Après avoir gracieusement prêté ses talents de bassiste à l’infatigable Flying Lotus, son mentor, Thundercat, de son vrai nom Stephen Bruner, se paie pour la première fois une exploration express du Vieux Continent en headliner. Pour la première étape de ses pérégrinations européennes, le musicien a jeté son dévolu sur notre bonne vieille capitale.
Pour l’aider dans sa tâche, Thundercat a fait appel à fLako, producteur et DJ Hip Hop dont les dernières minutes du set m’ont plongé immédiatement dans l’ambiance bon enfant de la salle molenbeekoise. Le Chilien, qui partage son domicile entre Berlin et Londres, cède rapidement sa place à notre compatriote LeftO, chargé de combler l’attente avant l’arrivée de l’invité d’honneur. Et c’est un set qui dégomme, entre Hip Hop retro et futuriste, Soul, Hyperdub et breakbeats, que le Bruxellois a courageusement proposé à un public clairsemé mais bien chaud. Et il en fallait, du courage, pour combler l’attente interminable. En délivrant un set chevronné, le DJ a réussi à combler parfaitement la demi-heure de retard quasi-coutumière des artistes qui se produisent au VK.
C’est donc vers 21h45 que le protégé de Flying Lotus exécute ses premiers pas sur une scène belge. Thundercat est accompagné d’un claviériste et d’un batteur pour présenter son diptyque apocalyptique (« The Golden Age Of Apocalypse », sorti en 2011 et « Apocalypse », en juin dernier). Condensé de Jazz psyché, de soul saupoudré de glitch-hop, produit Brainfeeder oblige.
Le début de set est prometteur et équitablement partagé entre morceaux du premier et du second LP. Bruner démontre toute l’étendue de son talent à la basse six cordes.
Malheureusement le niveau de la prestation baisse assez rapidement. Desservi par un son pourri, la basse de Thundercat, sur laquelle tout le show est basé tout de même, devient rapidement assourdissante, noyant toute nuance mélodique. La voix du Californien, quant à elle, a du mal à trouver sa place. En studio, les arrangements de Flying Lotus, coproducteur de la discographie de ce dernier, permettent au chant d’exalter les mélopées d’une manière tout à fait tripante, leur conférant une dimension quasi cosmique. Sur les planches, tout est plat. Si bien que le bonhomme ne semble pas trop impliqué et n’arrive pas à communiquer sa passion, même lorsqu’il se démène sur le manche de son arme de prédilection. Là où LeftO avait réussi à rameuter du monde aux premiers rangs, Thundercat fait fuir au compte-goutte une partie du public qui préfère noyer sa déception au bar. Le potentiel y est mais Bruner doit encore affiner son jeu scénique pour convaincre un minimum.
Organisation : VK*