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The Flaming Lips

God Bless The Flaming Lips

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Concertzaal du Vooruit, un dimanche soir. La soirée affiche 'complet'. Quelques promo boys tendent aux arrivants des singles gratuits de « Roscoe ». Le groupe Midlake, auteur de ce titre et d'un nouvel album intitulé « The Trials Of Van Occupanther », va bientôt entrer en scène. Leurs vidéos à l'esprit bricoleur et mélancolique sont prêtes à tourner et le groupe fait son entrée sur scène.

Pas facile d'ouvrir pour les Flaming Lips, mais ils s'en sortent bien. La scène est plongée dans l'obscurité. Les 5 membres du groupe sont quasi invisibles devant l'écran vidéo qui conte des histoires d'amours contrariées. Beaucoup de claviers aux sons aériens, un batteur simple mais efficace pour illustrer de longues plages pop psychédéliques plutôt belles, clairement influencées par les maîtres d'Oklahoma City, à qui Midlake dédiera un titre tandis que Wayne Coyne apprécie l'hommage en bord de scène. Le son en salle manque un peu de précision. Après une heure placée sous le calme et la contemplation, Midlake remercie le public pour son accueil chaleureux et quitte la scène. Bonne prestation, mais dommage que le groupe n'ait pas un peu plus de présence scénique.

La voie est libre pour les Flaming Lips. Ils arrivent pour placer leur complexe équipement musical et para-musical qui va transformer la soirée en dessin animé Walt Disney sous acides. Wayne Coyne, fringué classe dans costume beige, s'amuse à tester la caméra placée sur son micro, une caméra qui crée des images étranges sur l'écran derrière la scène. Il a l'air plutôt content d'être présent et adresse de grands signes au public.

Le concert s'ouvre par un instrumental. Wayne Coyne opère son entrée avec ses mains géantes tandis que l'écran vomit des images psychédéliques et multicolores qui nous rappellent que « Our life is a short blimp in an infinity of time and space ». Les ballons et les confettis envahissent le Vooruit et on a tous l'impression de retomber en enfance, le sourire aux lèvres. Les magnifiques cordes de « Race for the Prize » suivent, tandis que Wayne Coyne fait virevolter une lampe au-dessus de sa tête entre deux couplets.

Et entre les morceaux, il présente le groupe d'aliens et de santa claus postés aux deux côtés de la scène. Ils se livreront une bataille cosmique sur l'instrumental « Yoshimi ». Alors que Superwoman prend des photos, les classiques du groupe se succèdent, magnifiés par la scène et joués avec une énergie incroyable par un groupe qui existe depuis 1983 ( !). Quelques titres du tout neuf « At War With The Mystics » sont également interprétés aussi, mais « The Soft Bulletin » et « Yoshimi… » se taillent la part du lion. Quel que soit le morceau, la magie est omniprésente. Wayne Coyne demande au public de chanter son « She don't Use Jelly », joue avec ses marionnettes et invite les couples à faire leurs demandes de mariage : « Tom wil je met mij trouwen ? ». Il fait exploser des ballons gigantesques au milieu d'un jeu de lumière qui transforme la scène en enfer blanc stroboscopique. Le public participe à la fête et manifeste son approbation. Après quelques rappels et une reprise de Black Sabbath où Wayne Coyne tient à faire savoir au combien il pense que George Bush est un imbécile, le rideau tombe. Une heure et demie de pur plaisir qu'on n'oubliera pas de sitôt.

The Flaming Lips

Un spectacle dantesque...

Imaginez la fête : des ballons géants pleins la salle, une horde d'hurluberlus déguisés en animaux faisant les marioles sur scène, des confettis, un écran géant sur lequel sont diffusées des images surréalistes, des robots, du sang coagulé, des flashes psychédéliques,… Et puis, au milieu de ce bordel incroyable, un groupe sensationnel, maître de cérémonie d'une soirée fantasque et inoubliable : The Flaming Lips. Sans doute l'un des groupes les plus importants de ces dernières années, aux deux derniers albums impeccables (« The Soft Bulletin » et « Yoshimi Battles The Pink Robots ») et à la folie plus que douce. En intro, « Carmina Burana » fouette notre sang : ce concert – plutôt un spectacle – sera dantesque. « Hello, tonight your life will change forever » : d'entrée, Wayne Coyne met les points sur les i. Dès que jaillissent les premières notes de « Race For The Prize », on le croit : le son est énorme, les images faramineuses, l'ambiance déjà torride. Les ballons ne cesseront de voler pendant une heure et demie, et nous avec. « Que tout le monde se lève », ordonne Wayne. Et l'on obéit, ravis de participer à cette fête et de redonner, à notre manière, un peu de joie et de couleurs à ce vieux Cirque. Il n'y a rien de pire que d'être assis à un concert, surtout quand c'est les Flaming Lips ! Une vraie fête d'anniversaire, tant est si bien qu'on aura droit à un « Happy Birthday » en bonne et due forme, en l'honneur de trois gaillards plus vieux ce soir-là… Un anniversaire dont ils se souviendront, c'est certain. Avec comme bande-son parfaite ce mix détonant de guitares enivrantes, d'orchestration psyché-pop et de paroles gratinées. Les deux derniers albums, ceux de la reconnaissance, auront été privilégiés : « A Spoonful Weighs A Ton », « Waitin' For A Superman », « The Gash », « Fight Test », « In The Morning of the Magicians », « Do You Realize ? ? », plus d'autres perles, plus anciennes, de ce Big Bazar stupéfiant (« She Don't Use Jelly », « Lightning Strikes The Postman »). En rappel, les trois trublions d'Oklahoma se lanceront dans un quart d'heure psychédélique assommant, de quoi calmer les ardeurs d'un public ravi et gâté. C'est que pareil foutoir n'arrive pas tous les jours, la plupart des groupes de pop-rock jouant désormais en roue libre sans se soucier vraiment du spectateur. Pas les Flaming Lips, dont la sympathie et la frivolité naturelles devraient être prises en exemple. Des concerts comme ça, il faudrait en voir toutes les semaines, comme antidote à la morosité ambiante. Encore merci à vous, les gars, et revenez-nous vite ! En festivals par exemple, ou encore mieux : pour l'anniversaire de Musiczine et celui de ses rédacteurs (bref au moins dix fois par an).

The Flaming Lips

Embryonic

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Il faut avouer qu’après avoir écouté une première fois le douzième elpee studio de la formation d’Oklahoma City, j’étais un peu décontenancé. En fait, il y a un bon bout de temps que le groupe n’avait plus commis de disque aussi alternatif. C’était en 1997. Un drôle de projet baptisé « Zaireeka » et subordonné à la technique du ‘surround sound’. Pour la circonstance, les quatre cds devaient être écoutés en même temps sur quatre systèmes sonores différents. Mais en se grattant un peu la tête, il faut reconnaître que la discographie antérieure, commise à cette période était encore plus aventureuse et audacieuse. A l’instar de celle du Mercury Rev originel. Donc finalement, la surprise n’en était finalement pas une. Mais un juste retour aux sources…

« Embryonic » est double. Et recèle 18 plages. Après avoir lu de nombreuses chroniques rédigées par toute une série de magazines spécialisés, j’ai presque cru que les Flaming Lips s’étaient contenté d’écouter en boucle l’œuvre complète du Pink Floyd, pour concocter un tel opus. Conclusion facile lorsqu’on sait que Wayne Coyne a déclaré vouloir enregistrer une nouvelle version du « Dark side of the moon ». Mais largement insuffisante, lorsqu’on analyse soigneusement le contenu de ce disque.

Du Floyd, on en retiendra « Evil » et « If », interludes empreints de douceur, réminiscents de « The Wall ». Le torturé et lugubre « See the leaves », manifestement inspiré par « More ». Et puis l’une ou l’autre trace ‘floydienne’ disséminée aux quatre coins de l’œuvre. Dont les harmonies vocales éthérées, sinusoïdales, si caractéristiques de « The Piper at the gates of dawn ». Et puis d’inévitables envolées semi-spatiales, semi-psychédéliques, tentaculaires, rencontrées sur « Animals ». La trame est posée. Reste maintenant à en déceler les subtilités. D’autant plus que la solution sonore emprunte autant au free jazz (Miles Davis, Coltrane), à la noisy (Sonic Youth), à l’électro (Kraftwerk), au krautrock (Can) qu’à la prog (King Crimson et les ‘frippertronics’ du tandem Brian Eno/Robert Fripp, mais également Todd Rundgren). J’allais oublier : et le psychédélisme. Sous toutes ses formes ! Wayne refuse de reconnaître avoir concocté un concept album. Mais quand on traite tout au long d’une même œuvre, de la force, de la faiblesse, de la liberté, de la responsabilité et du chaos (NDR : tiens, un thème auquel se réfère également Mercury Rev), on est en droit de se poser des questions. Une philosophie développée par le mathématicien Thorsten Wörmann, particulièrement branché sur le sujet ; et dont un discours est collé sur « Gemini syringes ». Bref, Coyne a peut-être envie de brouiller les pistes pour mieux nous mener en bateau (NDR : ou en vaisseau spatial, si vous préférez !) Mais bon, c’est aussi une belle manière de ne pas dévoiler toutes les facettes de son imagination débordante. Lors des sessions d’enregistrement, Karen O des Yeah Yeah Yeahs est venue poser quelques feulements sur deux titres, alors que MGMT a participé à la confection de « Worm mountain », une chanson atypique, tour à tour hymnique et participative (Arcade Fire ?), furieuse, puis menaçante. Afin de ne pas vous noyer de références, je ne vais pas décortiquer chaque compo. Je vous laisse le soin de découvrir, plage après plage, un des albums les plus complexes et créatifs de l’année. Peut-être de la décennie…

 

The Flaming Lips

At War With The Mystics

Bush à la présidence des Etats-Unis, c’est bien de musique qu’il s’agit : de Peaches à Bruce Springsteen, des Pet Shop Boys à Morrissey, nombreux sont les artistes qui ont sorti ces derniers temps des disques cathartiques, en prise directe avec le monde qui les entoure. « At War With The Mystics », le dernier album des Flaming Lips, se révèle ainsi, dès son titre d’ouverture (« The Yeah Yeah Yeah Song »), une charge féroce contre l’impérialisme mystique de Bush et de sa confrérie. Mais cette question, même posée avec tant d’élégance et de puissance (ce disque est le plus rock des Flaming Lips), est-elle celle qu’on retiendra à l’écoute de ces 12 titres ? Comme d’habitude Wayne Coyne délire dans un coin de sa tête, invitant ses démons (la religion, le fanatisme, le cosmos) à une surprise party d’enfer, où tout le monde se défonce en sniffant de l’hélium. Résultat : c’est mieux qu’un épisode des Teletubbies, même si à la fin on se souvient à peine du trip qui vient de secouer notre colonne vertébrale.

Autant le dire tout de go : « At War With The Mystics » n’est pas le meilleur album des Flaming Lips… Mais ses meilleures chansons valent bien quelques buvards d’acide. « The Yeah Yeah Yeah Song » rappelle qu’on peut se fâcher tout rouge (contre le pouvoir en place, l’idiotie maîtresse du monde) tout en gardant le sourire. Le riff de « The W.A.N.D. » surprend par son acharnement (rock’n’roll !). « Pompeii Am Götterdämmerung » nous envoie en orbite, objectif lune (grande ballade psychédélique !) Et puis, on est certain d’une chose : même si Wayne Coyne et ses deux potes (qui reviennent de loin…) donnent l’impression que l’amour est la clé de tous nos problèmes, on sait bien qu’au fond d’eux-mêmes ils n’en sont pas si sûrs… C’est ce qui est touchant : écouter enfin une musique profondément humaine, faite par des types qui ont les mêmes peurs que nous. Des chics types, vraiment.

 

 

The Flaming Lips

Yoshimi battles the pink robots

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Après avoir commis un elpee empreint de majesté symphonique ("The soft bulletin"), les Flaming Lips nous reviennent avec un opus gorgé de sonorités électroniques organiques. Surtout sur les premiers fragments du disque. A première écoute, ces interventions synthétiques sont plutôt surprenantes, pour ne pas dire dérangeantes. Mais au fil du temps, elles se fondent dans l'ensemble pour faire partie intégrante de leur expression sonore. Une assimilation qui devient plus facile lorsqu'on saisit le message de Wayne Coyne développé tout au long de cet opus. On est même plus très loin du concept album, même si Coyne en rejette l'idée. A la limite, les Flaming Lips viennent peut-être de réaliser leur Tarkus (NDR : si vous ne connaissez pas ce classique du prog rock, allez donc voir la biographie d'Emerson Lake & Palmer). L'histoire met ici en scène une petite fille qui combat des robots. Une imagerie naïve qui en dépit de toutes ses références à la machinerie, demeure fondamentalement humaine. Parce qu'elle est consacrée à l'analyse de thèmes existentiels comme l'amour et la mort.

Pour enregistrer cette nouvelle plaque, les Lips ont reçu le concours de Yoshimi P-we, une jeune chanteuse japonaise impliquée à la fois chez l'ensemble de psyché noise expérimental Boredoms, et chez OOIOO. En fait de chanter, on l'entend surtout déclamer et hurler chez le chaotique organisé " Yoshimi battles the pink robots pt 2 ". Autre invité, mais de marque : un musicien de Mercury Rev ! Pas Jonathan Donahue le chanteur (NDR : il avait joué chez les Lips, à leurs débuts), mais le bassiste Dave Fridman. A la production, tout d'abord. Parfois à la basse. Mais aussi, et c'est plus étonnant, il a collaboré à l'écriture de quelques morceaux. Ce qui explique sans doute pourquoi, les arrangements de cordes sont parfois aussi somptueux. A l'instar de " Do you realize ??", nonobstant cette ligne de basse ténébreuse, ‘joydivisionesque’. De l'atmosphérique, psychédélique et visionnaire " It's a summertime ", une chanson embuée de nuages de cordes et de backing vocaux angéliques. Et puis du space rock épique, mélancolique, délicatement agité par un tempo hypnotique, " Ego tripping at the gates of hell ". L'album s'achève pourtant par un instrumental plus filmique, sorte de bande sonore pour western contemporain intitulé " Approaching Pavonis Mons by balloon ". Excellent !

 

The Flaming Lips

Les rêves surréalistes des Flaming Lips...

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C'est vrai qu'il est complètement casse-cou d'aller réaliser l'interview d'un groupe sans avoir pu, préalablement, écouter leur dernier album. Mais connaissant l'histoire du groupe, ayant décortiqué les articles de presse qui lui étaient consacrés depuis ses débuts ; et puis surtout, ayant assisté à leur concert, juste avant de rencontrer leur porte-parole, nous étions en droit d'espérer ne pas nous planter. Heureusement, l'entrevue avec Steven Drozd, guitariste, batteur, claviériste, fut particulièrement riche et intéressante ; ce qui a pu nous permettre de mieux comprendre la nouvelle philosophie musicale des Flaming Lips. N'empêche, on ne nous y reprendra plus à travailler dans de telles conditions. Qu'on se le dise ! Ah oui, si vous voyez l'album, faites nous signe…

Existe-t-il un symbole derrière la marionnette articulée par Wayne, live ?

Les spectateurs essaient toujours de trouver une signification à la présence de cette marionnette qui mime le chant de Wayne. Elle n'incarne aucun symbole particulier. Elle est simplement là pour qu'on se marre. Pour passer un bon moment. Elle ne sert qu'à amuser le public. Le but est strictement visuel. Maintenant, si quelqu'un veut en tirer une signification quelconque, tant mieux pour lui.

Ce show, c'est un peu du théâtre ?

En quelque sorte. Quelque chose que le public peut voir, regarder, susceptible d'attirer son attention. Je ne sais pas si le terme théâtre est approprié, mais il existe effectivement une composante dramatique sur scène…

Un peu comme lorsque vous projetez des films vidéo sur grand écran ?

En fait, c'est Wayne qui réalise le montage de la vidéo. Et ces images ne servent que de support au son. Lorsque vous voyez la bombe atomique qui explose, vous entendez en même temps une détonation. Elle rend la musique plus poignante qu'elle ne l'est en réalité. Amplifie sa portée. Mais, il n'y a pas davantage de message à comprendre. Il faut savoir que très souvent, les gens ramènent tout à leurs propre univers. Et lorsque nous disons que la guerre, ce n'est pas bien, l'image ne sert qu'à amplifier cette réflexion. Or, les gens ont envie d'y voir un message. Mais pour nous, il n'existe pas de message profond. Nos fans sont apparemment très créatifs, puisqu'ils fabriquent eux-mêmes le message…

A propos de cette vidéo, n'est-il pas trop difficile de synchroniser l'image avec la batterie ?

Non, non, pas du tout. Cette technique est toute simple. On a capté le son et l'image en une seule prise. Il suffit donc de placer la bande dans le magnéto et de la laisser jouer. La partition va dans la table de mixage et sort pat les haut-parleurs, alors que l'image est dirigée vers le projecteur vidéo qui la reproduit sur grand écran. J'ai assuré les parties de batterie qui sont filmées, alors que Wayne s'est chargé des samples. Nous les avons enregistrées à l'aide d'un caméscope. Puis on a transféré la bande vidéo vers un programme informatique. Lorsque vous voyez l'image, vous entendez le son en même temps. C'est logique. Mais quoiqu'il y ait sur la bande ou quoique il y aura, on la joue de toutes façons en direct. Par exemple, si la batterie et le piano figurent sur la bande, la guitare, la basse et le chant sont joués 'live'. Cette technique est assez facile à appliquer. Beaucoup plus facile qu'on pourrait l'imaginer. Ai-je répondu à la question ?

Absolument !… Vote style est en évolution constante. Mais aujourd'hui, nous avons l'impression qu'il s'inspire de plus en plus de la musique symphonique. Exact ?

Effectivement, notre style a évolué. En fait, le groupe a très longtemps fonctionné avec un guitariste. Le dernier nous a quittés en 1996. Aussi, lorsqu'il est parti, nous nous sommes demandé comment nous allions nous débrouiller pour en dénicher un autre de sa valeur. Mais en même temps, nous commencions à en avoir marre de toutes ces parties de guitares. En fait, nous avions envie d'avoir recours aux sonorités symphoniques. Telles que sections de cuivres, de cordes… Et à l'époque, nous écoutions des tas de choses différentes, tout en essayant de nous extirper de la routine guitare. Et les samples nous ont aidés à créer ces sonorités symphoniques composées de cuivres, de flûtes, de cordes, de timpanis, de gongs, et j'en passe. Or, en studio, nous sommes capables de reproduire tous ces instruments à l'aide d'un clavier. Et le plus frappant, c'est qu'on croirait vraiment que nous sommes accompagnés par un grand orchestre. On s'est alors décidé de supprimer les parties de guitare. Et on a vraiment plus envie d'y revenir. Car ce que nous avons réussi à l'aide des samples est très beau. Chargé d'émotion. Dans le futur, nous allons essayer d'atteindre un niveau plus structuré, plus sophistiqué et plus simple à la fois. Cette réflexion peut vous paraître singulière. A vous et à moi. A nos épouses. Même à ma mère. Mais même ma mère apprécierait. Nous souhaiterions que notre musique passe à la radio. Ce qui explique pourquoi nous nous libérons progressivement de la guitare en la remplaçant par davantage de piano et de claviers…

Est-il exact que les Flaming Lips sont capables de sonner comme neuf groupes différents, en même temps ? Et lesquels ?

Cette idée me séduit. En fait, comme tout le monde, nous écoutons les autres, empruntons aux autres et puisons des influences tous azimuts. Ce qui explique sans doute pourquoi, parfois on sonne comme Led Zeppelin, Frank Sinatra, Pink Floyd, Sonic Youth ou quelques autres… Il y a tellement de choses qu'on a écoutées, qu'on aime, et dont on voudrait s'inspirer. Dernièrement, nous sommes tombés sur un spot publicitaire diffusé sur MTV. Il projetait des extraits de concerts de Led Zeppelin mélangés à d'autres de Frank Sinatra. Le message était clair. Leurs musiques ne collaient pas ensemble. Mais à cette époque, nous travaillions sur un morceau que nous voulions sis aux confins de Led Zeppelin et de Frank Sinatra. Couplant des batteries jouées très haut et des sections de cordes. Merde alors, s'est-on dit, c'est justement ce qu'on essaie de réaliser…

Y-a-t-il des artistes ou des groupes que tu aimes plus particulièrement ?

Il en existe tellement qu'il m'est impossible de tous les citer. J'aime un peu tous les styles. Depuis la soul au rock classique, en passant par le jazz, le classique, l'indie rock, la bande son de film… (le concert de Silverchair couvre de plus en plus nos voix, et Steven s'arrête quelques instants en tendant l'oreille…) Pas ce genre de musique par exemple…

Est-il cependant possible d'apprécier les Dead Kennedys et Diana Ross en même temps ?

Je crois que beaucoup de gens manquent d'ouverture d'esprit. Tu vois, nous concoctons des compiles pour écouter sur la route. Des chansons ou des musiques que nous aimons. Mais nous veillons à mette sur la bande Neil Diamond auprès de Chrome, les Stooges à côté de Roberta Flack. Et lorsqu'on écoute toutes ces choses, on a l'impression que les uns sont les réponses des autres. Lorsqu'on prête l'oreille à quelque chose de mélodieux, puis de plus dingue, ce qui est plus fou, te paraît encore plus cinglé qu'en réalité. Et en même temps, si tu écoutes quelque chose de cinglé avant quelque chose de doux, la douceur  te paraîtra encore plus moelleuse. C'est ce qu'on essaie de traduire à travers notre musique. On la rend jolie, puis vilaine… 

Pourquoi les meilleures chansons des Lips ont toujours dégagé une tristesse désespérée, négative ?

Parce que c'est la vérité. Un point final. Et tant pis, si c'est négatif !

Penses-tu vraiment que l'être humain peut vivre seulement dans ses rêves ?

En vérité, je ne suis pas encore mort dans un rêve. Si vous pensez mourir dans un rêve, vous mourrez. J'ai presque déjà vécu cette sensation. Tu parles probablement d'une de nos chansons qui évoque la vie après la mort. Mais existe-t-il une question plus profonde que celle de l'existence après la mort ? Vous comprenez ce que je raconte ? Mais lorsque tu atteins 120 ans, à un certain moment, tu te dis, laissez moi mourir en paix ! Cela me paraît, somme toute, sensé…   

Est-il exact que les longs titres de vos chansons émanent d'influences surréalistes puisées chez Salvatore Dali ?

C'est Wayne qui écrit les textes. Il est passionné par l'œuvre de Salvatore Dali. Nous sommes allés visiter son musée en Floride. Wayne adore toute son imagerie. Il aime également d'autres peintres et artistes. Tels que Klimt. En fait, il écrit les lyrics de ses chansons comme s'il utilisait des mots pour peindre. Dali, c'est un monument…

Peut-on affirmer que les Flaming Lips créent de la musique tridimensionnelle pour un monde unidimensionnel ?

C'est comme si tu te trouvais dans une pièce grise et que tu te demandais s'il serait judicieux de mettre un peu de couleur sur les murs. Dans la musique rock si tout le monde jouait dans la même catégorie, elle deviendrait ennuyeuse. Nous, nous voulons nous faire plaisir en tentant de communiquer ce sentiment à d'autres. Nous essayons de mettre le plus de couleurs possible sur les murs de cette pièce grise…

Que penses-tu de ce que fait aujourd'hui, votre premier guitariste, Jonathan Donahue, chez Mercury Rev ?

Ils sont devenus aujourd'hui très populaires. Je les aime bien en tant qu'êtres humains. Ils sont vraiment hyper sympas. Mais je n'ai pas tellement apprécié leur dernier album. Je trouve qu'ils font toujours la même chose. Mais ne mentionnez pas ce que je viens de dire au sujet de leur disque, dans cette interview ! Nous avons tourné deux semaines ensemble en Angleterre et en Ecosse. Nous assurions leur première partie.

Merci à Vincent Devos.

The Flaming Lips

Clouds taste metallic

Mercury Rev et Flaming Lips partagent une même vision organique du psychédélisme. Normal lorsqu'on sait que le guitariste Jonathan Donahue a joué chez l'un avant de passer chez l'autre, il y a maintenant un peu plus de deux ans. Produit par le quatuor et Dave Fridmann, cet opus recèle pour treizième fragment la version de "Bad Boys" concédée au film "Batman Forever". Tout comme Rollerskate Skinny, Flaming Lips accorde une énorme importance au sens mélodique des compositions. Une opération délicate que le groupe parvient à négocier en superposant des textures à premier abord inconciliables. Vocaux gémissants, flûte allègre, piano spectral, rythmes fluides, cordes de guitares distordues, tout un arsenal de sonorités différentes qui accouchent tantôt d'un hymne, d'une ballade ou d'un requiem acide. Des chansons qui exsudent cependant avec ironie, sarcasme et perversion une tristesse maladive, dramatique, presque négative. A cause des lyrics qui tournent sans cesse autour d'un même axe rock’n’rollesque huilé au sexe, à la mort et à la religion.