Putain, putain, c’est déjà le treizième album studio de notre Arno national. A plus de 60 ans, notre homme a toujours bon pied bon œil. Il n’a rien perdu de sa verve légendaire malgré une baisse relative de qualité.
‘National’ l’ami Arno ? Mmmm difficile de s’en convaincre. L’homme nommé ‘Chevalier des Arts et des Lettres’ chez nos voisins français n’interprète ses compositions qu’en français et en anglais, un français croustillant d’ailleurs. Il suffit de l’entendre rouler ses ‘r’. Sa popularité s’est d’ailleurs construite grâce à son ‘accent’ flamand, popularité devenue énorme en francophonie (Belgique, France, Canada, Suisse). Savez-vous qu’il est plus souvent en représentation en France que chez nous ?
Arno, non content de chanter dans ‘ses deux langues nationales’ (l’anglais et le français), a décidé de s’identifier encore un peu plus à son pays en intitulant son dernier opus « Brusseld ». Et pour ne choquer ni les uns ni les autres, il décide d’‘angliciser’ le nom de la capitale. Pas de jaloux…
« Brusseld » nous propose treize titres, cinq en français, le reste en anglais. Douze sont de la plume du maître, le treizième est comme d’habitude, une cover d’un standard. Pour la circonstance, il reprend (NDR : je devrais plutôt dire, il revisite) « Get up, Stand up » de Bob Marley et Peter Tosh. Et oh surprise, il nous blouse complètement. C’est réellement hallucinant. Cette adaptation est digne d’une nouvelle création. Elle n’a plus rien à voir avec ce qui était à l’origine un tube reggae du début des eighties. Marrant, vraiment !
Le reste du Cd ne recèle aucune surprise, aucun morceau ‘craquant’ non plus. Ses compos naviguent un peu loin de ce qu’il concoctait lorsqu’il était chez Virgin. Son nouveau label serait-il moins exigeant ? « French Bazar » avait été élu album de l’année aux Victoires de la Musique en 2005. « Brusseld » est loin de pouvoir rivaliser avec ce dernier. Néanmoins, on est en présence d‘authentique’ Arno. Quelques titres semi-comiques, semi-tragiques (« Quelqu’un a touché ma femme », « Le lundi on reste au lit »), d’autres plus noirs (« Black Dog Day » ; et bien sûr des ‘légèretés’ comme « Mademoiselle ». Musicalement, rien de bien original, de bien ‘croquant’ à se mettre sous la dent. Des rythmes lents, répétitifs et des ritournelles auxquelles Arno nous a maintenant habitués depuis plus de 20 ans. Néanmoins, éclaircie dans la grisaille, on retiendra le titre « Brussels » qui a inspiré le nom à l’opus et devrait nous sortir quelque peu de notre léthargie. Entraînant, un peu plus musclé, électronique sur les bords, il deviendra probablement le futur single diffusé sur les ondes. Arno nous a préparé une espèce de pot au feu à la belge. Il y mélange différents idiomes et chante pour tous les Linda, Mustapha, Jean-Pierre bruxellois : arabes, flamands et wallons. Une démarche qui me rappelle un peu celle de Zazie quand elle avait écrit « Tout le monde ».
Honnêtement, j’attendais un peu plus de cette dernière plaque. Je recherche toujours chez ce génial flamand ce grain de folie. Cette touche particulière qui rend ce mec pas comme les autres. Hélas, cette fois, je reste sur ma faim. Oui bien sûr c’est du ‘Arno’. Mais j’ai dans la bouche comme un goût de trop peu, d’inachevé. J’ai l’impression de me farcir, pour une fois, de l’Arno de second choix.