OK Panda s’intéresse à la psychiatrie…

Après avoir publié un premier Ep intitulé "Perspectives", fin 2022, qui lui avait permis de fouler des salles comme le Cirque Royal, le Bota ou encore le Belvédère, le quintet bruxellois Ok Panda a sorti son second, "Chasing home", ce 20 février 2024. Dès la…

logo_musiczine

L’interaction de Ride…

Le septième elpee studio de Ride, « Interplay », sortira le 29 janvier 2024. Ce nouvel album est le troisième du quatuor d'Oxford depuis sa reformation en 2014. Ces pionniers du shoegaze, quelquefois proche du noise rock des années 90, sont davantage ensemble…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Search results (10 Items)

The National

The National fait coup double !

Écrit par

The National a sorti un album ‘surprise’ ce 18 septembre. Il s’agit du second elpee gravé en 2003. Intitulé « Laugh Track », il fait suite à « First Two Pages of Frankenstein », paru en avril dernier.  

La formation a peaufiné la plupart de ces morceaux lors de concerts en tournée cette année, et a capturé ces versions revigorées lors de sessions impromptues au studio du producteur Tucker Martine, à Portland. La dernière chanson de l'opus, « Smoke Detector », d'une durée de près de huit minutes, a été enregistrée en juin lors d'un soundcheck à Vancouver, complétant ainsi une œuvre pleine de spontanéité et d'énergie rock vintage qui complète parfaitement les chansons de son prédécesseur, plus introspectif.

Lors des sessions, le groupe a reçu le concours de Phoebe Bridgers, Rosanne Cash et de Bon Iver pour « Weird Goodbyes », morceau qui avait déjà été publiée en août 2022.

Au fil des ans, Aaron admet que The National a souvent renoncé à l'idée de réaliser un album de rock. Mais pour la circonstance, le band a voulu faire quelque chose de plus vivant, afin que le jeu de Bryan soit plus déterminant. A l’écoute des trois titres disponibles sur Bandcamp, on ne peut pas dire qu’il existe une grande différence entre les deux derniers long playings…

Le titre maître, featuring Phoebe Bridgers, est en écoute ici

 

 

The National

The National anthem

Écrit par

Rien ne semble pouvoir enrayer la marche triomphale de The National. Quelques mois après avoir comblé ( ?!) l'AB, c'était l'arène de Forest qui accueillait ce mardi 15 février ces Américains à la notoriété grandissante. Aussi à l'aise dans un espace confiné que dans d'imposantes structures, les cinq New-yorkais affichent à présent l'assurance des grands de demain. Alors, prêts pour les stades?

Alors que la salle finit de se remplir de malheureux comme votre serviteur, retenus en otage par les tentaculaires artères Bruxelloises ankylosées en ce jour par une action de grève des transports en commun, le set commence en force par l'hymne fédérateur qu'est devenu « Anyone's ghost ». Incontournable chanson extraite de « High Violet » qui d'emblée fixe les ambitions d'un combo jouant en terrain conquis. Imparable et parfaitement ajusté, le show ne laisse plus vraiment place à d'éventuelles surprises. Comme un film connu par cœur et qu'on adore visionner, encore, et encore, et encore, dont tous les éléments déjà identifiés génèrent quand même les mêmes émotions. Dès lors, le concert tient autant de la représentation que de la performance.

Oui, le vin blanc coule à flots dans le gosier du chanteur et c'est pour lui permettre de s'effacer plus profondément dans sa bulle afin de trouver l'énergie nécessaire à cette redite quasi quotidienne. Car, qu'on ne se méprenne sur mon propos, The National est et reste un des groupes majeurs de la scène actuelle et sa popularité sans cesse grandissante n'entame en rien la force de sa musique. Mais depuis des mois, le groupe se donne entièrement au travers de dizaines et de dizaines de dates, qui au bout du compte, ne font qu'user le physique et le mental d'un groupe fantastique sur les épaules duquel repose pas mal d'espoirs, mais aussi d'ambitions. Et pourtant, impossible de les prendre en défaut. « Bloodbuzz Ohio », « Appartement Story » et « Abel » dégagent à chaque occasion la même vague d'enthousiasme de la part du public, tandis que les plus intimes « Slow Show » ou « Afraid of everyone » ne manquent pas de dresser les poils au garde-à-vous.

Le rappel, rituel conventionnel, s'il en est, voit toujours Mr. November s'époumoner et descendre dans la marée humaine à l'occasion d'un « Terrible love » habité, pour le plus grand bonheur des jeunes filles en pâmoison.

Etonnamment, le concert se termine encore par un « Vanderlyle » acoustique, nonobstant la taille de la salle, peu sujette à ce genre de performance en catimini. Mais toute la force de The National est justement de canaliser la fougue pour l'étouffer dans un écrin d'émotions à vif. L'assistance ne pouvant que suivre l'exemple, le silence total envahit donc un FN conquis.

Pour ma part, de la place occupée tout au long de la soirée (la faute aux bouchons!), j'ai eu la désagréable impression de me farcir une vielle cassette pirate. Heureusement, je me suis fait mon idée depuis longtemps. The National peut devenir énorme, il restera sans conteste un de mes groupes préférés. En espérant que le succès n'entame pas son génie.

Organisation: Live Nation

(Voir aussi notre section photos)

The National

Secret meeting

Écrit par

Impossible d’arrêter le temps qui fuit inexorablement entre nos doigts. Et je sais pertinemment bien, que comme le commun des mortels, je vieillis. Bon, c'est pas encore le troisième âge, j'ai encore toutes mes dents, je suis (pour le moment?) épargné par la calvitie, j'ai un peu de bidoche, mais pas trop. Donc j'appréhende le seuil de la quarantaine avec un certain détachement. Le secret de ma jouvence n'est pas en pot, ne s'étale pas sur la tronche le soir et le matin, ne s'injecte pas avec des aiguilles de tailles disproportionnées, et ne s'avale pas au petit déjeuner avec un verre d'eau. Non, si je suis resté (relativement) jeune, un peu à l'instar de Peter Pan, c'est grâce à mon âme d'enfant, que je m’efforce de garder intacte dans un petit recoin de ma caboche. Bien sûr, ce n'est pas toujours de tout repos, et l'immaturité ne fait pas toujours l'unanimité. Mais cette part de moi-même est peut-être la meilleure. En tout cas, je la chéris et veille à ne pas la perdre.

Et bien entendu, la musique joue le rôle de catalyseur de cette fontaine. C'est elle qui nourrit mes rêves enfantins et m'aide à ne pas grandir. Je dirais que c'est le monde magique dans lequel le moi-enfant aime à se retrouver. C'est mon oasis. Je suis un gosse de presque quarante balais qui rêve, chiale, danse comme un enragé et est heureux d'être malheureux quand il écoute des p... de chansons susceptibles de lui faire dresser les poils au garde à vous sur son épine dorsale.

Alors non, nonobstant l'inéluctable succès de The National, voué à un succès de plus en plus conséquent, par la grâce d'un album magistral ; ce que j'aime chez ce groupe, c'est la magie que recèlent chacune (fait rarissime) des chansons de leur répertoire. Un phénomène qui ne s’explique pas. C'est comme une alchimie. Oui, leurs morceaux sont vachement bien foutus, les mélodies imparables (dans une seule journée, je peux fredonner dix de leurs chansons qui viennent à tour de rôle hanter mon esprit) et ils ont ‘la classe’. Mais au-delà de toute cette littérature justifiant un tel engouement, The National me parle. A moi. Pas au reste du monde. Même si je connais quelqu'un qui ressent exactement les mêmes émotions. Il me confiait d’ailleurs encore hier : ‘Je Suis The National!’. Non, juste à moi. Ecouter un album de The National, c'est comme replonger chaque soir dans le même conte écouté et connu par cœur, quand enfant, maman me racontait une histoire avant de dormir.

Assez étrangement, j'ai découvert le groupe sur le tard. C'est donc avec une assiduité boulimique que j'ai exploré la discographie fournie depuis 1999. Et bien sûr, à l'approche des dates de la tournée où le groupe fera escale au mois de novembre, mon impatience grandissait. Cologne, Luxembourg, Bruxelles. Mon appétit étant disproportionnellement lié aux cordons de ma bourse. Je voudrais assister à toutes les dates de toutes les tournées. Je ne peux en faire que trois. Peut-on conclure que je perds la raison?

Un descriptif pour vous donner une petite idée de l'état d'ébullition dans lequel je me suis retrouvé quand le bruit d'un concert secret a commencé à circuler, pour finalement se retrouver au creux de mon oreille. Et de mon enchantement, quand après moult péripéties, ruses, et pas mal de patience, je pénétrai au sein de la station radio, quelques poignées de minutes avant le début de cet évènement.

Je savoure le moment. 137 figurants et moi, et moi, et moi. Un speaker rappelle quelques consignes d'usage, et le groupe accompagné de deux cuivres monte sur la courte estrade. Campé dans son élégant costume trois pièces sombre, le frontman, Matt Berninger décline quelques boutades sur un ton décontracté. Derrière lui, Bryan Devendorf, le batteur me fait de plus en plus penser à une réplique de Luke Wilson dans le film ‘La Famille Tenenbaum’. Je souris. A ma gauche, un grand piano à queue. Je frémis. Tout est en place. Les premières mesures d’« Anyone's ghost » retentissent. La basse emmène la chanson sur un rythme chaloupé. Les fûts sont martelés de manière saccadée. Déjà ma gorge s'étreint et ma tête balance. « Mistaken for strangers » embraie, m'entraînant alors dans un mouvement de pendule. « Bloodbuzz Ohio » me (trans)porte dans son essaim d'abeilles, parcourant des miles et des miles de terres promises, et mes yeux parcourent la distance qui sépare la mélancolie de l'espoir. Quelques mots échangés entre les frères Dessner et le chanteur annonce la couleur du morceau suivant : « Afraid of everyone ». Le tempo s'accentue. Il suit les battements des c(h)œurs. Les sonorités de la Fender deviennent torturées, plaintives et se déchirent en larmes de verre tranchant. Oui, yellow voices swalowing my soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul. Un tourbillon de feuilles mortes. Et il y a toujours cette mélodie dans l'air.

« Slow show », magnifique chanson extraite de « Boxer », virevolte autour de moi et m'élève vers des cimes électriques. Je lève mon verre à mes amères défaites. « Squalor victoria ». Quand Matt Berninger éructe ses paroles comme un venin craché de ses entrailles, je fais corps avec lui. Dans les brumes de ses paroles au sens obscur se niche une poésie noire et pleine de sens.

« Conversation 16 » oscille entre ciel et terre. Des nuages sombres poussés par des vents mauvais. Des fourmis sortent du sol et grimpent le long de mes jambes. « Apartment story ». J'appelle cette réaction ‘danser’. Le commun des mortels qualifierait ce mouvement de ‘dodeliner’. Je m'en moque. Je suis transposé. Dans les confins de mon esprit, une étoile brille plus étincelante que jamais. Quand pleuvent les quelques arpèges cristallins de « Daughters of the soho riot », c’est comme si on arrachait quelques larmes à un alligator.

Retour aux claviers pour un hymne. « England » et son cortège d'anges escortés par de majestueuses trompettes. Je suis ici, ici et maintenant. Je devrais être ailleurs en ce moment. J'ai oublié mes responsabilités. ‘Stay the night with the sinners’. Le groupe se propose pour assurer le service lors de grandes cérémonies. Penser à inviter The National le jour de mon mariage. « Fake empire ». Mais qui détient les ficelles du destin? Le groupe se retire. Comme la mer. Non sans revenir.

Le prochain single amorce le final grandiose. « Terrible love ». Descendu dans la marée de fidèles, frôlant mon épaule, Matt s'oublie (enfin) et laisse sa barque s'écraser sur les la(r)mes de récifs recouverts d'embrun. ‘It takes an ocean not to break’. Je bois le calice, ce sang est mon sang. Enfin, dans un final apaisé, communiant avec quelques audacieuses voix parsemées dans l'assistance, « Vanderlyle crybaby geeks » en version unplugged clôt cette soirée en toute beauté. Du set list initial, « Mr. November » et « About today » ont été exclus des rappels. Je soupire. Qu'importe. Peut-être dans trois semaines? Je n'en ai pas assez. J’en voudrais encore. Comme quand j'étais jeune et insouciant. Quelques rasades pour étancher ma soif. Quelques dates d'affilée, pour me rassasier. Peut-être…

Avant de regagner mes pénates, j'aperçois par l'interstice d'une porte curieusement entrouverte un touchant tableau de famille. Oui, Matt, tu as raison, c'est là que réside la réalité. Mais l'espace d'un instant, qu'il est bon de se retrouver enfant!

En concert le 21 novembre à l’Ancienne Belgique. Sold Out.

Concert en écoute gratuite sur: http://www.stubru.be/media/herbeleefthenationalinclub69

(Organisation: Studio Brussel).

 

The National

High Violet

Écrit par

A la vitesse à laquelle se sont arrachés les tickets pour leur concert à l’AB, plus de doute possible, The National est désormais l’une des formations les plus incontournables et respectées de la scène indie. Lentement mais sûrement, le quintet est parvenu aux sommets, tant de sa notoriété que de son art. « Boxer », publié il y a trois ans, avait déjà démontré que les New-Yorkais étaient arrivés à atteindre le parfait équilibre entre leurs mélopées élégiaques et les vocalises crépusculaires de Matt Berninger. Il suffit, pour en être convaincu, de prêter une oreille attentive au morceau d’ouverture de « Boxer », « Fake Empire », parfait en tous points. A l’issue d’un tel coup de maître, The National avait plutôt intérêt à assurer.

Après avoir planché sur la géniale compilation « Dark Was The Night », parue l’an dernier, la formation poursuit son ascension et déballe un « High Violet » encore plus riche, plus fin, plus passionnel. Et toujours plus juste. The National fait à nouveau preuve d’une incroyable densité, alliée à une formidable sérénité. Preuve en est, les magnifiques « Afraid Of Everyone », « Lemonworld », « Anyone’s Ghost », « England » et, surtout, le salvateur « Bloodbuzz Ohio », porté par un Matt Berninger dont la voix libère une intensité à en donner la chair de poule. Le quintet s’illustre également par des textes d’une profondeur assez exceptionnelle et remporte à nouveau la plus grande distinction pour ce « High Violet » tout à fait incontournable. De quoi contribuer à un succès plus qu’amplement mérité.

Ceux qui n’ont pas obtenu le sésame pour voir The National à l’AB pourront se consoler cet été, le 21 août plus précisément, au festival Pukkelpop.

The National

A Skin, a Night (Dvd) + The Virginia (EP)

Écrit par

Les images de « A skin, a night » font doucement ressurgir le passé laborieux des National. Le Vincent Moon des ‘concerts à emporter’, qui n’a jamais dissimulé sa passion pour le groupe, y retrace la lente ascension des New-Yorkais. On y rencontre l’inquiétude d’un premier « Sad songs for dirty lovers » (1999) lâché en pâture à une industrie musicale étrangère et hostile. On ressent le malaise des salles désemplies, le poids des dettes inhérentes à une première autoproduction. On partage leur désarroi face à l’indifférence de la presse, leur anxiété face à un public réticent et un avenir plus qu’incertain. Le tout est livré à travers un défilement d’images peu contrastées qui, surgies de la pénombre, s’imposent puis s’étiolent aussi vite. La caméra est à la main, le cadrage approximatif, la lumière brute, les plans flous, les propos inachevés, les morceaux mille fois ébauchés. Un montage arty qui pourra provoquer quelque frustration pour qui s’impatiente de voir surgir de véritables messages informatifs et linéaires ; mais ce n’est que rarement la finalité des choix filmiques de Vincent Moon. Et, finalement, la poétique mélancolie des National s’accommode assez bien de cette imagerie évanescente. Le film progresse par bribes. Elles sont mises en boucle, fidèles au processus de création musical de « Boxer ». ‘It’s like : Here’s some music. Then everyone’s gonna try different things and it’s always kinda little miracle when something is coming out ot it’ (Matt Berninger). La voix grave des National est éternellement sur ses gardes. ‘It’s a gamble, it’s a risk’. Pourtant, la suite, on la connaît. Boxer est leur meilleure sortie et le groupe écumera les festivals d’été et les meilleures salles de concert.

Après l’abstraction des envolées graphiques, on se plonge aisément dans l’écoute de « The Virginia EP » qui, lui aussi, brasse indistinctement le vieux et l’inédit, le live et le studio, l’incertain et le déjà conquis. Si les faces B et démos manquent peut-être d’inspiration, les prises live et reprises (la magnifique « Mansion on the Hill » de Springsteen) sont troublantes. Et, de toute façon, à elles seules, les premières notes de Fake Empire suffisent à élever instantanément aux nues celui que Bernard Lenoir qualifie, depuis ses débuts, de ‘meilleur groupe du monde’.


 

 

The National

Boxer

Écrit par

Un ange passe. Quelques minutes se sont écoulées mais le temps s’est figé sur cette voix. A ses côtés, piano et violons, même impeccablement arrangés, ne sont que prétextes. Prétextes pour s’accrocher désespérément à la profondeur indélébile de ce timbre grave et doux. Prétexte pour faire tourner l’album en boucle, sans paraître, juste pendue aux lèvres de Matt Berninger. Le conteur a séduit, et fait sombrer délicieusement dans les méandres de ses narrations, bercées entre l’ombre et la lumière. Une voix qui n’a désormais plus rien à envier à Stuart Staples (Tindersticks), pour un album qui affine les surprises du passé. « Sad songs for dirty lovers » (2003) avait ému par sa pop parfaitement en équilibre entre acoustique ténébreuse et efficacité électrique ; « Alligator » (2005) avait conquis par ses vocalises sereines, acheminées en déluges sonores. « Boxer » s’élève toujours plus haut, à travers la finesse de l’instrumentation (violon, violoncelle, piano, harpe, trompette, orgue) et les participations complices de Padma Newsome, Doveman et Sufjan Stevens. Profondément sincère, il précipite d’imparables émotions sans jamais se départir de cette déconcertante sérénité. Emmené par cette impressionnante batterie où puissance et finesse se donnent la réplique sans jamais cesser de surprendre, le rythme flirte à la dérobée avec l’abysse. « Boxer » tangue entre résignation romantique et volonté débridée ; et c’est au cœur de ce va-et-vient que The National confirme sa force et sa délicatesse. Sur « Ada » et « Fake empire » guettent l’imparable crescendo et tombent les dernières résistantes. Où est la faille ? Pensée avortée, car, déjà, la vague a délicieusement submergé. Lorsque la marée baisse, les corps nus et frissonnants sont à découvert. Subitement tellement légers, les armes éparpillées dans l'écume. Seul un rire nerveux distrait un visage placide où la peur a littéralement fondu devant l’inébranlable moment présent. Car « Boxer » est purement et simplement une tempête de présent.

 



The National

Nous sommes tombés amoureux de New York

Écrit par

Le line up de The National est tout à fait singulier, puisqu'à l'instar des débuts du défunt Immaculate Fools, il implique une paire de frères (les frangins Dessner et Devendorf). Et un chanteur et lyriciste qui réponde au nom de Matt Berninger. Responsable de trois albums à ce jour - dont l'excellent " Alligator ", paru voici quelques semaines - le quintet est issu de Cincinnati, mais vit à New York. C'est d'ailleurs dans la métropole d'adoption que l'histoire de cette formation a commencé. Ce qui méritait une explication. A l'issue de leur set remarquable accordé dans le cadre du festival Pukkelpop ; Matt et Bryan Devendorf (NDR : le drummer) ont bien voulu éclaircir la situation…

Tout comme AfghanWhigs (NDR : que Greg Dulli vient de remonter), les membres de The National sont donc originaires de Cincinnati, dans l'Ohio. Mais si la bande à Dulli s'est installée à Los Angeles, celle de Berninger a plutôt opté pour la côte est des Etats-Unis. Matt s'explique : " Nous ne sommes pas partis à New York pour fonder un groupe. Ni pour aller à la rencontre du succès. L'idée de ce collectif est née plus tard. Maintenant, il est vrai que si nous étions demeurés à Cincinnati, j'ai du mal à imaginer qu'un tel projet aurait pu naître. Vivre à New York est extrêmement motivant. Il y a tant de choses à faire dans cette ville. On peut y réaliser ses rêves. Projeter de belles perspectives de carrière. Parce qu'il existe des tas de clubs qui permettent de se produire en concert… " Et Bryan d'ajouter : " Les gens y sont beaucoup plus ambitieux " Matt reprend le crachoir : " Cette métropole vous inspire. Dulli a émigré à L.A. Et je ne sais pas dans quelle mesure Cincinnati a pu lui apporter une quelconque créativité. D'ailleurs, je pense qu'il s'est barré de là assez rapidement. " Apparemment, ils ne sont pas près d'y revenir. Matt confirme : " Je doute que nous y remettions un jour les pieds. Nous sommes tombés amoureux de New York. Il est difficile de retourner dans ton bled, lorsque tu y as vécu. Si nous devions le quitter, ce serait pour une autre grande ville ; comme Paris, par exemple… " Il est vrai que la France est le premier pays européen à s'être enflammé pour The National. Sur le vieux continent, ils ont d'ailleurs d'abord été signés par le label indépendant bordelais Talitres, chez qui les deux premiers albums sont sortis (NDR : depuis, ils sont passés chez Beggars Banquet et distribués par V2 dans le Benelux !). Matt acquiesce : " Nous comptons beaucoup de fans en France. J'ai eu une petite amie française à New York. Nos premiers concerts en Europe ont été accordés à Paris… Nous avons, en quelque sorte, une french connection. On peut même dire que Bryce est francophile, puisque sa copine est issue de Paris. " Faut aussi croire que la sensibilité de leur musique plaît à ce public. Et Matt d'ajouter : " C'est peut être également la raison pour laquelle Paris nous plaît. En fait le public français est réceptif à la musique confessionnelle. A cette forme de sincérité. " Et d'élégance…

Hormis lors du premier album, le violoniste/claviériste Padma Newsome a participé aux sessions d'enregistrement de tous les autres disques. En outre, il lui arrive régulièrement (NDR : pas à l'occasion de ce Pukkelpop, cependant) de tourner en compagnie du groupe. Est-il pour autant considéré comme membre à part entière de la formation ou tout simplement collaborateur régulier ? Bryan éclaircit la situation : " Il nous accompagne généralement en tournée. Mais il vit en Australie. Chaque fois qu'il a la possibilité de nous rejoindre, il débarque. Disons que les ¾ du temps, il est présent. Mais parfois, ce n'est pas possible. Pourtant, tu peux le considérer comme un membre effectif de The National. Il est même devenu un des éléments majeurs du groupe Voire son pilier central… " Ce qui explique, sans doute pourquoi 'live' son absence oblige le combo à proposer un set totalement différent. " Oui, absolument !" confirme Matt. "Tu as pu t'en rendre compte aujourd'hui. Lorsqu'il est présent, il ajoute ses parties de violon et de claviers. La musique est alors plus atmosphérique. Sans lui, on essaie de produire des shows distincts. Plus intenses, plus électriques, pour maintenir l'intérêt. " Peter Katis (Interpol, Mercury Rev, etc.) a assuré la production d''Alligator'. Pas étonnant lorsqu'on sait qu'il vit également à New York. Et puis ils sont devenus des amis. Bryan en profite pour balancer une vanne : " On l'a choisi parce qu'il danse remarquablement bien (rires). Sérieusement, ce type a bien les pieds sur terre. Il est très calme. Il cherche avant tout à rendre le son cohérent. En fait, il joue le rôle de l'ingénieur du son. Et c'est ce dont nous avons besoin. " Parce que les musiciens du groupe sont d'éternels insatisfaits. Il leur arrive même de retravailler une chanson, parce qu'ils estiment qu'elle est trop accessible. Matt confirme : " Nous sommes dubitatifs lorsqu'une chanson nous plaît instantanément. En général on l'apprécie pendant quelques jours, puis on la trouve banale. Si elle est trop accessible, c'est parce qu'elle est trop familière. Et nous craignons cette réaction. Parce qu'elle suscite rapidement l'ennui. "

De nombreux critiques rock comparent la musique de The National à celle de Tindersticks. Et puis le baryton de Matt à celui de Stuart A. Staples. Il est à supposer que depuis le temps que ce type d'articles se multiplie, les musiciens se sont décidés à écouter les disques du groupe britannique. Bryan donne son avis : " Stuart est un beau mec doué d'une belle voix. Mais je suis surtout sensible au talent du drummer (NDR : fallait s'en douter !) Il a un toucher, un feeling, exceptionnels. Pour ma part, c'est un des meilleurs au monde ! " Matt, de son côté confesse : " Nous n'étions pas spécialement des fans. Nous étions simplement au courant de leur production. Mais après avoir lu les critiques qui relevaient des similitudes entre les deux groupes, on s'est quand même décidés à les écouter. En fait, nous partageons les mêmes goûts. Et en particulier pour Nick Cave. Dont la façon d'écrire des chansons, des mélodies, m'a toujours impressionnée. En ce qui concerne la voix, j'essaie de faire du mieux que je peux. Il existe sans soute une influence quelque part, mais vous devez comprendre que ce timbre est inhérent à ma tessiture. Celle d'un baryton. C'est à la fois mental et physiologique… "

Dans les chansons de The National, on retrouve des contes mélancoliques alimentés par le sexe, l'alcoolisme, la rupture, la paranoïa et la solitude. De la tendresse aussi. Des observations finement détaillées de la vie et de l'amour, la comédie humaine peinte avec de l'humour noir ; et plus que probablement un exorcisme des propres angoisses de Berninger. Mais en utilisant la narration, Matt cherche-t-il à créer une distance entre lui et son sujet ? (NDR : silence), Matt semble médusé : " … Il y a des parties autobiographiques et d'autres narratives. De la fantaisie, aussi. De l'imaginaire et des choses toutes construites. Si les chansons reposaient uniquement sur la biographie de l'être humain, ce serait moins riche. Il faut donc romancer. Donc on imagine des gens face à certaines situations. On crée des personnages en partie autobiographiques et partiellement fictifs. Le but n'est pas de se cacher derrière un quelconque paravent, mais plutôt de construire une atmosphère, susciter de l'émotion… " Ce qui explique sans doute pourquoi le cinéma est également une source d'inspiration pour les chansons de The National. Matt confirme : " On aime beaucoup le cinéma. Almodovar notamment. Et en particulier les longs métrages 'Parle avec elle' et 'Tout sur ma mère'. On est allé voir récemment 'Eternal sunshine of the spotless mind', et ce film nous a beaucoup plu. Et puis, nous vouons un culte aux classiques comme 'Ghostbusters' ou 'The graduate'. Ce dernier met en scène des personnes maladroites plongées dans des situations inconfortables. Des individus faibles occupés de se dégrader. Nos chansons sont écrites comme des scénarios de films… "

Tout au long d''Alligator', on ressent une forme de désenchantement vis-à-vis de la vie et du monde contemporain. Seraient-ils fatalistes ? Bryan hoche la tête d'un air affirmatif. Matt réfute cette analyse : " On peut considérer qu'il existe, dans notre écriture, un mélange de cynisme, de mélancolie, de pessimisme, de désenchantement, de dégoût par rapport au monde. Mais aussi d'humour et d'optimisme. L'être humain veut être heureux, et c'est normal. Mais il doit se battre pour y parvenir. Je ne pense pas qu'on puisse considérer notre démarche comme négative ; simplement elle est le résultat d'une observation des gens dans leurs moments faibles et leurs moments forts… " Pourtant dans la chanson 'Looking for Astronauts', on ressent une volonté de fuir la société. Un type d'évasion qui pourrait conduire au suicide… Bryan et Matt ne semblent toujours pas sur la même longueur d'ondes. Mais ce dernier finit par trancher : " L'herbe est toujours plus verte chez ton voisin. C'est dans ce sens là que j'ai écrit cette chanson. En pensant aux gens qui sont disparus, qui disparaissent, qui sont perdus. Je n'imaginais pas qu'elle aurait pu prendre une signification aussi destructrice… "

 
Merci à Vincent Devos

The National

Alligator

Écrit par
Originaire de l’Ohio, mais établi à Brooklyn (New York), The National nous propose son troisième album. Un disque qui a reçu le concours de Peter Katis – personnage qui a mis en forme les deux premiers elpees d’Interpol – à la production. Pas une surprise, parce qu’il était déjà venu donner un petit coup de main, lors de la confection du deuxième opus, « Sad songs for dirty lovers », en 2003. Et puis de Padma Newsome, invité pour la circonstance à jouer du piano et de l’orgue, en sus du violoncelle ou du violon. Une participation bien plus conséquente. Dégoulinant de mélancolie et suintant d’émotion, les douze fragments de cet « Alligator » oscillent entre luxuriance et austérité, douceur et gravité, développant des mélodies qui s’inscrivent insidieusement dans votre subconscient, à l’aide d’une encre sonore indélébile. Changement radical : les petites touches d’électronique ont été gommées au profit d’une plus grande consommation d’électricité. Post punk, « Abel » évoque même le mythique Joy Division. D’ailleurs, la voix de Matt Berninger y vocifère comme le regretté Ian Curtis. Une exception qui confirme la règle, car le baryton de Matt est un peu le métronome chez The National. Son timbre peut faire penser tour à tour à Michael Gira, feu David Mc Comb (Triffids) ou encore Kevin Weatherall (NDR : le vocaliste du défunt Immaculate Fools). Et puis de ses lyrics. Qui narrent des contes douloureux de matérialisme, de sexe, de solitude, de désenchantement, de rupture et bien sûr de mort (NDR : vous vous en seriez doutés !). Parfois avec un fatalisme teinté d’humour voire de cynisme. La rencontre entre l’homme et sa réflexion. Un must, tout simplement.

The National

Cherry Tree

Écrit par
Auteur d’un remarquable deuxième album fin de l’année dernière (« Sad songs for dirty lovers »), The National nous revient avec un EP 7 titres. Soit cinq nouvelles compositions et une version ‘live’ sauvage et décapante de « Murder me Rachel ». Fasciné par la poésie urbaine de New York, métropole au sein de laquelle la formation a élu domicile, cette formation mélange pop, rock et folk avec une redoutable efficacité. N’hésitant pas à passer du plus électrique au plus acoustique, du plus violent au plus tendre, du plus emphatique au plus minimaliste, du plus allègre au plus dramatique, pour nous communiquer leur spleen. A charge du baryton fatigué de Matt Berninger de canaliser toutes les émotions. Si vous appréciez Swans, Tindersticks et le défunt Triffids, vous ne pouvez passer à côté de The National !

The National

Sad songs for dirty lovers

Écrit par

Issu de l'Ohio, mais émigré à Brooklyn, The National peut se targuer d'un line-up fort original, puisqu'il implique un duo de frères. En l'occurrence Scott (guitare) et Bryan (drums) Devendorf, ainsi que Bryce (guitare) et Aaron (basse) Dessner. Les parties vocales relevant d'un cinquième larron, Matt Berninger, un chanteur dont le baryton me rappelle tantôt Stuart Staples (Tindersticks), tantôt Kevin Weatherall (NDR : le vocaliste du défunt Immaculate Fools, un quatuor écossais qui impliquait également une paire de frangins), tantôt Michael Gira (Swans), même si parfois il emprunte les inflexions de Mark Eitzel (American Music Club). Et les formations précitées sont de solides références pour The National. D'autant plus que les lyrics y sont aussi torturés, douloureux et ténébreux, traitant le plus souvent de la fragilité et de la complexité de l'amour qui fluctue entre déchirure et épanouissement. Et puis de l'homme, qui incapable de faire face à la souffrance, se réfugie fatalement dans l'alcool.

" Sad song for the dirty lovers " constitue leur deuxième opus. Un disque dont les chansons finement ciselées, parcimonieusement soulignées de backing vocals féminins, manifestent un parfait équilibre entre instrumentation acoustique et électrique. Padma Newsome, invité pour jouer du violoncelle ou du violon a ainsi participé à la confection des deux meilleurs fragments de l'opus. Tout d'abord en caressant de son archet le très beau " 90 miles water wall " (Dirty Three ?) ; et puis par une intervention hypnotique, tourbillonnante, déroutante, digne de John Cale, sur le velvetien " Murder me Rachael ". L'opus réserve encore deux fragments chargés d'intensité électrique. Tout d'abord l'incisif " Slipping husband ", au cours duquel le cri primal de Matt vous transperce l'âme. Il remet d'ailleurs le couvert sur le second, " Available ", une plage plutôt cold wave, nonobstant les sonorités des cordes de guitare plutôt 'U2esques'. Le reste de l'opus oscille entre ballades somptueuses (" Cardinal song ", " Lucky you " et un " Thirsty " aux arrangements très Perry Blake) et folk urbain, parfois même légèrement contaminé par l'électronique. A l'instar de " Patterns of farytales ", qui aurait pu relever du répertoire d'un Wilco. Un superbe album dont la mise en forme a été exécutée par Nick Lloyd, assisté par Paul Heck et Peter Katis, ce dernier mieux connu pour avoir mixé l'album d'Interpol. Superbe !