Barnabé Mons rend hommage à un chat… sauvage…

Chanteur-batteur dès l’âge de treize ans, le Lillois Barnabé Mons a transité par la bagatelle de neuf formations, avant de se lancer en solitaire, soit après 28 ans de carrière. « Bunker Superstars », son premier elpee, est paru ce 2 juin 2023. Et il vient…

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Le 7ème art soviétique inspire Bodega…

Le nouveau long playing de Bodega "Our brand could be yr life" paraîtra ce 12 avril 2024. En fait, il s’agit d’un ‘remake’ de l'unique LP de Bodega Bay, l'ancien groupe de Ben et Nikki, un disque auto-édité de 33 titres qui remonte à 2015. Sur cette nouvelle…

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This Is The Kit

Careful of your keepers

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This Is The Kit, c’est le projet de Kate Stables, et pour enregistrer cet elpee, elle a reçu le concours de son fidèle groupe ; soit la bassiste/chanteuse Rozi Plain, le guitariste Neil Smith et le batteur Jamie Whitby-Coles. Mais également de Gruff Rhys (Super Furry Animals) à la mise en forme ainsi qu’aux backing vocaux, sur certains morceaux. C’est également lui qui a ramené des préposés aux cuivres (bugle, basson) pour enrichir l’expression sonore. Ce qui explique pourquoi les arrangements sont riches et sinueux, malgré une structure de base acoustique apparemment dépouillée. Mais au sein de laquelle viennent se greffer naturellement une instrumentation pop/rock. Le titre maître nous plonge ainsi dans un climat proche du « If I only could remember my name » de feu David Crosby. Et « More changes » adopte un ton carrément allègre. Kate balance un carrousel de 10 mots différents sur « Take you to sleep », une plage qui se distingue par une intervention de saxophone free jazz, et elle se mue en véritable moulin à paroles tout au long de « Doomed or more doomed ».

Fidèle à sa poésie folk, elle aborde des sujets contemporains, comme les relations sociales, les problèmes politiques et écologiques, laissant planer un sentiment pessimiste, tout en laissant poindre, quand même, une lueur d’espoir…

En concert

9/06/2023 – De Roma, Anvers

3/10/2023 – Aéronef, Lille

This Is The Kit

Off Off On

Écrit par

Fondé en 2003, This Is The Kit est apparemment une formation appréciée par ses pairs. Ce qui lui a notamment permis de tourner en supporting act de The National, Sharon Van Etten, d’Iron & Wine ou encore Herman Dune. Mais aussi de bénéficier du concours de producteurs émérites. John Parrish (PJ Harvey) sur le premier et quatrième opus. Aaron Dessner, guitariste au sein de The National, lors du quatrième. En retour, Kate Stables avait, de son côté, participé aux sessions d’enregistrement de l’album « I Am Easy to Find » de The National. Et de nouveau, Aaron est venu apporter sa collaboration –au piano– sur « Shin bone soap », une chanson délicate qui traite des thèmes de l’amour et de la solitude. Une compo magnifiée par la voix versatile, très british de Kate, souvent comparée à celle de feu Sandy Denny. D’ailleurs à l’instar du Fairport Convention de l’époque, soit entre 1969 et 1978, This is The Kit pratique une forme de folk/rock. Mais un folk rock bien contemporain, pétillant, plus riche qu’on ne pourrait l’imaginer. Cette ligne de basse discrète mais efficace, le drumming souple ainsi que les incursions judicieuses, mais ponctuelles des claviers (piano, synthés) y contribuent inévitablement. Mais surtout ces arrangements, parfois de cordes, souvent de cuivres (NDR : vu la présence d’un quatuor dévolu pour ce rôle) laissant parfois le saxophoniste ténor se réserver des interventions jazzyfiantes. Joués en picking, le banjo et la sèche raffinent l’expression sonore. Ainsi que les interventions de gratte électrique, aussi parcimonieuses qu’élégantes. Et en final, toutes ces cordes (acoustiques, semi-acoustiques, électriques) s’enchevêtrent, un morceau de plus de 6’, dont le climat pourrait rappeler The National (« Keep going »), mais en moins rock...

Hormis deux plages lancinantes un peu trop tendres et indolentes au goût de votre serviteur, dans le style, « Off Off On » est un bien bel album.

Et pour que votre info soit complète sachez que c’est Josh Kaufman, le parangon de l’alt folk, qui s’est chargé de la mise en forme.

Charles in the kitchen

The fith mechanism (Ep)

Écrit par

Charles in the Kitchen s’est formé en 2011. A Neuchâtel, en Suisse. Un quintet qui, à l’origine, se contente de reprendre des classiques du rock. Puis, progressivement, il commence à composer son propre répertoire, dans un style qu’on pourrait alors qualifier de grunge-punk-rock.

Son dernier Ep, « The Fith Mechanism », en revient cependant à rock plus classique qui met en exergue les sonorités de gratte. Ainsi, les refrains de « Slip to the Night » et « I Wanna Know » se distinguent par leurs tonalités stoner. « The Boy & the Girl » émarge carrément au punk. Et le disque de s’achever par le survitaminé « You never talk », un morceau de plus de 6’30 qui ne lésine pas sur les solos de guitare.

Quoique bien maîtrisées, les compos souffrent quand même d’une carence en originalité. Si bien que finalement, on ne peut pas dire qu’il soit parvenu à susciter l’intérêt de votre serviteur…

The Kitchen Sink Drama

Every good boy deserves failure

Écrit par

Le ‘Kitchen Sink Drama’, est tout d’abord un mouvement culturel britannique qui s’est développé à la fin des fifties et au début des sixties. Il visait spécifiquement le théâtre, l’art, le roman, le cinéma et la télévision ; et reflétait un sentiment de colère éprouvé par ses instigateurs, désillusionnés par la société moderne. C’est ensuite une chanson de Soft Cell, parue en 1983. Et enfin, le patronyme d’un quintet liégeois drivé par la chanteuse Claire Wilcock.

« Every good boy deserves failure » constitue son premier elpee. Il réunit 10 plages qui nous replongent carrément à la fin des seventies. Pensez d’abord à Blondie. Les compos sont rafraîchissantes et les mélodies sont souvent contagieuses (« Idiots », « Kitchen sink drama »). La voix est aussi candide que celle de Deborah Harry. Elle se fait même parfois déclamatoire ou s’autorise des onomatopées hymniques. Si la musique est new wave, c’est surtout dans l’esprit yankee. Les claviers ou synthés sont on ne peut plus vintage, mais aucun instrument ne tire la couverture à soi, l’ensemble se révélant subtilement équilibré.

Quant aux lyrics, ils tournent le plus souvent en dérision les attitudes machistes, à moins qu’ils ne soient tout simplement féministes. Le débat reste ouvert. Les textes figurent d’ailleurs à l’intérieur du booklet. Probablement ce qui est arrivé de mieux au pop/rock belge depuis pas mal de temps…

 

The Chikitas

Wrong Motel

Écrit par

Après avoir gravé « Butchery » en 2011 et « Distoris Clitortion » en 2014, The Chikitas nous propose son troisième long playing. The Chikitas, c’est un duo helvète réunissant Lynn Maring (chant/guitare) et Saskia Fuertes (drums/choeur). Tout au long de ses deux premiers elpees, le tandem pratiquait un punk/garage primaire et jouissif. A l'époque, les observateurs étaient unanimement enthousiastes. On était dès lors curieux de voir si les deux filles étaient capables de confirmer ces excellentes dispositions et surtout de dépasser l'effet de surprise.

Pour enregistrer « Wrong Motel », les deux Suissesses se sont exilées à Tucson en Arizona. Elles ont ainsi pu bénéficier du concours de Jim Waters (Sonic Youth, The Jon Spencer Blues Explosion, ...) à la production.

Morceau d’ouverture, "I Wish Your Mine" libère énormément d’énergie. De quoi rassurer le mélomane. Les sonorités de la guitare sont saturées à l’extrême et le fuzz est omniprésent. Les riffs sont tranchants, saccadés et certains particulièrement inspirés. Sur certains morceaux, The Chikitas s’écarte pourtant du punk-garage, pour frôler le stoner, à l’instar de "Oh Greed". Lynn Maring y donne tout ce qu'elle a dans le ventre.

Mais au fil de l’opus, on se rend compte que seule la voix ressort bien de l’ensemble. A tel point qu’elle finit par agacer. La gratte manque de nuances et les drums de percussion. L’instrumentation semble comme garrottée. Si bien que même si l'on imagine la rage de ces morceaux, elle n’éclate jamais. Résultat des courses, les titres se succèdent et finissent par se ressembler.

La mise en forme, et tout particulièrement le mixage, de "Wrong Hotel" a tout gâché. Dommage ! Espérons quand même qu’en concert, le duo féminin puisse remettre les pendules à l’heure, et surtout libérer toute son énergie réputée bouillonnante…

 

Eric In The Kitchen

A Heart Of Clouds And Stars

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C’est une cuisine qui flotte quelque part dans un petit coin de l’espace. Quelque part, en suspension dans les étoiles.

Un beat martial sur le pas de la porte, comme un battement de cœur monotone. En avançant plus loin, les boucles d’arpèges se succèdent et forment une toile éclairée par une constellation lumineuse (« A Heart Of Clouds And Stars », plage d’ouverture).

Subtile ascension en spirale dans l’escalier d’Escher. Celui dont les montées et les descentes se déclinaient en d’improbables infinités.

A l’in(star) de cet album dont les écoutes répétées renvoient de mélancoliques images en rebonds successifs sur les parois de nos imaginaires.

La voix paraît anodine, presque superflue au premier abord, avant de s’imposer comme une médiane indispensable de cette architecture arachnoïde. 

Insidieusement Pop dans cet univers ouaté, les chansons se succèdent et s’imposent à nos sens, sans jamais les brusquer. Sans verser dans l’insipidité. Ni la facilité.

Evidentes mais forgées dans l’intégrité.

Autant de recettes qui demandent un grand doigté et qu’Eric maîtrise à la manière d’un ‘Master Chief’ ayant eu la bonne idée de nous inviter chez lui.

Et chez lui, c’est ici, entre les strates vaporeuses de nuages en formation.

Quand « Pop Evolution Soccer » s’achève dans le chaos nébuleux d’un orage d’été, les doux rayons d’« Another Man » se succèdent sur un mode qui n’est pas sans rappeler les premiers Cat Power ou encore Silver Jews.

Quant au final de « Fly Away », épilogue de cet elpee, il se charge de transformer l’horizon en une dernière et désespérée décharge électrique où l’apesanteur n’a plus guère droit au chapitre.

A cette heure tardive où Lo-Fi est un terme usurpé, cet album rappelle qu’il n’est nul besoin de grands moyens pour réussir toute bonne sauce.

 

First Aid Kit

The Lion’s Roar

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Plus qu’un simple kit de survie folk offert aux amateurs du genre, il y a maintenant trois ans, les sœurs Södeberg prouvent, en publiant « Lion’s Roar », que leur baume vocal agit sur la longueur ! Le public les avait découvertes lors de la superbe reprise du morceau « Tiger Mountain Peasant Song » des Fleet Foxes et ensuite à l’occasion de la sortie de leur premier album « The Big Black and the Blue ». Elles reviennent aujourd’hui à la tête d’un nouvel opus, un disque découpé en 10 morceaux particulièrement raffinés. Une œuvre produite par l’inévitable Mike Mogis (Bright Eyes, Jenny Lewis, Monsters of Folk) à Omaha, dans son Nebraska natal. Et, la plupart des chansons composées par les jeunes Suédoises donnent réellement l’impression de venir directement de l’ancestrale et austère country américaine… Les voix profondes et puissantes de Johanna et Klara se complètent à merveille et l’instrumentation –acoustique bien entendu– confiée à des musiciens du cru est devenue plus riche. Sur le titre « Emmylou », les deux sœurs murmurent ‘I’ll be your Emmylou, I’ll be your June… you’ll be my Gram, you’ll be my Johnny too…’ Tout est dit…

L’album se clôture de magnifique manière par « King of the World », une chanson interprétée en compagnie de The Felice Brothers et de Conor Oberst, invité à chanter le dernier couplet… la boucle est bouclée ! A découvrir dans le cadre des PIAS Nites, qui se dérouleront à Bruxelles, le 16 février prochain, à Tour et Taxis.

 

Kitty, Daisy & Lewis

Smoking In Heaven

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Différent, mais pas trop. Telle est la démarche entreprise par les frangins Durham au sein de « Smoking In Heaven », leur second LP. En 2008, la fratrie surdouée avait pris tout le monde de revers en concoctant un premier album entre roots, blues et revival rockabilly. Kitty était alors âgée d’à peine 15 ans, Daisy de 17 et Lewis, 19. Entre reprises de classiques et morceaux originaux, le trio était tout simplement surprenant de maturité. Le son vintage de « Kitty, Daisy & Lewis », le même que l’on retrouve ici, est de ceux qui laissent bouche bée tant il est fidèle à celui de l’époque retranscrite. Sur « Smoking In Heaven », les Britons parviennent encore, trois ans plus tard, à nous faire croire qu’ils sont originaires d’un patelin du Sud des Etats-Unis et qu’ils ont traversé au moins six à sept décennies pour nous délivrer le meilleur de l’époque. 

« Smoking In Heaven » est donc ‘différent, mais pas trop’ car les trois jeunes adultes lancent l’auditeur sur une fausse piste en ouvrant leur nouvel ouvrage par « Tomorrow », une plage résolument Ska et, plus loin, en introduisant quelques éléments de rock steady (« I’m So Sorry »). Et ce, avant de revenir à leurs bonnes vieilles mélodies bluesy et rockabilly qui refusent tout compromis et fantaisies contemporaines. Kitty, Daisy & Lewis, qui travaillent essentiellement à l’aide de matériel datant des années 50, sont de vrais petits ovnis dans le paysage musical actuel. Nul doute qu’ils donneront des idées à de nombreux artistes en manque d’inspiration. « Smoking In Heaven » est un voyage temporel à effectuer les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes.

Live : 17 juillet au festival Blues Peer (Peer).

 

First Aid Kit

The Big Black and The Blue

Écrit par

First Aid Kit est le joli sobriquet médical choisi par les sœurs Klara et Johanne Söderberg, respectivement âgées de 16 et 19 ans. Un duo familial probablement fondé au coin du feu, non loin de Stockholm. Le groupe s’est forgé une petite armada de fans depuis février 2009 et la sortie de leur Ep inaugural, « Drunken Trees », sur le label du duo The Knife (NDR : ce sont des compatriotes !), Rabid. Rapidement signé sur Wichita pour la distribution européenne, First Aid Kit a publié en janvier son premier elpee, « The Big Black and The Blue ».

Les jeunes sœurs pratiquent une forme de country-folk, ma foi forte conventionnelle. Et « The Big Black and The Blue » en est une parfaite illustration. L’originalité n’est d’ailleurs pas un objectif principal chez First Aid Kit. Les compositions creusent d’ailleurs le même sillon que leurs aînés Alela Diane (NDR : l’influence est flagrante sur « Heavy Storm »), Bosque Brown, Fleet Foxes (NDR : dont elles reprennent régulièrement leurs chansons, en concert) ou encore Mariee Sioux. Les frangines ont déclaré être fans de Gram Parsons et de Conor Oberst. Elles parviennent à capturer le sens mélodique du natif d’Omaha ainsi qu’une certaine forme d’atemporalité de ses compos. Mais pas à y injecter cette étincelle d’émotion, si caractéristique du trentenaire. Néanmoins, vu la qualité du travail d’écriture des deux divas, et la maîtrise de leur sujet, les carences s’estompent assez rapidement. D’autant plus que leurs voix sont superbes. De quoi permettre au mélomane de se lover dans leurs comptines délicates. Et d’y prendre un plaisir certain. Ténébreux, leurs lyrics sont souvent liés à l’univers marin. Un peu comme si elles étaient le fruit des divagations américaines de Laurent Chalumeau. Mais le plus important, c’est qu’elles se marient parfaitement à l’instrumentation. Epurée. Essentiellement acoustique. Et pourtant, c’est lorsque les deux artistes osent élargir leur univers sonore, qu’elles se montrent les plus intéressantes. Notamment tout au long de « A Window Open », une compo parcourue d’un clavier vintage. Ou lorsque le tempo s’élève et s’excite quelque peu. A l’instar de « I Met Up With the King ». De quoi démontrer que la paire possède un potentiel. Mais susceptible d’être développé et surtout à bien explorer.

“The Big Black and The Blue” est une œuvre finalement, dans les grandes lignes, bien meilleure que celle que nous a légués dernièrement Alela Diane. De quoi démontrer que le talent n’attend pas nécessairement le nombre des années. Jamais la Suède ne s’était aussi bien projetée au cœur du Midwest américain ; et pourtant ce n’était pas faute d’essayer… Pensez à Nolaï Dunger et Christopher Astrom, pour vous en convaincre. Souhaitons simplement qu’au fil du temps, First Aid Kit parviendra à guérir bien plus que des petits bobos. Pour atteindre cet objectif, il leur appartiendra de se libérer de leurs influences ‘americana’, parfois trop contraignantes. A applaudir le 9 avril au Botanique !

 

Yakity Yak

Born in the country

Écrit par

De son véritable nom William Smith, Yakity Yak est originaire de Lansing, dans le Michigan. Etabli aujourd’hui à Detroit, ce chanteur/harmoniciste de couleur noire relève du label local, No Cover. Pour enregistrer cet elpee, il a bénéficié de la collaboration du Mike Espy Band, une formation au sein duquel milite inévitablement Mike, le leader et guitariste (NDR : il est également prof de math !), le guitariste rythmique Chris Hillabrad et le drummer John Barrera. Espy est issu de Kalamazoo mais a fait ses gammes à Memphis! Yak et Espy jouent ensemble depuis 1995. Hormis le "Sadie" de Hound Dog Taylor et le "Sundown" de Charlie Musselwhite, tout le répertoire est signé par le tandem. Mike Boulan, boss de No Cover et actuellement président de la Detroit Blues Society, s’est chargé de la production et du mixing. Il faut dire que c’est sa victoire au Detroit Blues Challenge, décrochée en 2006, qui a permis à Yakity Yak d'enregistrer cet album. Depuis, le Mike Espy Band a publié un cd instrumental baptisé "Son to father".

L'ouverture nous plonge dans le Delta du Mississippi. Les rythmes sont primaires, les percussions lourdes. La technique à l’harmonica est rudimentaire. La slide dispense un son immédiat. Légèrement éraillée, la voix de Yak est très présente. Et le tout est imprimé sur un tempo digne de Howlin' Wolf. Une excellente entrée en matière! Simple mais efficace, "Texas blues" est très proche du "Jesus left Chicago" de ZZ Top, un des meilleurs blues concocté par le trio de Houston. La section rythmique ne fait certainement pas dans la dentelle, mais Espy se révèle bon gratteur pour la circonstance. Une formule qui se poursuit tout au long de "Do you still love me?" Les compositions de Yak sont très souvent pompées sur des thèmes traditionnels notoires. A l’instar de l’hypnotique "Back to the Crossroads", au cours duquel la guitare bien amplifiée se montre aventureuse. Un climat qui se prolonge lors de "Lonesome road" ; et en devient presque envoûtant. La reprise du "Sadie" de Hound Dog Taylor a été préparée, sans surprise, à la sauce Yakity. Ballade blues, "Drunken all day " est manifestement une compo  autobiographique. Un morceau fort bien ficelé, au cours duquel les petits accès d'harmo répondent au chant. Le répertoire trahit une certaine uniformité, et ne recèle guère de surprises. "Trouble" constitue le long blues lent de circonstance. Mike souligne parfaitement de ses cordes le timbre tour à tour puissant, dramatique ou intimiste de Yak. Une slide élégante parcourt "Love my woman", un morceau fort entraînant. Notre vieux bluesman a des planches. Et les deux versions ‘live’ de "Drunk all day" et "Born in the country", proposées en duo avec Mike Epsy, en sont la plus belle illustration…

 

Soy Un Caballo & This Is The Kit

A Travers La Neige/Birchwood Beaker

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Les hyperactifs Bruxellois de Soy Un Caballo ne s’arrêtent jamais de travailler. Deux ans plus tôt, ils avaient concocté « Les heures de raison », un ambitieux et très réussi album de chansons interprétées en français et teintées d’un onirisme inquiet. En toute discrétion, « Les Heures de raisons » a séduit une partie de l’Europe (Espagne, France, Angleterre) et devrait atteindre les rivages américains, en juin prochain…

Parallèlement à ces activités, Soy Un Caballo dédie quatre 45 tours aux saisons, pour le compte du label anglais Need No Water. Le premier, dédié à l’automne, invitait les Anglais de Tunng à reprendre « Robin », une des chansons issue des « Heures de Raisons ». Sur le deuxième volume, dédié à l’hiver, Soy Un Caballo adapte « Birchwwod Beaker », une comptine hantée de This Is The Kit, publiée sur son album « Krülle Bol ». Là où la version des Anglais est minimale (une guitare sèche, une batterie et la belle voix de Kate Stables), celle de Soy Un Caballo, chantée dans la langue de Molière, est richement arrangée. « A travers la neige » regorge de claviers à l’ancienne et bénéficie du concours d’une belle section de cuivres. Les voix conjuguées de Thomas Van Cottom et Aurélie Müller entraînent la compo dans un autre univers. L’hiver est certes palpable, mais chez Soy Un Caballo la saison froide est empreinte d’une féerie relativement absente de la très belle version originale, un peu plus désespérée. Du beau travail sur un ‘split-single’ à découvrir ; mais n’attendez pas l’hiver prochain pour vous procurer le disque, car le tirage de ce vinyle est fort limité !

This Is The Kit

Krulle Bol

Écrit par

Anglaise exilée à Paris, Kate Stables fait dans la modération. Et rien ne lui sied mieux que la retenue manifestée sur « Krulle Bol », son premier recueil longue durée en tant que This Is The Kit. Accompagnée de Jesse Vernon (Morningstar), multi-instrumentiste et occasionnellement choriste, la jeune femme se paie également la production efficace de John Parish (PJ Harvey, Sparklehorse, 16 Horsepower). La patte de ce dernier est d’ailleurs agréablement identifiable sur des morceaux comme « With Her Wheels Again » et « We Need Our Knees ». Deux compositions qu’une PJ Harvey officiant dans le folk n’aurait probablement pas reniées.

Légère, aérienne, cette œuvre introductive place This Is The Kit sur les traces de Joni Mitchell, Alela Diane, PJ Harvey ou Jana Hunter. L’atmosphère de ce « Krulle Bol » est si sereine et l’écriture de Stables tellement dépouillée que les envoûtants « Our Socks Forever More », « She Does », « Moths », « Birchwood Beaker » ou « Two Wooden Spoons » envoient l’auditeur en orbite, à des milliers d’années lumière des contrariétés du quotidien. Plus qu’un humble refuge, « Krulle Bol » est un véritable havre de paix…

 

David Kitt

Not Fade Away

Écrit par

Il est de ces disques que l’on sait excellents avant même de les introduire dans la platine laser. Il s’agit tout simplement de ceux dont plusieurs rédacteurs se disputent l’acquisition avec acharnement. « Not Fade Away » de David Kitt est le dernier en date à avoir subi ce ‘traitement de faveur’. C’est donc sur les genoux, la sueur au front et le visage ensanglanté que l’on s’est délecté du cinquième ouvrage (sixième si on compte « Misfits, vol. 1 ») de l’Irlandais. Initialement publié en octobre 2006, « Not fade Away » n’a trouvé officiellement le chemin des bacs belges que bien plus tard. De quoi forcer l’auditeur à rattraper le temps perdu en écoutant la splendide plaque en boucle, jour et nuit. Accompagné de Lisa Hannigan sur « Don’t Fuck With me » et une moitié de The Magic Numbers sur les excellents « Guilty Prayers, Pointless Ends » et « Up to You », David Kitt plonge nos tympans au cœur d’un chaleureux paysage sonore où chaque note semble avoir été étudiée minutieusement, où inspiration rime avec enchantement. Fignolant actuellement son projet electro, Sleepy Walker, en compagnie de son frangin (il participe d’ailleurs ici au morceau « Nothing Else »), David Kitt a réussit une fois de plus à ravir sans effort, nos conduits auditifs.

Kit

Broken voyage

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Amis lecteurs, j'attends vos remerciements : je suis arrivé au bout, tout seul, comme un grand, des 22 minutes de ce bref mais éreintant « Broken Voyage ». Premières impressions à chaud : euh? Oui. Mais non. Enfin? peut-être. Impressions après réflexion : allez, d'accord, il y a une certaine recherche dans ce brouhaha noisy-punk aussi surréaliste que profondément décadent. Derrière les guitares torturées et la voix épileptique de la dénommée Kristy, on parvient même à déceler quelques mélodies. Mais la sensation d'étouffement est constante et épuisante, tant ce fascinant chaos détient quelque chose de carnassier qui n'arrive pas à exciter nos tympans. La cohérence est inattaquable, mais difficilement écoutable malgré la courte distance du trip. Une expérience, rien de plus.

Kitty and The Kowalskis

Chinese Democracy !!!

Écrit par

Le rock se régénérerait-il à grandes doses d’auto-parodie ? C’est, en tous cas, le précepte que semble déployer Kitty et ses indissociables Kowalskis. D’ailleurs, à la vue de l’intitulé de cet album, on peut imaginer qu’Axl Rose va nous traîner Kitty et ses potes en justice. Imaginez : Kitty and the Kowalskis écroués pour plagiat d’une bribe d’idée de l’intitulé de l’hypothétique nouvel album des Guns’n Roses. Néanmoins, le clin d’œil est sympathique. Tout comme les hommages successifs à Dee Dee Ramone et Joey Ramone. Sans compter un amour ostensible (et sans limite ?) pour les compositions des quatre frangins et de Blondie. Mais cet humour décalé entache sérieusement la crédibilité du nouvel album de Kitty and the Kowalskis. Et, à première écoute, on ne peut s’empêcher de les cataloguer dans les rangs des pasticheurs officiels de l’ère CBGB. Et ces clichés ne rendent pas forcément service au rock’n’roll. Pour la petite histoire, nous ne retiendrons qu’une sentence à l’égard de Kitty and the Kowalskis : ‘They were a happy family’.

Hell´s Kitchen

Doctor´s oven

Écrit par

Hell's Kitchen est un trio suisse, genevois, très exactement. Une formation qui alimente son blues contemporain à l’aide de divers instruments afin de produire des sonorités susceptibles d’aiguiser notre curiosité. Bernard Monney chante et joue des guitares, Nicolas Roggli se charge des contrebasses ; et enfin, Cédric Taillefert se réserve la ‘percuterie’, soit une panoplie de percussions insolites composée de ressorts, de couvercles de poubelles et autres casseroles. Sans oublier un plus classique washboard. Le trio avait déjà commis un album démo en 2001 ("Blues from the beancan"), et l’année suivante "The big meal". Nos cuisiniers ont déjà partagé la scène avec T-Model Ford, 20 Miles, Bob Logg III ; et ce n’est pas une surprise lorsqu’on écoute cet opus ! La démarche si peu orthodoxe de Fat Possum a, bien entendu, résonné à leurs pavillons.

La ‘percuterie’ entre en action dès les premières secondes de "My house is on fire". Les invocations vocales font rapidement leur apparition ; et dès le débarquement des cordes métalliques, le choc est inévitable. La démarche du combo helvète est bien originale et très personnelle. Le climat n'est pas à la franche gaieté ; mais il est vrai que la maison est en feu ! La ‘contrebassine’ de Nicolas rejoint ses amis pour attaquer "Jack is a writer". Les échanges vocaux sont bien fantomatiques sur "Brick of my body", laissant planer une certaine sensation d’épouvante. Seul maître à bord de cette cuisine inusitée, le diable hante tout naturellement cet univers cauchemardesque. Les cordes sont triturées, lacérées, déjantées, malmenées, pour entretenir cette atmosphère pâle et lugubre. Pour varier les saveurs, les cuisiniers n’hésitent pas à utiliser d'autres instruments. A l’instar de Paul Thernan. Au banjo sur "Dance machine". On les imagine bien arpentant les routes du vieux Sud américain à l'écoute de "Stay in my block" ; mais des routes bien cabossées pour obtenir une telle solution sonore. Même Paolo, qui a ramené son harmonica, ne peut que répercuter des tonalités d'outre-tombe ; et pourtant il aime disserter de cette guitare rythmique qui fédère tout sur son passage. Bernard concentre l’intégralité de ses tics nerveux pour malmener ses cordes. Il se lance dans un boogie improbable sur "Nice", pendant que Cédric et Nicolas secouent leurs instruments comme des âmes damnées. Paolo a retrouvé son harmonica et s'invite même au beau milieu de l'enfer. Le trio se calme quelque peu pour aborder "Unfair", un blues lent très personnel, introduit par l’orgue Hammond de Sarten et contaminé par un violoncelle bien malade. "Lumpi is my dog" incarne leur vision Howlin' Wolf du blues. La forme rythmique est bien empruntée au géant de Chicago. La contrebassine trace un chemin parsemé de longues dérives digitales. Les cordes se complaisent au cœur de cette étreinte. La recherche de la mélodie n'est pas le souci de Hell's Kitchen. Le travail sur le son l'emporte. Tout au long de "Milano", l'ambiance n'est pas très transalpine, mais plutôt teutonne au sens propre de la recherche ; dans un style réminiscent des formations de Krautrock rencontrés naguère. Cédric saisit son washboard. Nicolas imprime un rythme galopant et libère Bernard qui chante un "Misery" plutôt classique avant que Sarten ne fasse subir les derniers outrages à son piano. "Lumfo" est une litanie blues très dépouillée dont la démarche peut évoquer le vieux Captain Beefheart flanqué de son Magic Band, dans ses moments les plus étranges. Pas au niveau vocal, cependant. Cette prière collective finit même par vous convertir et vous serez peut-être surpris de répondre favorablement à cette invitation pieuse. Le ‘four du docteur’ accouche en fin de parcours de l'improbable "Easy start", un morceau dont la recette du riff stonien a été mis à la sauce suisse. Hell´s Kitchen a réalisé sur cet opus, de excellent travail sur les sonorités ; cependant je vous invite à consommer cette plaque à doses homéopathiques. Surtout si vos oreilles ne sont pas averties.

 

 

Kitshickers

...So That’s The Miracle Of Life...

Écrit par

Les Luxembourgeois ne sont pas tous courtois. Prenez les Kitshickers, par exemple. Ce quatuor résume son manifeste ensanglanté en cinq titres, esquissés comme le plus beau credo des damnés : « ...and what else do you need... », « ...to be happy again », « ...cause your all life... », « ...you knew... », « ...you were already dead... ». Que les réjouissances commencent ! Après avoir pénétré la pénombre afférente aux lugubres illustrations de la pochette, l’album fait toute la lumière sur cette musique planquée aux rebords du grunge, de la noise et de futilités démonstratives (une remise au goût du jour du tapping de Van Halen, quelqu’un ?). Plus psalmodiés que chantés, les textes surgissent dans les compositions à intervalles irréguliers : le plus souvent entre un sample et une odyssée instrumentale. Les riffs sont lourds, pesants et puis, tout à coup, les éclaircies festives s’offrent le luxe d’une clôture jouissive. Ailleurs, des hurlements démentiels crispent nos encablures nerveuses. La crise passée, les envolées de guitares nous emmènent sous d’autres cieux. Moins nerveux, presque heureux de vivre, nous percevons alors le bout du « Miracle ». « ...So That’s The Miracle Of Life... » demeure un album concept de premier ordre. Et c’est déjà tout un programme...

David Kitt

The Black and Red Notebook

David Kitt est sans doute un des songwriters anglais les plus mésestimé de ces dernières années : « Small Moments » et « The Big Romance », ses deux premiers albums (2000 et 2001), contiennent pourtant de splendides morceaux folk, à la lisière d’autres genres aussi féconds que l’électro, le kraut rock et la new wave. Passé tout aussi inaperçu, « Square 1 », sorti il y a un an et demi, déblayait encore plus ce terrain mouvementé et fertile : décidément David Kitt appartenait bien à la classe des meilleurs, mais le sort voulut qu’il resterait dans l’ombre, à éviter les coups de soleil médiatiques. Après avoir commis cet opus, la situation ne changera sans doute guère ; en fait une compilation de reprises (exception faite d’« All Night Long » - rien à voir avec Lionel Richie)… Bref un disque de récré qui plaira d’abord aux fans, mais qui pour les autres peut servir de tremplin. Parce qu’il contient tout l’univers de Kitt (l’acoustique introspective, le beat minimaliste, la transe vaporeuse), mais pour la circonstance au service de covers : « Magnolia » de J.J. Cale (de « Naturally », « le disque préféré » de Kitt), « Teenage Riot » de Sonic Youth (où l’on retrouve la furie live de David Kitt), « Dancing in the Moonlight » de Thin Lizzy, « Pressure Drop » de Toots & the Maytals,… Mais quand donc David Kitt sera-t-il reconnu à sa juste valeur ? La patience est une vertu, et comme le disait Beverly Sills : ‘Aux vrais sommets, nul raccourci’.

Miss Kittin

Radio Caroline Volume 1

Miss Kittin s'est fait connaître il y a deux ans, en commettant le fameux " Frank Sinatra ", une ritournelle amusante très vite devenue le premier hymne (avec " Emerge " de Fischerspooner) de la nouvelle scène glam electroklash. Depuis, on l'a vu aux côtés de Sven Väth, de Golden Boy, de Detroit Grand Pubahs et de Felix da Housecat… et un peu partout derrière les platines. L'une des seules DJ-starlettes de France, et forcément l'un des seuls sex-symbols de la scène électro mondiale, se devait donc un jour de passer par la case de l'album mixé. De quoi montrer aux indécis, s'il en reste, qu'elle en a vraiment dans la culotte. Après " Miss Kittin on the road " (passé inaperçu), la Grenobloise nous revient avec ce mix touchant et personnel, espèce de journal intime et de 'best of' maison des morceaux qui l'ont marquée et influencée. " This is Radio Caroline. This is my life ", introduit-elle avant de balancer la sauce, en référence à la première radio pirate britannique apparue en 1964 ; et parce que derrière le pseudonyme se cache une jeune femme répondant au prénom de Caroline, qui n'hésitera pas, durant tout le mix, à ponctuer ses morceaux choisis de commentaires sur sa vie, son œuvre, sa passion (la musique, le Djing). " Every record is a soundtrack of my life ", explique-t-elle en anglais francisé, de sa voix mutine et inimitable. " A place, a friend, an emotion, a form, a flavour, a journey, a day, a colour, a noise, anything… even without words ". De ces disques qui ont rythmé sa vie, et peut-être désormais la nôtre, on retiendra l'éclectisme : valeurs sûres (Marshall Jefferson, Blaze), têtes chercheuses (Autechre, Pan Sonic, Delarosa & Asora), dub, trip hop, techno, electronica,… La sélection est impeccable et a le mérite d'éviter le surplace et les redites, de privilégier les découvertes et les contrastes, de proposer un panel intéressant de ce qui compte aujourd'hui en musique électronique. A l'image, finalement, de ces mixes en clubs, toujours différents et s'interdisant tout purisme.

Limp Bizkit

Chocolate starfish and the hot dog flavored water

Écrit par

Sacré phénomène que Limp Bizkit ! Mais ne rêvons pas, en continuant à pratiquer ce type de musique, Durst et sa bande finiront un jour ou l'autre par lasser. Attendus au tournant, nos gaillards ont donc joué la carte de la sécurité en parsemant ça et là ce "Chocolate…" de titres bien pêchus. Mais là où Korn assume et assimile une certaine influence de la musique des années 80', Limp Bizkit fait quelques faux pas et tombe même dans une espèce de plagiat mielleux de ritournelles que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. C'est peut-être la raison pour laquelle la majorité du public de Limp n'y voit que du feu. En supprimant ces titres honteux, nous tiendrions là un disque dont la densité aurait pu être aussi déterminante dans l'évolution d'un genre, auquel Rage Against The Machine a tant donné…

 

Kittie

Spit

Du pornocore pur et dur pour ce quartette de nanas canadien qui fait plus de bruit que Babes In Toyland, tout en se réclamant de Limp Bizkit, Korn et de Coal Chamber. Mais là où le trio féminin de Minneapolis manie l'humour avec une auto dérision préméditée, Kittie se contente de déblatérer sur le sexe. Ou le cul, si vous préférez. Si à premier abord, la démarche peut paraître marrante, après trois morceaux, on commence franchement à se lasser. Et pas seulement à cause des lyrics. Leur musique se révélant lourde, très lourde, aussi lourde qu'un garanti sans viande qu'on avale par nécessité, non pas culinaire mais alimentaire, lors d'un festival...