François Staal revient sur l’île de Bréhat…

François Staal retourne aux sources de son enfance à travers son nouveau clip consacré à « Bréhat (Enez Vriad) », extrait de son dernier album « L'Humaine Beauté ». Il part en tournée de 17 concerts en Bretagne, dont 15 seront accordés sur l’Ile de Bréhat, du…

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Grégory Escouflaire

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jeudi, 12 décembre 2002 02:00

Une oeuvre de salubrité publique...

Le rock'n'roll, cette chose vilaine qui a pris d'assaut les couv' des magazines, proclamant son grand retour (de flammes), intronisé « tendance de l'année ». Les Nashville Pussy, eux, n'ont pas attendu que de jeunes groupes en colère prennent le maquis rock pour nous en mettre plein les oreilles. Il y a déjà quelques années que leur histoire dure. « Let Them Eat Pussy » (…) date d'ailleurs de 1998. Et ce n'est pas fini ! Nashville Pussy, donc : une escouade de rednecks puant la mort, le gasoil et la vaseline – le genre de groupes qui fait peur aux aînés, et aux bigots partis en croisade. Nashville Pussy : ça parle de cul, de cul, de cul. Des gros riffs bourdonnant dans le bas ventre, jusqu'à l'éjaculation. Une musique du diable, sûrement. Du Texas. Avec des femmes à la guitare et à la basse, qui tiennent l'engin comme un gros sexe turgescent prêt à exploser… Tout cela, c'est normal, devrait être interdit au moins de 12 ans. Une fois l'âge atteint, c'est à un cours d'éducation sexuelle que nous convient les Texans, éructant des « Go Motherfucker Go » et des « Let's Fucking » à tout va : Nashville Pussy, une œuvre de salubrité publique.

Chez certains, tout cela pourrait quand même être mal interprété. Les lyrics explicites et tendancieux faisant office de feu au poudres : ce rock sudiste, ces bonnes femmes les seins à l'air, ce chanteur (Blaine) au look de sympathisant KKK… Du calme ! Ce n'est que de la musique ! Mais quelle musique : incandescente, sauvage, primaire, comme l'étaient celles de Mötorhead et d'AC/DC, il y a 20 ans. Pas question d'amalgame donc, Blaine allant jusqu'à sermonner les spectateurs du premier rang qui brandissaient fièrement un drapeau sudiste (Plus ou moins : « Beaucoup de bouseux racistes aiment à se balader avec ce genre de drapeau : faites gaffe, les gars »). Pas con, le mec, et c'est tant mieux. Parce que c'est sûr : les Nashville Pussy pourraient passer pour de gros crétins du manche, des Amerloques de bas étage, s'ils n'avaient pas une sourde colère qui tapissait leur bide et qui transformait tout ça en rock'n'roll sacrement jouissif. Encore une fois, le rock était dans la place, avec ses plus beaux spécimens. Chaud.



lundi, 05 novembre 2018 15:34

Oser s'affranchir des étiquettes...

Avec Neon Golden, The Notwist a livré l'un des premiers grands albums de cette année : concassage subtil de rock minimaliste et d'électro la plus aventureuse, leur cinquième opus (en douze ans de carrière) s'affirme comme le complément idéal au Kid A de Radiohead, mais sans les gémissements meurtris de l'ami Thom. Révélé il y a quatre ans avec Shrink, The Notwist pourrait bien cette fois-ci casser la baraque, tant Neon Golden regorge de mélodies sublimes, toujours entre deux chaises (guitares ou samplers) mais sans jamais perdre l'équilibre. Ce parfait dosage entre riffs, machines et chant trouve son aboutissement logique sur scène, où les quatre Allemands s'en donnent à cœur joie dans le brouillage de pistes, n'hésitant pas à jouer du post-rock binaire et incisif après une ballade électro toute en finesse. C'est donc ça, la musique de The Notwist : un embouteillage élégant d'influences, où Can se cogne à Fugazi sur l'Autobahn qui relie Munich (leur bastion) à Manchester. Une musique accidentée mais dans laquelle on se plonge volontiers, sans avoir peur des carambolages.

En concert, The Notwist pratique donc le crash-test des musiques, alternant les complaintes électroniques en chambre avec les déchaînements rock les plus juvéniles. Neon Golden sera largement passé en revue, du hit " Pilot " revu et corrigé (plus long, plus fort) à la chanson titre et son ambiance de blues. Pas mal de morceaux tranchants (sans doute des trois premiers albums du groupe, restés confidentiels) prouveront également que les quatre Teutons, derrière leur air de trentenaires studieux, savent encore croiser fièrement les guitares, tels des Artaban hardcore en pleine puberté. Oui, c'est ça, donc, The Notwist : un groupe de quatre musiciens émérites qui osent s'affranchir des étiquettes (rock, électro, blues, jazz,… ?) tout en restant d'une cohérence et d'une élégance rares. Chapeau bas, chers messieurs.

Soirée psyché-glamour au Bota, dans le cadre du Parcours Chanté, avec au programme le groupe bruxellois Fantomas Pop, les Français de Frandol et en apothéose, Bertrand Burgalat en personne, accompagné de son groupe déjà mythique, AS Dragon.

Fantomas Pop se la joue sixties, n'hésitant pas à ressortir le visuel d'époque, boule à facettes et projections à base d'hallus à La Grateful Dead. Leur musique oscille entre le psychédélisme de bon ton et la variété yéyé si chère à Gainsbourg période France Gall. En grande partie instrumentale, leur set list recèle quelques perles aux relents acid - dommage que le maniérisme de la chanteuse ternisse un peu l'ensemble (à cet égard, la voir rouler des yeux en chantant ses préférences en matière de Chupa Choup est à pleurer de rire).

Deux jours plus tôt en première partie de Noir Désir à Forest National, les Français de Frandol se la jouent davantage rock'n'roll : leurs mélodies transpirent sous les aisselles, et les guitares se font plus avenantes. Sorte de croisement incertain entre Bow Wow Wow et Matmatah, ce groupe de seconde division parvient rarement à déchaîner les passions, tant leur rock variet' un peu bâtard reste coincé au ras du plancher.

Tout le contraire de Bertrand Burgalat et AS Dragon : depuis son album solo ("Sssound of Mmmusic"), le producteur-remixeur-compositeur et patron de Tricatel nous étonne à chaque livraison. Cette fois accompagné d'un groupe sacrément solide, à la rythmique imparable, le joyeux luron de la vague néo-psyché nous livrera un concert puissant, parfait, voire, à certains moments, ahurissant. Car sa formation, initialement constituée pour accompagner Michel Houellebecq sur les plages de France, impressionne de virtuosité et de classe : rarement groupe français nous aura tant bluffé par sa technique et son aisance sur scène. Reste la voix de Burgalat, pas toujours au point mais émouvante de sincérité, et ses paroles pince-sans-rire, à des années lumière de la soupe hexagonale desservie par tous ces Enfoirés de Goldman et Garou. S'éclipsant parfois derrière la beauté androgyne d'une nouvelle chanteuse à la voix d'or, Burgalat reviendra pour un final dantesque, avec une reprise du " Tears of a clown " des Smokey Robinson. Que demander de plus ?

 

Né des cendres encore brûlantes du combo texan At The Drive-In, Sparta dégage une énergie tout aussi incandescente. C'est que sa musique, du rock sans fard et sans compromis, rappelle fort ce qui avait fait d'At The Drive-In il y a deux ans la nouvelle coqueluche des amateurs de riffs bien corsés et de mélodies rentre-dedans. "Relationship of Command" était l'album de réconciliation avec un rock qui tournait alors en rond, coincé entre les jérémiades post-pop d'un Thom Yorke et le nu-métal prévisible de toute une flopée d'apaches à casquette rouge. Malheureusement, les épaules de ces Texans aux cheveux afro étaient trop frêles pour supporter toute cette pression - bombardés sauveurs du rock, ils étaient devenus des bêtes de foire médiatiques, et leur hargne (vite devenue légendaire en concert) d'en prendre un sacré coup, de partir en fumée comme un mauvais rêve. KO, au tapis, les Texans n'avaient plus le choix que de déposer les armes, de ranger les guitares, au moins pour cette fois, le futur nous réservant parfois de fabuleux come-backs.

Deux ans plus tard, toujours pas d'At The Drive-In à l'horizon, mais trois groupes qui reprennent vaillamment le flambeau - chez les rockeurs les plus furibards, on ne tue pas Goliath d'un seul coup de pierre, même si celui-ci avait pris l'allure inquiétante d'une reconnaissance unanime, jamais bon quand on veut garder la tête froide. At the Drive-in est mort ? Vive Sparta, Mars Volta et De Facto !

Aussitôt l'armistice rock déclarée, voilà qu'Omar et Cédric étaient ainsi de retour il y a quelques mois avec Mars Volta, de l'At the Drive-in relooké progressif, voire dub (mais moins que De Facto). On les redécouvrait ainsi le 22 mars dernier, au Pianofabriek, pour un concert en grandes pompes, court mais pas à court d'idées, au cours duquel les deux ex-leaders du Drive-In montrèrent encore une fois à qui voulait l'entendre qu'ils étaient bien là et pas las, et qu'il faudrait encore compter sur eux, foi de Texans ! Quant aux restes du groupe d'origine, les revoilà aussi dans les bacs, avec un nouveau nom, Sparta, et un maxi augurant du meilleur. Ici, on nage davantage dans les eaux empruntées jadis : c'est du rock bien serré, tendance Fugazi, de l'EMO avec des tripes, du post-punk mais sans trop d'attitude.

Fébrile, le public a l'impression d'enfin l'avoir, ce concert d'At The Drive-in, annulé pour cause de fatigue il y a deux ans au Muziek-O-Droom… Difficile de dire si Sparta reprend les ingrédients live qui avaient faits le succès de leur groupe d'avant, puisque personne ne les aura jamais vu en Belgique… Toujours est-il que ça chauffe, ça vibre, ça décoiffe : les mélodies rappellent le meilleur de "Relationship of Command", les riffs sont inventifs, la voix oscille toujours entre violence rentrée et détente explosive - hardcore. En moins d'une heure, Sparta aura prouvé qu'il y a bien une vie après At the Drive-In… Leur chanson "Mye" se pose ainsi comme le testament d'un groupe qui aura eu la vie dure, mais qui aura ouvert la voie à ce revival rock'n'roll cuvée 2001-2002. Finalement, autant reprendre les choses là où ils les avaient laissées, et d'affirmer que sans eux, peut-être, les rockeurs en blousons noirs vus et entendus partout ces derniers mois seraient toujours occupés à répéter dans leur cave et à poser devant la glace de leur salle de bain.

Sacré meilleur groupe français live aux Victoires de la musique l'année dernière, Le Peuple de l'Herbe était de retour chez nous pour présenter son nouvel album, "PH Test/Two" (sortie le 24 juin). C'est vrai que Le Peuple, sur scène, est une furieuse machine à danser - les habitués de Dour et de l'Axion Beach 2001 s'en souviennent encore. Leur mix explosif de dub, de rap et d'électro fonctionne à merveille, avec ou sans herbe, propulsant le spectateur en orbite, mais pas géostationnaire : ici on danse, on trépigne, on s'agite dans tous les sens, du breakbeat désaccordé genre drum'n'bass aux rythmes chaloupés d'un dub-ragga bien moite. Sur scène, Le Peuple de l'Herbe met donc le feu au dance-floor, tout en ménageant parfois le public avec quelques titres plus calmes mais pas moins inspirés. Trompette, samples-platines et batterie au service d'une musique décomplexée, le groupe est soudé et s'amuse. Les nouveaux morceaux révèlent quelques surprises, comme ce "Maison en dur", sorte de bravade techno un peu fier-à-bras mais furieusement sautillante. Vous n'avez jamais vu Le Peuple de l'Herbe en live ? Pas grave : ils sont partout cet été (Klinkkende Munt, Dour, Seat Beach Rock,…). Et si vous ne dansez pas, c'est que vous êtes mort.

 

Aaargh, la cold-wave est de retour ! The Faint n'a plus écouté de musique depuis 1982, à l'époque ou Human League et Front 242 faisaient un tabac dans les clubs de Mouscron et de Detroit. De l'EBM qu'ils appelaient même ça ! Les saligauds, v'là-t-y pas qu'ils nous refont le coup comme en 40, avec les combat shoes et les tenues en treillis ! Ce beat ! Ces poses ! Cette voix ! Mais que diable, serions-nous au Steeple Chase de Waregem à danser sur Wumpscut, en balayant le sol de nos cheveux longs corbeau, les poings fermés se balançant d'avant en arrière ? The Faint ? Chouette alors, on se sent rajeunir, et pour ceux qui n'était pas nés, voilà une belle entrée en matière dans le fabuleux monde des années 80 ! Elektroklash meets Billy Idol, pour qu'ils comprennent mieux. Ah ouaiiis ! The Faint : le groupe qu'on aimerait ne pas aimer. « Danse Macabre » (NDR : ce titre !) est en vente chez tous les bons disquaires).

Radio 4 : on en a déjà parlé. Le punk funk, cette tendance rétro qui replonge dans le début des années 80, à l'époque ou Gang Of Four, A Certain Ratio et co. faisaient danser l'undergound avec leur mix de rock abrasif et de grosses basses frétillantes. Mais le public serait-il venu pour The Faint et son EBM figé dans le temps ? A voir l'ambiance (nulle) et les gens qui dansaient (personne), on se dit que Radio 4 s'est trompé de salle. Pourtant, leur « Gotham ! » est une pure merveille de rock dansant, produit par un duo de choc composé de Murphy et de Goldsworthy, alias DFA. Liars, The Rapture, c'est aussi eux. Bon, patience : un « Dance To The Underground » devrait embraser la salle en un quart de tour. Raté : « On se croirait presque à New York », ironise Anthony Roman, le chanteur-bassiste. Un petit rappel pour être polis (avec deux chansons de leur premier album, « The New Song And Dance » et le fameux « Certain Tragedy »), et puis Radio 4 met les voiles. Triste… Que dire de plus ?

dimanche, 04 novembre 2018 21:24

Le parrain du punk a encore de beaux restes...

Le Modfather était de retour en Belgique, quelques mois seulement après son dernier passage sur nos terres, pour un concert de présentation de son dernier album, « Illuminations »… La salle presque pleine semblait démontrer la preuve du regain d'intérêt que rencontre l'Anglais, malgré l'indifférence quasi générale que suscitent les sorties de ses albums depuis quelques années. Vieux, le Weller ? Pas encore, à voir la vigueur avec laquelle il empoigne sa guitare, comme au bon vieux temps d'« All Mod Cons » et de « Seting Sons »… Le concert sera d'ailleurs ponctué de nombreux classiques du parrain de la brit-pop, entre autres « That's Entertainment » et « A Town Called Malice » des Jam, sans oublier une version jazzy d'« Have You Ever Had It Blue ? », l'un des rares hits que connût Style Council, son groupe soul des années 80. Le reste, fût à l'avenant : plusieurs morceaux d'« Illuminations », comme ce « It's Written In The Stars » à la limite de la rengaine pop sautillante, preuve que son dernier album possède bien des vertus – son meilleur depuis « Wild Wood », sans aucun doute. Paul Weller commence à se faire vieux, mais a donc de beaux restes (les classiques solo « You Do Something To Me », « Wild Wood », « The Changingman »). Peu importe que certains le trouvent ringard : pour nous, il restera toujours l'auteur de chansons intemporelles.

 



dimanche, 04 novembre 2018 10:40

Un seul être vous manque...

Add N To (X) en concert, c’est une orgie de sons vintage, au croisement de l’avant-garde électronique et du rock le plus garage. Leur nouvel album, « Loud Like Nature », sonne d’ailleurs comme du Stooges kraftwerkien : des guitares, des refrains, des mélodies, mais passés à la moulinette d’une électro « rétro-futuriste ». entendez par là une électro faite avec de vieux synthés trouvés aux puces, des machines ancestrales truffées de boutons de toutes les couleurs, qui font « wizzz » et « tuuut » quand on les tourne dans tous les sens.

En concert, le trio est accompagné d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. De quoi donner davantage de punch et d’envergure à leurs ritournelles sexy. Malheureusement, cette fois-ci, leur prestation ne fut pas à la hauteur de nos attentes. Sans doute était-ce dû à l’absence de la charmante Ann Shenton, dont la vigoureuse poigne (comme elle triture ces synthés !) donne d’habitude une couleur « sensuelle » aux délires bruitistes de Steve Claydon et Barry 7, ses deux comparses particulièrement frappés du ciboulot. Add N To (X) sans les déhanchements fantasques d’Ann Shenton (cette main baladeuse qui caresse le theremin !), c’est un peu comme Boss Hog sans Christina, Nashville Pussy sans sa bassiste, Mazzy Star sans Hope Sandoval : triste et sans saveur. D’autant plus qu’en son absence, ces deux compères n’auront pas hésité à pousser le volume à fond et à gueuler comme la créature de Frankestein, entraînant l’exaspération du public et, par là, son indifférence. Au programme : que des titres du nouvel album, à part ce « Metal Fingers In My Body » toujours aussi bandant. Un peu court, comme orgasme… Surtout sans les clins d’œil aguicheurs d’Ann déguisée en cow-girl de la Planète Mars. « Plug Me In », qu’elle disait. Pfff.

dimanche, 04 novembre 2018 10:37

La peur au ventre...

Affirmer que Mike Skinner, alias The Streets, était attendu relève de l'euphémisme. Son album déjà assuré de toutes les louanges dans les référendums de fin d'année, c'était donc une ABBOX remplie qui venait voir sur place le messie, pour un concert qui se devait de confirmer les dires de tous. Manque de bol, le petit Mike n'aura pas assuré « un max ». Sans doute est-ce dû à son manque d'expérience de la scène, d'autant plus qu'il a fait son album tout seul chez lui, et que le voilà maintenant entouré d'un vrai groupe. Il n'empêche : sa bonne bouille d'hooligan de pub anglais et son accent middle class aura fait son effet. On se serait presque cru dans un film de Ken Loach sur la musique de rue dans les bas-fonds de Sheffield. 100% British, mes amis, direct from the filthy streets of the suburban England fish and chips. Dommage que Skinner avait un peu la pétoche (« Mais que faire de ces bras qui pendent le long de mon corps », se dit-il tandis que son ami black chante le chorus ?). Comble des combles : Skinner n'aura d'autre conversation avec le public que de lui faire répéter « Great Beers » après lui avoir demandé « What's Belgium all about ? », alors qu'il brandissait fièrement… une Kronenbourg. Sinon, la musique est bonne : rien à dire. Encore un peu de rodage et Skinner fera péter tout ça dans une ambiance de feu. A Werchter, par exemple ?

 

 



mardi, 05 septembre 2006 17:53

Savoure le rouge

Trois ans après l'ampoulé « Vertigone », les Bruxellois de Venus ont rendossé leurs beaux costumes de scène, cette fois en rouge et noir. Deux couleurs qui leur vont à merveille, puisqu'elles soulignent avec force ces treize nouveaux titres aux ambiances souffreteuses. Le sang, la colère, la passion : si l'atmosphère de « The Red Room » risque bien de plomber vos dimanches, elle vaut bien n'importe quel bovarysme? Et de fesser vigoureusement la chair, et d'y voir palpiter nos désirs les plus fous, pour qu'enfin 'décadence' rime avec 'élégance', et que Venus se détache pour de bon de l'emphase à la « Beautiful Day » ! Welcome in the red room, et n'oubliez pas d'enlever vos chaussures? La visite peut commencer !

Depuis « Vertigone » et votre tournée, il s'est passé plus de deux ans. Qu'est-ce que vous avez fait durant tout ce temps ?

Pierre Jacqmin (basse, contrebasse) : De janvier à août 2004 on a pris des vacances, on a travaillé chacun sur d'autres projets, et puis on a commencé à bosser régulièrement sur cet album... On n'a donc pas chômé, même s'il est vrai qu'on ne donnait plus trop de nouvelles de nous !

Christian Schreurs (violon, guitare) : On a commencé, en fait, à enregistrer en septembre 2005, après un an d'écriture.

Il est exact que la dernière fois qu'on vous avait vus sur scène, c'était à l'Octopus, fin juillet 2005 ?

C. S. : C'était un concert test, puisqu'on avait quasiment fini l'album, et il nous a permis de voir ce qui fonctionnait ou pas. Il faut admettre qu'il était risqué de ne jouer pratiquement que des nouveaux morceaux, surtout lors d'un festival d'été?

P. J. : ?D'autant plus qu'on ne les maîtrisait pas encore bien. On les interprétait pour la première fois en concert !

C. S. : Mais tout y était ! Il ne nous restait plus qu'à entrer en studio avec Head, qui est un excellent ingénieur du son, pour peaufiner le tout de manière optimale. C'était un boulot considérable.

Et au final le résultat sonne plus rock qu'auparavant. Il est plus âpre, plus sombre aussi.

C. S. : Oui, absolument, c'est un peu un tournant. Mais c'était déjà le cas pour « Vertigone », qui ne sonne pas de la même manière que « Welcome to the Modern Dance Hall »? On aime bien essayer des choses différentes, selon nos envies. Après la tournée « Vertigone » on s'est tous mis d'accord sur le fait qu'on avait envie de travailler le son, d'aller plus loin dans ce sens. Sur « Vertigone » on avait déjà tenté de se départir un peu de l'acoustique, mais ici on a mis les bouchées doubles.

« Vertigone » est très pop, tandis que celui-ci est plus incantatoire, plus brut de décoffrage.

C. S. : Il est clair qu'on a moins insisté cette fois sur les arrangements : on n'a pas eu peur d'élaguer?

P. J. : On a voulu garder que l'essentiel. Et puis on s'est rendu compte qu'on avait du mal à jouer les morceaux de « Vertigone » à quatre. Parce qu'il y avait tellement d'arrangements qu'il devenait impossible de les reproduire tels quels en live. Pour « The Red Room » on a essayé de ne pas refaire les mêmes erreurs, et la solution était de tout simplifier au lieu d'en rajouter.

Pourquoi avez-vous fait appel à Head pour produire « The Red Room » ?

P. J. : Parce que ce n'est pas un producteur, mais un ingénieur du son ! En fait au départ on avait pensé travailler sous la houlette de John Parish, mais il n'était pas disponible. C'est lui qui nous a conseillé Head. Il aimait bien ce qu'on faisait, donc ça tombait bien ! Et puis faut dire que c'est pas la 'dernière des caisses' (NDR : expression brusseleer ?) : il suffit d'écouter le boulot qu'il a accompli pour PJ Harvey et Marianne Faithfull !

Il est vrai qu'à l'écoute de « The Red Room » on sent la patte du producteur de PJ Harvey !

C. S. : Ce type aime les sons secs et rugueux. Il préfère travailler sur la matière du son plutôt que de l'embellir?

Il n'est pas le seul responsable de ce son sec et tortueux, je suppose ? Vous avez connu des coups de blues ?

C. S. : On a toujours privilégié les atmosphères sombres à celles plus 'poppy'? « She's So Disco » par exemple est juste une 'private joke', et on ne le renie pas ! Mais c'est à mille lieues de ce qu'on fait aujourd'hui? Faut bien se laisser aller de temps en temps, non ?

Comment travaillez-vous à l'écriture ?

P. J. : Marc (NDR : A. Huyghens - voix, guitare) vient avec la plupart des idées. Il nous apporte des ébauches de chansons, guitare-voix, et on retravaille tout ensemble. La structure, l'harmonie, les arrangements,? Mais sur cet album-ci en l'occurrence, il y a deux morceaux qui viennent de Christian?

Lesquels ?

C. S. : « Underwater » et « Unknown »

« Underwater » est sans doute le titre le plus léger du disque, tiens?

C. S. : Effectivement. Et c'est marrant, car le résultat est totalement différent de la matière que j'avais apportée au départ? Mais rien n'a été calculé : on l'a juste senti comme ça ! Et c'est d'ailleurs aussi valable pour le reste de l'album : rien n'était prémédité, tout est venu assez naturellement. En fait ce n'est pas compliqué : je ne me suis jamais senti aussi bien dans le groupe depuis nos débuts !

On le ressent sur le disque !

P. J. : Oui, tout s'est très bien passé, c'était très confortable. Et même si on a ramé sur certains titres, on a toujours eu l'impression d'être dans le bon, que ça sonnait juste. Cela n'a jamais été aussi évident et naturel, même en retravaillant les vieux morceaux !

Parlons-en justement? Vous allez les électrifier, si je puis dire ?

P. J. : Pas forcément? Il est vrai qu'au début on avait ce concept du tout acoustique, mais il ne doit pas nous freiner dans nos envies ! Pourquoi ne pourrait-on pas utiliser une guitare ou une basse électrique si on en éprouve le désir ?

Et ce titre, « The Red Room », il renvoie à quoi ?

P. J. : C'est la chambre de Marc, qui est peinte en rouge.

Ca me fait penser aux parois utérines du ventre maternel, bref à nos origines.

P. J. : Tiens oui ! C'est bien la preuve que chacun définit comme il l'entend sa propre pièce rouge, en fait?

(NDR : à cet instant Marc A. Huyghens déboule d'une autre interview, la mine fatiguée par ce petit jeu de chaises promotionnelles) M. A. H. : C'est juste un lieu confiné, d'introspection, mais qui pourrait très bien être aussi un bordel ou un dancing?

P. J. : (NDR : lui parlant) Sa propre interprétation serait un retour à l'état f?tal !

M. A. H. : Pourquoi pas, oui?

Ok? Vous pouvez me parler de votre grand retour chez Bang! ? Ca s'est mal passé avec Virgin ?

C. S. : On a été virés après la sortie de « Vertigone » parce qu'on n'en avait pas vendus assez à leur goût? Quand tu n'atteins pas un certain chiffre de vente, t'es tout simplement rayé de leur carte?

M. A. H. : Ce processus faisait partie des grosses restructurations chez EMI : il n'y avait même pas moyen de discuter, c'était purement économique.

P. J. : Ce ne sont pas les gens avec lesquels on travaillait directement qui sont responsables de cette décision, mais les financiers d'EMI, à la maison mère. Ils avaient une liste avec du rouge et du vert, et si t'étais dans le rouge tu te faisais virer? Ils n'ont même jamais écouté ce qu'on faisait, c'était pas leur problème ! »

Aaaah, les majors? Et que pensez-vous justement de cette guéguerre entre Bang ! et Gang (www.wearegang.be), des « Sacrés Belges » et de tout le bazar ? Vous êtes un peu les parrains de la scène rock bruxelloise et wallonne?

M. A. H. : Il y a toujours des gens qui pensent 'noir', d'autres 'blanc', pouvoir/contre-pouvoir,? Si c'est par opposition à Bang ! c'est rigolo et il y a sans doute un fond de vérité. Mais il ne faut pas renier le travail accompli par les types de Bang ! depuis des années, comme défenseurs du rock bruxellois, wallon. Et ça on ne peut pas le leur retirer ! C'est quand même eux qui ont signé dEUS en premier, même si l'exemple est gros comme un camion? Après, c'est vrai qu'il doit y avoir de la place pour tout le monde ! Il faut persévérer.

Ce sera le mot de la fin !