Malgré son patronyme fort curieux, le Super 300 est un groupe local yankee qui tient la route. Comme il en existe une multitude aux States. Un quartet réunissant d’excellents musiciens, même si ce ne sont pas des premiers rôles sur leur instrument. Apparemment, le leader s’appelle Jerry Feldman ; c’est aussi le guitariste. Il a d’ailleurs a écrit 7 des onze plages de l'album. Le chanteur/harmoniciste Brad Radis est l'autre personnalité du band. En fait, il y a déjà quarante ans qu'il côtoie Feldman. Ensemble, ils ont soutenu des artistes comme Shakey Jake Harris, Jimmy Witherspoon et Jimmy Reed. Le line up est complété par le bassiste Allan Hearn et le drummer Jim Snodgrass. Ce combo est drivé par les deux leaders depuis 18 ans. En 2005, la formation avait publié un premier opus, intitulé "West Coast boogie".
Nous sommes en Californie. Et on s’en rend compte dès les premières mesures d’"I'm not wild about that". Nous sommes même plongés dans le west coast jump. Feldman est un guitariste très versatile. Son compère Brad souffle puissamment dans son modeste instrument. "Five two blues" est bercé de swing. A cause de la présence de Mr Paul Tuvman, invité au piano. L'intro d’"I'd rather drink muddy water", une compo qui figure au répertoire de BB King, ne libère que les notes nécessaires, mais elles sont chargées d’une extrême sensibilité. Faut dire que Jerry est un sixcordiste au jeu subtil, susceptible de se frotter au jazz. La voix de Brad est un peu rugueuse, âpre, et ne colle pas toujours à tous les styles ; par contre, son intervention sur l'instrument chromatique est pertinente. De bonne facture, "Boogie woogie feelin" est une plage dont le tempo est imprimé par le drummer, Jim Snodgrass. Le "Lollipop mama" de Roy Brown s’attarde dans le jump, un morceau au cours duquel les cordes de Feldman s’intègrent à la perfection (NDR : Roy Brown était un chanteur de R&B issu de la Nouvelle Orléans ; il était aussi notoire dans l’univers du jump blues!) La lecture du "T-Bone shuffle" de T-Bone Walker poursuit dans le même style. Super 300 souffre cependant de l’absence d’un vocaliste performant. Radis n'est pas un chanteur médiocre, mais il n’a guère de charisme. Lors de la reprise du "Two-headed woman" de Willie Dixon, la section rythmique sur lequel la section rythmique manque de caractère. A contrario des deux solistes qui tirent parfaitement leur épingle du jeu. Un instrumental : "West Coast '51". Et l’elpee s’achève, à nouveau dans le jump, lors d’un "Just right of center", caractérisé par la réplique de tous les musiciens et au cours duquel on retrouve Tuvman.