Formation néerlandaise, Stackhouse est avant tout marquée par le Chicago blues. Son patronyme émane de Houston Stackhouse, un musicien né en 1910. Originaire du Mississippi, il est décédé en 1980. Il avait appris à jouer de la guitare à Robert Nighthawk ; et a compté parmi ses élèves, Jimmy Rogers et Sammy Lawhorn, de futurs piliers de Chicago.
Chez Stackhouse, deux générations au moins se côtoient. Au gouvernail, figurent le chanteur/harmoniciste Machiel Meijers et le guitariste Willem van Dullemen (ex-Hoochie Coochie Band, Tip on In, Groovetones). Et puis la section rythmique, qui réunit le drummer Bert Post et le contrebassiste Fred van Unen. Le line up compte aujourd’hui un second gratteur, Emiel van Pelt.
A l’actif du combo, un premier Ep, publié en 2010, et un album, "Big Fish Boogie", en 2013. Des artistes prestigieux en disent le plus grand bien, à l’instar de l’harmoniciste californien, Mark Hummel, et l’ex-Hollywood Fats Band, Al Blake.
Machiel a la voix taillée pour le blues ; et il le démontre tout au long de son "Juicy Lucy", un blues dépouillé au cours duquel il souffle à la manière de Sonny Boy Williamson II, voire de Big Walter Horton. Il interprète, de sa voix écorchée, "Doghouse", soutenu par Ruud van Ingen (NDR : ancien partenaire de Willem chez Hoochie Coochie Band/Groovetones), invité pour la circonstance, alors que van Pelt s’autorise une première sortie sur ses cordes ; et elle est ravagée. "Cruel lover" est une plage minimaliste, un superbe blues lent au cours duquel les interventions d’Unen, sur sa lourde contrebasse, de Ruud, au piano, de Machiel, à l’harmo, dans un style proche de Little Walter, et de Willem, à la gratte, sont mises tour en tour en exergue. "Anybody seen Freddy?" nous réserve un exercice de virtuosité instrumentale sur l’harmonica. Willem est au micro pour "Millionaire in my time", un rumba blues hanté par Otis Rush et interprété par le quintet batave dans le souci de conserver un certain esprit d’authenticité ; les cordes de van Dullemen libérant des sonorités très métalliques. Machiel chante remarquablement "My kinda woman", une des meilleures plages de l’opus au cours de laquelle il se réserve également un exercice de style très expressif sur son harmo. Il est même digne de Charlie Musselwhite. Et appuyé par la slide de Willem, le changement de rythme est du pur bonheur. La reprise du "I’m a stranger here" de Blind Boy Fuller est exquise. Stackhouse nous réserve encore quelques versions roots et poignantes de morceaux plus anciens. A l’instar du "Cool drink of Water blues" de Tommy Johnson, du tonique "Long tall Mama" de Big Bill Broonzy, au cours duquel Meijers se déchaîne sur son instrument et encore du flemmard "Joliet Blues" de Johnny Shines. Rapide, vivifiant, "Three signs" est un titre plutôt jump, caractérisé par la remarquable prestation de van Pelt à la guitare tandis que Machiel semble se réincarner en Little Walter. Impressionnant ! Dernier blues, "You’re playin’ on me" est imprimé sur un mid tempo. Instrumental, le titre maître clôt ce superbe opus.