La révolte de Bagdad Rodeo...

Le premier single extrait de « Quatre - L'album sans Fin - Part 1 », le nouvel album de Bagdad Rodéo, « Révolution Vendetta », nous plonge dans les racines du groupe, de son combat, celui de la liberté à tout prix et de l'esprit critique qui font de Bagdad…

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Peter Hammill

Incoherence

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En tenant compte de sa carrière solo, l’instrumental “Sonix”, ses projets ‘live’ et ses aventures vécues au sein des différents Vander Graaf Generator, « Incoherence » constitue le 49ème album de Peter Hammill. Excusez du peu ! Pour enregistrer ce nouvel opus (NDR : son 36ème en solitaire), Peter a uniquement reçu le concours de ses complices Stuart Gordon (NDR : au violon) et de David Jackson (NDR : aux saxophones et flûtes). Pas de drums. Hammill se chargeant des parties de guitare et des claviers en plus des vocaux. Bien que recensant 14 fragments, « Incoherence » n’est en fait qu’un seul titre dont le thème traite des difficultés de communication. On retombe ici dans le domaine du concept album. Comme à l’époque de « Pawn Hearts » du Vander Graaf Generator. On y retrouve même ces lignes instrumentales hypnotiques, en boucle, qui se superposent, s’évanouissent, avant de renaître du néant après une brisure de rythme. Et puis le registre vocal ample, théâtral, expressionniste de Peter. Pas de commentaire supplémentaire, la musique intemporelle de Peter parle d’elle-même. Si vous appréciez son oeuvre, vous ne serez pas déçus. Pour votre info, sachez que le chanteur/compositeur/musicien a été victime d’une attaque cardiaque le 7 décembre dernier. Hospitalisé, il a depuis récupéré. Mais il est vrai qu’à l’âge de 55 ans, il a aussi celui de ses artères. Infatigable bosseur, il va devoir apprendre à se ménager.

Peter Hammill

The Margin + live

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Réédition (NDR: of course, remasterisée pour la circonstance ; mais par Peter lui-même) du double elpee 'live' " The Margin ", paru en 1985 (NDR : le titre " The second hand " figure sur le deuxième compact disc, mais sous une version différente). Cette œuvre offre un concentré époustouflant du talent insolent de ce 'magnificent loser' ; et propose la synthèse d'un itinéraire exemplaire qui court alors sur quinze années. En vingt et un fragments, pas douze. Puisque la deuxième plaque réunit des versions inédites enregistrées également en public, à la même époque, et sous le même line up. Seule différence, les plages sont en général plus urgentes et agressives. Pas de production gonflée, de soumission aux standards sonores de la FM, de recours aux synthés et boîtes à rythmes, mais un son parfait : musique lancinante de dépouillement qu'Hammill propose dans les combinaisons d'instruments qui lui sont habituellement propres. En virtuose du déroutement, le K Group l'encadre avec une remarquable souplesse. On y retrouve la section rythmique du défunt Vandergraaf Generator : Guy Evans et Nic Potter ainsi que l'ex Vibrator John Ellis à la guitare. Hammill assure évidemment les parties de piano et joue aussi de plusieurs guitares. Mais la caractéristique principale reste avant tout la voix écorchée de cet artiste hors pair. Les morceaux proviennent en partie des albums solos de Peter : " A black box " et " Sitting targets ", mais le K Group s'est laissé aller à des improvisations et à de nouvelles compositions. La recette reste la même : l'ardeur du chant, les ruptures de rythmes, l'austérité de certains passages. Le poète mutant de la rock music fermait ici un parcours jalonné de seize elpees, désormais attachés à la composition d'un opéra inspiré de l'œuvre d'Edgar-Alan Poe…

 

Peter Hammill

The thin man sings ballads

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Comme Peter Hammill le précise au sein du booklet, cette compile n'est pas représentative de son œuvre. Elle réunit tout simplement douze ballades que l'artiste de Bath a écrites entre 82 et aujourd'hui. Douze fragments parus sur 9 de ses derniers albums, donc chez le label Fie. Douze plages qui dévoilent une seule des facettes de l'artiste : le romantisme. Car il en possède une multitude. Pas pour rien qu'il est considéré comme un des artistes les plus alternatifs de la musique progressive. En outre, lorsqu'on sait que Hammill a gravé, à ce jour, plus de 30 elpees (si on cumule ceux en solo et en compagnie du Vandergraaf Generator), on comprend mieux sa mise en garde ; d'autant plus qu'hormis " Fool's mate " (NDR : son tout premier !), " Fireships " et " Everyone you hold ", les ballades ne sont pas légion. Deux titres de chacun des deux derniers opus cités ont d'ailleurs été retenus. Pas du premier, puisqu'il remonte à 1972. Une entreprise un peu trop limitée dans le temps à mon goût, mais pas désagréable à écouter. Surtout pour celles ou ceux qui ne connaîtraient pas Peter. Les compositions ont inévitablement été remasterisées, et certaines d'entre elles carrément remixées. Soit par l'incorporation des voix soprano de ses filles, soit par le violon ou les arrangements de cordes de Stuart Gordon…

 

Peter Hammill

What, now?

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Si on tient compte des albums commis en compagnie du Vandergraaf Generator et ceux enregistrés en solitaire, Peter Hammill doit aujourd'hui être à la tête d'une bonne quarantaine d'albums. Et croyez-moi, nonobstant les 53 piges qu'il fêtera ce mois de novembre, il n'est pas prêt de mettre fin à sa carrière. D'ailleurs " What, now ? ", son nouvel opus, en est la plus belle démonstration. Hormis le concours épisodique de ses fidèles collaborateurs, c'est à dire le violoniste/violoncelliste Stuart Gordon, le saxophoniste/flûtiste Dave Jackson et le drummer Manny Elias, Peter a pratiquement joué à l'homme orchestre. Y compris la production.

Découpé en huit fragments, cette œuvre baigne, vous vous en doutez, dans la musique progressive. Mais une musique progressive plus contemporaine, dont il a redéfini les contours depuis " The Noise ". C'est à dire davantage focalisée sur les guitares. Ce qui ne l'empêche pas, avec son habileté toute diabolique, de nous replonger épisodiquement dans son chaos sonore. Un chaos sonore organisé, structuré, où se mêlent électricité folle ou frémissante, arrangements symphoniques, accords de piano profonds ou synthétiques, cuivres jazzyfiants, rythmes répétitifs, hypnotiques ou débridés et violon tsigane. Parfois on se croirait même revenu à la belle époque du VDGG ! Mais ce disque laisse aussi une grande place à la mélodie et à la tendresse. Et de sa voix tour à tour séduisante, écorchée ou sauvage, il donne véritablement une âme à ses chansons. Peter nous a quand même réservé un fragment plus expérimental : " Fed to the wolves ". Semi psychédélique, il est digne des exercices menés par Eno et Fripp sur l'elpee " No pussyfootin' ". Seule la voix nous rappelle qu'il s'agit bien d'une composition de Peter Hammill. A ce titre, cet artiste anglais mérite toujours bien son statut de culte intemporel !

 

Peter Hammill

This

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Quarantième album pour Peter Hammill ! Et à notre humble avis, au vu de la forme qu’il affiche, il n’est pas près de raccrocher. Pourtant, il faut reconnaître que depuis " The noise ", commis en 1993, Peter regarde davantage dans le rétroviseur que vers le futur. On avait déjà pu la constater lors de la sortie de " Roaring forties ", en 94, de " X my heart ", en 96 et d’  " Everyone you hold " en 97.

" This " nous replonge, pour une bonne moitié de l’œuvre, dans le chaos organisé, complexe, envoûtant, à la limite de l’obsessionnel, cher à Vandergraaf Generator. Et on pense ici plus particulièrement à " H to he am the only one ", à " Goldbluff ", mais surtout au chef d’œuvre " Pawn hearts ". Pas étonnant, lorsqu’on sait que son inséparable pote, David Jackson, au saxophone et à la flûte, et puis Stuart Gordon au violon et au violoncelle ont participé activement à l’enregistrement de cet opus, Manny Elis n’apportant sa contribution aux drums et aux percussions que sur quatre morceaux. Peter assure donc tout le reste, y compris le chant et la production. Une fameuse performance, au vu de la richesse de ce disque, qui ne se contente heureusement pas d’exhumer une seule période de son passé alternatif. " Since the kids ", par exemple, est sculpté dans un piano angoissant, souligné de chœurs angéliques, comme à l’époque de " Chameleon in the shadows of the night ", alors que transpercé par le violon tzigane, non pas de Graham Smith, mais de Stuart, " Nightmare " réveille les angoisses éprouvées sur " Over ". En outre, Peter, s’aventure à nouveau dans la recherche technologique. Hybridité âprement électrique d’ " Always is next ", et puis en final une symphonie contemporaine de plus de 14 minutes, sorte de prolongement ambiant entamé en 1980, sur Black Box, et développé quelques années plus tard, mais à leur manière, par Fripp et Eno…

 

Peter Hammill

Collected

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Compilation très sélective pour l'ex-leader du Vander Graaf Generator, puisque dix des treize titres qui composent l'album couvrent une période qui s'étale de 1992 à 1996. C'est à dire, à partir du moment où Peter s'est décidé à enregistrer sur son propre label, "Fie". Les trois autres compositions relèvent d' "Enter K" (82) et de "Patience" (83), disques pour lesquels l'artiste a racheté les droits d'auteur. Un recueil qui ne permet cependant pas de se faire une idée précise de son œuvre, parce qu'elle n'embrasse qu'un bon quart de sa discographie, entamée, faut-il le rappeler, en 1968...

 

Peter Hammill

X my heart

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Artiste intemporel par excellence, vierge de toute prostitution dans le créneau dit "commercial", Peter Hammill nous propose un nouvel épisode de ses aventures dans la musique progressive. Le vingt-quatrième ou le vingt-cinquième, nous ne savons plus très bien. Mais le plus remarquable, c'est qu'à l'aube de ses trente années de carrière, il parvient encore à explorer de nouveaux horizons sonores... Nous connaissions sa maîtrise de l'overdubbing dans le domaine des harmonies vocales. Elles ont toujours permis à Peter d'utiliser toute l'étendue de son registre et ainsi de multiplier les voix à l'infini. Souvent la sienne. Il vient de pousser le bouchon un peu plus loin. En intro de cet opus. Sur la version a capella de "A better time". Un travail d'orfèvre qui se mue en mouvement pour polyphonie vocale. Des chœurs qu'il met au service de sa propre voix. Deuxième type d'expérimentation, la collaboration d'un quatuor à cordes. Pas nouveau, vous nous rétorquerez. Exact! Mais si en final il affronte cet orchestre uniquement de son chant, d'une manière pure, tendre, romantique; à plusieurs reprises, il s'en sert pour enrichir la texture de sa musique. Et dans ce domaine, il a pu compter sur le précieux concours de son violoniste, Stuart Gordon. Et puis de l'ex VDGG, Dave Jackson. C'est vrai qu'en studio, Peter a toujours pu compter sur son vieux pote. Mais pour la première fois depuis bien longtemps, Dave apporte une collaboration beaucoup plus active aux cuivres. Notamment sur ce "Narcissus (bar & grill)". Le point d'orgue du CD. Titre hypnotique, obsessionnel, envoûtant, fondamentalement underground, qui aurait tout aussi bien pu figurer sur le célèbre "Pawn Hearts" de Van der Graaf Generator. Maintenant, ne vous attendez pas non plus à un album exclusivement expérimental. Peter y réserve également une part importante d'émotion. Et ses interventions vibrantes, intenses, au piano, conjuguées à son timbre vocal fragile, profond, déchirant n'y sont bien sûr pas étrangers...

 

Peter Hammill

There Goes The Daylight

1993 a donc marqué le retour de Peter Hammill aux valeurs fondamentalement du rock. Sur son album, et puis lors de sa dernière tournée, il a ainsi colporté sa propre version de la noisy. On se souvient même du concert époustouflant accordé en mai dernier au Botanique. Faut croire qu'en d'autres circonstances, il s'est montré encore plus brillant, puisque de ce périple à travers l'Europe, c'est finalement le concert dispensé au ‘Grand’ de Londres, le 29 avril dernier qui a été retenu pour alimenter ce ‘live’. Un set qui s'ouvre par "Sci Finance (revisited)" sur un tempo ‘reedien’ avant de revenir à un style plus sismique, voire même progressif dans la lignée de "Sitting Targets" ou de "Margin". Une constante cependant, les guitares acérées, lapidaires, les remous de basse, les éclairs de violon jazzyfiants et puis cette voix écorchée, unique, capable de déchirer votre âme. Peter a encore tapé dans l'Hammill !...

 

Peter Hammill

Roaring Forties

Il nous avait pourtant déclaré, l'an dernier, avoir mis un terme aux aventures de Vander Graaf Generator, et vouloir conjuguer sa musique à tous les temps du présent et même du futur. Son album "The Noise" constituait d'ailleurs un formidable acte de foi (NDR: de foi ou d'espérance?). Sur la forme, il a tenu parole. Mais sur le fond, il vient purement et simplement de la renier. Ce n'est pas un reproche, mais une constatation. Car ce "Roaring Forties" nous replonge dans le climat conceptuel de "Pawn Hearts" ou de "The Future Now". On y retrouve par exemple une composition de près de vingt minutes découpée en sept mouvements, "A headlong stretch", et deux autres qui oscillent autour des neuf minutes. L'ex-saxophoniste du VDGG, David Jackson et l'ex-violoniste du VDG (cherchez la nuance!) jouent ici un rôle beaucoup plus conséquent, par rapport au statut d'invité, auquel ils étaient confinés depuis plusieurs années. Ce qui confère à cette œuvre une richesse sonore fascinante, complexe, pour ne pas dire progressive (!). Et lorsque la solution de "The gift on fire" est aspirée dans un tourbillon d'orgue hammond sauvage (G: ce n'est pas Hugh? B: Non, Simon Clarke!), le spectre de "H to he who am the only one" nous traverse l'esprit. Deux fragments font paradoxalement référence aux Beatles et aux Stones. Aux Fab Four, d'abord. Bien qu'adapté à un format symphonique "Sharply Unclear" échafaude une structure de cordes de guitare par paliers, réminiscente d'"I want you". Tandis que "You can't want what you always get" est une allusion à peine voilée au tube de la bande à Jagger/Richards...

 

Peter Hammill

Offensichtlich Goldfisch

En parfait polyglotte, Peter Hammill s'est donc laissé tenter par la traduction d'une de ses œuvres. Nous pensions sincèrement qu'il aurait opté pour la langue de Voltaire. Parce qu'il séjourne régulièrement outre-Quiévrain. Et puis parce qu'il s'exprime très bien dans cette langue. Contre toute attente, Peter a opté pour celle de Goethe. Un choix qui s'explique probablement par la situation géographique de son relais de distribution qui, si vous l'ignorez encore, est établi en Allemagne. Sans quoi, cet "Offensichtlich Goldfisch" reproduit intégralement le contenu musical de son dernier album "The Noise". Mais l'interprétation paraît encore plus âpre, plus impénétrable. A notre humble avis, au vu de la richesse et du caractère contemporain des textes, cette version pourrait facilement servir de base à un travail scolaire...

 

Peter Hammill

Loops & Reels

Tout comme Robert Fripp et Brian Eno, Peter Hammill a mené fin des seventies, début des eighties des expérimentations sur les collages et les boucles à l'aide d'enregistreurs à bandes. Des travaux qui ont en quelque sorte préfiguré la technique du sampling. "Loops & Reels" réunit sept de ces applications effectuées entre 79 et 83, sept fragments qui avaient fait, à l'époque, l'objet d'une cassette devenue aujourd'hui quasi introuvable. Deux titres avaient cependant servi de support musical à une chorégraphie de Nikolas Dixon, ("My Pulse" et "In Slow Time"), alors que le titre maître avait figuré sur la compilation "Music & Rhythm" enregistrée au profit du WOMAD.

 

Peter Hammill

J'ai été frappé par la force de la musique...

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Dernier ambassadeur du grand ordre des excentriques anglais (auquel appartiennent, en outre, Syd Barrett, Nick Drake et Kevin Ayers), Peter Hammill n'a toujours que très peu de notoriété publique. Pourtant, ce musicien complet, ce chanteur exceptionnel, ce poète compositeur prolifique occupe depuis plus de vingt ans une position clef dans le panthéon de l'histoire du rock. Pensez donc, des artistes comme Bowie, Johnny Rotten ou même Robert Smith se sont réclamés de lui. C'est vrai que Peter, aussi bien en compagnie du Vander Graaf Generator qu'en solitaire, n'a jamais rien fait comme les autres. Et c'est probablement parce qu'il n'a jamais voulu faire la moindre concession aux temps et aux modes, qu'il a obtenu ce statut de culte. En 1993, il nous propose même, tout au long de son dernier album "The Noise", sa version du noisy! Rencontre avec ce personnage fascinant pour un entretien très riche, très profond. Un entretien auquel l'artiste s'est plié avec beaucoup de gentillesse et de simplicité. Un entretien qu'il nous accordé en français. C'est si rare et épatant qu'il faut le souligner!

En intitulant ton album "The Noise", n'as-tu pas voulu donner une nouvelle version à la 'noisy'?

Le Vandergraaf Generator consommait déjà la 'noisy' voici plus de vingt années, mais en y injectant une force positive. "The Noise" produit un bon bruit, celui de la force fondamentale du rock. A 44 piges, je pense avoir conservé l'esprit et l'âme d'un gars de 20 ans. J'aime changer régulièrement de style, et aujourd'hui, je reviens à la 'noisy' pure et dure, comme je ne l'avais plus pratiquée depuis une décennie; et tu vas pouvoir t'en rendre compte lors du concert!

N'envisages-tu pas un jour de reconstituer le VDGG?

Non, c'est de l'histoire ancienne! J'ai définitivement tourné la page. Je déteste les réunions nostalgiques destinées à exploiter la gloire du passé. Ce qui ne nous empêche pas de nous rencontrer, et de rester tous très amis. Mais pour une reformation, c'est non!

Dave Jackson joue quand même sur ton disque!

Oui, mais plus sur scène. Il est venu nous voir jouer à Londres, mais la scène ne l'intéresse plus. Il travaille dans un complexe d'art à l'extérieur de Londres. Il se consacre à la rééducation des handicapés par la musique. Guy est impliqué, dans un projet pédagogique plus ou moins similaire, mais à Londres. Quant à Hugh, il est toujours passionné par les claviers... Sur scène, c'est autre chose. C'est une expérience chaque fois unique, comme chez ce groupe en compagnie duquel je compte encore collaborer pendant une bonne année.

Tu préfères jouer seul, flanqué d'un piano ou d'une guitare, ou encore soutenu par un backing band ?

Les deux formules sont aussi intéressantes, et je les apprécie tout autant. J'aime expérimenter toutes les facettes de l'interprétation. A l'instar de l'enregistrement ou du 'live'. En solo, l'expression repose sur la voix. Elle peut flotter sur la musique... Mais la force d'un groupe, et particulièrement celle de celui-ci dans sa capacité d'improvisation. Car aucune partition n'est écrite, et chacun peut épancher sa propre sensibilité. Mais ce n'est possible que si l'ensemble est véritablement soudé!

Est-il exact que tu prépares un spectacle à Lille, en compagnie d'un orchestre philharmonique?

Oui! Et j'espère qu'il pourra se concrétiser. Le projet n'est encore qu'à ses balbutiements. J'ai rencontré le chef d'orchestre. Nous en avons débattu dans les grandes lignes. Il pourra peut-être voir le jour l'an prochain. Mais je ne souhaite pas m'étendre davantage sur ce sujet, car tout est encore à faire...

Pourquoi es-tu devenu musicien et pas écrivain?

Parce que j'ai été frappé par la force de la musique! Ecrire un bouquin prend beaucoup de temps. Tu ne vois pas la réponse du lecteur. C'est ingrat! Dans la musique, la réaction est immédiate. En public, bien sûr, mais également lors d'un enregistrement, où tu parviens à te surprendre toi-même...

Qu'est ce que l''Amour' pour Peter Hammill?

Le moteur de la vie! Personnellement, je le partage avec ma famille, mon épouse, mes filles...

Est-ce que la mort constitue pour toi, la fin de l'existence ou le début d'une nouvelle vie? Crois-tu à la réincarnation?

Je suis agnostique (NDR: personne qui professe que ce qui n'est pas expérimental est inconnaissable et, notamment, n'a pas d'opinion sur la religion), pas athée. Je ne suis pas un philosophe, mais je crois à un temps liquide qui me permet d'observer ma propre vie. Dans le temps présent, elle va du point A, la naissance, vers le point B, la mort. Dans le temps liquide, les deux points sont déjà ensemble. La réincarnation ne concerne que le temps présent. Elle peut se produire dans un animal ou une autre personne, mais n'est pas systématique. Je ne crois pas non plus à la réincarnation par paliers qui permet de perdre ou de gagner une vie meilleure ou moins bonne... Toutes les vies présentes sont probablement des réincarnations...

Te considères-tu comme un artiste marginal ou intemporel?

Je n'ai jamais voulu composer une musique difficile, mais intelligente et personnalisée. D'autre part, j'ai toujours voulu explorer des styles différents. Et puis, j'accorde une énorme importance à la richesse de la musique et au message qu'elle doit véhiculer. C'est peut-être la raison pour laquelle elle semble parfois complexe. C'est vrai qu'aujourd'hui une telle attitude se fait de plus en plus rare. Trop d'artistes suivent des règles préétablies par l'industrie du business. En ce qui me concerne, j'ai toujours voulu demeurer imprévisible. C'est dans ma nature! C'est sans doute pourquoi je suis encore un peu marginal, un peu intemporel. Mais je ne suis pas responsable de cette situation; la faute incombe aux autres. Et je déclare ceci sans la moindre manifestation d'égoïsme!

Penses-tu que l'argent est la source principale de l'égoïsme?

Je ne le pense pas. L'argent est une manière de le démontrer. Tu peux t'isoler sur une île du Pacifique, en ne vivant que de noix de coco, et encore faire preuve d'égoïsme. L'égoïsme est un problème psychologique. Il n'est pas seulement dû au matérialisme, il illustre une extériorisation de l'individu.

Dans ton œuvre, les thèmes de la mer, de l'océan et de la solitude reviennent régulièrement à la surface. Constituent-ils les symptômes d'une angoisse ou la recherche de l'infini?

La mer, l'océan, représentent des symboles. Mais la solitude, l'identité, la spiritualité sont des sujets auxquels j'accorde beaucoup d'importance. Ces thèmes, je les ai développés différemment au cours de ma carrière. Il y a vingt ans, mon écriture était plutôt intolérante, égocentrique. Je jugeais tout en noir et blanc. Aujourd'hui, ma vision du monde est plutôt grise. Au lieu de m'étendre sur mes angoisses avec mélancolie, je pose des questions comme un auteur, comme un romancier, sans nécessairement y répondre. Il est d'ailleurs possible de traiter ces sujets sous d'autres formes d'art. Disons que je tente de soulever des interrogations qui peuvent intéresser tout le monde, et pas exclusivement ma propre personne.

Comme dans ta chanson "The Great European Store" où tu sembles très ironique au sujet de la construction de l'Europe?

Je crois à l'Europe, mais en même temps, j'estime qu'il est indispensable de préserver les identités des pays et des régions du Vieux Continent. Je ne veux pas de  cette Europe standardisée, peuplée des mêmes magasins, affichant les mêmes produits de consommation, de cette image de l'Europe planifiée. Ce qui ne veut pas dire que je partage le point de vue de certains Britanniques qui s'opposent à l'entrée de mon pays dans l'Europe. Tu pourrais, c'est vrai, interpréter la chanson ainsi. Je crois à l'Europe, et en même temps sa construction me fait un peu peur. Je voyage depuis plus de vingt ans, et j'ai constaté une métamorphose des villes. Lorsque je me réveille, le matin à l'hôtel, je ne sais plus exactement où je suis. L'environnement est identique; et ce n'est que lorsque tu manipules de l'argent que tu parviens à te localiser sur la carte. Pourtant, l'avenir appartient à l'Europe... Malgré les difficultés et les coûts inhérents au traité de Maastricht, l'Europe peut continuer sans l'Angleterre, mais l'Angleterre sans l'Europe?...

Tu as fondé ton propre label, "FIE Records". N'est-ce pas plus difficile de voir sa production distribuée par plusieurs relais indépendants (NDLR: Rough Trade en Belgique et New Rose en France), plutôt que par un major?

J'ai relevé de Virgin pendant de nombreuses années, puis j'ai fait un bref intermède chez Enigma (NDR: label californien distribué chez nous par EMI), et je me suis  rendu compte que nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes pour le marketing. En fait la promo était insuffisante, si pas nulle. Aussi, comme j'avais acquis suffisamment d'expérience dans ce domaine, j'ai décidé de gérer mes propres affaires. De l'enregistrement à la promotion, en passant par la pochette... Bien sûr, c'est un peu plus de boulot, mais je pense ne pas trop mal me débrouiller. Et puis, si ce n'est pas parfait, ce sera toujours mieux qu'une grosse maison de disques qui ne fait rien pour vendre mes albums. Enfin, le label est un peu un pari sur l'avenir. C'est un choix adulte, et j'en tire une certaine satisfaction personnelle.

Quel sentiment éprouves-tu vis à vis de 'Virgin' aujourd'hui?

J'entretiens de bonnes relations avec 'Virgin', car il gère les droits de tous les disques de 'Charisma'. Il a reproduit mon catalogue et celui du Vandergraaf sur CD, avec beaucoup de bonheur. Conclusion, je perçois des royalties de 'Virgin'. Pas des sommes folles, mais une sorte de petite rente (rires). Et ce n'est pas négligeable! Je ne me suis pas disputé avec eux, mais je dois reconnaître qu'aujourd'hui, ce label est devenu un grand complexe industriel, une part de marché d'EMI, chez qui la rentabilité prend le pas sur la créativité...

A propos de 'Charisma', que sont devenus Alan Hull et Rod Clements de Lindisfarne. Les musiciens d'Audience et de Capability Brown?

J'ai rencontré le guitariste d'Audience aux Etats-Unis, voici dix ans. Lindisfarne donne encore des concerts, mais seulement à Newcastle. Capability Brown? Je ne sais pas! Mais je dois avouer que je fréquente très peu le monde des musiciens. J'habite à Bath, pas à Londres, et la plupart de mes amis ne sont pas musiciens. A l'exception de ceux avec qui je travaille. Mais la vie fermée de ce monde où l'on ne parle que de musique, de tournées, etc. ne m'intéresse pas du tout!

Peter Gabriel est toujours ton ami?

Oui, mais nous nous rencontrons très peu. En fait, nous sommes issus du même mouvement progressif, reconnaissons des influences similaires, et vivons à Bath. Nos succès sont différents. Nous ne nous voyons qu'une ou deux fois par an. J'ai chanté sur "Us", son dernier album. Nous sommes amis, mais pas trop proches...

Version originale de l'interview parue dans le n° 14 (juin 1993) du magazine MOFO