La disparition de Gelatine Turner…

Gelatine Turner, c'est un projet chanson porté par deux frères, Pierre au son et Romain au chant. Ensemble ils composent une chanson hybride entre pop et alternative. « Disparaître », c'est une marche hypnotique, un souffle qui s'emballe, une perte de repère…

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Le venin de Judith Hill...

Chanteuse, compositrice et multi-instrumentiste, Juidith Hill, sortira son nouvel opus, « Letters From A Black Widow » le 12 avril 2024. Un album taillé en 12 pièces qui présente une histoire fascinante oscillant de la douleur privée à la transcendance…

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Vive La Fête - 11/04/2024
Sebastien Leclercq

Sebastien Leclercq

samedi, 05 octobre 2019 11:46

On est encore loin du nirvana…

L’Orangerie affiche complet depuis quelque temps déjà pour célébrer le retour d’Allah-Las, un groupe californien fondé en 2008. Il est venu présenter, en primeur, son nouvel elpee (le quatrième déjà) « Lahs », un disque qui sort ce vendredi 11 octobre. Mais cet essai est déjà en vente à son stand de merchandising. Un stand qui tourne d’ailleurs à plein régime, puisque le band vient personnellement au contact de ses fans…

Mais la soirée commence en douceur, accusant un petit quart d’heure de retard, par Maston. Un multi-instrumentiste, lui aussi issu de la côte Ouest des States. Première surprise, il déboule sur les planches en compagnie de pas moins de 5 musiciens (2 claviéristes, 1 batteur, 1 bassiste et 1 guitariste). En l’occurrence le collectif suisse L'Eclair qui sert de backing group. Après avoir proposé un titre d’ouverture plutôt brouillon, la musique se charge de groove, dans un climat rappelant tour à tour le cinéma italien des 60’s, les vieilles séries yankees voire même les B.O. de longs métrages signés Tarantino. Le profil globe-trotter de Franck Maston transparaît immédiatement, lui qui a bien roulé sa bosse, et accompagné Jacco Gardner dans ses délires musicaux. Malheureusement, le temps de se faire servir une petite mousse (les files sont toujours aussi longues au bar central) et de revenir dans la salle, et le set est déjà terminé. En à peine 20 minutes, Maston est parvenu à planter un chouette décor psychédélique, semblable à une longue route 66 tracée au milieu du plateau Orzak, sis entre les collines embrumées par la chaleur.

La salle commence à se remplir, accueillant principalement de jeunes hipsters flamands, dont l’âge oscille entre 25 et 30 ans. L’engouement autour d’Allah-Las est sans doute, aussi, à mettre sur le compte de sa diffusion radiophonique sur les ondes du Nord de la Belgique. Ce qui, on ne le répétera jamais assez, place les stations francophones, un cran bien en-dessous. Il faut remonter à 2016, au festival de Dour puis à l’AB, pour retrouver trace du passage de ce band américain sur les planches noir-jaune-rouge. Des prestations qui, souvent, n’ont pas laissé de souvenir impérissable. Et pourtant ses albums sont chaque fois salués par la critique. Après avoir gravé un premier opus éponyme, le combo a amorcé un excellent virage en publiant l’excellent « Worship the sun », en 2014.

Mais entrons dans le vif du sujet. Lorsque le sextuor grimpe sur l’estrade, on reconnaît immédiatement le look des musiciens et leur démarche. Cheveux hirsutes, barbes de Bee Gees, chemises à fleurs et t-shirts amples, c’est sûr, on ne s’est pas trompé de salle. Matthew Correia et sa bande nous entraînent loin de nos contrées. La formation a puisé dans l’ensemble de son répertoire pour établir sa set list, depuis ses débuts (l’instrumental « Sacred sands » qui constitue une intro parfaite avant que « Busman’s holiday » n’embraie) à des morceaux issus de son futur opus, à l’instar de « Prazer Em Te Conhecer » chanté en portugais par le batteur/leader. Mais franchement la cover du « Fish in the sand » de George Harrison, on aurait pu s’en passer… Les morceaux s’enchaînent, sans temps mort, mais sans guère d’éclats non plus. Bien qu’agréables, les compos semblent sortir d’un vieux juke-box planté au fond d’un bar mexicain. Si les maracas et les percussions hippies collent bien au surf rock, il est heureux de constater que le band a le bon goût d’adopter une forme plus expérimentale que nostalgique. Jusqu’au final “ Could be you ”, un titre nettement plus rock, abordé à la manière des Libertines et même de Black Angels.

Mais ce soir encore, on reste sur sa faim. Le set ne permet pas à l’esprit de s’évader. La voix du lead singer n’est pas suffisamment haut-perchée. L’attitude foutraque des musicos séduit ou irrite, selon. Peu d’interactivité entre les morceaux. Et un rappel expédié en deux temps trois mouvements. De quoi nourrir une certaine insatisfaction. Bref, en live, la musique d’Allah-Las est agréable à écouter en buvant quelques bières avec ses potes. Mais elle n’atteint pas le nirvana, au plus haut des cieux, que cette formation pourrait atteindre facilement, en manifestant un peu moins de désinvolture et surtout grâce à son sens mélodique…

(Organisation : Botanique)

Votre serviteur serait-il sous l’emprise de la congrégation des Sisters of Mercy ? Toujours est-il qu’après avoir critiqué ouvertement les dernières prestations de Sisters of Mercy, il revient au même endroit, ce lundi 23 septembre, pour assister à un concert du même groupe tellement décrié, dont les prestations ont été jugées ‘pathétiques’, en y ajoutant même qu’on ne l’y reprendrait plus…

N’empêche, S.O.M. continue de faire recette. Et pour cause, sa première date, fixée la veille, au même endroit, avait été décrétée sold out à la vitesse éclair. Et la seconde, auquel votre serviteur assiste, l’est presque. Incompréhensible, quand on sait que son dernier elpee, « Vision thing » remonte à… 1990 ! En outre, le 16 septembre, il avait offert un concert gratuit à ses fans au Trix d’Anvers, sous le patronyme de ‘Near Meth Experience’, show au cours duquel, la formation a accordé trois nouvelles compos. Nous y reviendrons un peu plus tard.  

Dès les premiers accords de « Dominion/Mother russia » la foule réagit. Elle remue, pogote, et les premiers rangs se retrouvent envahis de gros bras et d’hommes torses nus. Les pyramides humaines se forment progressivement, et atteignent même parfois 3 hauteurs. Imaginez donc le gaillard qui soutient plusieurs spectateurs. La voix d’Andrew Eldritch, elle, en revanche, a de nouveau bien du mal à s’imposer, même si elle bien secondée par ses deux gratteurs, qui assurent les backing vocaux. Hasard du calendrier, mais Wayne Hussey, son ex-comparse (NDR : ou si préférez son frère ennemi), se produisait les trois soirs précédents, au sein du pays plat. Mais la voix du natif de Bristol reste bien un cran au-dessus, accordant, en outre, à chaque fois des sets solos de plus de deux heures sans jamais fléchir.

Mais revenons à nos moutons (noirs), et en particulier aux compos jamais releasées. A l’instar de « Crash and burn » (NDR : datant de début 2000) ou des inédits « Show me on the doll » et « Better reptile ». Bien qu’agréables à l’écoute, elles semblent calmer l’atmosphère. Mais ce n’est que temporaire puisque le show reprend crescendo jusque « Flood II », avant que The Sisters of Mercy n’accorde en rappel le bien rythmé « First and Last and Always ». Dylan Smith substitut de Chris Catalyst doit mesurer au moins 2 mètres. Mais ce nouveau guitarise libère davantage de puissance dans ses riffs, et en particulier tout au long de de « Temple of love ». Derrière Doktor Avalanche (NDR : c’est la boîte à rythmes), Ravey Davey se démène comme un DJ sur la scène de Tomorowland, pour dynamiser « This corrosion », en finale, un classique qui déclenche les derniers pogos.

En conclusion, on reste loin des superlatifs avancés par Classic 21. Cette radio avait annoncé, à travers un jingle, entre un titre de Phil Collins et Pink Floyd, que The Sisters of Mercy était un groupe légendaire aux prestations époustouflantes… (sic). Il faut raison garder : la prestation a été moins mauvaise que d’habitude. Surtout parce que le gratteur est à la hauteur du sujet ; et qu’en outre, les nouvelles compositions apportent une nouvelle impulsion au set. En attendant un hypothétique nouvel elpee, tant espéré par les fans, et auquel bon nombre de mélomanes ne croient plus vraiment… (pour les photos, c'est ici)

My Diligence assurait le supporting act (pour les photos, c'est )

(Organisation : Live Nation)

dimanche, 22 septembre 2019 15:55

La délivrance après 2h30 de cérémonie…

Il faut s’armer de courage ce dimanche soir. Attendre la fin de la journée sans voiture, affronter l’orage, puis rejoindre la région brugeoise. Le B52 exactement. Après avoir été accueilli chaleureusement par le patron au physique de catcheur, on rejoint une petite salle, sise à l’arrière de son café. Une petite centaine de spectateurs y sont massés, ce qui remplit déjà bien l’endroit, plutôt exigu.

Votre serviteur débarque trop tard pour assister au set du tribute band Pure Kult. Suivant les avis recueillis, les covers proposées sont dignes de celles dispensées par The Cult. A cet égard, Ian Astbury, le leader, avait reconnu publiquement la qualité de ces reprises…  

Un temps d’adaptation est nécessaire avant de commencer à apprécier la prestation d’Ashton Nite, qui se produit en solo, armé uniquement de sa sèche. The Awakening, groupe dont il est le leader, est plutôt responsable d’une musique gothique, lourde, lorgnant parfois vers le métal indus. En solitaire, il interprète posément ses compos dans un style bien british (NDLR : on en oublierait presque qu’il est originaire d’Afrique du Sud). Entre chaque titre, ses commentaires sont teintés d’un humour pince-sans-rire. Et surprenants, ses arrangements valent le détour, à l’instar de son adaptation de « The Sound of silence » du duo Paul Simon/Art Garfunkel, à la fin duquel il se met à hurler, stupéfiant même un fan posté aux premiers rangs.

Set list : « Other ghosts », « Fault », « Upon the water », « About you », « Jennifer », « Storm » (remplacé par « Indian summer »), « Amethyst », « Dressing like you », « Back to wonderland », « The sound of silence », « Dark romantics », « Shadows in the dark ».

Cette tournée solo du leader de The Mission s’étale sur près de 3 mois, et faisait d’abord escale à Rétie (Anvers) puis Arlon, les deux soirs précédents, avant d’atterrir à Bruges. Baptisée ‘Salad daze’, elle se réfère à sa biographie, sortie en mai 2019. Assez complète, elle évoque, pour la première fois, son enfance et ses parents. Dès son entrée sur scène, vers 22 heures, les aficionados s’agglutinent aux premiers rangs. La température monte d’un cran.  Tel un prêtre en début de cérémonie, Wayne Hussey invite ses fidèles à s’asseoir, pour assister au début de sa grande messe. Une bonne initiative qui va permettre à celles et ceux placés à l’arrière, de pouvoir observer ses faits et gestes. Faut dire que la salle est basse et le podium peu surélevé. Wayne est coiffé d’un chapeau et chaussé de ses traditionnelles lunettes noires, un couvre-chef qu’un spectateur lui demandera d’ôter au cours de l’office, mais en manifestant son humour bien britannique », Hussey lui répondra ne plus s’être lavé les cheveux depuis deux jours. Il remercie également un autre spectateur qui lui a offert une bonne bouteille de vin (NDR : il a l’habitude de s’en enfiler une à chaque concert). L’armada de guitares acoustiques et électriques (5 ou 6), ainsi qu’une mandoline, posé derrière lui, laisse supposer que le show sera diversifié. Sans oublier son clavier recouvert de son traditionnel calicot de supporter de Liverpool. Est-ce la victoire 1-2 des ‘Reds’ à Chelsea, remportée cet après-midi qui le rebooste ? Toujours est-il qu’il déborde d’énergie et d’humour, ce soir. La plupart des singles de Mission sont passés en revue ; depuis « Crystal ocean » à « Dragonfly », en passant par « Like a child again », « Tower of strength » ou encore « Beyond the pale ». Une interprétation parfois fidèle, mais souvent originale. Outre le recours à la gratte, il se sert également et circonstanciellement d’un séquenceur pour imprimer le tempo. Il passe au clavier pour l’intimiste « Butterfly on a wheel ». Dérision et impro sont au rendez-vous de son interactivité. Avant d’aborder « Fabienne », il nous parle d’une femme belge ; et un aficionado en profite pour rebaptiser le titre « Fabiola ». Pendant « Wasteland », un autre fan clame ‘You are my fucking God’, et notre ténor d’intercaler un extrait du « Personal Jesus » de Depeche Mode dans le morceau…

Lors du second rappel, Wayne affiche toute l’amplitude de son registre vocal, en montant facilement dans les aigus. Ce qui va déclencher une belle ovation de la trentaine d’âmes encore présentes à ce moment. Car il est déjà près de minuit trente. La cérémonie a duré près de 2h30 ! Hussey transpire. Et nous aussi. La salle est moite, les murs suintent d’humidité. Un set particulièrement généreux qui a provoqué une communion mémorable entre l’artiste et l’auditoire. Bref, mission accomplie pour le natif de Bristol ! Bien loin de ce qui se prépare le lendemain à l’AB, lors du passage de son frère ennemi, Andrew Eldritch, alias Sisters of Mercy…

(Organisation : B52)

dimanche, 18 août 2019 09:48

W-Festival 2019 : dimanche 18 août

C’est déjà le 4ème et dernier jour de ce festival, mais le premier pour votre serviteur qui découvre le nouveau site. Et malgré les nombreuses critiques qui se sont abattues sur ce choix, force est de constater que celui-ci convient bien mieux à la météo fort capricieuse de ce week-end. Ce qui frappe également, dès qu’on franchit l’entrée, c’est cette piste de danse à ciel ouvert, sise face aux portiques, où une bonne trentaine de festivaliers dansent en permanence.

Néanmoins, lorsqu’on est tournaisien, cet événement, on aurait préféré qu’il se déroule encore à Amougies, car il célèbre, cette année, le 50ème anniversaire du célèbre festival ‘hippie’. Pour le remplacer, l’administration communale en a programmé un autre d’un style complètement différent, plus populaire, moins artistique, consacré aux covers bands dont Mr Cover est programmé en tête d’affiche. Cherchez l’erreur !

Bref, revenons à nos moutons, et en particulier aux Allemands de Pink Turns Blue. Et n’ayons pas peur de se mouiller, ce sera LA bonne découverte de la journée. Difficile de croire que la formation est issue de Cologne, tant la musique sonne britannique. On pense directement à Chameleons pour le côté post-punk mais aussi aux Smiths voire à Wedding Present vu son style pop/rock mélodique. Le trio n’occupe que peu d’espace sur le podium et se produit sans artifices, mais affiche une énorme maîtrise tout en éveillant beaucoup de sympathie. Un set sobre et efficace qui finalement, paraît trop court. D’autant plus qu’il va rencontrer un petit accroc technique, en fin de parcours. Les groupes se suivent ponctuellement sur la grande scène, séparée en deux parties. Et il n’y a pas beaucoup de temps mort entre deux prestations. Ce qui risque inévitablement de perturber les fins de shows, lors des soundchecks des bands qui embraient. Quand un set déborde, des auxiliaires viennent fermer les tentures. Comme au cours du dernier morceau proposé par Pink Turns Blue. Ce qui ne va pas empêcher les deux frontmen de saluer le public, mais également provoquer l’ire du drummer qui balance ses baguettes, en assistant à ce coup de force…  

Il faut aussi expliquer que c’est Peter Hook qui est ensuite prévu dans la programmation. L’ex-bassiste de Joy Division puis de New Order s’apprête à revisiter les grands classiques de ses deux formations culte. En tenue décontractée (bermuda et t-shirt narcissiquement intitulé ‘Hook’), le Mancunien est soutenu par un second bassiste, planté à sa droite et un guitariste, à sa gauche. Sans oublier le batteur et le claviériste, plantés en retrait. Mais en début de concert, Hooky utilise très peu sa basse, laissant bosser son acolyte. Il a aussi besoin de jeter de temps à autre un coup d’œil sur son chapelier. Il faut attendre « She’s lost control » pour le voir avancer sur le devant de la scène et oser ses solos de basse caractéristiques. Les tubes « Transmission » et « Blue Monday » incitent la foule à danser. Pendant « Regret », on est agréablement surpris par les voix limpides du guitariste et du bassiste, qui se transforment en choristes, évoquant la version live de l’authentique New Order. En final, « Temptation », « Ceremony » et l’inévitable « Love will tear us apart » confirment qu’on vient de vivre un show, comparable à un juke-box qui tourne en continu.

S’il a bien une formation belge qui cartonne depuis un an, et tourne inlassablement, c’est bien Whispering Sons. D’ailleurs votre serviteur avait déjà assisté à son set, 48 heures plus tôt, dans le cadre du BSF. C’est une constante, Fenne, la chanteuse, se dépense sans compter. Mais le set est quasi-identique. En outre, c’est une confirmation, il se prête bien mieux aux petites salles. On attendra donc une confirmation, à travers un futur second opus, et puis en fonction de l’évolution en ‘live’, avant de sortir les encensoirs…

Autre formation belge, mais qui célèbre ses 40 ans d’existence, Red Zebra enchaîne. Le show s’ouvre comme un défilé militaire. Peter Slabbynck est d’ailleurs habillé d’une cape de couleur kaki. Sandra Hagenaar (claviériste des Fifty Foot Combo) les rejoint ensuite le temps d’un morceau. Elle était déjà apparue, l’an dernier, au W-festival, lors du concert de Captain Sensible. Sa comparse d’Alk-a-line, Laurence, se pointe également, mais comme choriste, le temps du titre suivant. Sur « Shadow of doubt » l’ombre de P.I.L. est à peine voilée, puisque la chanson intègre une partie du refrain ‘This is not a love song’. Mais le point fort de sa prestation reste l’indémodable tube paru en 1980, « I can’t live in a living room ». L’intro qui retentit comme une sirène déclenche l’un des plus gros pogos de la journée.

On aurait aimé assister au retour de Collection d'Arnell Andrea. Malheureusement, mais il se produit sous la tente VIP et l’accès est refusé à la presse. Vraiment dommage car les spectateurs semblent très peu nombreux et on n’entend pas le moindre applaudissement de l'extérieur. Ce groupe français, proche des Cranes ou autre Christian Death en plus lyrique était, début des 90s adulés dans l'émission radio Perfecto de la RTBF 2. A noter qu’il vient de graver un nouvel opus, baptisé "Another winter".

Apoptygma Berzek est considéré comme une des valeurs sûres des festivals goth. Ce qui explique pourquoi le combo est fréquemment programmé à l’Amphi ou au Mera Luna, par exemple. Ce soir le show débute par « The weight of the world », une belle entrée en matière caractérisée par une longue intro et ses beats qui montent en crescendo en milieu de compo. La voix translucide de Stephan Groth et son look un peu androgyne font penser à Brian Molko. « Love will never die » (et son intro tirée de la cantate « Carmina Burana » de Carl Orff) retentit toujours comme un hymne. En clôture, « Until the end of the world » permet une dernière fois à la foule de s’éclater en bondissant come des kangourous. Assurément l’un des sets les plus dansants de ce festival.

Grosse déception, en revanche, pour China Crisis. Le côté pop ultra kitsch des 80’s refait surface. On pense immédiatement à la comédie satirique de Hugh Grant (‘Le come-back’) et sa caricature de tube (« Pop ! goes my heart »). Il est donc préférable de zapper pour se diriger vers la scène qui rend hommage à Olivier Daout.

Car US State of the Union s’y produit. Ce band californien est en fait originaire de Colombie. Le claviériste a d’ailleurs le tempérament chaud et quitte régulièrement sa console pour venir bondir à l’avant de l’estrade afin d’haranguer la foule. Le line up implique également un chanteur/guitariste et un batteur cool mais efficace. L’expression sonore oscille entre darkwave et synthpop, que complète quelques touches d’EBM. Des vidéos tantôt militaires, tantôt relevant de la science-fiction, sont projetées en arrière-plan. Le show est agréable à regarder, en sirotant les bières locales du stand situé à proximité (NDR : la Wieze). Un bon point d’ailleurs pour ce festival : proposer ces bières spéciales à un prix raisonnable. Ce qui n’était malheureusement pas le cas des stands de nourriture, fortement critiqués, pour les prix pratiqués.

Il est déjà presque 23 heures, et l’on approche de la clôture de ce festival. Jimmy Somerville, plutôt rare en live, va enchaîner les tubes disco. Aussi bien le dansant « You make me feel (mighty real) » enchaîné à « Tomorrow » (NDR : issu du répertoire de The Communards), en passant par « Never can say goodbye », et en fin de setlist « Don’t leave me this way », sans oublier la reprise du « I feel love » de Donna Summer, sont autant de morceaux qui ont alimenté les dancefloors de notre jeunesse. L’Ecossais (longtemps trahi par sa chevelure rousse) a eu le bon goût de s’entourer d’une dizaine de comparses. En effet, deux choristes blacks, une section de cuivres, un saxophoniste, un violoncelliste et même un contrebassiste sont parvenus à apporter une coloration vivifiante aux sonorités de claviers.

En quittant le site, on remarque la présence d’un banner qui, comme chaque année, dévoile déjà l’affiche de la prochaine édition. Il est assorti d’une intrigante annonce : ‘The moon and sun edition’. Elle est à découvrir ici

Les préventes à tarif préférentiel (early bid) débutent déjà ce 1er septembre. Attention changement de période, puisque le festival se déroulera du 21 au 24 mai, soit à partir du jeudi de l’Ascension. Qu’on se le dise ! En tout cas, Musiczine se fera un plaisir de couvrir à nouveau, cet événement.

Pink Turns Blue + Peter Hook + Whispering Sons + Red Zebra + Apoptygma Berzek + China Crisis + US State of the Union + Jimmy Somerville

Voir aussi notre section photos

 (Organisation : W festival)

mardi, 06 août 2019 16:20

Lokerse feesten 2019 : mardi 6 août

Le festival de Lokeren souffle déjà, cette année, ses 45 bougies. Pendant 10 jours, cette petite ville de 40 000 habitants, située entre Gand et Saint-Nicolas, est envahie d’aficionados de musiques actuelles, en tout genre. Après la soirée métal du dimanche, place au ‘Punk day’, ce mardi 6 août.

Dès 19 heures, une figure emblématique de ce mouvement ouvre les hostilités : Marky Ramone’s Blitzkrieg. Dernier survivant du célèbre band new-yorkais Ramones –si on ne tient pas compte de Richie qui l’a remplacé à la batterie, entre 1983 et 1988– Marky, outre son groupe fétiche, possède une longue carrière derrière lui. Après avoir siégé derrière les fûts chez Dust, il a rejoint The Voidoids en 1977 et The Electric Chairs en 1978. Après la dissolution des Ramones en 1996, il a aussi sévi comme batteur chez Misfits, se produisant nommant dans le cadre du festival de Dour, en 2004. Avant de participer également à différents collectifs comme Marky Ramone and the Intruders ou celui qui nous concerne ce soir. Après une courte intro vintage (« Park avenue beat », le thème de Perry Mason), le band déboule sur les planches. A tout seigneur tout honneur, Marky s’avance en premier et scande au micro sa célèbre devise ‘Hey ho let’s go’, que le public reprend plusieurs fois en chœur.  ‘Yeah, it sounds great’ se réjouit-il avant d’aller s’installer derrière la batterie, place qu’il ne quittera plus durant les 45 minutes de show. Et ce ne sont pas moins de 21 titres qui vont défiler tambour battant et sans le moindre temps mort. « Rockaway Beach », « Sheena is a punk rocker », « Beat on the brat », « Gimme gimme shock treatment » ou encore « I wanna be edated » sont autant d’hypercuts décochés par le band et appuyés par l’ancien guitariste de Bad religion, Greg Hetson…

Autre légende du punk, The Damned s’empare ensuite de la Main stage. Formé dans la banlieue de Londres à la grande époque (1976), il a aussi surfé sur la vague gothique et new-wave, au cours des eighties. Derrière le leader Dave Vanian, et ses allures de vampire, le line-up de ce band n’a cessé de changer. A la guitare, le Captain Sensible (NDR : déjà vu au W-festival en 2018) ou encore Monty Oxymoron aux claviers sont les musicos les plus fidèles. C’est aussi sur l’intro d’une vielle série TV (‘The avengers’) que la formation débarque sur le podium. « Love song » rappelle immédiatement qu’elle a classé pas mal de singles dans les charts UK. En moins de 2’, le très punk « Machine Gun Etiquette » nous réserve une véritable déferlante de riffs ; une formule qu’on retrouvera, un peu plus tard, lors de la reprise du MC5, « Looking at you ». Autre single, « New rose » est toujours aussi fringant. Tout comme « Neat neat neat », moment choisi par le chevelu Monty pour s’emballer et se lancer dans une chorégraphie fort hasardeuse, à l’avant de la scène. En finale, le combo va adresser un petit clin d’œil à la Belgique, en adaptant le « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand, dans une version plus proche d’Elton Motello que de Roger Marie François Jouret. Un an plus tôt, Captain Sensible avait aussi exécuté la même cover, en fin de parcours…

Votre serviteur avait déjà zappé le concert d’Heideroosjes, il y a quelques semaines, lors du festival Rock Zottegem. Bien qu’il ait signé chez Epitaph, le punk/rock de ces Bataves m’a toujours paru un peu bourrin, tout comme leur attitude sur scène. Même s’ils semblent plaire aux fans du Nord du pays, une migration vers la Red Bull Music Room s’impose, d’autant plus qu’elle est indoor et que quelques averses commencent à s’abattre violemment sur la place.

Sponsorisée, elle est marquée par les couleurs éblouissantes –bleu et rouge– de la marque de cette boisson énergisante. En tout cas, la programmation y est intéressante et nous réserve des talents wallons, liégeois très précisément, comme It it Anita et Cocaine Piss. Un autre exemple de l’ouverture d’esprit affichée, en matière de culture, de l’autre côté de la frontière linguistique. Pas sûr que nos festivals wallons prendraient, eux, le risque de programmer des artistes flamands, préférant plutôt se limiter aux cover bands. Bref, c’est un plaisir de revoir It it Anita, dont le shoegaze/noise/math rock très efficace, navigue quelque part entre Fugazi, 65daysofstatic et A place to bury strangers. Et d’assister à l’hystérie que son set déclenche chez nos voisins. Il faut dire que littéralement déchaînés, les musicos se dépensent sans compter. Le point d’orgue su show sera atteint lorsque le chanteur s’invite au milieu de la foule. Suivi ensuite par le batteur, torse nu et dégoulinant de sueur, qui emporte avec lui ses cymbales…   

Dans la foulée, Cocaine Piss, embraie et va entretenir la flamme. Sa musique est inclassable, la chanteuse hurle toujours autant alors que le guitariste surfe aussi bien sur le rock garage que le punk survitaminé. Et la prestation est accueillie tout aussi favorablement, malgré des morceaux qui frisent la saturation…

Est-il encore utile de présenter NOFX ? Originaire de Los Angeles, il s’est formé en 1983 et a signé une bonne dizaine d’albums sur le label Fat Wreck Chords. Il devra cependant attendre le boom indie de 1994 pour connaître un succès plus populaire, grâce à « Punk in drublic » (NDR : mythique, cet elpee date déjà de 25 ans ; ce qui ne nous rajeunit pas !) Sur les planches, les musicos sont encore bien déjantés. Fat Mike, le leader, est vêtu d’une robe. Coiffé de ses fameuses dreadlocks, Eric Melvin se charge de la guitare rythmique. Après la courte intro « Time Warp », le set embraie par « Dinosaurs Will Die » et « Les Champs-Elysées », deux morceaux bien barrés. El Hefe souffle dans sa trompette, alors que Fat Mike fait de son mieux pour aligner quelques paroles en français. Erik Sandin lance chacun des titres à la batterie, après de longs discours. Pendant « Bob », une chanson caractérisée par son refrain ‘15 years’, le band s’étonne des 45 années d’existence du festival : ’Woawww 45 years, this festival is older than we are !’ Dans la fosse, les pogos ne cesseront tout au long d’un set, propice à la bonne humeur. Car pour avoir la chance de les croiser ensuite en backstage, on peut vous assurer qu’ils sont en permanence dans l’énergie et la grosse déconnade. 

Un crochet par la Red Bull Music Room était souhaitable pour SONS, mais l’entrée est saturée de monde, et vu la chaleur étouffante qui y règne, ce n’est sans doute pas une bonne idée de vouloir y accéder à tout prix. Mais le succès de ce groupe belge n’est pas tellement étonnant, quand on sait qu’il a décroché un prix attribué par Studio Brussel, et que son premier opus fraichement sorti, « Family dinner », s’avère très prometteur.

Il est déjà minuit quand Offspring grimpe sur l’estrade. Elle est un peu loin la grande époque des 90’s où le groupe trônait en tête d’affiche, à Werchter. D’ailleurs en 2018, c’est tout en bas de de celle-là, en ouverture et à partir de 12h30, qu’il était programmé dans le cadre du Pinkpop. Dexter Holland semble avoir pris vingt kilos depuis, et rame toujours autant au chant, même s’il semble s’être amélioré (NDR : à moins que ce ne soit grâce à la technologie autotune ?). En tout cas, il peut s’appuyer sur Kevin Wasserman qui continue à se démener comme un beau diable, sur sa gratte. « Americana », « All I Want » et le tubesque « Come Out and Play », en ouverture, plantent le décor. Avant d’introduire un nouveau titre, « It won’t get better ». Le solo au piano concédé sur « Gone away » accorde à la foule un bref répit ; mais on se demande pourquoi le band trimbale ce piano en tournée, alors qu’il ne sert que pour un seul titre. En fin de set, Fat Mike qui ne s’est toujours pas changé, vient prêter sa voix à « The kids aren't alright ». Avant un rappel assez bref : « You're gonna go far, kid » et le hit « Self esteem ». Un show sans grande surprise mais finalement pas décevant non plus. D’ailleurs les quadras semblaient ravis, à son issue…

(Voir aussi note section photos ici)

(Organisation : Lokerse feesten)

Marky Ramone’s Blitzkrieg + The Damned + Heideroosjes + It It Anita + Cocaine Piss + NOFX + SONS + Offspring

samedi, 06 juillet 2019 16:08

Rock Zottegem 2019 : vendredi 5 Juillet

Le festival de Zottegem mérite de conserver son épithète Rock. En effet, de nombreux autres festivals, comme celui des Ardentes (NDR : qui se déroule ce même week-end), ne programment quasiment plus que des artistes rap, r’n’b, ou des djs, englobés dans la musique dite ‘urbaine’. Mais heureusement pour les fans de guitares, l’affiche de ce soir va nous régaler. Et particulièrement lors du show de Midnight Oil, une formation australienne qui se produit rarement en Belgique…

Alors que le festival n’est situé qu’à 40 km de son point de départ, votre serviteur va connaître un parcours plutôt difficile. Faut dire que Bruxelles accueille le Tour de France et rencontre, aujourd’hui, de multiples incidents techniques, dans les tunnels de son ring. Faudra donc s’armer de patience, en espérant ne pas trop louper de concerts…

En débarquant, l’accueil est toujours aussi familier, bon-enfant, sympathique et personnalisé. Des caractéristiques à souligner…

Flogging Molly va rapidement rendre le sourire et l’énergie nécessaires, après cette étape laborieuse. Le septuor californien connaît la recette depuis vingt ans pour enflammer les grandes salles et festivals. Et il ne l’a pas perdue. Raison pour laquelle, sans doute, son show accordé à l’Ancienne Belgique, en janvier dernier, était sold out. Son punk-rock celtique aux racines irlandaises navigue quelque part à la croisée des chemins de Dropkick Murphys, Pogues et Dubliners, dont il reprend le fameux « Seven drunken nights ». Très vite le single « Drunken Lullabies » déclenche des pogos sur une bonne quinzaine de rangs, face au podium. Et quelques slams embraient ; ce qui complique le travail des photographes et de la sécurité en front stage. Dave King a l’art de mettre son public en poche. Rouquin, il distribue des bières ou complimente des fans pour leurs t-shirts, et notamment l’un d’entre eux qui arbore l’effigie de Bad Religion et un autre de Johnny Cash. Son épouse, Bridget Regan, se charge du violon ou de l’emblématique tin whistle. Chaque sonorité émise par cette flûte irlandaise vous incite à taper du pied, et tout particulièrement lors de la ballade « If I Ever Leave This World Alive ». On est rapidement plongés au sein d’une ambiance de grand pub ou de fest noz bretonne ; attaqué tambour battant, « Seven Deadly Sins », constituant le point d’orgue du set. Bien sûr, la prestation concède quelques moments plus faibles, notamment lorsque le bassiste décide de se consacrer au micro ; ce qui ne nuit pas pour autant à l’ambiance générale. On épinglera encore le light show ; et tout particulièrement lorsque les faisceaux lumineux de couleur verte se focalisent sur la foule occupée de danser, accentuant cette impression d’être plongé au sein d’une fête irlandaise. 

Il y a autant de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur du chapiteau recouvrant la scène principale. Il faut dire que le soleil est généreux. Une marque de vodka qui sponsorise le festival a planté un château gonflable où jeunes, et moins jeunes, peuvent se défier.

Une petite scène est réservée aux Djs, une estrade sur laquelle va notamment se produire le Gantois Maxim Lany, qui s’est illustré en publiant l’album « Renaissance », paru sur le label Armada. Cependant, on est loin de l’atmosphère jeune et déjantée qui sévit au sein des festivals dit ‘branchés’…

A peine le temps de se rafraîchir, et Midnight Oil entame son show. Faut dire qu’entre deux artistes ou groupes, il ne faut que 20 minutes d’attente. Les fans du band aussie attendent ce moment depuis longtemps. Il faut d’ailleurs remonter à 1988, au Vooruit, et 1990, à Torhout/Werchter, pour trouver trace de sa présence en Belgique. En 1993, il participait encore à un mini-festival, au stade Grimonprez-Jooris, à Lille. Au cours des dernières années, il a de nouveau opéré quelques escales, en France, mais rien pour le pays des moules/frites. ‘It has been so long time’ clame Peter Garrett, à plusieurs reprises, pendant le concert. Qui commence en force par “Dead Heart ». La foule scande l’intro en chœur. Rob Hirst imprime énergiquement le tempo (NDR : il sera d’ailleurs soutenu tout au long du set) sur ses fûts. Peter s’avance lentement vers le micro. Du haut de ses 1m93, il est toujours aussi charismatique. Sa voix et son énergie sont demeurées intactes, malgré ses 66 balais. Les compositions non plus n’ont pas pris une ride, chaque musicien y participant activement, le saxophoniste apportant, en outre, une petite touche jazzyfiante. Des messages citoyens sont affichés sur un calicot en fond de scène, mais écrits en petits caractères, ils ne sont guère lisibles. On regrettera d’ailleurs le peu de déclarations émises par le leader, pourtant réputé pour son engagement politique. Il va simplement se contenter de lancer une petite pique à l’égard des USA sur « Blue sky mine », mais également rendre un hommage aux aborigènes (qu’il a défendu à travers les lyrics des morceaux de son album, « Diesel and dust »), avant d’aborder son tube « Beds are burning », dont le public reprend en chœur le ‘How do we sleep while our beds are burning ?’ du refrain, à haute voix. Un hymne australien inoxydable ! En fin de parcours le band nous livre encore un très punk « Forgotten years », avant de vider les lieux sous l’ovation générale de l’auditoire...

Setlist : « The Dead Heart », « Redneck Wonderland »,« King of the Mountain », « Truganini », « Blue Sky Mine », « Whoah » ,« My Country », « Short Memory », « Kosciusko », « Only the Strong», « Put Down That Weapon », « Beds Are Burning », « Forgotten Years »

Formation batave, Heideroosjes jouit d’une certaine notoriété au Nord du pays. Mais son punk un peu bourrin ne recueille pas les faveurs de votre serviteur.

Au cours de la nuit, le come-back (encore un) de Limp Bizkit avait vraiment de quoi réjouir la galerie. Mais en privilégiant les covers, alors qu’il compte sept elpee dans sa discographie, il a manqué sa cible. En outre, la fatigue commence à ronger les organismes. Et en rejoignant ses pénates, votre serviteur se ménage quelque peu pour le lendemain…

(Organisation : Rock Zottegem)

Flogging Molly + Maxim Lany + Midnight Oil + Heideroosjes + Lim Bizkit

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C’est déjà la huitième soirée des Nuits. Si le chapiteau n’est qu’à moitié rempli pour le set de Flavien Berger, celui que son compatriote tout aussi décalé Bertrand Belin va accorder à l’Orangerie, est sold out depuis belle lurette.

Et la salle est déjà bien garnie, lorsqu’Antoine Chance grimpe sur l’estrade. Son pseudo est le résultat de la traduction du néerlandais en français, de celui de son père, Philippe Geluck. Pour enregistrer son premier opus, « Fou », gravé en 2005, il avait reçu le concours de ses concitoyens, Jacques Duvall et Vincent Taeger. Il vient de publier son deuxième elpee, « Si vivante », un disque davantage électro, mais aux refrains rudimentaires. Ce soir il passe allègrement entre son clavier et un séquenceur minimaliste. Il est épaulé par un autre claviériste/bassiste, un batteur et guitariste, sosie de Neil Halstead. Avant d’interpréter « Eleonore », il demande à l’auditoire si une jeune fille porte ce prénom. Mais personne ne se signale dans la fosse. Un titre qui à quelques lettres près ressemble à une compo de Dominique A, et paradoxalement, cette chanson est également construite en crescendo. Cool, « Le courant » est bien plus alternatif que continu (NDR : le clip vidéo a d’ailleurs été tourné au sein et dans les jardins du Botanique). Décontracté tout au long du show, Antoine porte une chemise à fleurs qu’il avouera avoir emprunté à sa femme. Humoristiquement, il propose d’interpréter le second titre prévu pour le rappel au bar, ayant été sommé dans l’oreillette de respecter son timing. Il va d’ailleurs jouer les prolongations dans les couloirs et à la terrasse du Bota, en compagnie de son band. Bref, Antoine Chance nous a accordé un set très plaisant, mais pas vraiment transcendant ; les mauvaises langues en profiteront sans doute pour répéter qu’être le ‘fils de’ a dû contribuer à lui frayer un chemin dans le paysage audio belge.

La carrière solo de Bertrand Belin s’étire sur une quinzaine d’années, au rythme d’un album tous les trois ans. Il avait pourtant milité au sein de groupes rock dans les 90’s. Après une pause scénique entre fin 2016 et fin 2018, il a repris la route des salles françaises ; et en point d’orgue, il s’est produit à l’Olympia de Paris, il y a quelques semaines. Ce mardi, il fait à nouveau escale à Bruxelles. Sur le podium, il est épaulé par deux claviéristes, un bassiste et Tatiana Mladenotitch (NDR : dont le look est toujours aussi masculin) à la batterie. Coupe de cheveux soignée, costard, l’élégant Breton occupe bien le devant de la scène. Le début du set réserve une large place à son dernier opus fraîchement sorti, « Persona ». Il nous propose des versions bien électrifiées de certains de ses titres. A l’instar du renversant (?!?!?) « Sur le cul » qu’il enchaîne par « Choses nouvelles ». Tatania le rejoint aux vocaux pour attaquer « En rang (Euclide) ». Exécuté quasi a-capella, le morceau ne tolère que quelques notes de synthé pour ponctuer leurs dictions. Entre les titres, il se lance cependant dans de (trop) longs monologues. Bourvil doit se retourner dans sa tombe s’il entend la longue intro du jazzyfiant « Camarade » (‘Je travaillais à travailler’). Dans les lyrics, il décrit différents personnages à travers leur vie quotidienne. En rappel, sa version du rock/garage « Dimanche » (NDR : une compo qui est issue de sa collaboration avec les Limiñanas) est littéralement incendiaire. On en oublierait presque la voix de Bertrand Belin, qui rappelle toujours autant celle d’Alain Bashung, mais si le natif de Quiberon est aussi créatif, il est bien plus excentrique…

 (Organisation : Botanique)

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Après avoir été programmé au Rock Werchter et s’être produit dans un Wiltloof Bar comble, il y a deux ans, Sam Fender est de retour au Botanique, mais dans le cadre des Nuits. Pas étonnant que l’Orangerie ait vite affiché complet. Et qu’une grande partie du public soit anglophone. Faut dire qu’il a bénéficié d’un sérieux coup de pouce médiatique outre-Manche, grâce à sa nomination au ‘BBC's Sound of 2018’ et surtout après avoir décroché un ‘Brit Awards Critics’ Choice’.

Et la soirée débute déjà sous l’égide britannique, puisque The Pale White ouvre les hostilités. Originaire de Newcastle, ce trio semble vouloir nous en mettre plein la vue et surtout les oreilles, sur le peu de temps (30 minutes) qui lui est imparti. Sans temps mort, il enchaîne sept titres, tel un Anthony Joshua qui alignerait ses uppercuts ou encore un Queens of The Stone Age qui aurait suivi une cure de jouvence (NDR : et son public aussi). « Loveless », « Medecine » et en clôture « End of time » constituent autant de singles que l’on entendrait volontiers sur les ondes radiophoniques…

L’Orangerie se remplit davantage avant que Sam Fender et sa troupe ne débarquent. La température monte d’un cran, au propre au comme au figuré, les jeunes filles agglutinées aux premiers rangs commençant à pousser des cris stridents. Le set commence fort par le très rythmé « Millenial », un morceau rappelant Arctic Monkeys. Guère avare de commentaires entre les titres, le natif de North Shields (NDR : une petite ville proche de Newcastle d’où est originaire le supporting act) n’hésite pas à plaisanter avec l’auditoire, le comparant à celui de Glasgow. A l’instar de son dernier passage au Bota, « Dead boys » et « Hypersonic missiles », des titres qui devraient figurer sur son premier LP, un éponyme, font mouche. Le second gratteur, Dean Thompson, enrichit les compos, pourtant déjà captivantes, de touches plus rock, parfois folk. Et ses interventions sont judicieuses. « Play gold » clôt une première moitié de set, à l’issue duquel Sam est abandonné par son backing group. Seul sur les planches, il simule un rappel. Puis nous réserve trois titres en solo. Sa voix est alors haut-perchée, comme hantée par le regretté Jeff Buckley. Toujours aussi loquace, ce beau gosse continue son one-man show en blaguant entre les morceaux (NDR : son expérience d’acteur, notamment dans des séries anglaises, doit certainement le servir). Lors du final, la formation est à nouveau au complet pour attaquer le single « That sound ». Si le premier elpee de Sam Fender ne paraîtra qu’au mois d’août prochain, manifestement, la route vers le succès de ce jeune Britannique qui vient de souffler ses 25 bougies est toute tracée…

Sam Fender + The Pale White

(Organisation : Botanique)

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mardi, 05 mars 2019 10:55

Conceptuel mais déconcertant…

Suivant sa bonne habitude, Laibach va de nouveau tenter de nous surprendre, ce soir, au Botanique. Entre provocation, brouillage de pistes et jeu de scène époustouflant, le set sera partagé en deux parties distinctes, séparé par une intermission, mais prolongé par un troisième acte (NDR : le rappel), toujours aussi désarmant.

Groupe de référence dans l’univers de la musique indus voire dark wave, Laibach est originaire de Slovénie (NDR : son patronyme n’est autre que l’ancienne appellation de la capitale slovène, Ljubljana). Créative, sa carrière a commencé début des eighties ; aussi, en retracer l’historique nécessiterait l’écriture d’un bouquin, et la résumer est quasi-mission impossible.

Rien que pour comprendre son dernier engagement majeur, en l’occurrence sa tournée accomplie en Corée du Nord, il a fallu se farcir un long documentaire. Intitulé « Liberation day », il était d’ailleurs projeté, la veille de ce concert, au cinéma Nova, à Bruxelles, en présence du réalisateur Morten Traavik et d'Ivan Novak, un des membres du band, une projection à laquelle de nombreux fans ont assisté.

L’Orangerie est presque sold out pour accueillir Laibach. Assez mature, le public réunit de nombreux nostalgiques de la période indus. Le show va démarrer avec un bon quart d’heure de retard. Etonnant quand on connaît la ponctualité bien germanique du combo. Première surprise : l’intro ! Et pour cause, on se croirait dans la basse-cour d’une ferme… Le premier acte est consacré au dernier opus, « The sound of music», dont le tracklisting est interprété dans son intégralité et l’ordre. Inspiré du dernier périple opéré en République populaire démocratique de Corée, mais également du film ‘La mélodie du bonheur’, un long métrage très prisé au pays de Kim Jong-un, cet elpee a, de nouveau, de quoi déconcerter. Pourtant, les premières minutes du set sont carrément agaçantes. Le chant lyrique de la choriste évoque celle d’une candidate de l’Eurovision. Mais dès que Milan Fras grimpe sur le podium pour y poser sa voix immuablement rauque sur le titre maître de l’album, le concert prend une toute autre dimension. L’ensemble devient harmonieux, pondéré et maîtrisé. Même Milan affiche le sourire et adresse un regard bienveillant à l’égard de son public et des autres membres de la formation. Ce qui est inhabituel dans son chef. Les images projetées en arrière-plan et sur les enceintes sont carrément bluffantes. Excellent, « Edelweiss » est enrichi de chœurs d’enfants… mais samplés. Et tout aussi épatant, « So long. Farewell » est décliné en plusieurs langues (‘auf wiedersehen, adieu’).

Après l’entracte, au timing quand même scrupuleusement respecté, place au deuxième volet du show. Pour lequel les acteurs ont changé de costume. Et la musique va aussi changer radicalement de style, passant alors à l’indus. Tout au long de « Mi kujemo bodočnost », Milan nous matraque de slogans. Avant de s’éclipser quelques minutes afin de laisser ses musicos s’exprimer à travers une musique tour à tour bruitiste, jazzyfiante et même métallique. On pourrait imaginer qu’il s’agit d’une jam, mais en fait, tout est réglé comme du papier à musique, à l’instar de l’ensemble du spectacle qu’on pourrait qualifier de conceptuel. « Smrt za smrt » et « Nova akropola » s’enchaînent à merveille. Les lyrics sont martelés à la manière d’un leader politique dont le disours tient de la propagande. Pendant « Vier personen », les  portraits de Marx, Engels, Lénine ou Trump s’affichent tour à tour. Cherchez l’erreur ! Le temps de six morceaux, soit durant une bonne trentaine de minutes, on est plongé au sein d’un univers sombre, à la limite de la persécution…

Et on n’est pas au bout de nos surprises, puisque le rappel va se singulariser par une autre forme d’audace. Laibach nous réserve ainsi une cover du « Sympathy for the devil » des Stones, d’abord. Puis « The coming race » nous plonge dans la science-fiction, et tout particulièrement celle du film ‘Iron sky’. Encore qu’on y décèle, à nouveau, des traces eurovisonaires, mais aussi du générique d’un hypothétique James Bond. Marina Mårtensson, la nouvelle chanteuse, revient sur l’estrade, dans une tenue beaucoup plus décontractée. Haut-perchée, sa voix peut impressionner, mais votre serviteur préférait celle de sa devancière, Mina Špiler. « Surfing through the Galax y » clôt la prestation. Un titre country/folk bien yankee, au cours duquel Milan revient coiffé d’un chapeau texan. Déroutant ! Mais de quoi aussi briser son image gothique.

D’ailleurs de nombreux fans purs et durs d’EBM ou indus de la première heure, reconnaissables à leur crâne plutôt rasé, quittent prématurément le show, criant presque à la supercherie. A contrario celles et ceux qui apprécient l’originalité et la liberté de ton du spectacle, approuvent, félicitent et l’ovationnent, car il est bien plus intéressant que celui de ces groupes ou artistes issus des eighties, qui se contentent, lors de leurs concerts, de proposer un répertoire en forme de ‘best of’… 

 (Organisation : Botanique)

jeudi, 24 janvier 2019 00:00

Sympa, mais sans surprise…

Therapy ? compte quand même 30 années d’existence. Il a même publié un quinzième elpee, l’an dernier. Intitulé « Cleave », il a bénéficié de la mise en forme de Chris Sheldon, dont la carte de visite mentionne, notamment, Foo Fighters, Garbage, et les Pixies.

Mais le supporting act est assuré par Adolina. Une formation mouscronnoise que votre serviteur avait déjà eu l’occasion de voir à plusieurs reprises lors de festivals hennuyers (Rock’n’troll, D’hiver rock, etc.), et pour laquelle il avait à cœur d’assurer le compte-rendu d’un de ses concerts, un jour ou l’autre. Après s’être cantonné au Hainaut Occidental, fin des 90’s, le groupe hurlu a donné un gros coup d’accélérateur vers 2006, en sortant ses premières démos. Puis il a multiplié les concerts. Plus de 300 ! Accordés en Belgique mais aussi en France, aux Pays-Bas et en Suisse, partageant même l’affiche avec, notamment, Chokebore, 31 Knots ou encore Girls in Hawaii. Et tout au long de cette période, il a gravé trois elpees et deux eps.

Ce soir, en grimpant sur l’estrade, les sympathisants sont déjà bien nombreux, aux premiers rangs, même si la salle va se remplir progressivement, au cours du set. Les deux gratteurs balancent du lourd. De quoi décrocher les piliers de comptoir et les spectateurs qui en ont marre de faire des (toujours) longues files au bar. Si leurs riffs empruntent à God Machine, la section rythmique basse/batterie rappelle plutôt d’Helmet, alors que l’énergie, retenue ou maîtrisée selon, lorgne vers Fugazi voire Unwound, le chanteur arborant même fièrement le t-shirt du band d’Olympia. Si l’expression sonore est résolument noisy et réminiscente des 90’s, elle laisse également de l’espace au math et au post rock (Godspeed You! Black Emperor, 65daysofstatic). Et lorsque les deux chanteurs s’éclipsent, c’est pour permettre aux guitares de nous plonger au sein d’un climat plus mélancolique, en empruntant une grande route ténébreuse digne de l’univers de David Lynch sur « Lost Highway » ; le titre d’intro, sobrement intitulé « Night drive », corroborant cette métaphore. Bref, une première partie qui valait le déplacement. D’ailleurs la foule ne s’y est pas trompée, en nourrissant généreusement, ses applaudissements.

Set list : Night drive, Bad timing, Posology target, Headache, Boiled frog, Mauvaise graine (bande), Versus (bande), Jackie Chan, Charlie B, Nouvelle

Therapy ? tourne régulièrement chez nous. Sous différentes formules. En acoustique, au cours du mois de novembre 2016 au même Bota. En électrique, au cours du mois de septembre 2017 à l’AB où ils se produisaient en première partie de Sisters of Mercy. Ou plus récemment encore au Depot de Louvain, en novembre dernier. Pas de surprise, ce soir, puisque la set liste est quasi identique à celle proposée, lors de ce dernier concert. Difficile de blâmer le groupe, quand on connaît son parcours, car vu la présence d’un auditoire constitué de quadras et de quinquas qui semble avoir mal vieilli, on peut comprendre que le trio se repose sur ses acquis et ne cherche plus à l’étonner. Dans ces conditions, on voit mal le band avoir l’audace d’ignorer ses hits, lors d’un concert, pour se concentrer sur son catalogue expérimental ou constitué de flip sides, un peu comme l’ose Radiohead ou Morrissey. D’ailleurs, ce public reste amorphe à l’écoute des morceaux issus du dernier opus, « Cleave », ne s’enthousiasmant que sur des tubes comme « Die Laughing », « Screamager », « Potato Junkie » ou encore « Nowhere », exécuté lors du rappel. Il y a bien quelques timides pogos et même du gentil stage diving. On épinglera, quand même la version de « Teethgrinder » et l’hommage rendu à Triggerfinger. Et puis surtout le coup de gueule à l’égard du Brexit et de Donald Trump, poussé par Andy Cairns –dont la coupe de cheveux est aussi punk que rebelle– en intro de « Kakistocracy ».

Bref, un concert bien trop lisse. Sympa, comme une bonne copine dont on ne tombera jamais amoureux, mais sans surprise. Un peu comme ceux accordés par Nada surf ou Fun Lovin’ Criminals, au cours des dernières années, reflétant quelque part une image bien terne, à l’instar de cette toile tendue en arrière-scène ou des pochettes d’albums, pas toujours très recherchées. Il serait quand même temps, s’il n’est pas trop tard, que Therapy explore de nouveaux horizons ou prenne davantage de risques.

 (Organisation : Botanique)

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