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The Stranglers

Karaté, humour noir, corbeaux et rats…

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Bassiste, leader et seul membre originel encore présent au sein des Stranglers, Jean-Jacques Burnel publie son autobiographie sous forme d'interview… qu'il a accordée par ailleurs en… franglais !

C'était le plus jeune, le plus frenchy de la formation anglaise, le plus punk sans doute. De parents normands, Il avait ‘la folie’ (morceau qu'il chantait en français dès 1980 sur l'opus éponyme). Devenu maître karatéka, il descendait dans la foule pour régler le compte des emmerdeurs. Il a donc publié, sous forme de dialogues avec Anthony Boile, déjà auteur d'un ouvrage sur les Stranglers, son autobiographie en douze chapitres : douze morceaux qui évoquent notamment son identité duale franco-britannique, son amour des motos, de la bagarre ou son engagement pro-européen.

Maniant la provocation et l'humour (on peut être maître de karaté et de la provocation, ceinture humour noire) dans le livre comme dans l'interview qui suit, Jean-Jacques Burnel laisse poindre sa rancœur face à la trahison de son binôme Hugh Cornell –le chanteur qui a quitté le groupe voici trente ans, et son amour sincère et indéfectible pour un étrange territoire : la Belgique et les belles personnes qui la peuplent…

Chez les Stranglers, vous ne composiez pas beaucoup de chansons politiques, pourtant vous vous intéressez à la géopolitique, le livre le prouve, notamment à travers ce point de vue visionnaire à l’égard de ce qui se déroule actuellement en Europe…

C'est vrai, je m'intéresse à ce qui se passe dans le monde et je constate que beaucoup de gens ‘are sleepwalking in the fucking disaster’.

Oui, je m’y intéresse parce que je fais partie du monde ; et nous, petites personnes, nous pensons que nous incapables de changer les évènements. Mais pour l'Ukraine, c'était évident : nous avons eu un comportement hypocrite vis à vis de la Crimée, à l'époque. Et la suite le démontre lors de la Coupe du monde de football en Russie que nous n'avons pas boycottée. On a donné la Crimée à ‘Putain’ (sic !) et ensuite, hypocritement, tout le monde est allé jouer la coupe du monde en Russie. Déjà, à ce moment, on aurait dû dire stop. Personne ne l'a fait et le fric a gagné de nouveau, ainsi que la lâcheté.

Pourquoi y a-t-il dès lors proportionnellement peu de textes politiques dans le répertoire des Stranglers ?

Je ne suis pas d'accord. Souvent on a manifesté un engagement politique, ni de gauche ou de droite, mais en observant, à la manière des journalistes. Et puis c'est à l'auditeur d'en tirer ses propres conclusions.

On parlait de la Russie, il y a eu "Curfew" sur l'elpee "Black and White" en 78, qui évoquait une possible invasion de l'Angleterre. "Shah Shah A gogo", juste avant l'arrive de Khomeiny au pouvoir en Iran… il y en a beaucoup en fait. Mais on ne peut pas prendre au sérieux un groupe musical ; nous n'avons pas plus de crédibilité que n'importe qui ou quoi… que ‘Ça plane pour moi’ (rires).

Mais nous avons autant droit à une opinion que quiconque. Mais bon, ce n'est pas publié dans un journal sérieux ; c'est juste les Stranglers… de vieux punks ! (rires)

Cependant, il est judicieux de poser la question, car elle fait ressortir le boulot d'un artiste vivant dans la culture moderne. Il est assez flatteur que vous me la posiez. Merci (rires) !

L'apport des Stranglers a souvent été sous-estimé au sein du mouvement punk, comparativement aux Sex Pistols et aux Clash, vous en parlez dans le livre. En éprouvez-vous de l’amertume ?

Je n'ai pas le temps d'en avoir. De toute façon, ce n'est pas complètement vrai. Shakespeare a dit ‘He who laughs last, laughs longest’.

Et ‘we are laughing the last’, n'est-ce pas (il sourit) ?

Humour noir

Votre musique était déjà plus élaborée, la provocation se produisait sur les planches et en dehors ?

J'espère lire entre vos lignes qu'entre guillemets nous étions plus raffinés que les autres ?

Exact !

Merci !!!!

Vous êtes les hommes en noir, mais surtout humour noir ?

Quel humour (rires) ?

Depuis tout petits, nous avons été biberonnés aux Monty Python et au reste… L'humour britannique est parmi les plus fins et les plus subtils. Ce n'est pas toujours Benny Hill vous savez… (rires)

Ou Mister Bean ?

Qui a d'ailleurs tout pompé chez Monsieur Hulot !

L'humour noir que vous pratiquez est très britannique et finalement pas si courant dans le punk ?

Soyons honnêtes, les Britanniques ont beaucoup d'atouts, d'autodérision, et se foutent de leur propre gueule, ce qui les rend attrayants. Car il n'y a rien de moins attirant que quelqu'un qui se prend très au sérieux ou des gens qui sont imbus d'eux-mêmes.

Ce noir que vous portez sur scène exprime ce côté puritain que vous revendiquez dans le livre, mais, en même temps, le puritanisme c'est le politiquement correct qui nous domine désormais…

Ah non ! La cancel culture, tout ça c'est du bullshit ! Je suis puritain dans le sens cromwellien.

Pensez-vous que l'on accepterait encore aujourd'hui la provocation dont vous faisiez preuve sur les premiers elpees ?

Il y a certainement un morceau, et j'essaie d'ailleurs de convaincre les autres membres du groupe de le rejouer, sur le deuxième album, qui s'intitule "Bring On The Nubiles", dont les paroles sont choquantes au regard d'aujourd'hui.

Je crois qu'il y avait plus de liberté d'expression à une certaine époque que de nos jours…

Ceinture… noire

Vous êtes champion de karaté. Je me demandais, vu vos rapports désormais exécrables, si vous aviez Hugh Cornell en face de vous ; lui casseriez-vous la figure ?

Non ! Ce serait trop facile (rires).

Quand vous avez le niveau de karaté (NDLR : 7ème dan) que j'ai atteint, bien que je ne sois plus de ce niveau, vu mon âge, vous respectez ce que vous avez appris et ce que vous êtes capable de faire.

J'allais dire : ce serait comme si la Russie envahissait un petit pays comme l'Ukraine… (il rit)

C'est un peu David contre Goliath…

Concernant Hugh non, je n'ai pas besoin de lui casser la gueule parce que j'ai perdu tout respect pour lui. D'ailleurs, il s'est cassé la gueule tout seul… (il sourit)

Mais tout au long du livre, on vous sent…

Déçu !

Oui, un peu comme si votre amie vous avait quitté…

Oui, et surtout quitté pour une autre fille (il rit) !

Hugh nous a quittés pour devenir une méga star, pour grandir ; cela n'a pas marché. Résultat : il est devenu aigri et amer et me descend chaque fois qu'il peut.

C'est petit et méchant.

De ma part aussi d'ailleurs… d'en parler (il rit) !

Au cours des entretiens repris dans ce livre, vous exprimez votre amour de Bruxelles et de la Belgique ?

Aaah ! C'est un magnifique endroit. D'abord, Bruxelles est une belle ville du point de vue architectural, le côté flamand de l'architecture. Par ailleurs, les Belges sont très conviviaux. Ce n’est pas pareil aux Pays-Bas, notamment. J'ai passé de super bons moments en Belgique. Nous avons enregistré trois albums à Bruxelles, et j'ai même présenté une émission sur radio 21, le jeudi soir, pendant quelques semaines. Gratuitement, car ils ne pouvaient pas me payer. Mais ils me filaient tout de même une bouteille de vin. Bizarrement, l'émission se désintégrait vers la fin… (rires)

C'est un beau pays qui est le mien comme dit Brel, qui possède beaucoup d'atouts et n'est pas très connu. Bon, ce n'est pas un vrai pays, il a été un peu créé par les Anglais.

C'est ‘understated’ ; il y a de beaux villages, on y est bien accueilli et elle est peuplée de très jolies filles. Ce mélange ADN wallon et flamand est un bon mix !

Mais ce que je trouve très rigolo en Belgique c'est la devise : l'union fait la force… C’est une blague !

Et puis, les Belges sont les premiers au monde à avoir prouvé qu'un pays peut bien fonctionner sans gouvernement.

Ne seriez-vous pas un peu belge, puisque vous êtes une sorte d'’homme-tampon’ entre la Grande-Bretagne et la France, dont les parents sont français, mais qui a toujours vécu en Angleterre ?

Oui, je prends ! Si vous essayez de me provoquer, cela ne marchera pas !

N'essayez pas de provoquer un maître provocateur… (il se marre)

Et comme karatéka, vous pourriez vous appeler Jean-Jacques ‘Burnes’ ?

Oui j'ai des couilles énormes (rires) !

C'est vous qui auriez dû écrire "Never mind the bollocks", car vous avez des ‘balls’. Vous descendez dans le public pour casser la gueule à quelqu'un quand il vous emmerde…

(Il chante "My Way de Frank Sinatra")Regrets, I've had a few, but then again, too few to mention…’

Oiseau… noir

La formation a choisi comme symboles le rat et le corbeau –et c’est toujours le cas– deux animaux qui sont mal aimés et pourtant très intelligents, ce qui est aussi le cas des Stranglers…

Je prends cette comparaison comme un compliment.

Le rat est un animal qui s'adapte très aisément, comme les… morpions ! Si une guerre nucléaire se déclenchait demain, en une génération, les rats s'adapteraient.

Le corbeau est-il vraiment mal vu ? Si l'on évoque Hugin et Munin les corbeaux d’Odin dans la mythologie viking, ce sont les plus grands des corvidés, et les plus forts. Ce sont eux qui informent Odin de ce qui se passe dans le monde : ils sont ses yeux. Raison pour laquelle je les ai pris comme symbole.

Cela me touche et fait écho en moi, qui suis d'origine normande.

Qui voyez-vous comme héritier des Stranglers, actuellement ?

Je ne vois pas, pour l’instant, de groupe aussi mélodique, rythmique et brillant… chiant (rires) et très bon sur scène.

Vous reconnaissez, apparemment, l’existence d’extraterrestres. Mais, croyez-vous aux reptiliens ?

C'est plus ou moins la même chose.

Les scientifiques tentent de trouver le chaînon manquant et même le darwinisme ne l'explique pas. Désormais, le gouvernement américain a rouvert une section consacrée aux ovnis, car il s’est produit trop d’événements inexpliqués observés par leurs pilotes d'avion.

Stephen Hawking a prouvé qu'il existait d'autres dimensions. Peut-être vivent-ils en même temps que nous dans une autre dimension. Il existe parfois des ouvertures sur ces autres dimensions, si est branché sur la bonne fréquence.

Par ailleurs, nous sommes une petite planète où il y a de la vie près d'une étoile. Vu les milliards d'étoiles qui peuplent l’univers, mathématiquement, la probabilité qu'il y ait une planète semblable à la nôtre, est grande.

Quelle est l'influence du Japon sur les Stranglers ?

Elle est énorme. D’abord, parce que je suis karatéka depuis 50 ans ; et sous d'autres aspects également.

J'ai produit le band japonais, Lizard, et j'ai joué dans un grand groupe de là-bas, ARB, à une certaine époque (NDLR : en 1984 !). Difficile pour moi de déterminer exactement l'influence, mais elle appartient à ma vie.

"La folie", c'est tout de même une chanson qui raconte l’histoire d’un Japonais qui a dévoré sa fiancée ?

Oui. Issei Sagawa a d'ailleurs accompli une carrière sur le thème du cannibalisme à la télévision japonaise. Cette pratique n'a pas exercé une grande influence sur moi, heureusement (rire sardonique) ; le morceau peut-être… je veux dire, de musique (il rit).

Jean-Jacques Burnel. Strangler In The Light : Conversations avec Anthony Boile (Le Mot et Le Reste)

 

The Stranglers

Dave Greenfield, le claviériste des Stranglers, emporté par le Coronavirus…

Écrit par

 

Dave Greenfield, le claviériste des Stranglers, est décédé ce 3 mai. Il venait de fêter ses 71 ans, le 29 mars dernier. Alors qu’il était hospitalisé pour un problème cardiaque, il a été testé positif au COVID-19, dimanche dernier.

Né à Brighton, en 1949, David Greenfield avait rejoint les Stranglers au tout début de leur parcours, en 1975. Il avait alors été recruté pour remplacer le Suédois, Hans Warmling. Paradoxalement à l’orgue, alors qu’il était guitariste ! Nonobstant les changements au sein du line up, il est toujours demeuré fidèle à la formation. C’est lui qui avait composé la musique de « Golden Brown », morceau au cours duquel le synthé épouse la sonorité du clavecin. Une chanson rejetée au départ par le label de disques, parce que les lyrics justifiaient leur consommation d'héroïne entre 1978 et 1979, par un désir de devenir plus créatifs. Ce sera un des plus gros hits de la longue carrière des Stranglers. Et ce sont ces sonorités de claviers qui communiquaient cette coloration si particulière à la musique du groupe, Dave infiltrant ses rituelles arabesques savoureusement baroques, à la manière de Ray Manzarek des Doors, quand il ne les rognait pas de son Hammond. Rappelez-vous de « No More Heroes » ou de « Peaches ». Ce qui différenciait, notamment, les Stranglers du mouvement punk qui a marqué la fin des seventies.

Le combo s’était produit l’an dernier dans le cadre du W-Festival et il devait y revenir cette année, lors d’une tournée d’adieu. Le Coronavirus en aura décidé autrement…

RIP

https://fr-fr.facebook.com/thestranglers/

The Stranglers

Un set parfaitement équilibré...

Écrit par

Fondés en 1974, les Stranglers appartiennent à cette catégorie de groupes qui ont pris une part importante dans la naissance du Punk. En 1977. Devenus par la suite pionniers de la scène avant-gardiste, ils ont influencé l'ensemble de la mouvance « New Wave/ Pop Rock » dont les effets se ressentent aujourd'hui encore. Malgré le départ du chanteur-guitariste Hugh Cornwell en 1990, le groupe ne s'est jamais arrêté. Il peut même se targuer aujourd'hui de compter trois décennies d'existence ! Les Stranglers viennent de commettre un nouvel album : « Norfolk Coast ». Le seizième. Un opus assorti d'une tournée mondiale. Un périple qui passait par la France ; et en particulier par Strasbourg, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nice, Mulhouse, Istres et Lille...

Le nouvel elpee synthétise la plupart des styles explorés par la formation depuis ses débuts. Le groupe revient à ses premiers amours, mais le son est plus lourd, plus puissant. Si à l'origine, les textes étaient signés Cornwell/Burnel, ils sont aujourd'hui issus de la plume de  Paul Roberts, chanteur du groupe depuis le départ de Hugh. Les Stranglers ont été et sont encore une source d'inspiration pour une multitude de groupes. Et si en 2004 leur succès n'est plus que marginal, c'est sans doute parce qu'ils se sont accordés la liberté d'explorer et d'expérimenter, parfois au détriment du succès commercial.

Concert :

Ancienne salle de cinéma, le Splendid possède la particularité de disposer d'une scène à hauteur du public. Un public un poil passif au-delà des premiers rangs. Vu l'âge des spectateurs, probablement. Ce qui n'a pas empêché le combo de dispenser un set de 2 bonnes heures, sans aucun temps mort, les titres tournant comme une machine bien huilée. « Norfolk Coast » déchire d'emblée. Le band alterne nouveaux titres et standards. Un mélange finalement parfaitement équilibré. Faut dire que Paul Roberts (40ans), le chanteur, hante littéralement chaque morceau. Réservé jusqu'alors, le public se libère enfin pour « All day and all of the night » et commence à remuer. Baz Warne (40ans), le guitariste, donne une patate phénoménale au son. Il revivifie ainsi la plupart des morceaux. La complicité entre le groupe et le public se manifeste. Le son énorme de la basse de J-J Burnel (52ans), fait vibrer l'assemblée. Les claviers de Dave Greenfield  (54ans) apportent de la couleur à la solution sonore. Son solo sur « Walk on by », soutenu par Baz Warme, est un vrai bonheur. Jet Black (65ans) rythme du bout des doigts la cadence du groupe, tantôt cool, tantôt active. Après « Duchess », les morceaux libèrent une énergie folle, qui ne retombera plus avant la fin du spectacle...

Set list :

Intro (Waltz in Black)                                                        

Norfolk Coast                                                    

Skin Deep                                                                           

Big thing coming                                                                

Peaches                                                                               

I don't agree  

All day and all of the night                                                                                                                  

Always the sun

Long black veil

Golden brown

Tucker's grove

Duchess

Lost control

Who wants the world

I've been wild

Grip

Something better change

Tank

Rappel 1: Walk on by/Five minutes

Rappel 2: Mine all mine/No more heroes

The Stranglers

Acoustic in Brugge

Écrit par

Cet album ‘live’ a été immortalisé au Centre Culturel de Bruges, le 23 novembre 2007. Ce qui explique son titre. Et propose 19 morceaux unplugged. Encore que Dave Greenfield se serve d’un clavier, mais vintage. Pour la circonstance, le quatuor avait embarqué un percussionniste supplémentaire, répondant au nom de Neil Sparkes. Par rapport au Dvd « Rattus At The Roundhouse », la voix de Baz Warne passe beaucoup mieux la rampe. Et l’exercice de style instrumental frôle la perfection. Un grand moment que doivent avoir vécu les Brugeois, lors de ce set absolument exceptionnel…

 

The Stranglers

Rattus At The Roundhouse (Dvd)

Écrit par

“Rattus At The Roundhouse” est un Dvd qui reproduit la prestation ‘live’ accordée par les Stranglers, lors de leur concert accordé au Roundhouse de Londres, le 4 novembre 2007. Le tracklisting est identique à celui proposé exactement 30 ans plus tôt, au même endroit par la formation. Le groupe y a cependant joué deux titres plus récents, lors du rappel, "Duchess" et "Spectre of Love".

Différence majeure, néanmoins, la cruelle absence de Hugh Cornwell. Baz Warne, chanteur/guitariste ne se débrouille pas trop mal à la gratte, mais même si sa voix rauque correspond mieux au profil de la formation insulaire que celle de Paul Roberts, elle manque quand même de timbre. Pire encore, lorsque Burnel tente de chanter, c’est la soupe à la grimace.

Sans quoi, instrumentalement, le set est parfait et libère une belle intensité comme à la belle époque de « Rattus Norvegicus » et « No more heroes ». Hugh, quand tu souhaites revenir au sein du line up, c’est quand tu veux !

 

The Stranglers

5 live 01

Écrit par

Depuis le départ de Hugh Cornwell, les Stranglers ont entamé une longue descente aux enfers. Pas que Paul Roberts soit un mauvais chanteur, mais il ne possède pas le baryton profond, menaçant, de Cornwell. N'empêche, sur les 25 titres de ce double CD, on se rend compte que cette formation est demeurée une formidable machine de scène. La célèbre section rythmique Jean-Jacques Burnell (basse)/Jet Black (drums) est toujours aussi viscérale, pulsante, efficace, le groove irrésistible, et les claviers fluides, doorsiens de Greenfield continuent de filtrer les mélodies. Surtout sur les classiques tels que " Nice and sleazy ", " 96 tears ", " All day and all the night ", " Hanging around " ou " No more heroes ". Et si les chansons les plus accessibles, telles que "Golden Brown" ou "Always the sun", ne possèdent plus cette précision auriculaire, elles n'ont rien perdu de leur pouvoir contagieux. Je ne vous apprendrai rien en vous annonçant que les fragments issus des quatre derniers opus sont les moins intéressants. Mais paradoxalement, joués en public, ils tiennent mieux la route. Et si vous n'êtes toujours pas convaincus par les Stranglers new look, il ne vous reste plus qu'à remettre sur votre vielle platine, vos vieux vinyles de " No more heroes ", " Rattus Norvegicus ", " The raven " et consorts. Et ce n'est pas de la provocation !

 

The Stranglers

Written in red

Lorsque Hugh Cornwell quitte les Stranglers en 1990, il n'y a plus grand monde pour oser parier un penny sur l'avenir du groupe. Et pourtant, l'arrivée d'un nouveau chanteur, Paul Roberts, et puis de l'ex-guitariste de Peter Gabriel, John Ellis, permettent à la formation de graver un album réconfortant, " Stranglers in the night ". Malheureusement, le nouveau line up ne parviendra jamais à confirmer ces belles promesses; et après être descendu en deuxième division, le combo est aujourd'hui tombé dans l'oubli. " Written in red " est probablement ce que les Stranglers ont commis de plus faible à ce jour. Déjà que la menace, la violence et la provoc ont été abolies depuis belle lurette; mais, en outre, les dernières traces de sculpture auriculaire, héritées de " Golden brown ", et la volupté féline, inhérente à " European female ", se sont littéralement volatilisées. Même " Summer in the city ", cover de Lovin Spoonful, ne parvient pas à sauver un ensemble, particulièrement affligeant...

 

The Stranglers

The sessions

Depuis le départ de Hugh Cornwell, les aficionados des Stranglers traînent misérablement leur spleen. Pourtant, Paul Rodgers et John Ellis se sont parfaitement intégrés au nouveau line up. Mais la musique a perdu ce feeling vindicatif, insidieux, menaçant, garage, qui le distinguait de tous les autres groupes. Voici pourtant quelque chose qui devrait jeter un baume sur le cœur de tous ces broyeurs de noir. Une compilation. Mais pas n'importe quelle compilation. Concentrée sur une période sise entre 77 et 82. Soit les meilleures années du groupe. Elle exhume des versions inédites. Exécutées lors de sessions d'enregistrement le 7 mars 77, le 13 septembre de la même année et enfin le 11 février 1982. Les deux premières sessions épinglent des exercices de style commis antérieurement aux morceaux définitifs. Huit chansons qui seront reliftées avant d'être reproduites sur « Rattus Norvegicus » ou « No more heroes ». En l'occurrence "Hanging around", "I feel like a wog", "Goodbye Toulouse", "Something better change", "No more heroes" (of course!), "Burning time", "Dead ringer" et puis surtout le très controversé "Bring on the nubile", dispensé ici dans sa mouture originelle ; c'est à dire celle qui, à l'époque, avait provoqué une levée de boucliers de la part des ligues féministes... La dernière session adopte une technique inverse, puisque "The man they love to hate", "Nuclear device/Genetix" et "Down in the sewer" ont été épurés de leurs overdubs, arrangements superflus et artifices de studio, particulièrement prolifiques sur "La folie" et "The raven". Et la décantation est tellement efficace que les sept minutes trente de "Down in the sewer" prennent ici une toute autre dimension. Live! La scène, véritable objectif poursuivi par ces sessions. La scène, là où les Stranglers ont écrit leurs lettres de noblesse...

 

The Stranglers

Vraiment dans la nuit?

Écrit par

Hugh Cornwell, chanteur et membre fondateur des Stranglers a donc décidé d'abandonner le navire. Une résolution qui aurait tout aussi bien pu se solder par le naufrage de l'ensemble. Pour pallier ce départ, Jean-Jacques Burnel, Dave Greenfield et Jet Black ont décidé d'élargir la formation à un quintette. Tout d'abord en engageant Paul Roberts, un illustre inconnu, pour remplacer Hugh au chant. Ensuite en confirmant à la guitare John Ellis, un musicien qui avait déjà participé à certaines sessions d'enregistrement des Stranglers. Et le groupe vient de concocter un nouvel album : "Stranglers In The Night" avant d'entreprendre une nouvelle tournée. C'est au candide Paul Roberts et au quadragénaire Jet Black qu'est revenue la périlleuse mission de répondre à notre questionnaire. Des Stranglers bien décidés à ne pas se laisser se laisser étrangler (!) par les vicissitudes du destin...

Paul, pourrais-tu nous éclairer sur ton passé musical. Comment es-tu devenu membre des Stranglers ?

Paul : J'ai fréquenté plusieurs groupes indépendants au cours des dix dernières années. J'ai également enregistré quelques disques en Angleterre et en Allemagne. En fait, je suis un fan des Stranglers depuis 1977. Aussi, lorsque j'ai appris que la formation cherchait un remplaçant pour Hugh, je n'ai pas hésité à poser ma candidature. J'ai même insisté pour décrocher le job. J'ai sans doute été suffisamment persuasif pour l'obtenir.

Jet : Je souhaiterais apporter un rectificatif. Paul n'a pas décroché un job chez les Stranglers. Il est devenu membre du groupe à part entière.

Quel sentiment as-tu éprouvé en te joignant aux Stranglers, Paul ?

P. : Fantastique ! Etre inconditionnel d'un groupe et puis devenir membre de ce groupe, c'est comme un rêve qui se réalise. Je suis ravi de pouvoir poursuivre l'œuvre des Stranglers.

Participes-tu à la confection des chansons ?

P. : Absolument. Chaque musicien du groupe est directement concerné par la composition. C'est une manière de travailler qui a fait ses preuves. Elle est propre aux Stranglers. Il n'y avait donc pas lieu d'en changer.

Faut-il cependant s'attendre à une nouvelle direction musicale de la part des Stranglers ?

P. : Compare "Rattus Norvegicus", "Black & White" et "Feline". Ce sont des albums totalement différents. "Stranglers In The Night" se singularise par un chant différent, un phrasé de guitare différent. Le résultat ne peut être que différent. D'autre part, des musiciens différents ont en général une approche différente de la musique. Heureusement d'ailleurs. La musique des Stranglers est en constante évolution. L'important, c'est qu'elle reste de bonne qualité, qu'elle conserve sa véritable nature. Mais entendre la musique n'est pas suffisant. Il faut savoir l'écouter. Malheureusement, l'auditeur ne prête pas toujours une oreille attentive à ce qu'il perçoit. Et cette règle est nécessaire pour apprécier le musique des Stranglers...

Quels sont tes artistes préférés ?

P. : Les Doors, Iggy Pop, Fishbone, Sly & The Family Stone, John Coltrane et puis surtout Roxy Music. Malheureusement, aujourd'hui, je n'ai plus beaucoup le temps d'écouter autre chose...

Quelles sont les principales caractéristiques de votre nouvel album ? Comment s'est déroulé son enregistrement ?

J. : Il s'agit certainement de la session la plus facile à laquelle le groupe ait été appelé à participer. Et nous sommes satisfaits du résultat.

P. : Je suis passé à la TV. C'est une première (rires). Je dois également souligner que les Stranglers ont engagé un cinquième membre, le guitariste John Ellis. Par rapport aux cinq albums précédents, il a été accordé plus d'importance aux parties de guitares.

J. : Et il y a plus de chant !

P. : Oui, plus de chant ! (Ah ! Ah ! Ah ! ....)

L'enregistrement s'est déroulé à Bruxelles?

J. : Non. Nous avons enregistré à Bruxelles à plusieurs reprises, mais celui-ci a été conçu dans un studio anglais; et c'est Mike Kemp qui l'a produit.

Pourquoi avez-vous changé de label ?

J. : Parce que nous n'avions pas le contrôle de notre création. Je m'explique. Nous ne voulions plus être subordonnés à une boîte qui détermine en fonction de ses états d'âme ce qui sera ou ne sera pas distribué. Nous désirions disposer d'un certain pouvoir de décision. Travailler avec une compagnie de disques, plus dépendre d'un label. Nous avons obtenu satisfaction. C'est la raison du changement.

Les chansons des Stranglers deviennent de plus en plus douces, est-ce intentionnel?

J. : Ce n'est certainement pas délibéré mais instinctif. Nous sommes incapables de déterminer à l'avance quel style de chanson nous allons écrire. Agressive ou romantique, tout dépend de l'état d'esprit du moment, du feeling...

De quoi se compose le nouveau répertoire des Stranglers 'live' ?

J. : Nous interprétons aussi bien les anciennes compositions que les plus récentes. Nous n'avons pas tracé une croix sur notre passé!

Rencontrez-vous encore Hugh Cornwell?

J. : Il y a plusieurs mois, voire une bonne année que nous ne l'avons plus vu. Il est très occupé, voyage beaucoup. Il devient de plus en plus difficile de le rencontrer.

Que pensez-vous du courant musical qui sévit aujourd'hui en Grande-Bretagne?

J. : Ces sons mécaniques destinés à la danse ressemblent à tout sauf à de la musique. J'avoue que ces sonorités préfabriquées ne m'emballent pas particulièrement. L'aspect mélodique est totalement négligé; alors que chez les Stranglers, il est primordial. Enfin je dois avouer que je ne dispose pas assez de temps pour écouter d'autres styles musicaux. Je suis suffisamment absorbé par les Stranglers...

Est-il exact que les Stranglers n'apprécient guère la critique négative?

J. : La presse est souvent négative. Ce n'est pas un grave problème. J'estime que ce sont plutôt les journalistes négatifs qui ont un problème. C'est bien dommage, car ils ne font pas preuve de beaucoup d'imagination. C'est également regrettable pour les lecteurs, car ils doivent se contenter d'immondes articles. M'enfin. Les journaux finissent également leur carrière aux immondices (Ah ! Ah ! Ah !)

Est-il exact que les Stranglers ne sont pas toujours faciles à vivre?

J. : Nous sommes des êtres humains comme tout le monde. Avec nos défauts et nos qualités. Lorsque tu es mal disposé, il arrive de t'emporter, puis sans doute de regretter ta réaction impulsive. Mais personne n'a le droit de porter un jugement sur qui que ce soit sans connaître le fond d'un problème...

Que pensez-vous des artistes qui refusent systématiquement d'accorder des interviews?

J. : Je suppose que c'est un choix! Il m'est difficile de critiquer quelqu'un qui refuse d'accorder des interviews. Personnellement j'aime communiquer avec les autres, donc ce problème ne me concerne pas. Pour certains comme Michael Jackson par exemple il s'agit ni plus ni moins que d'une stratégie de management. D'autres encore ne désirent pas s'exprimer, peut-être par paresse ou tout simplement parce qu'ils n'ont rien à dire. Il existe une multitude de raisons...

Vous sentez-vous concernés par la construction de l'Europe?

J. : L'idéal européen est merveilleux. Acheter ou vendre où bon te semble constitue une excellente perspective. Mais d'énormes difficultés enraient son processus. Trop de conflits, d'influences, de lois politiques et économiques sont en jeu. De nombreux britanniques pensent au fond d'eux-mêmes que l'union européenne est une bonne chose. Mais, ils se méfient des clauses cachées du Traité de Maastricht. Certains accords sont trop nébuleux, et on se pose des questions au sujet des répercussions que pourrait entraîner l'application de ces articles. Les Britanniques souhaiteraient s'exprimer à travers un référendum. Comme en France ! C'est plus démocratique!

(Version originale de l'interview parue dans le n° 6 - octobre 1992 - de Mofo)