Elvis est apparu comme un grand artiste, un grand rocker, un grand colporteur de guimauve, un grand bourreau des cœurs, un grand raseur, un grand symbole de puissance, un grand cabot, un grand chic type’ : à cette énumération de Greil Marcus (dans son livre séminal, Mystery Train, p. 165), on pourrait rajouter une grande valeur boursière, un énorme gagne-pain pour bon nombre de maisons de disques actuelles. Dernière opération marketing en date : éditer ses 30 numéros 1 sur un seul CD, pour faire péter le tiroir-caisse et tenter de battre à plate couture les Beatles, les Stones et Jésus. Trente n°1 : mieux que n'importe quelle rock-star (ou country-, folk-, etc.), Elvis a cartonné en haut des charts pendant plus de dix ans, jusqu'au faisandage à Graceland. Régime coke, médocs et pétage de plombs, paranoïa et aller simple pour le paradis. Sauf qu'Elvis est toujours parmi nous, et cette compile en est la preuve : dans les magasins, sous le sapin, à la radio, à la télé, dans les veines des jeunes stars du rock'n'roll 2002, et même dans la techno (" A Little Less Conversation " de Junkie XL, ici en bonus) ! ! ! Elvis est partout, et il clame : " Il faut que jeunesse se passe ", et surtout qu'elle achète ce disque, parce que, nom de…, tous ces titres sont de sacrés tubes, le genre de chansons qui font tellement partie du patrimoine artistique qu'on ne sait plus trop quoi en penser. Dommage que la pochette soit si laide, et le livret un bon de commande pour des " Elvis Mousepad ", " Elvis Monopoly " et " Swinging Elvis Motion Clock " (sic)… Passons, pour une fois, sur ces détails abjects, et concentrons-nous encore une fois sur la musique : sublime. LA quintessence du rock, de la soul et du blues. ‘Voici l'histoire d'un homme qui a fait l'Histoire, et qui en a triomphé’ (Marcus, p. 166). Le Roi est mort ? Vive le Roi !