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Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

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Tony Joe White

Born on the bayou...

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Le Handelbeurs est un bâtiment historique. Un monument classé dont la plus ancienne partie remonte à 1739. La décoration intérieure a été restaurée, puis aménagée à l'aide des techniques les plus modernes pour offrir aujourd'hui son caractère contemporain. Une entreprise qui a été achevée en septembre 2002. La salle principale (442 m2) peut contenir 390 places assises mais surtout 800 places debout. La sonorisation est parfaite. En outre, cette structure ultramoderne s'adapte suivant les circonstances au spectacle. On se doute bien que les infrastructures ne servent pas qu'aux concerts pop/rock, mais la centaine de spectacles qui y sont programmés par an constitue manifestement l'activité majeure de cette salle. Qui dispose, en outre, d'un bar particulièrement vaste. Afin de vous rendre compte de l'architecture des locaux, vous trouverez quelques clichés en rubrique 'photos du public'.

Tony Joe White est une légende vivante. Il a composé, entre autres, pour Elvis Presley, Tina Turner, Ray Charles, Joe Cocker, Etta James, Hank Williams Jr. et même Johnny Hallyday (NDR : est-ce une référence ?) Et tourné en compagnie d'une multitude de mythes du rock et du blues, dont JJ Cale et Clapton, qui lui ont filé un petit coup de main, lors de la confection de son dernier album, « Uncovered ». De passage en Belgique pour trois dates, le Louisianais a joué à guichets fermés. Y compris lors de son set accordé au Handelbeurs de Gand. Une popularité acquise sut le tard. Surtout lorsqu'on sait qu'il compte aujourd'hui 63 balais.

Tony monte sur les planches en solitaire. Chapeau bien enfoncé sur le crâne, lunettes fumées, il s'assied sur un siège disposé à l'avant de la scène, branche sa guitare (NDR : il gardera la même râpe tout au long du concert) et pose un harmonica sur un rack. Le spectacle peut commencer. Après quelques titres, le citoyen d'Oak Grove est rejoint par un drummer : Jeff Hale. Pas n'importe qui, puisqu'il a sévi au sein du Jenning's Band. Un batteur qui allie efficacité, souplesse et vivacité. C'est tout juste s'il ne joue pas son propre show ! Le son est à la fois puissant et cool. Le baryton profond, musqué de White donne la chair de poule. Le swamp blues de TJW est insidieux, poisseux, ténébreux, hostile, venimeux, régulièrement hanté par son harmonica. Cependant, le Crocodile est vigilant et dispense ses riffs tranchants ou funkysants par giclées, lorsqu'il ne torture pas son instrument (NDR : la pédale wah wah !) à la manière de Jimi Hendrix ; mais en prenant toujours le soin de les sculpter dans le blues. Et puis, il est le maître du bayou. Aucune proie ne peut donc lui échapper… Les titres défilent : « Undercover agent for the blues », « Roosevelt and Ira Lee » (NDR : franchement on comprend mieux pourquoi il a influencé le Creedence Clearwater Revival !), « Saturday nite in oak groove, Louisiana », les blues lents « Did somebody make a fool out of you » et « Rainy night in Georgia », « Stud spider » qu'il parcourt d'onomatopées, ainsi que les inévitables « Cold fingers » et son tube « Polk salad Annie » qu'il réserve en fin de spectacle.

Le public en redemande, mais Tony Joe White se fera longuement attendre avant de revenir jouer trois morceaux dont l'excellent « Keeper of the fire », « (You're gonna) look good in blues » et « Steamy windows » sur un tempo tribal digne de Neil Young. Peu de titres issus de son dernier opus, et pas de trace du célébrissime « Groupie girl ». Une heure trente plus tard, le saurien se lève, salue la foule et disparaît dans son bayou...

 

Tony Joe White

Disparition de Tony Joe White, icône du swamp rock…

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Victime d’une crise cardiaque, Tony Joe White est décédé ce 24 octobre 2018. Il avait fêté ses 75 ans en juillet dernier et encore participé à la dernière édition du Blues & Roots, à Lessines, le 1er mai de cette année.

Ce musicien blanc louisianais pratiquait du swamp rock, c’est-à-dire une musique sudiste inspirée du blues, du rock, de la country, de la soul et du gospel. S’il a décroché deux hits incontournables, « Polk Salad Annie » en 1969 –repris notamment par le King– et « Groupie girl » en 1970, il est également responsable une vingtaine d’albums studio. On retiendra son style si particulier, lancinant et syncopé, sur lequel il venait poser sa voix de baryton, mais aussi rappeler qu’il a écrit des chansons pour des tas d’artistes, et parmi les plus célèbres, figurent Elvis Presley, Ray Charles, Wilson Pickett, Tina Turner et Dusty Springfield.

En novembre 2006, votre serviteur avait eu l’honneur de le rencontrer, à l’issue d’un concert accordé au Handelsbeurs de Gand, moment inoubliable immortalisé par une interview que vous pouvez lire ou relire ici

R.I.P.

Tony Joe White

Rain Crow

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Si vous ne connaissez pas Tony Joe White, c’est que vous n’écoutez jamais la radio. Non seulement certaines de ses compos ont été reprises par des artistes aussi prestigieux qu'Elvis Presley, Ray Charles, Tina Turner et Hank Williams, mais il est également responsable de deux hits incontournables, "Polk salad Annie" et "Groupie girl". Depuis plusieurs décennies, son swamp blues s’identifie parfaitement à la tradition louisianaise. Il est d’ailleurs né dans le nord de cet Etat, près de l’Alabama, à Oak Grove. Et aujourd’hui âgé de 73 balais, il a toujours bon pied bon œil. Au cours de sa carrière, il a publié une trentaine d’albums, dont le dernier, "Hoodoo", remonte à 2013.

"Hoochie woman" nous immerge immédiatement dans l’atmosphère humide et suffocante des marais. Grave et chaleureuse, sa voix est déclamatoire tout au long de cette piste, au cours de laquelle les instruments tracent une ligne de conduite passionnante, et tout particulièrement l’orgue Hammond de Tyson Rogers, qui tire parfaitement son épingle du jeu. Probablement la meilleure plage de l’opus. "The bad wind" baigne au sein d’un même climat. Et narre une ténébreuse aventure sentimentale au cœur des swamps. Ravagés, les riffs de gratte se révèlent menaçants. La voix est monocorde, mais tellement authentique. Chaque sonorité apporte son écot à l’ensemble. Celles des cordes, bien sûr, mais aussi de l’orgue Hammond et des percussions volontairement dramatiques de Bryan Owings. Des accords rythmiques amorcent le titre maître, "Rain Crow". Le drumming d’Owings est écrasant. White souffle ou plutôt crie dans son harmo, des tonalités rudimentaires. Les arrangements sont impeccables. "The opening of the box" est imprimé sur un tempo plus soutenu. La voix de Tony est très proche de celle de John Lee Hooker tout au long de ce swamp boogie qui provoque une transe instrumentale alimentée successivement par la basse de Steve Forrest, la batterie, l’harmonica et enfin les cordes torturées. "Right back in the fire" est une ballade sentimentale dont White a le secret. Fermez les yeux. Il est face à vous, au coin du feu, et susurre ses mots. Rassurante, la guitare rythmique glisse entre les phrases. Excellent ! Billy Boy Thornton (NDR : issu de l’Alabama, cet artiste vivait près de chez White) cosigne "The middle of nowhere", une plage qui nous ramène près de 50 ans en arrière, tant elle trahit des similitudes avec "Polk salad Annie", un des premiers tubes de Tony. Lumineuse, la six cordes entretient l’atmosphère totalement laidback. "Conjure child" relate une autre histoire du pays des marais. White fait allusion au culte vaudou et à une sorcière capable d’apprivoiser serpents et alligators. Tapissé par ses interventions d’orgue mélodieuses, "Where do they go" est une compo empreinte de douceur. Une compo dont la démarche interrogative colle parfaitement à la philosophie de l’artiste. Hypnotique, "Tell me a swamp story" nous entraîne une dernière fois au cœur des swamps. Les percus sont judicieusement funk. Posée, la voix est de nouveau très proche, et la guitare vibre au sein de ce paysage local si spécifique qui a marqué sa vie et son enfance. Et pour que votre info soit complète, sachez que c’est son fils, Jody, qui a assuré la production.

 

Tony Joe White

Deep cuts

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Quarante ans que Tony Joe White roule sa bosse. Quatre décennies au cours desquelles il a traversé les générations, sans modifier l’esprit de son style musical ; un style louisianais né dans les swamps, entretenu par sa voix chaleureuse et si présente. Baptisé 'Swamp Fox' (NDR : le renard des marais) Tony a écrit des chansons marquantes, dont certaines ont été reprises par des artistes aussi prestigieux qu'Elvis Presley, Ray Charles, Tina Turner et Hank Williams.

Pour ce nouvel opus, il continue à faire équipe en compagnie de son fils Jody. Ce dernier assure la production et la programmation sonore. En fait, le concept de cette œuvre consiste à reprendre quelques unes des meilleures compositions de Tony Joe et de les transposer dans le monde musical contemporain. Une manière pour White de pouvoir s'identifier aux nouvelles générations, et de montrer qu’il est capable de faire progresser ses idées premières. C'est un risque, particulièrement vis-à-vis de ses vieux fans ; mais c'est aussi un pari largement gagné. Il reprend ainsi ses succès de bayou rock et les adapte au style funky qui colle bien au Tennessee où s'est opéré l'enregistrement. Il est cependant parfois difficile de bien reconnaître les versions originales. Tant "Willie and Laura Mae Jones", "Soul Francisco" et "Aspen, Colorado" (extraits du tout premier album, "Black & White", paru en 68), "Roosevelt & Ira Lee" (issu de "Continued", édité en 1969), "High sheriff of Calhoun Parrish" (il figurait sur "Tony Joe", un disque gravé en 1970), "As the crow flies" (publié sur "The train I'm on" en 1972) ou encore "Homemade ice cream" (titre maître de cet elpee, commis en 73). Le disque recèle également trois instrumentaux composés en compagnie de son fils Jody.

TJW engage ses cordes largement amplifiées au sein de ce climat suffocant. Il souffle dans l'harmonica posé sur le rack. La batterie est à l'avant-plan. Jody s'amuse en introduisant des sons programmés. Mais très vite, nous pénétrons dans le premier "Deep cut". "As the crow flies" est introduit délicatement. Progressivement l’atmosphère devient lourde. Le timbre de Tony est toujours aussi torride, envoûtant. Le funk des marais passe bien la rampe. L'ensemble fonctionne suivant ce schéma, tracé dès l'intro. La voix épouse un profil encore plus profond. Elle devient même brûlante. Pourtant, les percussions sont hypnotiques et cherchent à rafler la mise. Mais la ligne mélodique de "Willie and  Laura Mae Jones" tient la distance. La souffrance est bien de ce monde. La guitare ravagée au fuzz box remplit l'écran sonore, tout en laissant l'orgue Hammond de Tyson Rogers participer au décor. Cette fresque a de l'allure. Elle va crescendo jusqu'à son terme. L’introduction des nouveaux instruments s’opère progressivement. Un orgue lointain crache ses dernières cartouches. La guitare est à l'agonie. L’ambiance est on ne peut plus lugubre lorsque les percussions annoncent le vieux hit "Soul Francisco". Il est pratiquement méconnaissable. Il évolue au beau milieu d’une orgie sonore indescriptible ; mais il faut reconnaître la richesse du travail sur les cordes. "Run with the bulls" revient à un format moins dévastateur, moins torturé. L’atmosphère y est même hispanique et relaxante. Un seul morceau échappe au travail de dissection et de contrôle des sons : le calme et intimiste "Aspen Colorado". Une quiétude qui persiste sur "Homemade ice cream", mais en trahissant une touche orientale. Le dernier 'deep cut", "Roosevelt and Ira Lee", est un parfait résumé de cet opus. L’atmosphère est humide et presque irrespirable. Nous traversons les marais louisianais, refuge des terribles alligators dont le cuir vert illustre la pochette et le disque lui-même, comme une estampe d'appellation contrôlée.

 

Tony Joe White

Un havre de paix

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Né le 23 juillet 1943, ce Louisianais est une véritable légende vivante. Pourtant, il n'a guère rencontré de succès aux States. Mais bien en Australie et en Europe. Surtout à la fin des sixties et au début des seventies. Epoque à laquelle il a aligné quelques tubes (« Soul Francisco », « Groupie girl », « Roosevelt & Ira Lee ») et surtout vu certains artistes mythiques reprendre certaines de ses compos. Notamment Elvis Presley ("Polk Salad Annie") et Ray Charles ("Rainy Night In Georgia"). En outre, Tony Joe a également écrit pour Tina Turner, Joe Cocker, Kenny Chesney, Hank Williams Jr. Dusty Springfield, et la liste n'est pas exhaustive (NDR : Johnny Halliday et Joe Dassin figurent également sur la liste, mais est-ce une référence ?) La suite se révélera beaucoup plus confidentielle, l'artiste n'enregistrant plus que d'une manière sporadique. Jusqu'au début des années 90, lorsqu'il décide de sortir de l'anonymat et d'enregistrer des albums plus consistants, souvent inspirés par la plume de son épouse, Leann ; et puis en suivant les conseils avisés de son fils, Jody. Il y a quelques semaines, TJW a ainsi sorti un tout nouvel album, 'Uncovered', une œuvre pour laquelle il a notamment reçu le concours d'Eric Clapton, de JJ Cale et Mark Knopfler. Avant son set accordé au 'Handelbeurs' de Gand, Tony Joe White s'est plié à l'exercice de l'interview. Drôle d'ambiance, puisque l'interlocuteur est assis dans la partie la plus sombre de sa loge, la guitare sur les genoux et un verre de vin à portée de main, avec pour tout éclairage un candélabre. La voix est profonde. Le débit lent. Très lent même. De quoi impressionner ! Cependant, nous finirons quand même par trinquer ensemble…

Jody White a donc relancé la carrière de son père. Ce n'est quand même pas une histoire courante. D'où l'importance qu'il a pris dans la vie de Tony Joe White : « Tu sais, il est important pour un million de raisons. Il a réussi de brillantes études. Il possède une maîtrise universitaire en droit et en business. Il est même juriste. Ce qui explique pourquoi il s'y connaît dans le monde des affaires. En outre, c'est un excellent ingénieur du son. Mais au-delà de toutes ces considérations, c'est mon fils ; et il est fantastique de pourvoir travailler avec sa descendance. Il est même devenu mon manager. Voici dix ans. Auparavant, Roger Davies se chargeait de cette tâche. Et puis un jour, il m'a dit que je n'avais plus besoin de son concours. Parce que j'avais Jody. Ajoutant qu'il retournait chez lui auprès de siens. » C'est d'ailleurs Jody qui s'est chargé d'établir le contact entre le paternel et les invités prestigieux, pour concocter 'Uncovered'. Même si l'idée initiale relevait de White. « Elle remonte même à plus de dix-huit ans. Mon fils a remis le sujet sur le tapis. Jody m'a demandé si je voulais enregistrer un disque en partageant des duos. Parce que c'était un concept bien dans l'air du temps. Je lui ai répondu que la formule me plaisait. Nous avions déjà concrétisé un projet en compagnie d'artistes féminins (NDR : « Heroines », un elpee qui avait bénéficié de la participation de Lucinda Williams, Emmylou Harris, Jessi Colter et puis de sa fille Michelle). Pourquoi pas avec des mecs ? Des types que j'admire et surtout des amis. D'autant plus qu'il y a longtemps que j'y pensais. Et puis j'avais quelque peu oublié ce dessein. Avant que Jody ne le réactive. Il a ainsi notamment contacté Mark Knopfler, Eric Clapton et JJ Cale ; et puis tout s'est enchaîné en deux temps trois mouvements. Les premières démos ont été réalisées dans mon vieux studio 16 pistes. On a presque tout fait d'une traite le premier jour. » Mais la nouvelle chanson 'Not One Bad Thought' a été mise au point dans le studio de Mark Knopfler. Pour 'Did Somebody Make A Fool Out of You', Clapton a enregistré les vocaux et sa guitare depuis le légendaire Olympic Studio de Londres. Cale a ajouté deux nouveaux couplets à 'Louvelda' avant d'envoyer sa contribution à Tony Joe White depuis son home studio en Californie. « Puis Eric a dit qu'il allait réfléchir à la suite des événements. Parce que la nuit portait conseil. Et le lendemain, on s'est occupé de la finition… » A la même époque, Clapton et Cale ont commis un nouvel elpee 'Road to Exonsideo'. Qu'en pense donc le natif d'Oak Grove ? « Non, je n'ai pas encore eu le loisir de l'écouter. JJ m'a dit, lors des sessions d'enregistrement, qu'il allait rejoindre Eric, trois semaines plus tard. Et puis je suis parti en tournée. En fait, dès que je rentre au bercail, je m'imagine décapsuler quelques bières fraîches, m'asseoir en toute quiétude et prendre mon pied en écoutant le disque… » Les trois guitaristes d'exception sont souvent décrits comme pratiquant un style 'laidback'. Ce qui méritait une explication. « Tu peux le traduire par le mot décontracté. Avec la même guitare. En toute simplicité. Une guitare par personne. Sa propre guitare ! Au moins il y en a au mieux c'est… »

'Uncovered' recèle quand même une plage assez étrange (NDR : 'Shakin the blues'), puisqu'elle implique feu Waylon Jennings, décédé depuis quelque temps. « Cette histoire remonte à huit bonnes années. Nous étions amis depuis au moins 20 ans, et victime d'une attaque, il venait de sortir de l'hôpital. Il était passé chez moi et m'avait annoncé avoir écrit une chanson. Il était un peu gêné de me la jouer. Je lui ai donc dit que je disposais d'un petit enregistreur dans ma chambre et qu'il pouvait revenir avec sa guitare. Il l'a donc enregistrée. Et c'est sans doute la dernière compo qu'il a mise sur bande. A l'époque, j'avais également composé quelques démos. Une bonne dizaine. Et puis je les avais archivées sur le même support. Et c'est Jody qui a mis la main sur ces morceaux. Imagine un peu Indiana Jones découvrant un trésor ! On a en quelque sorte adapté la découverte. J'y joue de la guitare. On a ajouté des drums, de l'harmonica, des claviers, des drums. Franchement on a eu du bol que cet enregistrement ne se perde pas… » 

Impossible de ne pas évoquer les swamps et les bayous, quand on rencontre un personnage comme Tony Joe White. Mais quelle est la différence entre un swamp et un bayou ? Tony nous éclaire à ce sujet : « Un bayou, c'est une petite rivière. Un swamp est une zone marécageuse gigantesque au cœur de laquelle vivent des serpents, des alligators, poussent des arbres, mais qui recèle aussi de grandes zones cultivables. C'est la totale ! » Qu'est qui est donc 'swamp' dans sa musique ? La langueur, l'indolence ? « Je nuis né sur la rivière. J'ai cinq sœurs et un frère. On travaillait dans les champs avec mes parents. Tu sais, il fait très chaud là-bas. Le rythme de vie est beaucoup plus lent. Parfois on se réunissait autour d'une guitare. Et effectivement, c'est ce 'swamp' qui transpire dans mes chansons, parce qu'elles sont lentes, cool, paisibles… » Quoique né au sein de cette Louisiane, Tony s'est établi dans le Tennessee dont la capitale n'est autre que celle de la country, Nashville. Un état d'Amérique où la musique est quand même fondamentalement différente. Ce qui n'empêche pas White d'y compter des amis dont Johnny O. Anderson et Tim McGraw. Et d'ajouter : « Même si leur musique est différente de la mienne, l'essentiel est qu'ils jouent avec leurs tripes et leur cœur. Que leurs chansons ont une âme… » A propos de cœur, il y a toujours eu une histoire d'amour entre Tony et la France. C'est d'ailleurs dans l'Hexagone qu'il a décroché son premier hit, au cours des sixties, 'Soul Francisco'. Tony commente : « Oui, c'est exact. Et aussi avec la Belgique. Et c'est réciproque. A l'époque, lorsque la chanson a récolté du succès ici, je n'étais pas du tout conscient du phénomène. Je jouais encore dans des clubs au Texas… »  Mais quelle est la compo qui lui a rapporté le plus de royalties ? « Difficile à dire. Penses-tu qu'un type riche se produise encore sur scène à mon âge ? 'Rainy night in Georgia' a été repris 140 fois. Non, ce n'est pas du tout un sujet qui m'intéresse. Je préfère laisser ces questions à Jody… »

La plupart des albums de White sont enregistrés en compagnie d'un groupe, alors que sur scène, il se produit uniquement sous la forme d'un duo, le partenaire se chargeant des drums. Est-ce vraiment la bonne formule ? En 'live', le groove d'une basse ou la chaleur d'un Hammond B3 ne manquent-ils pas ? Tony se justifie : « En studio, la section rythmique colle tout naturellement à mes chansons. Sur scène, je joue de la guitare d'une manière plus sauvage en n'impliquant que la batterie. C'est aussi la façon dont je joue en Louisiane. Il faut bien se mettre dans la tête que la scène et le studio sont deux concepts fondamentalement différents pour moi. En outre, 'live', je tire partie de l'interactivité avec le public. Celui-ci me demande de jouer telle ou telle chanson. Et la souplesse de la formule duo me permet de répondre à cette alternative. Et puis, je l'ai choisie parce qu'elle me rend libre… » (NDR : il gratte quelques accords sur sa guitare) 'The whomper stomper' n'est pas le nom attribué à sa 'six cordes', mais une manière de battre le rythme : «  (il frappe du pied). J'ai inventé ce style vers 67/68. Et ma guitare n'a pas de nom. C'est la bandoulière de mon instrument qui porte un patronyme : 'Ramon the Rattle'. Elle est en peau de serpent. Je me la suis procurée en Australie. La coutume veut là bas qu'on enlève les crocs. Lorsque je suis revenu chez moi, j'ai contacté un copain mexicain - il est joailler - afin d'y incruster deux dents de 18 carats… »

Tony Joe White est un Indien. Un descendant des Cherokees. Un peuple dont la philosophie a toujours été proche de la nature. Dont la spiritualité a toujours reposé sur des règles simples, inspirées par cette nature. Comment voit-il le monde d'aujourd'hui ? Que pense-t-il des dogmes et du fanatisme ? De la dérive des religions dont les potentats encouragent le meurtre, la guerre et le terrorisme ? Il réfléchit : « Le monde est occupé de basculer dans le chaos. Je pense que les Indiens étaient plus poches de la terre et de la nature. Parce qu'ils les ont toujours traités respectueusement. Ils ne gaspillaient pas les ressources. Leur spiritualité, ils la trouvaient dans le ciel et la terre. En tout cas celle des Cherokees était basée sur cette doctrine. Ils prélevaient à la nature ce dont ils avaient besoin pour se vêtir, se nourrir... Aujourd'hui, nous vivions dans une ère du gaspillage… » Tout comme Tony, Neil Young est également un Indien. Et partage, tout naturellement, la plupart des idées de notre interlocuteur. Mais quel regard porte-t-il sur son frère de sang ? « Nous avons été amis pendant très longtemps. J'apprécie énormément la manière dont il gère sa vie. Il joue et chante ce qu'il ressent. Il possède un troupeau de bisons dans son ranch. Il est libre. Ce n'est pas un type qu'on mettrait dans une boîte de Mc Donald… »

 

 

 

Tony Joe White

Uncovered

Écrit par

Tony Joe White est une institution dans l’univers du rock. Issu des swamps marécageux de la Louisiane (NDR : il est né à Goodwill, dans un quartier de Los Angeles, en 1943), il remporte un vif succès commercial lors de la sortie de "Polk salad Annie". Nous sommes alors en 1969. L'année suivante, son "Rainy night in Georgia", chanté par Brook Benton, obtient un hit retentissant. Depuis, il sillonne régulièrement les routes de tous les continents. Récoltant le même succès. Au cours de ces trois décennies, il a commis quelques elpees d'excellente facture ; mais aussi écrit pour des artistes aussi notoires que Ray Charles, Elvis Presley, Joe Cocker ou Tina Turner. Il est surnommé 'The swamp fox' (NDR : traduction le 'renard des marais'). ‘Live’ il se produit souvent en compagnie de son fils Jody, préposé à la batterie. C’est également son manager et le co-producteur de ce nouvel album, parfaitement enregistré dans la tradition de Tony Joe. Teinté de soul, son swamp blues baigne au sein d’une ambiance tellement personnelle : indolente, ‘laidback’ (NDR : suivant l’expression utilisée en anglo-saxon !). On l’imagine facilement assis devant un feu de bois, le long d'une rivière, chantant de sa voix chaude en grattant ses cordes.

Sur "Uncovered", White nous propose sept nouveaux titres et trois anciennes compos remises au goût du jour. "Run for cover" ouvre l’opus. Le tempo est flemmard. Les cuivres, l’orgue Hammond et surtout les choeurs des Settles Connection soutiennent très bien la voix chaude de Tony Joe. Swamp blues lent, familier, "Not one bad thought" trempe dans un univers typiquement White. Les deux guitares sont bien distinctes. A gauche, le son réverbéré, classique, de Tony Joe. A droite, le jeu tout en rythmique de - bien sûr ! - Mark Knopfler. Le soliste emblématique de Dire Straits partage même les couplets en compagnie de notre renard. Un léger parfum de funk paisible flotte tout au long de cette plage. Tony Joe White est passé maître dans l’art du style 'laidback', décontracté. A l’instar d’Eric Clapton. Le Londonien ! Qui apporte son concours pour une nouvelle version de "Did somebody make a fool out of you", une chanson écrite en 1973. Et c’est un véritable bonheur de retrouver ces deux musiciens chanter et jouer ensemble. Sans que quiconque ne tire la couverture vers lui. Et puis JJ Cale. La légende californienne susurre la jolie ballade "Louvelda". Les deux virtuoses se mesurent dans un dépouillement extrême. Mais ils entretiennent une telle flamme, une telle chaleur, que le climat finit par nous envoûter et surtout par nous interpeller. Même lorsqu’elle réverbère dans un écho lointain, la guitare ne désarme jamais ! "Rebellion" est la plage que je préfère. Une pointe d'agressivité (contenue) dans la voix, Tony Joe clame vouloir rester maître de son art. Composer et jouer sa musique sans la moindre contrainte ; et surtout ne pas devoir se plier aux impératifs commerciaux. La guitare se fait l'interprète de l'artiste pour entretenir ce climat de rébellion. "Shakin' the blues" constitue un autre moment empreint d'émotion et d'intensité. Un blues funkysant signé Waylon Jennings, un chanteur de country disparu en 2002. Waylon chante ici une de ses dernières chansons enregistrées chez Tony Joe. La magie des studios (NDR : ceux de Nashville) a permis à Jody White de retravailler cette plage. Waylon avait connu un certain succès en commettant "Rainy night in Georgia". Tony Joe White propose ici une nouvelle version de cette jolie chanson intimiste. Michael McDonald est le dernier collaborateur de cet opus. Ce chanteur est devenu très populaire outre-Atlantique en militant chez Steely Dan et les Doobie Brothers. Sa voix pure et cristalline illumine la ballade swamp soul "Baby don't look down". Tony Joe nous entraîne dans la confidence pour reprendre son "Taking the midnight train", une compo écrite en 1973. Et dans ce style, il est sans rival. D’excellente facture, cet elpee s’achève comme il s’était ouvert : par une plage funky. Intitulée "Keep of the fire", elle est enrichie de chœurs, de cuivres, tapissée d’un orgue et toujours canalisée par cette guitare fiévreuse…