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Le venin de Judith Hill...

Chanteuse, compositrice et multi-instrumentiste, Juidith Hill, sortira son nouvel opus, « Letters From A Black Widow » le 12 avril 2024. Un album taillé en 12 pièces qui présente une histoire fascinante oscillant de la douleur privée à la transcendance…

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Arno

Opex

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Arno nous a donc quittés le 23 avril dernier, à l’âge de 72 ans. Avant son départ dans l’autre monde, il avait tenu à enregistrer un 15ème opus solo, baptisé « Opex », le nom d’un quartier d’Ostende où ses parents ont grandi et où ses grands-parents tenaient un bistro.

Première constatation, l’atmosphère de l’album est plutôt mélancolique. Surtout en début de parcours. Tout au long de « La vérité », ballade mid tempo, on sent que l’artiste est souffrant. Même les quelques riffs de gratte déchirants accentuent cette impression. Autre ballade, « Take me back », interprétée dans la langue de Shakespeare, trahit une grande tristesse. Il nous parle de sa maladie, sur « I can’t dance », un autre blues, également chanté en anglais. Après le spasmodique « Honnête », place à son duo avec Mireille Mathieu, qu’on entend presque en voix off, sur le bolero-reggae-tango « La Paloma adieu ». Il y glisse ces quelques mots : ‘Ma vie s’en va, mais n’aie pas trop de peine’

« Mon grand-père » raconte sa rencontre avec la fille de la maîtresse de son aïeul, une plage (?) au cours de laquelle un harmonica lacère littéralement l’atmosphère. Un harmonica qu’on retrouve sur le bluesy « I’m not gonna whistle », un morceau subtilement cuivré.

Bien sûr, la voix d’Arno est toujours aussi éraillée, et elle colle parfaitement au salace « Boulettes ». Il reprend le « One night with you » d’Elvis Presley, un autre blues tourmenté au cours duquel bien que fiévreuses, les grattes conservent une forme latente. Enfin, on retrouve Sofiane Pamart au piano pour le bouleversant « Court-circuit dans mon esprit ».

L’image de la pochette, signée par son ami Danny Willems, le montre de dos, comme s’il regardait vers l’au-delà…

Arno

Human Incognito

Écrit par

Celui dont la filiation avec Higelin et Tom Waits est proche, prouve une fois encore qu’on peut exister musicalement dans le plat pays depuis une bonne trentaine d’années et réinventer un art majeur.

En publiant « Human Incognito », Arno revient sur des fondamentaux ! Aucune fioriture, aucun excès. Exit claviers et autres synthés utilisés (maladroitement) dans le passé. Place ici aux instruments organiques.

Enregistré à Bruxelles par Catherine Marks, mixé à Bristol et produit par John Parish (PJ Harvey, Eels…), cet opus se veut résolument rock dans son ensemble ! Il est plutôt relevé ! On y décèle ci et là une pointe bluesy ou électro, à l’instar du percussif « Please Exist ».

Quelques jolies ballades viennent compléter ce joli tableau « Je veux vivre » ou encore « Sant ». Le spectre de Gainsbourg plane étrangement à l’écoute de « Dance like a goose ».

Le mélange des genres dépeint un tableau sobre, mais coloré ! Les compositions font la part belle au français et à l’anglais !

Ce « Vieux fils de pute », référence à la sublime plage titulaire, nous gratifie d’un jouissif des plus intéressants, sans jamais tomber dans la facilité ou la mièvrerie ! Ou comment marier utopie et poésie sur fond de second degré (‘Je veux vivre dans un monde où mon foie arrête de pleurer’). L'être humain l'inspire beaucoup et reste au centre de ses préoccupations.

La voix profonde et rocailleuse de l’Ostendais apporte une certaine rondeur à un son susceptible parfois de devenir crasseux, mais qui bénéficie d’une maîtrise exemplaire. L’accent flamand corrosif (et les postillons que l’on imagine nombreux) ponctuent toujours autant chacune des syllabes. Un peu sa marque de fabrique me direz-vous…

Sans doute un peu plus commercial dans son approche que certains de ses précédents (quoique !), cet LP reste quand même éloigné des stéréotypes radiophoniques de ce XXIème siècle, sans tomber pour autant dans une forme élitiste aveuglante !

Le gaillard reste fidèle à lui-même et à ses principes, tout en conservant une forme de liberté non conventionnelle, référence à « Une chanson absurde », où il nous gratifie de situations granguignolesques, mais tellement amusantes !

Rapidement addictive, la musicalité d’Arno, grave et attachante, traverse les âges et les frontières tout en conservant une ligne de conduite immuable depuis tant d’années. Une musique de qualité ! Humaine, fragile et à fleur de peau !

Une belle réussite !

 

Arno Satamaria

1362

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Non non, Arno Santamaria ne nous vient pas de l’autre versant du Mont Blanc, même s’il est vrai que son identité pourrait laisser penser le contraire. Arno est bel et bien français pur jus. Né en 1978, dans le Val d’Oise, c’est à 34 ans qu’il nous propose sa première œuvre majeure.

« 1362 », c’est quoi ? Une date ? Non vous n’y êtes pas… C’est un petit merci aux 1362 personnes qui ont financé la production de son album via le site en vogue du moment ‘My Major Company’ (Grégoire, Joyce Jonathan, Irma, …) Faut dire que le gaillard a quasiment dû affronter le parcours du combattant pour y arriver !

Après quelques années de galère, il entre enfin en possession de la somme nécessaire pour entrer en studio et, sous la houlette de Vic Emerson (Bashung) ou encore Thomas Bloch (Radiohead, Gorillaz), il met en boîte les 12 chansons de ce premier long playing. Nous somme alors en février 2011.

A l’écoute de ce premier ouvrage, on ne peut que rester admiratif. Tout y est, beaux mots, belle voix, partitions et arrangements remarquables. Arno a du talent, c’est une évidence.

Sincère, authentique, émouvant, Arno joue sur la corde sensible, transmet bien dans ses textes ce qu’il vit, voit, ressent. Il parle de lui et c’est un concentré d’émotions qu’il nous dévoile. C’est Léo Ferré qui est à l’origine de son amour des beaux textes. Pas étonnant, dès lors, qu’il développe une même force dans ses mots, est toujours à la recherche de la bonne formule. A l’image d’un Bertrand Cantat (qui aurait pu être l’auteur de quelques titres) et par son tout petit côté violent, ses paroles nous bousculent, nous accrochent et font mouche. Du grand art !

Le tout sur des musiques riches, envoûtantes qui créent une atmosphère sublime, une intensité pleine de charme, de fraîcheur. Arno est visiblement amoureux des guitares car, à l’instar d’un Neil Young, toutes ses compos en sont magnifiquement imprégnées.

Un album sublime pour un magicien des mots et des maux. Quand l'émotion se décline en musique et en chansons, il en résulte un album riche porté à bout de voix et de cœur par un Arno Santamaria troublant de sincérité, d'authenticité et de charisme.

Attention, talent !

 

Arno

Future Vintage

Arno a presque l’âge de la retraite. Il est d’ailleurs né le 21 mai 1949, à Ostende. Et depuis plus de 30 ans, il intrigue et interpelle. Notamment à cause de son plaidoyer pour la société multiculturelle. Bourgmestre nocturne de Bruxelles et parrain non reconnu de la pop belge, soutenu par son fidèle bras droit, Serge Feys, depuis 1979, il semble pourtant hanté par une éternelle jeunesse. Et ses prestations ‘live’ en sont les plus belles illustrations. Car s’il a publié 5 elpees studio, au cours des 10 dernières années, ce sont ses disques immortalisés en public qui se sont révélés les plus intéressants. Pas que ses derniers essais soient de mauvaise facture, mais parce qu’ils soufflent à la fois le chaud et le froid.

N’empêche, on identifie immédiatement une chanson d’Arno. Contagieuse, rafraîchissante, dynamique, croustillante, intimiste ou humble, elle est reconnaissable entre mille. A cause de sa voix. Défraîchie, profonde et qui sent le vécu. 

« Future Vintage » fait suite à « Brusseld », paru en 2010. Une œuvre sur laquelle il chante tour à tour en anglais, en français ou dans un dialecte ‘brusselostendais’. Arno en est revenu à son rock à la TC Matic sur « Show of life », « Die en lie » et « I don’t believe ». Enfin, du rock teinté de blues et de funk. Qui groove si vous préférez. Les rythmes sont percutants, puissants et excitants. Arno nous réserve même un énième remix de son classique, « Olalala ». Ce qui ne l’empêche pas de se replonger dans le vaudeville, à l’instar de « Quand les bonbons parlent », « Chanson d’amour » et « Dis ça à ma femme ».

Mac Arnold

Country man

Écrit par

Mac Arnold est un vétéran. Et pour cause, au sein de son premier groupe, un certain James Brown était préposé au piano. Dès le début de sa carrière, Mac a joué et enregistré en compagnie de Muddy Waters et John Lee Hooker. Il a également côtoyé Otis Redding et BB King, sur les planches. Excusez du peu ! Mac était bassiste. Ses grattes, il les fabriquait lui-même. En se servant de bidons d'essence ou d'huile. Il s'était retiré du show business depuis belle lurette. Et vivait en Caroline du Sud. Comme fermier. Pourtant, le virus du blues ne l'avait pas abandonné. Il y a quelques années, il a décidé de reprendre la route. Il a recruté un backing band composé de musiciens blancs : le Plate Full O' blues. L’équipe a commis un premier elpee en 2005 : "Nothing to prove". Puis un deuxième en 2008 : l'excellent "Backbone & Gristle". Et enfin ce "Country man", l’an dernier. Max chante, joue de la basse et parfois de la guitare à bidon. Il est soutenu par le six-cordiste Austin Brashier, le pianiste Max Hightower, le bassiste Dan Keylon et le batteur Mike Whitt.

"I ain't sugar coatin" ouvre l’opus. Un morceau de funky blues empreint de douceur, au cours duquel sa voix intense, sensiblement ravagée, bouleverse, face au piano électrique. Le timbre éraillé de l’artiste est un fameux atout pour leur musique. Elle véhicule énormément d’émotion. Parfois même elle se limite à un murmure… Comme sur "Farmer", une ballade au cours de laquelle il fait l’éloge de ses années consacrées à  la terre. Le rythme s'accélère. Un cheval au galop cherche à rattraper "This ol' tractor". Max est passé à l'harmonica. Mac sur son bidon à cordes, dont il extrait des sonorités métalliques. Lors du titre maître, notre leader ne peut s’empêcher d’épancher tout son bonheur, pendant que Max Hightower tire son épingle du jeu à l’harmo. Son chant est à nouveau très émouvant sur "True to you". Austin manifeste une certaine réserve, voire une réserve certaine, aux cordes, sur cette plage. "Too much" est un rock'n'roll de toute bonne facture. Offensif, pétillant et puissant à la fois, ce morceau bénéficie du concours de Bob Margolin (NDR : c’est également lui qui s’est chargé de la mise en forme de cet elpee ; et il faut reconnaître qu’il a accompli de l’excellent boulot), un personnage qui avait fait les beaux jours du Muddy Waters Band. Avant de céder le relais à Mr Brashier. Enlevé, "If walls could talk" évoque la cover du "It's all over now" des Stones. Une compo qui déménage et au cours de laquelle le PFOB prend son pied. Max se charge de la guitare rythmique sur "Holdin' on to lettin' go", une ballade qui tranche dans l’ensemble. A cause des cordes d’Austin, dont les tonalités évoquent le Mark Knopfler de Dire Straits. Des cordes qu’il cède à Margolin lors du Chicago shuflle "Scarecrow", un morceau percutant, enflammé par le souffle puissant d’un harmonica. Puis les refile à Mac, sur le fort remuant "Cackalacky twang". L’émotion étreint la voix de Mr Arnold lors du "Screramin' and cryin" de Muddy Waters. Bob Margolin lui accorde une solide réplique vocale, tout en se consacrant au bottleneck. "Mule for a Chevrolet" épouse un format plus hard, alors que la finale ("Swing me back home") est instrumentale. Un titre au cours duquel le boss a empoigné la basse, alors que Brashier nous réserve sa meilleure intervention aux cordes.

Mac compte de nombreux amis. Il vient d'organiser son 4ème ‘Mac Arnold Cornbread and Collard greens Blues Festival’. Il est parvenu à réunit à la même affiche Bob Margolin, Kim Wilson, Willie ‘Big Eyes’ Smith et bien entendu le Plate Full O'Blues.

Arno

Brussld

Écrit par

Putain, putain, c’est déjà le treizième album studio de notre Arno national. A plus de 60 ans, notre homme a toujours bon pied bon œil. Il n’a rien perdu de sa verve légendaire malgré une baisse relative de qualité.

‘National’ l’ami Arno ? Mmmm difficile de s’en convaincre. L’homme nommé ‘Chevalier des Arts et des Lettres’ chez nos voisins français n’interprète ses compositions qu’en français et en anglais, un français croustillant d’ailleurs. Il suffit de l’entendre rouler ses ‘r’. Sa popularité s’est d’ailleurs construite grâce à son ‘accent’ flamand, popularité devenue énorme en francophonie (Belgique, France, Canada, Suisse). Savez-vous qu’il est plus souvent en représentation en France que chez nous ?

Arno, non content de chanter dans ‘ses deux langues nationales’ (l’anglais et le français), a décidé de s’identifier encore un peu plus à son pays en intitulant son dernier opus « Brusseld ». Et pour ne choquer ni les uns ni les autres, il décide d’‘angliciser’ le nom de la capitale. Pas de jaloux…

« Brusseld » nous propose treize titres, cinq en français, le reste en anglais. Douze sont de la plume du maître, le treizième est comme d’habitude, une cover d’un standard. Pour la circonstance, il reprend (NDR : je devrais plutôt dire, il revisite) « Get up, Stand up » de Bob Marley et Peter Tosh. Et oh surprise, il nous blouse complètement. C’est réellement hallucinant. Cette adaptation est digne d’une nouvelle création. Elle n’a plus rien à voir avec ce qui était à l’origine un tube reggae du début des eighties. Marrant, vraiment !

Le reste du Cd ne recèle aucune surprise, aucun morceau ‘craquant’ non plus. Ses compos naviguent un peu loin de ce qu’il concoctait lorsqu’il était chez Virgin. Son nouveau label serait-il moins exigeant ? « French Bazar » avait été élu album de l’année aux Victoires de la Musique en 2005. « Brusseld » est loin de pouvoir rivaliser avec ce dernier. Néanmoins, on est en présence d‘authentique’ Arno. Quelques titres semi-comiques, semi-tragiques (« Quelqu’un a touché ma femme », « Le lundi on reste au lit »), d’autres plus noirs (« Black Dog Day » ; et bien sûr des ‘légèretés’ comme « Mademoiselle ». Musicalement, rien de bien original, de bien ‘croquant’ à se mettre sous la dent. Des rythmes lents, répétitifs et des ritournelles auxquelles Arno nous a maintenant habitués depuis plus de 20 ans. Néanmoins, éclaircie dans la grisaille, on retiendra le titre « Brussels » qui a inspiré le nom à l’opus et devrait nous sortir quelque peu de notre léthargie. Entraînant, un peu plus musclé, électronique sur les bords, il deviendra probablement le futur single diffusé sur les ondes. Arno nous a préparé une espèce de pot au feu à la belge. Il y mélange différents idiomes et chante pour tous les Linda, Mustapha, Jean-Pierre bruxellois : arabes, flamands et wallons. Une démarche qui me rappelle un peu celle de Zazie quand elle avait écrit « Tout le monde ».

Honnêtement, j’attendais un peu plus de cette dernière plaque. Je recherche toujours chez ce génial flamand ce grain de folie. Cette touche particulière qui rend ce mec pas comme les autres. Hélas, cette fois, je reste sur ma faim. Oui bien sûr c’est du ‘Arno’. Mais j’ai dans la bouche comme un goût de trop peu, d’inachevé. J’ai l’impression de me farcir, pour une fois, de l’Arno de second choix. 

 

Billy Boy Arnold

Sings Sonny Boy 'John Lee' Williamson

Écrit par

Billy Boy Arnold William est loin d’être un inconnu. Ce chanteur/harmoniciste de couleur noire est né à Chicago. Ce qui n'est certainement pas un handicap pour un bluesman ! Il est aujourd’hui âgé de 73 balais. Ses premières leçons de musique à bouche, il les a reçues vers 12-13 ans. Son professeur ? John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson. Excusez du peu ! En concoctant cet opus, il a voulu rendre hommage au mythique maître, disparu tragiquement en 1948. Ce témoignage paraît donc, lors du soixantième anniversaire de ce douloureux événement.

En 51, Mr Arnold entamait sa carrière aux côtés d'un jeune bluesman qui allait devenir célèbre sous le nom de Bo Diddley! C'est sur le label Vee-Jay que Billy Boy devait, au cœur des années 50, sortir ses plus grands succès ; c’est-à-dire "I wish you would" et "I ain't got you", deux fragments imprimés sur le fameux Bo Diddley beat, soutenu par Jody Williams à la guitare. Après être resté longtemps dans l'ombre, il devait célébrer son retour en signant pour le label Alligator, alignant "Back where I belong" en 1993, "Eldorado Cadillac" en 95 et "Boogie 'n' shuffle" en 2001.

Pour enregistrer “Sings Sonny Boy 'John Lee' Williamson”, BB Arnold a reçu le concours de collaborateurs particulièrement affûtés. Pour la plupart des vétérans. En l’occurrence le bassiste Bob Stroger, le drummer Willie ‘Big Eyes’ Smith, le pianiste/guitariste Mel Brown et le notoire guitariste/mandoliniste de couleur blanche Billy Flynn. L’elpee réunit quinze compositions de Williamson et deux plages écrites par Arnold.

"New jail house blues" est imprimé sur un tempo nonchalant. Flynn accomplit un superbe solo sur la mandoline. Entraînant et dynamique, "Around this old juke tonight" est issu de la plume de Billy Boy. Le piano de Mel Brown participe activement au tempo boogie woogie. Tout au long de son "Squeeze me tight", il emprunte le célèbre riff bien connu de "Help me", Flynn est à nouveau très en verve sur les cordes. "Half a pint" est une plage percutante. Très tonique et suivi de près par les cordes de Flynn, l’harmonica d’Arnold y explose littéralement.  Cet album ‘tribute’ est très conventionnel. BB joue dans le style de son mentor. Il est particulièrement émouvant lorsqu’il aborde le blues lent. A l’instar des excellents "Decoration day", "Black gal blues" ou encore "Collector man blues". Sur les morceaux plus rythmés, Billy Boy se révèle un digne héritier du style Sonny Boy. Et il le démontre tout au long de "Rub-a-dub". Arnold n'a pas pour autant boudé les compositions les plus notoires de Williamson. Elles sont cependant concentrées en fin de parcours. Et notamment le standard "Good morning little schoolgirl", "Sugar Mama", "Tell me baby" et le fragile et si beau "Springtime blues".

Cet elpee rend un vibrant hommage à l'un des plus grands stylistes de l'harmonica dans le monde du blues. Disparu alors qu’il avait à peine 34 ans, John Lee Williamson avait enregistré plus de 120 chansons dans les années 30 et 40. Il avait joué aux côtés de Big Bill Broonzy, Big Joe Williams, Yank Rachell, Sunnyland Slim, Big Maceo, Eddie Boyd, Willie Dixon, et bien d’autres…

 

Mac Arnold

Backbone & Gristle

Écrit par

Originaire de la Caroline du Sud, Mac Arnold est un musicien de couleur noire. Il prétend avoir réussi tout ce qu'il a entrepris. Faut dire qu’il fabrique ses guitares, joue de la basse, chante et compose. A une certaine époque, il militait au sein du backing group de James Brown. Et lorsqu’il vivait à Chicago, il a épaulé Muddy Waters et John Lee Hooker. Enfin, il a exercé des métiers aussi disparates que producteur, jardinier, cuisinier et caméraman. Une existence bien remplie, il faut le reconnaître. Depuis peu, il s’est remis au blues ; cependant, pour réaliser ses desseins, il a recruté des musiciens pour lesquels il préparait des petits plats. Ce qui explique sans doute le patronyme de son band : le Plate Full O'Blues. Mac est un personnage très attachant et fort intéressant. Il signe les quinze plages de ce second elpee. Ses musiciens sont tous blancs et jouissent d’un excellent niveau.

"Love & relations" ouvre l’opus. Un blues d’excellente facture de plus de sept minutes. Mac possède une très bonne voix. Veloutée, grave, elle correspond idéalement au style soul blues. Ses partenaires le secondent parfaitement ; et tout particulièrement le guitariste Austin Brashier. "U dawg gone right" épouse un profil bien funky. L’ensemble tout en rythmique porte l’organe vocal riche et suave d'Arnold. "Backbone & Gristle" hausse le tempo. Un boogie chatoyant. "Blow till you blow" campe un instrumental tranchant. Mac se réserve la basse. Multi-instrumentiste (il est également claviériste et guitariste rythmique), Max Hightower tire son épingle du jeu. Mais à l'harmonica. Son jeu est vigoureux, rapide, dynamique, offensif. Merveilleux blues lent, "I refuse" trempe dans le minimalisme. La voix de Mac domine son sujet. Elle exhale une grande sensibilité. Jim Peterman se charge de l'orgue Hammond. Discret et parcimonieux aux six cordes, Brashier emprunte des tonalités à Peter Green. Mac est seul pour nous raconter sa "Gas can story" ou comment son frère William Leroy Arnold a construit une guitare à l’aide d'un bidon métallique de pétrole, en 1947. Il chante en frappant du pied, arrachant de cette gratte acoustique des cris métalliques et déchirants. "Gitty up" marque un retour à l'amplification. Une plage qui a le mors aux dents. A cause du riff rythmique et du piano primaire. Et puis de Brashier qui malmène sa râpe comme le Clapton des sixties. "Things I don't need" concède un nouveau blues lent. La voix chaleureuse est talonnée par les ivoires et la guitare réverbérée. Soul blues très dépouillé, atmosphérique, "Buster" lorgne volontiers vers le jazz. Aussi bien la basse, les balais, le piano que l'harmonica joué par Hightower à la manière de notre Toots. Purifiée par le gospel, "I can do anything" est une plage fort intéressante. Mac est soutenu par les voix polyphoniques du New Mount Cavalry Baptist Church Youth Choir. Une chanson très susceptible d’être reprise en chœur. Le piano de Steve Keeter est bien présent. La guitare d'Austin s’investit tout en mélodie. Blues basique mais, acoustique, "The garden song" est partagé entre les vocaux de Mac, l'harmo de Max et les cordes d'Austin. Le vieux musicien noir reprend sa 'Gas Can' guitare pour nous plonger dans le Delta de "Wrong". Les deux dernières plages ont été aux immortalisées ‘live’ au ‘1st Annual Mac Arnold Cornbread & Collard Greens blues festival’. En avril 2007. Et elles sont excellentes. Tout d’abord le splendide slow blues "Mean to me". Face aux percussions métronomiques de Willie ‘Big Eyes’ Smith, la slide de Bob Margolin –invité pour la circonstance– est bouleversante. Et puis une version live de "I can do anything", caractérisée une nouvelle fois par toute une chorale sur la scène! Je vous recommande chaudement cet album ; et pas seulement parce qu’il s’agit d’une œuvre enregistrée par une grande voix du blues!

Arno

Jus de box

Écrit par

On ne présente plus Arno, le rocker ‘number one’ du royaume. En activité depuis plus de trente ans, il est devenu un phénomène médiatique. Bien que bégayant et dipsomane, ce personnage fréquente radios, télés et alimente les rubriques des journaux qui se pressent pour écouter ses propos décousus. La nouvelle fournée du vénérable Ostendais souffle le chaud et le froid. Hésitant entre ballades rock (« Help Me Mary/Reviens Marie »), funk bien raide rappelant TC Matic (« Enlève ta langue », « Miss Amérique ») et rock sévèrement ‘burné’ (l’incongru duo « I’m not into hop », partagé en compagnie du marseillais Faf Larage, issu de la galaxie Iam), ce « Jus de box » se révèle assez varié(té), mais pas vraiment inspiré.

On peine ici à extraire un vrai bon morceau de cette collection un peu paresseuse pour laquelle il a reçu le concours de ses indéboulonnables complices (le claviériste Serge Feys ou encore le bassiste Mirko Banovic), mais aussi quelques ‘guests stars’, dont Marie ‘Zap Mama’ Daulne. Il faut attendre les comptines à la Tom Waits de « Jusqu’au bout » et « Toute la nuit » pour, enfin, voir Arno communiquer son émotion. Et, surtout, permettre à l’auditeur d’entendre de chouettes mélodies. Reste quelques moments d’humour, comme lorsque d’un accent bizarre, il déclare ‘Hier matin je voulais tuer la mort, aujourd’hui je ris et même Dieu est heureux’ ou encore (sur le comique « Red Lipstick ») ‘My last girlfriend was a drinker, she lost her dog, his name was Thinker’. Le reste, pas franchement passionnant, est réservé aux fans acharnés. Si vous venez de découvrir le bonhomme, il est préférable d’entamer votre initiation par l’album « A la française », bien meilleur que cet effort un peu poussif.

 

 

 

Arno

Live in Brussels

Écrit par

Arno reste un performer attachant. La scène : son élément, sa passion. L’ivresse demeure, les mots s’enivrent. Et, plus que jamais, les musiciens apportent un soutien impeccable aux textes de l’Ostendais. Serge Feys aux claviers et à l'accordéon, Geoffrey Burton aux guitares, Mirko Banovic à la basse et Frederick Van De Berghe à la batterie orchestrent le tout. Enregistré à l’Ancienne Belgique en mars 2005, « Live in Brussels » revêt davantage le costard anthologique que le complet best of. Plus proche des fans, cet album en public s’éloigne des titres de « Chic et pas cher », dernier disque en date. Rétrospective jouissive. Le concert s’emballe d’entrée de jeu dans l’intensité de « Ratata ». Concentré, émouvant, Arno mêle tragique et nostalgique sur « Les yeux de ma mère », chanson belle à faire pleurer une colonie de paternels. « Meets the Freaks » brûle les planches d’un blues électrisant, crispant. Ahurissant. A « 40 ans », les mots semblent plonger l’auditoire dans une écoute attentive, voire réflective. Un message : les générations passent, les années suivent, Arno prend de la bouteille. Le bondissant « With You » en atteste. L’Ostendais se tape des millésimes. A chaque année sa cuvée. « La vie est une partouze » démontre l’option éclectique du répertoire proposé ce soir. Dépouillée, la reprise du « Mother’s Little Helper » des Stones n’en est que plus belle. Initiant ensuite le public à « Françoise », ‘danse, danse comme une Bruxelloise’, Arno signe son contrat de belgitude. Se découvre des racines reggae, le temps du « Bathroom Singer », d’enflammer une nouvelle fois son assistance d’un « Oh La La La ! » à tout va. Et de revenir clôturer son « Live in Brussels » par « Vide », chanson écrite par Stef Kamil Carlens, le joyeux drille de Zita Swoon. Trame d’un grand concert à Bruxelles, capitale du Royaume de Belgique, antre d’une incessante ébullition artistique.

Arno

Charles Ernest

Écrit par

A quoi peut bien servir un nouveau disque d'Arno ? A nous faire plaisir tout simplement. Impossible de dire si " Charles Ernest " est meilleur ou moins bon que ses prédécesseurs. Mais c'est du Arno pur jus, jalonné de fanfares mélancoliques (Lola), de refrains à brailler dans les bars (" je veux nager ") et de rythmes maintenant le lien avec la période TC Matic. Arno reste le roi incontesté des mélanges les plus improbables entre le rock, le blues et la fête foraine ; entre le français, l'anglais et l'ostendais. S'il faut attribuer une touche négative à cet opus, disons que le bonhomme nous avait déjà paru plus inspiré dans ses reprises. Autant, il nous avait charmé en mettant au goût du jour Adamo, Caussimon ou Nougaro, autant cette fois sa version d'Elisa (Gainsbourg), même en duo avec Jane Birkin, n'apporte pas grand chose. Enfin, le pas grand chose d'Arno, beaucoup en ferait volontiers leur ordinaire…

Billy Boy Arnold

Boogie´n´shuffle

Écrit par

Billy Boy est né à Chicago en 1935. Alors qu'il ne compte guère plus de 13 ans, il a l'audace de pousser la porte de son idole, John Lee "Sonny Boy I" Williamson ; le vrai ! En 1948, BB apprend donc les rudiments de l'harmonica au contact de ce musicien mythique, alors très populaire auprès des audiences noires. Il n'aura pas le temps de le rencontrer souvent puisque John Lee fut assassiné la même année, dans une rue de Chicago. Il connaîtra un autre fait mémorable lorsqu'en 1955, il enregistra le fameux single de Bo Diddley, "Bo Diddley / I'm a man".

Billy Boy enregistre ensuite pour Vee-Jay quelques titres incontournables, tels que "I wish you would" et "I ain't got you". Disparu de la circulation un long moment, il est réapparu ces dernières années, le temps de commettre 2 albums pour Alligator : "Back where I belong" en 93 et "Eldorado Cadillac" en 95.

Voici son grand retour en compagnie du Duke Robillard Band au grand complet, s'il vous plait! Duke est aux cordes, Matt McCabe au piano, John Packer et Jeff McAllister constituent la section rythmique ; alors que Doug James et Gordon Beadle se concentrent aux saxes. Et le résultat est probant ; le niveau musical est même très élevé.

Billy Boy a composé six des 12 titres, dont les toniques "Greenville" et "Come here baby". Il joue d'un harmonica très amplifié, dans un style proche de la légende Sonny Boy. Les meilleurs titres sont incontestablement "Let's work it out", un fragment assez jump boogie, et l'ouverture "Bad luck blues" parcourus par les plus belles interventions instrumentales de Matt et de Duke. "Hello stranger" est aussi une toute bonne composition. L'harmonica s'évade, pendant que la guitare de Duke veille au grain à l'arrière. Abordée sur un mode discret, assez laidback, la plage titulaire est particulièrement réussie. Stimulé par de bonnes apparitions très respectueuses du passé, de Duke et de Matt, BB se sent 40 ans de moins. Parmi les reprises, certaines valent le détour. Leur choix est sans doute inspiré par Duke. Ainsi soutenu par l'envol des saxes en solo, "Just got to know" et "Every night, every day", de Jimmy McCracklin, ainsi que "Home in your heart", pourraient figurer au répertoire du DR Band. Deux compositions de Ray Charles nous plongent dans une superbe ambiance. Tout d'abord "Greenback". Et puis "Blackjack", un slow blues procédant plus du style T-Bone que du Chicago blues ; mais que Billy Boy chante admirablement devant le piano de McCabe. Cet album sans faille est ponctué d'une interview de plus de 18', au cours de laquelle Mr Arnold nous raconte ses aventures vécues en compagnie de Sonny Boy et de Bo Diddley!

 

Arno

Le best of

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Arno aura donc fait l'objet de ceux compiles en l'an 2000 (NDR: ça rime!). Une consacrée à son ancien groupe, TC Matic. Double ! Et celle-ci réservée à son parcours solo. Heureusement, le deux recueils ont le bon goût de ne pas trop empiéter sur les différents répertoires. Il y a bien " Putain putain ", mais à l'instar de " Oh la la la ", extrait de l'elpee " European cowboy ", paru en 1999, les éventuelles redites sont proposées sous des versions différentes. Sans quoi, on retrouve sur ce " Best of ", les inévitables " Whoop that thing ", " Vive ma liberté ", " Les yeux de ma mère ", " Je ne veux pas être grand ", " Elle adore le noir " ; sans oublier les célèbres reprises de Brel (" Le bon Dieu "), de Léo Ferré (" Comme à Ostende ") et d'Adamo (" Les filles du bord de mer "). Le disque inclut, et c'est une bonne surprise, les derniers singles de l'artiste belge. En l'occurrence le medley Bowie/Dutronc " Jean Baltazaarrr ", interprété en duo avec Beverly Joe Scott, et puis la cover de Mélanie, " Ils ont changé ma chanson ", qu'il partage cette fois avec Stephan Eicher. Un seul regret, l'absence de titres signés par Charles et les Lulus ou son White Trash European Blues Connection, des expériences qu'on a un peu trop tendance à oublier, mais qui sont probablement les plus intéressantes qu'il ait menées à ce jour…

 

Ben Arnold

Almost Speechless

Né à Pittsburgh, en Pennsylvanie, Ben Arnold s'est plongé dans le monde du business d'une manière pour le moins originale. En fait, avant d'enregistrer ce deuxième album, il partageait son emploi du temps entre la cuisine et la musique. Maître-queux pour l'Electric Factory Concerts, traiteur spécialiste dans la préparation de repas pour les artistes rock aux States, ce job alimentaire (NDR: c'est le cas de le dire!) lui permettait en même temps de rencontrer la crème de la scène yankee. Faut dire que faire partie de la scène locale folk de Manayunk ou assurer la première partie des concerts de Richard Thompson, Shawn Colvin ou même de Randy Newman, ne devait certainement pas nourrir son homme. Aujourd'hui, le vent semble avoir tourné pour Ben, puisque signé par Ruffhouse, il vient d'enregistrer cet "Almost speechless" sous la houlette de Barrie Mc Guire (Wallflowers, Nathalie Merchant) et de Ian Cross (Urge Overkill). Si la musique cherche le chaînon manquant entre le Dylan de "Blonde on Blonde" et la pop yankee de Tom Petty flanqué de ses Heartbreakers (notamment à cause de recours au clavier ‘hammond’), vocalement Ben Arnold possède un timbre de voix aussi puissant, versatile et écorché que celui de Kevin Coyne. Et ça c'est une fameuse référence!

 

Peter Arnout

Who cares about hookers

Une bonne blague à réserver a vos copains, surtout s'ils sont aficionados de Neil Young. Vous leur annoncez la sortie d'un album inédit de Neil Young. Une sorte de bootleg officialisé, issu de bandes démos poussiéreuses retrouvées quelque part dans une cave (ou un grenier) quelconque. Vous leur faites alors écouter quelques chansons de ce "Who cares about hookers", sans même vous soucier de la sélection des titres ; mais par précaution en n'exhibant pas la pochette. C'est d'ailleurs l'expérience que nous avons tentée à plusieurs reprises. Tout y est, même le timbre vocal gémissant, les chœurs, sans oublier le savant dosage entre ballades acoustiques, ‘harvestiennes’, écorchées par un harmonica fiévreux et les morceaux sculptés dans l'intensité électrique. Le titre maître bénéficie même de somptueux arrangements symphoniques. Il faut croire que Peter Arnout et ses Dry Livers sont des accros du loner. Nous ne nous imaginions d'ailleurs pas qu'un groupe, belge de surcroît, eut été capable un jour de réaliser un semblable exploit, sans même effectuer la moindre reprise. M'enfin, pour l'originalité, ils repasseront...