Vingt morceaux qui s’étalent sur plus de 70 minutes ! Pas très motivant. Surtout pour un adepte des albums concis, directs et sans fioritures. D’ailleurs, après une première écoute, on se demande quand même s’il existe une quelconque ligne de conduite. Et pour cause, on a parfois l’impression que l’éclectisme est poussé à son paroxysme. Une seconde audition s’impose avant de commencer à cerner les desseins titanesques des frères Brewis…
Mais avant d’aborder l’analyse du troisième essai de cette formation insulaire, il me semble indispensable de se pencher sur leur biographie. Field Music est une formation issue de Sunderland. A la barre : les frangins David et Peter Brewis (NDR : ce dernier s’est, à une certaine époque, chargé des fûts au sein de Futureheads) ; mais également le claviériste Andrew Moore. Un noyau dur régulièrement soutenu par des membres de Maxïmo Park et des Futureheads. « Field Music (Measure) » constitue donc le troisième méfait des Anglais. Il fait suite à un éponyme et « Tones of Town », deux long playings publiés respectivement en 2006 et 2007. A l’issue de la sortie de ce dernier elpee, des rumeurs de split ont commencé à circuler. En fait, le band voulait s’accorder une pause. Elle a duré trois ans. Une période au cours de laquelle David (School Of Language) et Peter (The Week That Was) vont développer des projets personnels.
Partagée en deux volumes, cette œuvre est particulièrement copieuse. A cause du nombre de plages, mais également du foisonnement d’idées véhiculées au sein d’une même chanson. Et pas seulement à cause des claquements de main, de la basse caoutchouteuse, des soli inattendus et des boucles folles. Les influences sont multiples et les déceler s’apparente à un exercice de style à la fois enrichissant et ludique. Perso, j’y ai recensé des traces de Led Zeppelin, Prince, Fleetwood Mac, les Beatles, David Bowie, Roxy Music, King Crimson, Talk Talk ; mais la liste est loin d’être exhaustive. Cependant, la référence contemporaine la plus pertinente me semble revenir aux maîtres de la pop californienne, Pinback. Déstructurées, opulentes et recherchées, les compos souffrent quand même d’une carence en originalité. Un constat, avouons-le, quand même paradoxal ! Hormis le contagieux « Them That Do Nothing » et le délirant « The Rest Is Noise », aucun autre titre ne sort vraiment du lot. Manifestement, Field Music a monté un projet particulièrement ambitieux. Un peu trop peut-être. A la limite de la prog. Ce qui explique pourquoi les 8 autres plages ne parviennent jamais à s’extraire du lot.
Field Music aurait peut-être intérêt à en revenir à une formule plus simple, plus basique. Mais il est à craindre que ce soit au détriment de la créativité. Simplifier sans pour autant brider l’inspiration. Un fameux challenge…