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Les ruptures de Suuns...

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Jean-Claude Mondo

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mardi, 16 mai 2017 14:09

Elixir for the Drifter

Ce quintet belge pratique une forme de country alternative, autrement dit, de l’americana. Depuis 2015, le line up réunit le chanteur/guitariste/banjoïste Bart Hendrickxs, le contrebassiste Bert Cuypers, le batteur Mike Van Daele, ainsi que les trompettistes Kevin Van Hoof et Stijn Cumps. Son premier elpee, "Fortune and Chance", est paru en 2014. "Elixir for the Drifter" constitue donc son second.

Le disque s’ouvre par une sorte de B.O. pour western spaghetti à la ‘Enio Morricone’, une piste entretenue par la guitare baritone légèrement réverbérée, les deux cuivres et un quatuor à cordes. Bien que baignant dans une même atmosphère, tout en se distinguant par sa mélodie accrocheuse, "Hold your horses" intègre la voix grave et austère de Bart. Vraiment taillée pour cette musique roots, elle ne s’emballe jamais. Il chante ensuite, d’une manière aussi posée, "Hay", tout en s’accompagnant au banjo. Une gratte amorce "Blending in", une ballade dont le tempo est parfaitement balisé par la contrebasse, alors que le vibraphone de Mike Van Daele et les deux trompettes tirent leur épingle du jeu. Superbe ! "Incantation" change de cap. Direction le Mexique. Le climat latin est chaleureux. Percus, bongos et cordes acoustiques plantent le décor. La trompette de Kevin s’y immisce. Amplifiée, la guitare s’autorise de jolies envolées. "Saguaro" est une superbe ballade empreinte d’une profonde mélancolie. Soutenus par les trompettes aux sonorités magiques, Bart et Kathleen Vandenhoudt entament un dialogue vocal. "El Fuego" opère un retour dans l’ambiance latino. Et "Grind", western. Au galop, les chevaux empruntent des chemins poussiéreux. Et c’est la guitare baritone ainsi que le quatuor de cordes qui installent cet environnement cinématographique… Une seule reprise : "Alone and forsaken". Une somptueuse ballade country & western signée Hank Williams. Les arrangements sont particulièrement réussis. Soulignée par le chœur et les trompettes, la voix est grave et solennelle. Interprété en quartet, "Stray arrow" constitue un autre moment fort du long playing. On pénètre en territoire indien. Les percus sont lancinantes. Bart se sert d’un mellotron. Mais surtout, il se libère aux cordes électriques. Alors que l’expression sonore invite un ocarina et un dobro. Dobro qui alimente, tout comme le banjo, "Tell me how", un country blues de bonne facture. Avant qu’un trombone ne vienne rejoindre les autres cuivres pour se transformer en brass band qu’on imagine déambuler dans les rues de la Nouvelle Orléans. Et en finale, la voix de Bart est épaulée par les interventions du violoncelle de Koen Berger, tout au long du tendre "Forever gone"…

 

mardi, 16 mai 2017 14:06

Live in Ghent

Canadien, Manitoba Hal Brolung est issu de Winnipeg. Mais c’est surtout un performer et un conteur. Il brille également au ukulélé. Il aime teinter son blues de références diverses : cajun, rock, gospel, country, folk et même celtique. De son impressionnante discographie, entamée en 1997 par l’album "Flatland Cafe", on épinglera surtout l’excellent "Ukulele Bluesman", paru en 2007. Lors de sa tournée européenne, il s’est produit au Missy Sippy Blues & Roots Club, à Gand. Il a donc immortalisé ce set, accordé le 28 avril 2016, sur ce double cd. Qui réunit 24 plages. Un spectacle conséquent qui lui a permis de réaliser ce projet. Et l’illustration de la pochette reproduit de jolies vues de la belle ville flamande. Une performance unique en son genre. Et pour cause, l’artiste est quasi-seul sur l’estrade. Cette véritable force de la nature possède une voix naturellement puissante et autoritaire.

Il entame les hostilités par "Come on in my kitchen", un classique signé Robert Johnson. Belle surprise, la cover remarquable du "Way down in the hole" de Tom Waits, pour laquelle il est épaulé par un second gratteur. Dont l’identité n’est pas révélée. Manitoba Hal alterne compositions originales, comme "Atlanta Moon", et canons du blues, qu’il filtre à travers son ukulélé. A l’instar du "Baby please don't go" de Big Joe Williams, qu’il interprète d’une voix impérieuse. Mais également du "Let the Mermaids flirt with me" de Mississippi John Hurt, du  "Sweet home Chicago" de Robert Johnson auquel il imprime un tempo très alerte, du "My babe" de Willie Dixon ainsi que de la version épatante réservée au traditionnel "St James Infirmary". Il brille également tout au long de "Dancing in the moonlight"… une danse exécutée au clair de lune, au sein d’un climat propice au culte vaudou…

Et son deuxième compact disc est tout aussi intéressant. Il est entamé par le "Ain't no grave" de Johnny Cash et recèle d'autres reprises, comme le "They're red hot" de Robert Johnson, le "Somebody on your bond" de Blind Willie Johnson, le "Key to the Highway" de Big Bill Broonzy et le "My Creole Belle" de Mississippi John Hurt. Sans oublier celle de "Built for Comfort", une titre que Willie Dixon avait écrit pour Howlin' Wolf. Plus expérimental, "Dig me a grave" se distingue par des échanges entre les instruments à cordes. Et le résultat est particulièrement réussi. Les deux titres finaux sont épatants. Tout d’abord le "Who do you love" de Bo Diddley. Caractérisé par son ‘Diddley beat’, cette longue piste (10’) bénéficie d’arrangements très personnels. Puis une version inoubliable du "The thrill is gone" de BB King. Que du bonheur !

 

mardi, 16 mai 2017 14:02

OnGod

En parcourant le monde, Youri Defrance intègre dans sa musique toutes les expériences accumulées lors de ses voyages. Ce musicien français transforme ainsi sa ‘World Music’ en ‘Musique des Mondes’. S’il est originaire de Troyes, il a passé de nombreuses années en Bretagne, du côté de Brest. Il avait entamé sa carrière artistique sous le pseudo de Youri Blow, publiant même un elpee intitulé "The Corridor", en 2010. Lorsqu'il s'enferme dans son studio, c’est pour vivre seul dans son monde. Il y écrit, chante et joue d’une multitude d’instruments tant conventionnels (guitares, mandoline, percussions, violon, etc.) qu’insolites, et tout particulièrement à cordes. Et tout particulièrement issus de la Musique des Montagnes, en Mongolie, comme le Morin khuur, une espèce de violon à deux cordes, également baptisé Horsehead violin, car son manche est orné d'une tête de cheval ! Originale, sa musique emprunte autant au blues originel, à la World au classique qu’au psychédélisme. Elle reflète à la fois ses périples terrestres et spirituels. Alors bienvenue dans cette expédition initiatique à la rencontre de ce musicien visionnaire et humaniste, en quatorze plages distinctes.

"Ongod" nous entraîne au beau milieu des steppes mongoliennes. Les différents instruments produisent des sonorités étonnantes, étranges même, qui s'enchevêtrent alors que des raclements de gorge semblent émaner de l’au-delà. Empreintes de douceur, ces cordes acoustiques bercent "Spring tides" et fluctuent au gré des marées du printemps. Atmosphérique, la voix atteint son épanouissement, mais en prononçant des mots dans un langage incompréhensible. L’intro de "Wolf Tengri Totem" est relativement paisible, avant que les percus n’entrent en scène. Elles prennent le pouvoir, puis cèdent le relais aux accès du violon qui vous pénètrent littéralement. "Red Cloud" campe au cœur de cet Orient lointain. Des cordes s’élèvent autour d'une voix incantatoire qui implore. On entre en méditation. Semblant provenir d’un autre monde, ces sonorités envahissent votre inconscient. Des cordes amplifiées d'une rare beauté infiltrent "Koko". Elles se croisent, se multiplient et jaillissent par petits flots acides. Intensifiant l’activité sensorielle. Un peu comme lors d’un trip psychédélique. "Polar Circles" cherche à créer un lien entre le blues du Mississippi et le chamanisme des steppes asiatiques. La décomposition des différents éléments est complexe. Et la reconstruction est à la fois inattendue, impitoyable et improbable. Le voyage est toujours aussi intérieur. "Bad Mama" prend parfaitement ses racines dans le blues. Les accords de gratte sont sèchement plaqués. La voix est d’abord claire, mais violente. Mais Youri la refoule dans son pharynx. Avant qu’une guitare amplifiée et impétueuse, se met à délirer. Des délires entretenus par le Morin khuur tout au long d’un autre trip, baptisé "Antelope Island". "Snake Water dreaming" reflète l’esthétisme radieux d’un songe plutôt majestueux. Grisante, troublante, climatique, aventureuse, remarquable, "Makah Thunderbird" est la plus longue piste. Et son intro, abordée dans l’esprit de Jim Morrison, dans "The End", est d’une beauté à couper le souffle. Le rôle de la guitare amplifiée aux accords enfiévrés est, en outre, ici primordial. Caractérisé par le retour des voix et des différents instruments, "Tuvalakora Eagle feathers" joue en quelque sorte les prolongations. On signalera encore la présence de trois interludes, intitulés « OnGod », qui relient les différentes phases. Une œuvre achevée et d'une créativité rare.

 

mardi, 16 mai 2017 13:59

50

Ce folk singer anglais est originaire de Leeds. Sa musique a traversé plusieurs générations. D’une voix instantanément identifiable, enchanteresse, ce gratteur classieux avait entamé son parcours, à la fin des années 60. Dès 1967, il se produit alors dans les clubs de folk, à Londres. Et il publie son tout premier elpee, "Rainmaker", en 1969, chez Harvest.

L’an dernier il a donc célébré ses 50 années de carrière. Il est considéré comme un des artisans du développement de ce style musical insulaire, volontiers progressif, aux côtés de John Martyn et Roy Harper.

Son dernier opus est tout simplement baptisé "50". Il a souvent traversé l'Atlantique pour enregistrer. Et c’est à nouveau le cas pour ce nouveau long playing. Qui a été réalisé au sein du studio Black Dirt, sis dans l'état de New York. Lors des sessions, il a reçu le concours de Steve Gunn (NDR : il est issu de Brooklyn). A la gratte et au chant. Ce jeune musicien de folk/rock américain assure également la production. Mais aussi de la collaboration de redoutables musicos, dont le bassiste Jimy Seitang, le batteur/banjoïste/claviériste Nathan Bowles et le guitariste/pianiste James Elkington…

"Spanish incident" se distingue par son exceptionnelle richesse sonore. Forgée par le temps, la voix colle parfaitement au style folk. Elle se détache des cordes acoustiques de la sèche et du banjo au son si métallique. "Sometimes you just drive" intègre des percussions et se distingue par la présence de cordes électriques aux sonorités floydiennes, réverbérées, en arrière-plan de la trame acoustique. Chargée de réverb, cette électricité est d’une grande pureté, presque magique même, tout au long de "The Mallard". Ce doigté me rappelle le Television de Tom Verlaine ou encore Felt, un groupe anglais de rock alternatif au sein duquel militait le talentueux gratteur insulaire, Maurice Deebank. Michael et l'Anglaise Bridget St John conjuguent leurs voix en harmonie. Superbe! Une formule qu’on retrouve lors de la finale, "Navigation". Folk song, "Memphis in Winter" décrit le mal-être éprouvé dans la grande ville du Tennessee, lorsque les conditions climatiques ne prêtent guère à sourire. Au bout de quatre minutes, les cordes électriques se détachent sur fond d'orgue. Elles entretiennent alors un climat d'épouvante, digne du Louisianais Tony Joe White. Epoustouflant ! Et la compo qui suit est aussi superbe. Une ballade intitulée "The Prospector", au cours de laquelle la voix de Michael fait merveille, alors que largement amplifiée, l’intensité électrique atteint la quintessence crazyhorsienne de Neil Young. D’ailleurs, la fin de cette longue plage laisse libre cours aux débordements de plusieurs guitares qui s’enchevêtrent… "Falling from Grace" opère un retour au folk/rock traditionnel. Un titre empreint de douceur, de beauté, et parfois tellement dépouillé. Country/folk, "Money Trouble" s’illustre par son refrain accrocheur. La voix de Michael est devenue grave et posée pour attaquer "That time of night", un morceau qu’il chante en harmonie avec Bridget St John, alors que les sonorités de la gratte empruntent celles d’une pedal steel. Très jolie piste instrumentale, "Rosh Pina" nous entraîne dans un trip acide entretenu par des grattes électriques et acoustiques. Et on soulignera encore l’excellent travail de mise en forme…

mardi, 16 mai 2017 13:55

Go get gone

Worry Dolls est une formation britannique drivée par deux jeunes femmes : Zoe Nicol et Rosie Jones. La première se charge du banjo et de l’harmonica. La seconde de la guitare. Elles se partagent le chant. Au départ, Zoe avait était engagée comme mandoliniste et choriste. Le tandem est soutenu par un backing group. Et toute l’équipe s’est envolée vers Nashville pour mettre en boîte ce premier opus intitulé "Go get gone". Vu la musique proposée, le choix de la cité musicale de Nashville était judicieux. Les deux Dolls chantent le plus souvent en harmonie suivant des formules répétées. Les compos oscillent entre le bluegrass et la country. La plupart des plages de cet LP baignent au sein d’une douceur certaine, des ballades entretenues par une instrumentation principalement acoustique (dont bien entendu, le banjo et le violon). Pourtant "She don't live here" constitue la meilleure piste de ce long playing, alors que les accords au piano et les superbes interventions à la pedal steel entretiennent une profonde mélancolie. Et puis, lorsque les compos élèvent quelque peu le tempo, la musique prend une autre dimension. A l’instar de "Bless your heart", une plage entraînante au cours de laquelle les percus et les cordes électriques sont bien mises en exergue. Sans oublier le plus rythmé "Light Oh light, et tout particulièrement lorsque le violon entre en effervescence.

 

mardi, 09 mai 2017 12:56

Never trust the living

Johnny Mastrogiovanni est un chanteur/harmoniciste originaire de Long Beach, près de Los Angeles. En 1994, il avait fondé son groupe, The Mama's Boys. A partir de 1996, le combo devient résident au sein d'un des meilleurs clubs de L.A., le Babe's & Ricky's. Depuis, les Boys ont aligné de nombreux albums dont les superbes "Pinch that snake", en 2001, et "Chicken & Waffles", en 2003. Ils tournent sans arrêt et ont déjà accompli une trentaine de périples, à travers l’Europe. Leur musique se distingue par un son primaire, cru, volontairement lourd et dur. Au cours des dernières années, Johnny s'est progressivement entiché de la Nouvelle Orléans. Il vit désormais au sein de cette cité musicale. Ce dernier opus y a été immortalisé ‘live’, au sein du studio Musicshed, lors de l’été 2014. Johnny est soutenu par le guitariste Smokehouse Brown, le bassiste Dean Zucchero et le batteur Rob Lee.

"Snake doctor" ouvre l’opus en force. Un condensé du style musical proposé par les Mama's Boys. La voix de Johnny est à la fois atmosphérique et offensive. Ecrasante, la slide de Smoke reflète une forme de mal-être, alors que la section rythmique imprime un tempo d'acier. Un coup de maître pour ouvrir les hostilités. Ce combat se poursuit tout au long de "Whiskey". Ravagée, la voix plane au-dessus d’un backing group à la fois soudé et déterminé. "Judgement day" est une plage signée par Snooky Pryor, en 1956. Lente, la version s’enfonce profondément dans le psychédélique, un trip alimenté par les cordes au bord du délire, alors que l’harmonica finit par émerger au cœur de cette aventure dantesque. Le quatuor est sur les rails et ne desserre jamais l’étreinte. Mais si le climat est généralement ténébreux, le blues sert de fil rouge. A l’instar de "Monkey man", Walking" et du flemmard "The sad night owl", la cover d’un titre méconnu de Freddie King. "Don't believe" sert d’oasis au beau milieu de cet univers sauvage ; un blues lent qui baigne dans une certaine forme de sérénité et laisse percevoir les qualités ‘roots’ de Mastro sur son instrument de poche ! L’adaptation du traditionnel "The house of the Rising Sun" est également très réussi. Elle ose une brusque accélération, favorise l’envol des solistes, avant d’en revenir au thème familier. Le titre maître est sculpté dans le boogie. Et il est de bonne facture. "Bucksnort Annie" offre une petite tranche de rock'n'roll bien saignante ! Et en finale, "Ingrid Cold" replonge au cœur de ce climat malsain, entretenu par les Mama's Boys.

 

Thomas Ruf entraîne régulièrement ses chanteuses en tournée européenne, un périple organisé quasi-annuellement. Lors de la ‘Blues Caravan’, qui s’est déroulée en 2016, elles étaient à nouveau trois ; en l’occurrence la Finnoise Ina Forsman, la Canadienne Layla Zoe et l'Américaine Tasha Taylor ! Le set de ces Blues Sisters a été immortalisé en février 2016, à Nuremberg, sur cd et dvd. La vidéo recèle 10 morceaux de plus que le compact disc. Les trois filles sont épaulées par un backing group impliquant un guitariste, un bassiste et un drummer.  

Le set s’ouvre par le "Chain of fools" de Don Covey, un r&b notoire au cours duquel les trois vocalistes prennent le relais à tour de rôle. Et l’alternance est judicieuse. Ina Forsman se réserve ensuite 8 plages, des titres –pour la plupart des r&b– issus de son opus éponyme, qu’elle interprète d’une voix chargé de passion, à l’instar de "Devil may dance tonight", une piste soulignée par la guitare bien réverbérée de Davide Floreno, de l’ affriolant "Bubbly kisses", un blues lent de type cabaret, du classique "Queen Bee" (NDR : une adaptation qui mérite une mention particulière !) et du "I want a little sugar in my bowl" de Nina Simone, une cover bouleversante. Tasha Taylor, la fille du regretté Johnnie Taylor, lui succède. Sa guitare en bandoulière, elle se réserve "What difference does it make", un r&b subtilement funky, le blues "Wedding bells" (NDR : émouvante, sa voix est alors remarquable !), "One and only", une ballade lente à coloration Stax mais qui souffre de l'absence de cuivres. Place ensuite à Layla Zoe. Indéniablement la seule rockeuse du trio. Sa voix ‘joplinesque’ et son dynamisme manifesté sur l’estrade vous remuent les tripes. "Leave you for good" et le shuffle climatique "Never met a man like you", au cours duquel Floreno se montre très en verve sur sa gratte, en sont de parfaites illustrations. La finale sera davantage participative. Ina et Layla sont chauffées à blanc pour attaquer le "Honky Tonk woman" des Rolling Stones. Et tout autant, mais à trois, pour aborder "Tell Mama" et "In the basement", des hits signés Etta James. Lors du rappel, le band nous accorde une version musclée du "Come together", avant de rendre un hommage à BB King, à travers son "Rock me baby". Quelle santé !

 

mardi, 09 mai 2017 12:51

Neckbone Stew

Originaire de la Caroline du Nord, Big Daddy Wilson s’est forgé une voix en chantant à l’église, le dimanche. Il s'engage dans l'armée américaine et est caserné en Allemagne. Et il y marie une fille du pays! C’est ainsi, au cœur de l'Europe, qu'il découvre le blues. Lors de ses premières expériences, il assume bien évidemment les vocaux, mais accessoirement les drums. Il publie son premier opus "Get on your knees and pray", en 2004, au sein du Mississippi Grave Diggers. En 2009, il grave "Love is the Key", chez Ruf. "Neckbone Stew" marque son retour au sein du label allemand. Les sessions d’enregistrement se sont déroulées au studio The Fireplace Room, en Italie. Big Daddy est soutenu par ses deux musiciens italiens, le guitariste Cesare Nolli et le bassiste Paolo Legramandi, ainsi que quelques invités.

Country/blues acoustique, "Cross Creek road" ouvre la plaque. Le baryton du leader est naturellement puissant. Soul/blues davantage contemporain, "7 years" implique la formation au complet ; mais ce sont les cordes électriques, les claviers et les cuivres qui tirent leur épingle du jeu. Le titre maître s’ébroue dans le country/blues aux accents du Delta. Une plage authentique, dépouillée à l’extrême, qui vire ensuite au reggae. De quoi apporter un peu d’exotisme ! Du reggae qui contamine également "My babe" et de manière plus discrète, "Damn if I do". L’artiste chante remarquablement "I just need a smile", une ballade empreinte de tendresse et d’émotion. Et sa voix est particulièrement expressive, face à une orchestration bien subtile. Atmosphérique, "Tom Cat" baigne au sein d’un climat chargé de douceur. Dave Rossi nappe le tout de ses claviers, alors que les interventions aux cordes de Cesare sont parcimonieuses. Wilson et Eric Bibb (NDR : ce célèbre bluesman yankee s’est établi à Londres) cosignent "He'll make a way". Ce dernier se consacre au micro et partage les parties de grattes avec le jazzman suédois Staffan Astner. Tout comme pour "Cookies gonna kill me", rehaussé par la présence de Sven Lindvall au tuba, qui trace la ligne de basse. La Texane Ruthie Foster (NDR : un chanteuse de couleur noire) et Big Daddy se partagent les vocaux sur le "Give me one reason" de Tracy Chapman, un excellent intermède roots. Très jolie compo, "The River" est enrobée de chœurs qui transcendent littéralement la voix de Wilson. Et le long playing recèle un bonus track, "Peanut Butter Pic".

 

mercredi, 05 avril 2017 20:11

Bridge

Lee Palmer est un musicien qui touche un peu à tout ce qui tourne autour de la musique roots, que ce soit l’americana, le blues, la country, le folk et même le jazz ! Ce chanteur, guitariste et compositeur est particulièrement prolifique. "Bridge", son quatrième elpee solo, fait suite à "One take", paru en 2013, "60 Clicks", en 2014 et "Like Elway", en 2015. Il a été enregistré aux studios Metalworks et The Tone Catcher, chez lui à Toronto. Lors des sessions, le Canadien a bénéficié de la participation de son backing group, The One Take Players ; c’est-à-dire Kevin Briet (guitares, dobro et mandoline), Mark Lalama (claviers), Alec Fraser Jr (basse) et Al Cross (batterie). Mais également de son ami Elmer Ferrer. Non seulement il est responsable de la coproduction, mais il a apporté toute sa panoplie de grattes ; et il n’hésite pas à s’en servir !

Ballade acoustique empreinte de douceur, "That’s no way to go" bénéficie d’une jolie mélodie qui met bien en exergue la voix de Lee, enveloppée de chœurs et de cordes. Un climat qui baigne également "Back to lonely", une plage discrètement enrichie de cuivres. "Tulsa Sound" est profondément inspiré par le citoyen le plus connu de Tulsa, dans l’univers de la musique, feu JJ Cale. Une plage au tempo nonchalant, paresseux même, soulignée par les voix de Lori-An Smith et Patricia Shirley, mais surtout transpercée par la slide de Mr Briet. L’orgue Hammond amorce des riffs rythmiques, volontairement écrasants, pour alimenter "Our love bears repeating", une autre chanson roots au cours de laquelle des interventions de slide s’infiltrent généreusement. Palmer et Mary McKay se partagent le chant tout au long de "Did it feel like this", une piste qui libère des saveurs exotiques, que les frêles percussions de Kiki Ferrer entretiennent. L’elpee recèle plusieurs ballades folk roots auxquelles participe le violoniste Aaron Salomon. Et qui intègrent également mandoline, piano et/ou accordéon, parfois dans un climat louisianais. R&b léger, "Well, well, well, well" est parcouru par le saxophone de Turner King. Orgue Hammond, guitare et cuivres s’imposent tout au long du blues lent, « Chock full of trouble »…

 

mercredi, 05 avril 2017 20:10

10,000 feet below

Issue de la Motor City, Eliza Neals est une artiste particulièrement dynamique. Cette chanteuse/claviériste/compositrice a déjà décroché plusieurs awards, dans les domaines 'Blues/R&B' mais aussi 'Rock/Pop'. Elle drive son propre band, The Narcotics. Mais à l’instar de son opus précédent, "Breaking and entering", pour enregistrer "10,000 feet below", elle a reçu le concours de nombreux amis : des gratteurs, des bassistes et des batteurs. Au premier rang desquels figure son fidèle partenaire, Howard Glazer, un guitariste notoire…

C’est par des sonorités traitées au bottleneck par Glazer, mais overdubbées, que s’ouvre "Cleotus", une plage chantée d’une voix un tantinet sensuelle par Miss Neals. Ce duo cosigne le très inspiré et majestueux "Another lifetime", un premier blues lent. Les cordes d’Howard sont omniprésentes et soutiennent idéalement le timbre éraillé d’Eliza. La rythmique hypnotique imprimée par le drumming de Skeeto Valdez et les riffs de gratte balisent "Burn the tent down", un rockin’ blues bien percutant. Notre vocaliste blonde pousse de petits cris nerveux avant de totalement se libérer. Elle entame le titre maître a cappella. Des cordes acoustiques entrent ensuite dans la danse, avant que Howard ne vienne y incruster des chapelets de notes incisives et mordantes. Imprimé sur un mid tempo, "You ain’t my dog no more" est de toute bonne facture. Le timbre vocal est écorché. La slide, offensive, impérieuse et métallique. Et au beau milieu de cette tornade, "Cold cold night" retrouve un peu de quiétude. Un havre de paix. Une ballade indolente au cours de laquelle la voix est soulignée par les cordes acoustiques de Paul Nelson (NDR : il a milité au sein du backing group de Johnny Winter), invité pour la circonstance. Assise derrière son piano, Eliza interprète d’une voix profonde, "Hard killing floor", une plage empreinte de douceur. La gratte de Glazer s’approche puis s’installe, tout en provoquant une sensation de malaise, avant de s’enflammer. "Call me Moonshine" évolue également sur un mid tempo. Miss Neals se consacre au micro et se concentre sur son orgue Hammond, alors qu’Howard ne tient plus en place. Il écrase ses pédales à la manière d’un Jimi Hendrix au sommet de son art ! Et cette légende hante encore "Merle Dixon". Tordues, malmenées, crachant son lot de braises incandescentes, les cordes sont trafiquées à l’extrême. Roots, "Downhill on a rocket" libère des saveurs étranges. Talonnée par de petits cris stridents dispensés par la gratte, la voix musarde et se dédouble à l’infini. Empreinte de sérénité, "At the Crossroads" est une ballade sereine soulignée par la voix aérienne et entretenue par les accords de piano ainsi que de la guitare aux accents mélodiques, guitare que se réserve Billy Davis (NDR : il a bossé en compagnie de Hank Ballard et Jimi Hendrix, il y a un bon bout de temps). Le meilleur opus d’Eliza Neals, à ce jour !

 

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