Le Bristolien John Parish aime la Belgique, et il lui rend bien : bande originale du film Rosie de Patrice Toye, production du « Put Us In Tune » du groupe gantois Thou, admirateur de dEUS et de Zita Swoon… L'AB ne pouvait donc que lui rendre un vibrant hommage, en l'invitant à jouer live son dernier album, « How Animals Move », mais aussi en programmant les groupes avec lesquels il a travaillé, à la console : Thou et Morning Star.
La soirée débuta au club avec la projection du film « Rosie », film flamand… sans sous-titres. Qu'à cela ne tienne, l'intrigue ne fût pas difficile à comprendre, d'autant plus que la musique de Parish était là pour nous guider, belle et violente, comme la petite Rosie du film (Aranka Coppens). C'est à Jesse D. Vernon de Morning Star qu'il incomba la dure tâche de nous réveiller, après 1h30 d'une histoire à dormir debout. En solo pour l'occasion, il ouvrit les festivités dans la grande salle (en configuration assise) avec quelques morceaux de « My Place In The Dust », joués à quatre mains et quatre pieds (pour les pédales d'effets, les samplers, la batterie et la trompette) dans une atmosphère déjà plombée.
Et ce n'est pas Sue Garner et sa country désossée qui arrangeront nos bidons : difficile d'être convaincu par les compos folk de la belle, leur interprétation requérant sans doute un vrai groupe… et de vrais fans. Son dernier album, « Shadyside », sur lequel on retrouve Marc Ribot et Jim O'Rourke, s'avère pourtant fort attachant : à écouter d'abord à la maison, si l'on aime Patti Smith, Patsy Cline et Lambchop.
Mais voilà déjà que John Parish et ses musiciens (guitares, trompette, batterie, sampler, piano) montent sur scène. « Nous allons jouer des morceaux de « How Animals Move » et de « Rosie », déclare John Parish, affublé d'un T-shirt Giant Sand. C'est parti pour une bonne heure de musique envoûtante, entre ambiances cinématographiques, post-rock langoureux et country-folk de chambre (noire). Les musiciens qui accompagnent notre homme connaissent leur leçon : le son est excellent, et les morceaux s'enchaînent rapidement, sans bla-bla. Tammy Payne, la batteuse, et Aaron Dewey, le trompettiste, iront même jusqu'à pousser le chant sur « Pretty Baby » et « Stable Life », l'air appliqués mais avec brio. Ajoutez à ces chansons superbes des instrumentaux imparables, qui commencent doucement et finissent en déluge de riffs et de samples, mais sans que Parish et ses musiciens ne lâchent jamais la bride, et vous avez là un concert fort réussi.
Pour clore cette soirée, Thou présenta son dernier né, « Elvis Or Betty Boop », au club : entre pop à grosses guitares, frime rock'n'roll et gentilles bluettes en mid-tempo électro, Thou aura laissé de marbre. N'est pas Soulwax ou dEUS qui veut.