Ainsi donc le célèbre cas Frank Black n’est pas une exception… Leader d’une formation adulée, aux portes de la gloire, le gros chanteur à la voix de porcinet avait espéré, en dissolvant les Pixies, se garder les minettes et les bifetons pour lui tout seul. Désastreuse initiative s’il en est puisque le rejeton boiteux né de ces amours interdites (Frank Black and the Catholics pour ne pas le nommer) ne parvint jamais - c’est un euphémisme - à atteindre les sommets enneigés hantés par les petits lutins l’espace de quatre albums… Dans un monde idéal cette bien triste aventure aurait pu, aurait dû, servir de mise en garde.... Mais il faut croire que l’histoire (et pas que celle du rock) aime à se répéter jusque dans ses aspects les plus sombres… Et voici donc qu’arrive Stephen Malkmus… Leader d’une formation adulée, aux portes de la gloire, …et c’est reparti. Une fois encore le serpent se mord la queue alors que le brave Stephen, lui, peut carrément se bouffer l’intégralité des phalanges… Mon Dieu, Steph, qu’as-tu fait ? Pavement mon vieux, Pavement ; tu as foutu Pavement en l’air !!! Et pour produire quoi ? Une espèce de pop alambiquée, mal embouchée, empêtrée jusqu’à la moelle dans d’insupportables manies saupoudrées de guitares dégoulinantes... Seigneur, quel gâchis ! T’aurais mieux fait de te fier à la tristesse de ton ami Mark Ibold, tiens. Te souviens-tu, lors du concert d’adieu de cette petite merveille extraterrestre qu’était ton ancien groupe. Te souviens-tu comme ton comparse de toujours avait pleuré à chaudes larmes ? Plût au tout puissant que, à la vue de ce désolant spectacle, tu te sois rendu compte que l’ego trip ne paie jamais et qu’un groupe, c’est bien plus qu’une personne… C’est une alchimie mon pote… Au lieu de ça tu t’es entêté. Après avoir commis un premier elpee éponyme potable (« Stephen Malkmus »), t’as remis le couvert par deux fois ; et nous laisse ce « Face the truth » sur les bras. Un titre bien à propos d’ailleurs. Parce qu’il faut te rendre à l’évidence mon vieux, c’est pas de la balle ton album… Un ou deux morceaux (« Freeze the saints », « Baby c’mon ») viennent peut être nous empêcher de le briser en deux de rage mais pour le reste, c’est le désert… Les plus sceptiques nous diront que « Twilight terror », le dernier album de Pavement, sentait déjà la fin de règne. Peut être… Mais comparé à « Face the truth », c’était un sacré chef d’œuvre… Qu’as-tu fait, cher vieil ami, de ces mélodies sibyllines qui venaient nous prendre les tripes ? Qu’est-il advenu de ta voix mal assurée dont la fragilité nous faisait fléchir les jambes d’émotion ? Où est passée la joyeuse insouciance foutraque qui émanait de chacun de tes morceaux et nous donnait envie de sauter dans tous les sens pour finir par aller attraper la jolie fille du fond et l’emmener faire des galipettes dans les fourrés ? Parties… « Gone with the wind » comme dirait l’autre… « Face the truth », c’est la fin d’une époque, d’une certaine forme de naïveté… « Wowee zowee » est bien loin… Quelle tristesse !