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The Kills

Deux nouveaux singles pour les Kills !

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The Kills annonce la sortie prochaine d’un nouvel elpee. En attendant, Alison Mosshart et Jamie Hince nous proposent deux singles, "New York" et "LA Hex". Le premier évoque les Kills classiques avec son riff de guitare collant et le croon rituel.

Les nouveaux titres sont accompagnés de deux clips réalisés par Andrew Theodore Balasia (Prada, Jeffrey Deitch Gallery). Dans "New York", le duo est sur le ring et ensanglanté, tandis que pour "LA Hex", il se retrouve parmi des personnages de Los Angeles dignes d'un casting d'’Harmony Korine’. Peintre de renom, Mosshart a réalisé elle-même la pochette des deux singles, rappelant sa série de cartes à jouer peintes.

 

 

The Kills

A la vitesse V V'

The Kills en concert, c'est une sacrée décharge électrique, sans effets (pyro)techniques ni pose de pop stars : juste du rock, écorché et malsain, rebelle et colérique. VV et Hotel sont les Bonnie and Clyde de l'ère post-punk-garage, un couple sur scène comme à la ville qui préfère s'échanger des riffs tendus que des baisers goulus. Dans cette Rotonde pleine comme un œuf, rien d'autre ne les sépare que ces éclairs (de génie) haute tension, des coups de foudre qu'ils tentent, comme un seul corps, de contenir tant bien que mal…

Mais ces riffs qui les possèdent et les unissent ne se laissent pas faire, bien au contraire : à peine apprivoisés, ils ripostent et s'échappent, pour foncer sur nous à vive allure (VV' ?). Dès les premières notes déchirant l'air saturé d'une Rotonde en ébullition, nos nerfs à vif se contractent, notre pouls s'affole. Voilà du rock, primitif et bestial, qui donne envie de hurler à la lune. VV et Hotel jouent comme habités par une force qu'ils ne peuvent contrôler : ça sort de leurs pores par vagues successives, nous inondant d'une électricité palpable et grelottante. Ce rock-là, sans fards mais plein de rage, se vit plus qu'il ne s'écoute, même si l'album, « Keep On Your Mean Side », reste fort recommandable. En ¾ d'heure, VV et Hotel nous auront démontré qu'on peut jouer du rock avec presque rien (une guitare, une boîte à rythme), seulement avec de la hargne et une certaine dose de nihilisme, genre « nous contre le reste du monde ». Et ce soir, sûr que The Kills étaient remontés à bloc, parfois au bord de la rupture    ce « jusqu'où on peut aller trop loin » férocement jouissif dont les grands groupes se font si bien les apôtres. (Presque) seuls au rayon des rockeurs encore sincères et combatifs, VV et Hotel ont prouvé avec violence et passion que le rock peut (doit ?) se vivre à 100%, et se ressentir jusqu'à la moelle.

 

The Kills

Une manière de confirmer Kills arrivent là où on ne les attend pas…

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Assister à un concert de The Kills constitue toujours une expérience pleine de surprises. Soit Alison est perturbée par des substances illicites et le set est à la mesure de ses errements, soit son esprit est très clair et le concert devient carrément ennuyeux. Ce soir, à l’Ancienne Belgique, elle semble avoir enfin trouvé le bon équilibre. Finie l’époque où le service de sécurité la portait à bout de bras pour la débarrasser du plancher. Aujourd’hui, c’est une jeune femme en pleine forme et lucide qui se produit sur scène…

Et on s’en rend dompte dès les premières notes. Les guitares crissent, les cheveux d’Alison flottent. On se rend compte que The Kills n’est pas venu pour faire de la figuration, mais bien pour nous délivrer un concert brut, sauvage et très rock’n’roll, conforme à sa réputation. Lorsque Jamie Hince, le guitariste britannique, s’écrie : ‘It is so lovely to be back in Brussels’, c’est toute une salle qui jubile.

Aucun répit n’est laissé entre les morceaux qui s’enchaînent à un rythme hypnotique. L’alchimie entre Alison et Jamie, malgré les années qui passent, est toujours intense. Ils sont comme la glace et le feu. On hésiterait presque à les déranger tant ils peuvent sembler seuls au monde lors de ces moments où leurs regards se croisent.

Pendant « Fried my Little brain », Jamie harangue la foule tel un messie. Le moment est tendu, sexy, glamour, à l’image de ce duo qui se renouvelle autant qu’il exploite et maîtrise à merveille son rock garage…

Alison se permet de former quelques cœurs à l’aide de ses doigts, à l’opposé de son image de chanteuse ‘so West Coast américaine’ ; ce qui constitue sûrement la seule faute de goût de la soirée.

Point d’orgue de la prestation, « Pots and Pans » s’érige certainement comme le sommet de la prestation et fait littéralement exploser la salle. Le moment est tendu, fiévreux, parfait. Alison entame en solo le premier rappel, « That Love », qu’elle joue à la batterie avec une intensité rare. Les musicos vont se faire plaisir à travers deux derniers titres, totalement antinomique à leur répertoire traditionnel. D’abord, le « Stepping razor » de Joe Higgs. Un reggae. Puis, plus étonnant encore, le « List of Reparations » de Joe Higgs. Du hip hop !

Deux exercices de styles différents pour achever la soirée ; une manière de confirmer Kills arrivent là où on ne les attend pas, tout en prouvant –mais est-ce nécessaire ?– que le rock’n’roll n’est pas mort… et qu’il a encore bien sa place dans le décor…

Pour les photos de The Kills, c’est ici, et pour celle de The Pearl Hearts, qui assurait le supporting act, c’est .

(Organisation : Live Nation)

 

 

The Kills

Midnight Boom

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Pour pouvoir grandir, un groupe doit pouvoir changer, se métamorphoser même. Sans quoi, il risque de mourir. Apparemment, le duo anglo-américain de The Kills l’a bien compris, et le démontre sur son nouvel opus, « Midnight Boom ». D’une manière surprenante, il vient d’ouvrir une boîte de Pandore emplie de changements radicaux ! Après s’être alimenté au punk 60’s et abreuvé de scène newyorkaise, VV et Hotel on décidé de tourner la page en invitant Alex Epton aka Armani XXXchange, producteur et moitié de Spank Rock, pour enregistrer cet opus. Une collaboration qui semblait à l’origine improbable. Pourtant, par magie, ce dernier a réussi le pari de fusionner le punk minimaliste et le hip hop. Et il faut reconnaître que le résultat de cette fusion est plus que satisfaisant. 

Retirés du monde cosmopolite, Jamie et Alison se sont donc frottés pour la toute première fois à l’informatique, une technique pratiquement absente sur leurs deux rondelles précédentes. Et en particulier le ténébreux « No Wow », paru en 2005. A premier abord plus pop et charnelles, les sonorités électroniques entretiennent paradoxalement le climat âpre et violent des compos. Des compos orchestrées intelligemment. D’ailleurs, le duo est ici parvenu à dépasser la barre des deux accords. « Cheap and Cheerful » illustre le mieux ce virage à 180°. A cause de cette rythmique discoïde punk qui balise parfaitement la voix féline d’Alison. Plus garage, « Last Day of Magic » met davantage en valeur la guitare. Décalée, elle libère une énorme dose de passion. Et le reste ne manque ni d’intérêt ni de malice. Pourtant, si l’expérience vécue semble manifestement avoir été enrichissante, la collaboration entre Epton et Alison Mossahrt, n’a pas toujours été de tout repos. Un conflit de personnalités, sans doute…

Certains vont adorer. D’autres détester. Une chose est sûre, personne ne pourra rester indifférent à l’écoute de ce « Midnight Boom ». Personnellement, passé le trouble provoqué par l’évolution du combo (NDR : j’en connais qui vont tomber le cul par terre), je l’ai trouvé excellent. The Kills vit chacun de ses projets à 200%. Il s’implique. Que ce soit au cœur d’un punk chaotique ou lors de ses expérimentations. Et à ce titre, il mérite le respect.

 

The Kills

No Wow

Ils ont sans aucun doute ‘gardé leur côté méchant’ (le titre de leur premier album, sorti il y a deux ans), mais pour la circonstance VV et Hotel ont décidé de tremper leur rock écorché dans l’acide de l’électro la plus pourrave – Suicide avant tout. On a toujours dansé sur The Kills, mais cette fois les guitares s’attaquent directement aux jambes : reptiliennes, elles les enlacent jusqu’à les étouffer – et c’est groggy qu’on tente un pas de côté, avant de s’écraser sur le dance-floor. Brut et rêche comme du papier de verre, le rock de ces deux faux tourtereaux (« I Hate The Way You Love », pierre angulaire - et titre anguleux - de l’album) prend comme d’habitude aux tripes mais s’amusent désormais avec elles à jouer à l’élastique. Si les cinq premiers morceaux rappellent l’ambiance surchauffée de « Keep On Your Mean Side », la deuxième partie du disque s’aventure sur des terres plus friables, moins tendues. Où l’on découvre une VV déballant ses hantises (l’amour, la mort) avec davantage de ferveur et de féminité, telle une Patti Smith SM qui aurait grandi à l’époque de Cabaret Voltaire. Beatbox et guitare même combat, d’ailleurs qui fait l’un qui fait l’autre ? VV et Hotel ne tranchent pas, d’ailleurs leur musique c’est du rock de tranchée. On s’y planque pour éviter la quille, en dansant sous les bombes. Un grand disque salvateur, à écouter en pleine débâcle.

The Kills

Les Bonnie & Clyde de la musique.

Alors que le concert des Kills du 11 juin prochain, à l'AB, est déjà complet, nous avons décidé de nous pencher encore une fois sur ce duo terriblement sexy, sorte de " Bonnie & Clyde " de la cause rock'n'roll, dont le premier album, " Keep on your mean side ", se révèle l'une des claques les plus jouissives de ces derniers mois. Violentes et primitives, hypnotiques et électriques, les chansons des Kills boutent le feu aux bonnes manières rock, faisant la nique à tous ces groupes qui croient que le rock n'est qu'affaire d'attitude. Pas de ça chez les Kills : VV (Alison Mosshart) et Hotel (Jamie Hince) n'ont d'autre arme que leur sincérité, plus quelques morceaux sauvages et rageurs, sans pathos ni paillettes. Et une rage impressionnante, face à la médiocrité, face à ce système qui détruit et humilie. Ce qui frappe chez ce couple, punk dans l'âme mais humble et sympathique, c'est ce dégoût de la société, qu'il tente d'exorciser dans ce rock serré, furieux et authentique. VV et Hotel vivent pour leur musique, d'une manière presque effrayante. Comme si leur vie en dépendait. Comme s'ils se sentaient investis d'une mission. Sauver le rock ? Bien sûr que non. Juste s'abandonner corps et âme dans ce qu'ils font le mieux : jouer une musique écorchée et diabolique, dompter l'électricité, lui faire subir les pires outrages, jusqu'au cri libérateur, cette explosion finale qui crame nos neurones et nous laisse, lessivés mais comblés, sur le tapis. Nous les avons rencontrés à Bruxelles, après leur excellent concert au Botanique.

Parlez-nous de vous… Quelle est votre histoire ?

Hotel : VV vient de Floride. La première fois que je l'ai vue, c'était à Londres : elle jouait dans un groupe (NDR : Discount), qui accomplissait alors en tournée en Angleterre… Mais je l'ai vraiment rencontrée dans un bar. Elle était assez timide, on ne se parlait pas… Quand j'ai vu son groupe sur scène, même si ce n'était pas vraiment mon genre de musique, j'ai été très impressionné : je n'avais jamais vu quelqu'un jouer comme ça. Le changement était incroyable : au niveau social elle était très timide et bizarre, mais une fois sur scène, on aurait dit qu'elle y était née. J'ai alors pris mon courage à deux mains et je suis allé lui parler. Nous avons alors fait une sorte de pacte : devenir les Bonnie & Clyde de la musique.

De quand date cette rencontre ?

H. : C'était en 1998-99… J'étais vraiment sous le charme de sa performance. Ce n'était pas la musique, genre disco-pop, qui m'avait touchée, mais elle seule. D'ailleurs elle n'en était pas l'auteur. Elle était un peu la mauvaise personne dans le groupe. La cinquième roue du carrosse

Pourquoi ces pseudonymes?

VV : Quand nous avons commencé à faire de la musique ensemble, on s'est dit " oublions ce que nous avons fait avant ", " faisons table rase du passé ". Nous avons décidé de nous appeler VV et Hotel dans cette optique, comme si nous étions de petits enfants… Ca n'a pas vraiment de signification, mais ça faisait partie de notre mentalité à ce moment-là.

H. : Lorsque nous avons démarré nous n'avions rien, nous étions enfermés dans une cave à jouer de la musique, nous n'avions aucune idée qu'un jour on pourrait s'intéresser à ce que nous faisions… Nous avions de réelles ambitions quant au groupe, mais nous n'avions jamais pensé que tout ceci pourrait se réaliser un jour… Ce n'est que maintenant, avec les interviews notamment, qu'on commence à y donner un sens. Mais à l'époque nous n'y pensions pas. Ce nom, cela symbolisait ce que nous voulions représenter… Maintenant nous devons le justifier, mais à l'époque c'était sans grande arrière-pensée.

Est-ce délibéré de jouer en duo, et cette manière de composer sans batterie a-t-elle une signification particulière ?

H. : Quand nous écrivons, nous jouons l'un pour l'autre, et nous tapons du pied pour donner le beat. On n'a pas besoin de batterie (un temps). Je n'aime pas la batterie.

Vous n'avez jamais pensé à engager un batteur ?

H. : Oui mais personne n'a rejoint le groupe. La batterie peut vraiment influencer le groupe et sa manière de sonner, et nous ne voulions pas de çà. Nous voulions juste une sorte de métronome, un beat basique, qui donne le rythme, à la Jesus & Mary Chain, ou comme chez Bobbie Gillepsie et Moe Tucker.

Votre musique est très brutale et très simple à la fois, ce qui crée un sentiment d'hypnose. Est-ce important pour vous d'arriver à ce son hypnotique, à cet état de transe ?

H. : C'est ainsi qu'on a fini par écrire. VV a une véritable envie d'écrire mais elle n'a pas de background : ce qu'elle fait avant tout, c'est frapper sa guitare. Aucune mélodie ne sort de sa guitare, mais c'est la façon dont nous composons la plupart de nos chansons, parce que cela reflète notre manière de jouer ensemble. On aime la répétition, la simplicité. C'est ce qui nous touche. VV aime par exemple le " 4-Track Demos " de PJ Harvey, Spacemen 3 et les trucs solo de John Cale… C'est le genre de trucs qu'on écoute souvent, à la fois binaires et puissants. Comme on n'est que deux, c'est tout naturellement vers cela qu'on s'est orienté.

Les paroles vont aussi dans ce sens…

H. : Les paroles sont très spontanées : je ne me souviens pas d'une chanson où nous nous serions assis en pensant à ce que nous allions écrire. Nous jouons et nous chantons à l'arraché, ce qui explique la simplicité de nos textes… Et aussi pourquoi la plupart d'entre eux sont stupides ! (rires). Je ne sais pas… Quand nous avons commencé à jouer à deux, nous ne pensions pas à écrire des paroles, à faire des enregistrements : nous aimions juste jouer. Après avoir joué pendant 2 heures la même chose, on finit par perdre toute son inhibition, et alors on chante des trucs auxquels on pense vraiment plutôt que de chanter des trucs qu'on pense qu'on devrait chanter. C'est le genre de limites qu'on a toujours voulu dépasser.

Quand on vous voit en live, on ressent bien cette perte d'inhibition. C'est un peu comme un trip.

VV : Je suis d'accord : c'est comme un road trip… Ca n'a rien à voir avec ce que nous étions en train de faire avant le concert, et pas davantage avec ce qui se passera après. Quand on est sur scène on ne pense à rien, on oublie ce qui s'est passé ce jour-là… Je ne sais pas vraiment l'expliquer mais c'est cool. J'attends ce moment toute la journée…

On a vraiment l'impression qu'en jouant vous vous libérez.

H. : Oui nous sommes très différents sur scène et dans la vie quotidienne. Mais ce n'est pas une performance. Plutôt une hibernation : pendant toute la journée on " hiberne ", on rassemble toute notre énergie jusqu'à notre montée sur scène. Certaines personnes savent pourquoi ils sont là, d'autres pas… Ceux-là cherchent toute leur vie la raison pour laquelle ils ont été mis sur terre. Moi je ne me suis jamais posé cette question : je sais pourquoi. C'est pour ces moments sur scène, quand on peut devenir à demi-fou, laisser sortir toutes ses inhibitions…

VV. : C'est incroyable cette sensation. Les jours où on ne joue pas, on devient presque fou. C'est comme une sorte de drogue…

On ressent aujourd'hui un nouveau regain pour le rock'n'roll. Avez-vous l'impression que ce revival n'est ressenti qu'ici, parce qu'aux USA on n'a jamais arrêté d'en jouer ?

VV. : Je n'ai jamais entendu parler des Strokes ou des White Stripes quand j'étais encore aux USA, mais bon ça fait déjà 3 ans que je vis en Angleterre. En même temps c'est super facile de jouer dans un groupe aux States : avec mon ancien groupe j'ai fait des tournées pendant 7 ans, sans que personne n'ait jamais entendu parler de nous… En fait, on peut facilement s'y cacher.

Ne pensez-vous pas que ce revival vous sert pourtant d'une certaine manière, grâce à la médiatisation ?

H. : (s'énervant) Je m'en fous ! Qu'est ce que ça veut dire le garage ? ! Plus personne aujourd'hui ne répète dans un garage ! Personne ne sait vraiment ce qu'est le rock'n'roll… L'idée qu'il y a une nouvelle révolution, c'est une blague, c'est de la foutaise… Nous jouons de la guitare depuis l'école, alors que tout le monde s'en foutait, car nous n'avions pas envie de faire ça pour l'argent, pour vendre, pour le succès. Pour nous, il n'y avait pas d'autre alternative : c'était notre seule façon de nous exprimer, d'évacuer nos frustrations. J'ai eu un autre groupe (NDR : Scarfo) avant The Kills, et on n'a presque rien vendu. Mais j'ai continué. Je n'avais pas de boulot pendant des années, j'étais au fond du trou et j'avais honte, mais je continuais. C'est peut-être devenu à la mode, mais j'en ai rien à foutre. On n'a pas sauté sur l'occasion, on n'est pas des opportunistes, on n'a pas triché, parce qu'on le faisait déjà depuis longtemps. Et dans l'indifférence la plus totale.

Vous semblez accorder beaucoup d'importance à votre liberté, à votre indépendance. Vous refusez tout compromis. Est-ce que des groupes comme Fugazi vous ont influencé dans ce sens ?

VV : C'était le premier groupe que j'ai écouté et je les écoute toujours. La liberté artistique et la liberté en général sont des notions très importantes. Ne pas devoir écouter ce que les autres disent, c'est important, car ça peut vous détruire… Nous avons été signés sur un petit label (NDR : Domino) pour presque rien, et donc on peut faire ce qu'on veut. C'était notre souhait… On voulait travailler avec des gens qui ont envie qu'on fasse ce qu'on a envie de faire, et qui ne nous disent pas ce qu'ils veulent qu'on fasse. Sinon, on ne parle plus de musique.

H. : Ce n'est pas comme si on s'était assis pour réfléchir sur notre façon d'agir… Si vous êtes végétarien, vous n'entrez pas dans une boucherie… On sait ce qui est juste pour nous et ce qui ne l'est pas. On n'est jamais allé voir chez les majors pour voir ce qu'on ratait… On savait quel label aurait un sens pour nous, lequel nous conviendrait. On voulait un label qui nous donne autant de liberté possible, un label qui soit aussi proche de nous que si on avait notre propre label, point barre. Maintenant, que certaines personnes nous prennent pour des idiots, on s'en contrefout. Si l'argent m'intéressait vraiment, je n'aurais pas perdu mon temps à faire de la musique… J'aurais fait quelque chose d'autre dont mes parents auraient pu être vraiment fiers…

Cette photo de Florence Rey sur la couverture de votre EP (" Black Rooster "), c'est symbolique de cet état d'esprit ?

H. : J'ai été touché par ce qu'ils ont fait (VV acquiesce), même si c'est affreux… (NDR : le couple Rey est à l'origine d'une sanglante virée ayant défrayé la chronique il y a quelques années en France). Ils sont le symbole d'un certain nihilisme…

Cela rejoint votre idée d'être les " Bonnie & Clyde du rock'n'roll "…

H. : Je lisais, il y a peu, l'autobiographie d'Eddie Sedgwick. Elle était une sorte de produit de son temps, formatée par la société, qui voulait une célébrité dans son genre. Elle a accepté d'endosser ce rôle, et ça l'a finalement détruit… C'est la même chose concernant Florence Rey. Elle est l'incroyable reflet de notre époque. Aujourd'hui, la société ne peut maîtriser les gens qu'avec des cartes de crédit… On peut toujours rabaisser les gens mais certains finiront toujours par réagir, parce qu'ils sont trop intelligents pour se laisser entuber (VV hoche la tête, l'air amoureuse)… Et çà c'est admirable. C'est pour ça que j'estime qu'il est difficile de condamner cette affaire. Je pense qu'elle représente bien notre société.

Ces prises de position, on ne les ressent pourtant pas dans vos textes.

H. : En effet, mais ça ne m'inspire pas d'écrire des textes dans ce sens… Il n'y a pas l'amour d'un côté, et la politique de l'autre. On ne passe pas de l'un à l'autre, c'est lié. Il y a de la politique, et de l'amour, dans chaque chose, dans chacune de nos discussions. C'est pour cela que je n'aimerais pas écrire des chansons exclusivement politiques : en fait, si on veut, il y a des chansons d'amour et des " protest songs " dans tout ce qu'on écrit…

VV, tu viens des USA, et Hotel de Grande-Bretagne : une union, en ces temps de guerre, qui peut prêter à sourire (ou plutôt le contraire). Qu'est-ce que vous pensez de tous ces artistes, justement, qui font de la politique via leur musique, comme dernièrement les Beastie Boys ? Saul Williams ou encore R.E.M. ?

VV : Je n'écoute pas ce genre de musique, et je ne regarde pas la TV ni n'écoute les infos.

H. : Quand Bob Dylan écrivait des protests songs, c'était nouveau. Maintenant c'est bourré de clichés… quant à le faire, autant que ce soit bon. Ca ne sert à rien de faire sa grande gueule, ça ne veut plus rien dire aujourd'hui, ce n'est plus radical. Il faut essayer de faire autre chose. La seule chose que ça veut dire, c'est que je fais partie de la société, et donc que je fais partie de la majorité.

Est-ce que la musique, le rock peut quand même encore, selon vous, jouer un rôle politique ?

H. : Elle peut jouer un rôle, mais ce n'est plus comme dans les années 60, quand la culture jeune pouvait faire passer un message par la musique, comme lors de la guerre du Vietnam. Mais ça n'arriverait plus aujourd'hui. Maintenant les temps ont changé : c'est le capitalisme, et tout le monde est d'accord pour amasser du blé, de quoi vivre confortablement et acheter des bières. C'est cela qui unit aujourd'hui les gens : ils ne sont plus unis par une protestation contre la guerre.. Il faudrait trouver des choses plus radicales, qui créeront un choc… Les choses sur lesquelles on s'appuyait dans les années 60 ne signifient plus rien aujourd'hui.

Pensez-vous pouvoir créer un tel choc, comme dans les années 60 ?

H. : Ce qui est intéressant à notre époque, c'est qu'on ne peut rien prévoir, tout est incontrôlable. Le seul départ confortable pour moi, c'est le nihilisme. Tout le monde est d'accord pour dire que la démocratie est quelque chose pour laquelle il faut lutter. En ce qui me concerne, je pense que c'est de la merde, mais bon… Si on est d'accord pour dire que la liberté est synonyme de démocratie et qu'il faut lutter pour ça, pour finalement se rendre compte que le genre de société qu'on veut est celle qui promeut un haut standard de vie, alors il faut vraiment accepter beaucoup de choses… Et c'est la merde. Nous devenons avides et peu scrupuleux, alors que c'est ce que nous avons construit. Si on y est opposé, il faut se mettre sur le coté. Et c'est ce qu'on fait. On joue de la musique, point barre. En regardant le monde voguer à sa perte.

The Kills

Keep On Your Mean Side

Du rock revêche et lo-fi qui laisse des traces (NDR : de cambouis !). De sales rengaines hypnotiques et coriaces, d'une évidence rare. " Un gars, une fille " version trash, vêtus de cuir noir et le sourire narquois, qui croisent les guitares tels des Adam et Eve destroy, après avoir mangé la pomme et fait la nique au Diable, au Tout Puissant et au reste ; le doigt levé et les pieds tapant en cadence, d'un rythme binaire et agaçant. On a déjà entendu The Kills chez PJ Harvey (" Dry "), Royal Trux, Pussy Galore, le Velvet, Jesus & Mary Chain, Sonic Youth et dans le blues : celui qui fout la trouille. On les comparera sans doute aux White Stripes, pour cet incroyable talent à faire du rock à quatre mains et à du cent à l'heure, droit contre le mur (du son). VV et Hotel unis pour le meilleur (du rock'n'roll pur jus, qui n'oublie rien de ses ancêtres), et c'est la trique pendant une heure. Parfois sauvage (" Fried My Little Brains ", quel titre !), souvent retors, entre je-m'enfoutisme salvateur et morgue CBGB, le rock de ces Bonnie and Clyde d'un nouveau genre (plus teigneux, plus cool) devrait tout balayer sur son passage. " You Got It ? I Want It ! " (" Cat Claw ") : VV et Hotel ont tout pour eux. La classe, le talent, le sex-appeal. Bref, la foi en une musique qui sue à pleines gouttes, qui mord à pleines dents, qui hurle sa rage. " Fuck The People " : ce slogan, qu'on a plus entendu depuis le punk, revêt chez The Kills un nouveau sens, celui du rock même, de sa quintessence. A la fin, sur deux ballades blues gangrenées par une guitare vitupérante, The Kills semble pourtant s'assagir. Derrière l'accalmie se tapit pourtant, encore et toujours, ce rock prêt à bondir, que vous croyez mort depuis déjà des lustres. L'histoire se répète. C'est vrai ; quels seront nos prochains héros dans trois mois ? Qu'importe : avec The Kills, on savoure l'instant, le temps présent. Et c'est la seule chose qui compte.