de marque et rend un hommage à un des groupes les plus importants des 20 dernières années. Mais venons-en au show. Les Pixies ont vieilli. Joe Santiago, le guitariste et David Lovering (NDR : affublé de lunettes il ressemble à Walter Meeuws !) n'ont plus un poil sur le caillou. Kim Deal – cigarette au bec, et regard dans les étoiles - a le look d'une ménagère américaine occupée de préparer une pizza. Il ne lui manque que le tablier ! Finalement, seul Charles Thompson n'a pas top changé. Reformé l'an dernier, le combo s'était produit dans le cadre du festival Werchter. Et on ne peut pas dire que leur prestation fut transcendante. Faut croire qu'à force de tourner, le quatuor a retrouvé ses sensations, car les Pixies ont accordé un des meilleurs sets de leur existence en Belgique. L'osmose entre les musiciens est intacte. La voix de Francis est toujours aussi abrasive et perçante qu'en 1988. Celle de Kim aussi sensuelle. Et sa basse percutante et groovy. Mais la bonne surprise procède de Joe Santiago, dont les six cordes sont aussi tranchantes qu'au début des eighties. Au programme: « Where is my mind », "Here comes your man", « Bone machine », « Monkey gone to heaven », « Vamos », « Debaser », "Caribou », etc. Et puis quelques flips sides de singles. Un seul rappel : « Gigantic ». Pourtant, on sentait Black enclin à poursuivre le set (NDR : dans le passé et en particulier lors de ses expérimentations post Pixies, il pouvait jouer pendant plus de deux heures) ; mais Kim lui a fait comprendre que jouer 1h30, c'était suffisant. N'empêche, on venait de recevoir une claque de plus !
Quelques mots quand même d'Apocalyptica qui jouait au même moment que Maxïmo Park. Constitué exclusivement de violoncellistes, le quintet finlandais semble autant attiré par Richard Wagner que par le métal. Spécialiste, dans le passé, de reprises de Metallica, le groupe s'est enfin décidé à intégrer ses compos personnelles dans son répertoire. Au sein d'un univers scénique glauque, tapissé de crucifix lumineux, le set dégage une énergie incroyable, presque sauvage. Une sensation accentuée par les instrumentistes qui se lèvent chacun leur tour de leur cercueil, sur lequel ils sont adossés…
Et à une heure du mat, Maxïmo Park faisait irruption au club sous un tonnerre d'applaudissements. Le public est chaud, très chaud ; et dans le premiers rangs, ça pogote ferme. Le groupe de Newcastle aligne les compos de son premier opus dont les inévitables « Graffiti », « Postcard of a painting », et puis les singles « The coast is always changing », « The night I lost my head » ou encore « Apply some pressure. Deux nouveaux morceaux également. Paul Smith, le chanteur, en rajoute une couche, se tord dans tous les sens, et ponctue la plupart des compos d'un jump explosif. Entre chaque titre, il remercie le public et boit une lampée d'eau, reposant la bouteille sur le sol sans baisser la tête, pour ne pas froisser sa chevelure gominée. L'expression qui se lit sur son visage trahit toutes les émotions qu'il essaie de faire passer. Depuis la colère à la peur, en passant par la passion et l'euphorie. Une forme d'art dramatique qu'il veut communiquer au public sur un ton théâtral. Typiquement britannique, la musique opère une sorte de fusion de l'âge d'or des eighties : depuis Wire à Gang Of Four, en passant par XTC, les Smiths et Jam. Dans un style convulsif, parsemé de brisures de rythme ou même de breaks. A gauche de la scène, look à la Graham Coxon (ex Blur), Duncan Lloyd - le guitariste - allie efficacité et sobriété. Tout comme la section rythmique d'ailleurs. Par contre, le claviériste, semble dans un état second. Non seulement, il imite les gestes d'un robot, mais emporté par son délire, il recule imprudemment au fond de la scène, percute un retour de scène, et se retrouve les quatre fers en l'air. Sans trop de mal, heureusement. Une heure plus tard, le quintet se retire. Le public est ravi, mais aussi assommé par la puissance du son. Cinq claques dans la même journée, c'est plutôt rare lors d'un festival…