Et de deux ! Journée marathon pour votre serviteur ! Ce samedi propose une affiche plus pop que la veille, faisant la part belle à des artistes qui vont plaire à une large frange des festivaliers, des bambins aux parents. C’est une constante ici à Ronquières. Cependant, demain, dimanche, sera une journée axée sur le rock ; une journée dédiée aux vieux briscards comme votre serviteur.
Il fait noir de monde. Des rumeurs circulent : cette journée serait sold out. Votre serviteur est donc entourné d’environ 25 000 personnes. Les conditions de visibilité ne sont pas optimales, il faut bien le signaler.
Deux contretemps sont venus contrarier la joie et la bonne humeur. Vers 18h, le réseau internet, censé gérer les paiements et le cashless, était d’une lenteur incroyable. Quasi-impossible donc d’étancher sa soif ! Fallait donc faire preuve de courage !
Comble de malchance, les prévisions météo pourtant favorables, n'ont pas tenu leurs promesses puisque la pluie s’est invitée, elle aussi, en fin de soirée, pour arroser les concerts de Bigflo et Oli ainsi que celui de Lost Frequencies. Sans doute que l’eau sert d’écosystème aux festivaliers, puisqu’ils bravent les caprices du temps.
Reste à voir comment les organisateurs, qui se targuent à grand coups médiatiques d’avoir anticipé les scénarii possibles, vont faire face aux parkings devenus, à défaut d’être praticables, à tout le moins difficilement carrossables.
Arrivé sur la plaine relativement tôt, direction la Colline pour y voir et écouter Youssef Swatt’s. Le Tournaisien est venu défendre son nouveau projet, en compagnie de ses musiciens.
Il est rompu à l’exercice du ‘live’ puisqu’il s’est produit dans le cadre de quelques festivals. Il compte aussi cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.
Youssef Swatt’s a remporté tout récemment le concours organisé par l’émission française de rap, ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix, une compétition qui a accentué sa popularité.
Le peuple s’est réuni en masse pour y écouter sa parole. Son truc c’est le rap. Contrairement à pas mal de ses congénères, ses textes ne sont pas vindicatifs. Vous n’entendrez donc pas d’insultes à l’égard de la Police ou d’injures adressées aux femmes. Son discours est soft ; un phrasé intelligent appuyé par une ligne musicale.
Grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Si aujourd’hui la majorité des gens écoutent la musique sur les plateformes, c’est surtout en live que l’expression symbolique de ce jeune homme se livre. Il existe une sincérité chez lui que l’on ne retrouve pas chez d’autres.
Ses textes synthétisent les pôles de la vie et de la mort, à l’instar de « Générique de fin ». Ce sont des thématiques facilement adoptées par beaucoup de rappeurs, mais ici, elles sont dictées par son road trip accompli en Islande, en 2022, pour y notamment contempler cette « Etoile filante », chanson interprétée à l’origine en compagnie de Colt, un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine.
Alors qu’à ses débuts, il se produisait devant deux pelés et trois tondus, aujourd’hui, à seulement 24 ans, le jeune rappeur peut se targuer d’avoir, à la force de ses mots et au fil du temps, acquis une notoriété certaine. Elle est loin l’époque de ses 14 ans et de son premier Ep, « L’Amorce ». Une vie, parmi les vies, qu’il aime raconter dans « Remonter le temps ».
Exigeant, Youssef a livré un live frais, rythmé de chansons inspirées et inspirantes. Plus qu’un artiste, un véritable showman.
Adèle Castillon, dressée en haut de la Colline, baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle compte déjà des millions de vues grâce à des vidéos qui font la part belle au second degré et à l’autodérision.
Fort de ce succès, elle publie, dès 2018, « Amour plastique », avec Matthieu Reynaud, son compagnon à la vie comme à la scène. Suivra un premier elpee, « Euphories », sous le patronyme Videoclub avant la séparation, en 2021. Ne dit-on pas que les histoires d’amour finissent mal, en général ?
Elle a l’intention d’exorciser ses démons du passé à travers « Plaisir Risque Dépendance », son premier opus solo ; un elpee qu’elle est fière de présenter face à un public attentif.
Pendant « Sensations », il y en aura, à l’instar de cette compo éponyme, pop et colorée, subtilement dansante, mais au récit tragique puisque la demoiselle y conte son addition aux opiacés, entamée fin 2019 et qui la conduira, début 2023, à une cure de désintoxication. Une chanson dispensée sous forme de pansement, estimeront les plus sceptiques.
Adèle est une artiste fragile, espiègle et remplie d’amertume. Entre espoirs et amour déchu, elle s’épanche sous des allures positives, même lorsqu’elle reçoit ce « SMS », résumant trois ans d’amour et annonçant une rupture.
Une idylle qui prend fin, mais donnera naissance à une légende douloureuse ponctuée d’un « Je t’aime », d’une sincérité foudroyante.
Proche de l’univers d’Adé, Adèle Castillon livre un show sculpté dans une électro-pop légère, réminiscente des 80’s, destinée au dancefloor. Pensez aux débuts de Mylène Farmer, de Lio ou du groupe Taxi Girl.
Autour d’élans mélancoliques et de textes intimistes, l’artiste exprime beaucoup de sentiments, entre amour et déception, à travers sa musique. Ou comment faire de l’hypersensibilité, une force, versus Miss Castillon.
Le set prend fin. « Impala », premier single paru l’année dernière, suscite cette impulsion démesurée d’envoyer balader ses ex. Peut-on se remettre de son premier amour ? Nul n’aura la réponse au terme d’un irrésistible concert.
Tribord toute ! Colline et Toitoine s’y produisent ! Enfin, pas tout à fait, puisque les deux ont cessé leur collaboration sous cette appellation pour tenter une nouvelle aventure, sous le patronyme de Colt.
Ceux deux-là se connaissent parfaitement ! Ils ont arpenté les couloirs de la même crèche ! Ados, ils partageaient déjà passion débordante pour la musique !
Leur succès est en progression constante. Ils ont écumé une kyrielle de festivals qui les ont emmenés jusqu’à New York. Sans compter les streams sur Tik Tok et Instagram, leurs clips ‘home made’ les propulsant au-delà de la sphère physique.
Coline Debry et Antoine Jorissen sont affublés d’une tenue, devenue l’étendard de leur prestation scénique : un costume blanc rapiécé de tissu bleu.
Ils ont décidé de se produire groupe. Antoine se charge du clavier/pad électronique, tandis que Coline se réserve le chant. Elle est aussi à l’aise dans la langue française que dans celle de Shakespeare.
« Milles vies » ouvre les hostilités, une compo qui percute comme un « Scooter » qui déboule à vive allure. Alors qu’elle s’applique méticuleusement, lui se lâche complètement dès le début du concert et le haut de son corps exécute des va-et-vient du haut vers le bas à chacun des coups de grosse caisse imprimé par son comparse caché derrière les fûts. Il est vraiment dedans.
Colt s’applique à jouer une musique positive, rayonnante et lumineuse qui brasse finalement des genres assez différents. Entre électro/pop, rock et indie. Les Bruxellois libèrent une belle énergie propulsant des corps statiques en une frénésie indomptable.
Le courant musical du combo donne envie de chanter, de danser et même de rêver. Même lorsque la jeune demoiselle se livre le temps d’une chanson baptisée « La salle aux lumières », référence à ses orientations sexuelles et du coming-out qui en a suivi.
Une belle prestation, des chansons qui vibrent et font vibrer ainsi qu’une énergie dévastatrice. Et si tout cela provoquait chez le festivalier, pourtant ravi, une « Insomnie » ?
Mentissa, à l’autre bout, prend le relais. Une Belge expatriée outre-Quiévrain pour des questions purement professionnelles. Quand on connait les enjeux et les opportunités en la matière, on ne peut que souligner l’intérêt d’une telle initiative !
La black est épaulée par un claviériste et une violoncelliste se charge de faire glisser l’archet sur les cordes.
La fanbase est constituée de jeunes. Assez classique, puisque la jouvencelle s’est illustrée dans le cadre du télécrochet ‘The Voice’, dont elle deviendra d’ailleurs un des jurés dans sa version belge.
Elle a du coffre ! Et pas que dans le soutif ! De sa voix pure, elle chante ses doutes, ses complexes et ses rêves. Rien de bien neuf ! C’est assez gnan- pour être honnête !
Y compris, lorsqu’elle se confie pendant « Balance », une compo au cours de laquelle elle évoque ses kilos superflus et les restrictions auxquelles elle a dû s’astreindre pour atteindre un idéal de canon de beauté.
Elle est venue pour y présenter son premier et seul opus, « La vingtaine », disque pour lequel elle s'est attaché les services d’auteurs notoires tels que Vincha (qui écrit souvent pour Ben Mazué), Yannick Noah et Claudio Capéo.
« Et bam », la belle tisse sa toile en alignant une déferlante de chansons destinées aux pré-ados, entre pop et chanson françaises, à l’instar de « Prends-moi la tête » ou encore « Premier janvier », des titres altérés par un spleen à la mords-moi-le-nœud.
Un set qui ravit pourtant les plus fidèles aficionados. Quant aux autres, ils ne retiendront pas grand-chose de sa prestation ! Suite et pas fin ?
Selah Sue est programmée sur la scène principale. Elle est attendue par des milliers de fans qui se sont déjà massé en nombre, malgré le soleil brûlant !
Flanquée d’une veste pailletée de gris et de noir, un legging, une brassière noire et chaussées de souliers à talons, la femme de 35 ans entame son récital par un « This World » incisif.
Débordant d’énergie, la dame embraie par « On The Table », un morceau d’une puissance équivalente à la droite décochée par un boxeur dans les gencives de son adversaire.
Sanne Putseys, à l’état civil, sait s’y prendre pour satisfaire le public hennuyer. Lorsqu’elle entame son « Raggamuffin », l’hymne qui l’a catapultée en tête des charts, c’est l’extase, pardi ! Du coup, les corps se déhanchent ou sautillent. C’est l’explosion !
En 2008 elle postait des vidéos de ses performances sur MySpace… qui sont rapidement devenues virales.
En 2010, elle sort son premier opus. Un éponyme ! Qui récolte un énorme succès en Europe. Ce qui la propulse sur le devant de la scène internationale. Depuis, outre ses nombreux elpees studio, elle a collaboré avec des artistes tels que CeeLo Green ou encore Ronny Jordan.
Ce soir, l’artiste louvaniste est de retour, mais hormis son troisième LP, « Persona », paru en 2022, (sept ans après « Reason »), elle n’a rien proposé de neuf depuis. Une œuvre ‘pansement’ diront certains, la jeune fille ayant traversé des périodes dépressives relativement importantes durant sa vie. La thérapie qu’elle a suivie l’a d’ailleurs inspirée pour l’écriture de ses chansons.
Elle connaît bien Ronquières pour s’y être présentée, il y a quelques années Une absence qui n’a en tout cas nullement affecté cette voix reconnaissable entre mille. Une voix soul, solide, puissante, profonde, légèrement éraillée et faussement fragile l'instant d'après.
Un organe vocal qui respire l’authenticité et l’assurance. Elle poursuit son concert intelligemment, mêlant chansons douces et mélancoliques aux compos très énergiques.
Respectant une ligne de conduite blues, soul et groovy, l’artiste n’en oublie pas ses titres incontournables, à l’instar d’« Alone » qui fait mouche auprès de l’auditoire. Et épisodiquement, elle leur apporte une touche de subtilité supplémentaire, en s’accompagnant à la sèche.
Alors qu’elle se distingue dans un registre reggae-ragga-soul, elle mérite une attention particulière lorsqu’elle interprète « Pills », une chanson où elle s’exprime sur son combat contre les antidépresseurs et qui l’atteint encore aujourd’hui. Un moment suspendu dans le temps !
Le show s’achève. Elle s’exclame ‘Je suis fière d'être une humaine, je suis fière d'être Belge’, puis tout de go, interprète sauvagement un « Peace in your mind, peace in the world » déchirant.
Selah Sue vient de livrer un set rempli d’humanité, de douceur et de paix. Vu la chaleur, des traces luisantes apparaissent sur son visage. Aucun doute, Selah… sue !
Et puis un grand moment de tendresse lorsque ses deux enfants viennent la rejoindre sur l’estrade. Du peace, oui, mais du love aussi !
Lucie, Elisa et Juliette sont aux commandes d’une formation souvent typographiée L.E.J, mais également orthographiée Elijay suivant sa prononciation.
Elles sont prêtes à entamer leur show tout en haut de la Colline.
Elles sont vêtues de jupes courtes qui leur confèrent un petit côté tenniswomen ! Et ce n’est le peuple masculin agglutiné aux premiers rangs qui va s’en plaindre ! D’autant plus qu’elles sont canon !
Alors que Lucie et Elisa, élèves au lycée Jean-de-La-Fontaine à Paris, suivent un cursus musical en lien avec la Maîtrise de Radio France (qu’elles fréquentent pendant dix ans), Juliette étudie au conservatoire de Saint-Denis. Un curriculum vitae qui leur permet d’acquérir les bases de la musique classique.
Dans la pratique, elles sont parfaitement multi-instrumentistes, s’échangeant, au gré des chansons, les instruments, sous le regard médusé du public. Elles jouent avec une précision chirurgicale. Normal, quand on est en présence de musiciennes. Mais, ce n’est pas toujours le cas !
Elles se sont forgé un nom auprès du grand public grâce à un succès inattendu, décroché en août 2015 et plus particulièrement à travers le clip « Summer 2015 », un mashup posté sur Youtube.
Excitées, elles entament le set par une intro, leur laissant le temps d’accaparer l’espace scénique. Très vite, « Paris En Hiver » et « Mots Noirs » suffisent pour constater que les trois jeunes filles maîtrisent parfaitement les codes du hip-hop.
Mais, là où elles excellent surtout, c’est dans le mashup, où elles s’exécutent, à tour de rôle, dans des « Summer 2019 », « Summer 2020 » ou encore « Summer 2023 » endiablés. Aucune différence de taille entre ces propositions. Facile et sans intérêt artistique !
Le combo livre un concert plein d’énergie et mise sur le côté visuel du show, mais elles manquent cruellement de conviction, leurs compos embrassant des contours minimalistes et mièvres, à l’instar de « Pas l'time » ou « La dalle ».
Avant de quitter leurs hôtes d’un jour, les demoiselles s’improvisent dans ce qu’elles savent faire le mieux finalement, à savoir, un nouveau mash-up, « Summer 2015 ».
Bref, L.E.J n’a pas cassé la baraque !
Hoshi est une habituée des lieux, elle aussi.
C’est une artiste, une vraie. Elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle commence à jouer du piano à six ans et la guitare à quinze. À la même époque, elle écrit ses premières chansons.
Elle effectue ses premiers pas au sein du groupe amateur TransyStory, formé en septembre 2011. Passionnée par la culture japonaise, elle choisit comme nom de scène Hoshi Hideko, puis simplement Hoshi qui signifie ‘étoile’ en japonais.
En dévoilant ses préférences sexuelles, elle est devenue, au fil du temps, l’égérie de la cause homosexuelle. A ses dépens parfois !
Alors que ses musiciens s’avancent d’un pas décidé, Hoshi reste confinée derrière un grand parapluie drapé de carreaux noirs et blancs. Soudain, les premières notes de « Mauvais rêve » retentissent. Elle se débarrasse alors de son pépin et s’avance, grosses godasses aux pieds, chaussettes remontées jusqu’aux chevilles et lunettes de soleil vissées sur les yeux. Sur cette chanson, elle retrace les étapes d’une vie que l’on comprend difficile. Rejetée de tous et du système, elle a morflé la petite !
La fanbase est constituée de jeunes, mais plus généralement de familles impatientes de voir celle dont les des titres passe-partout inondent les radios depuis quelques années déjà. Et ceux qui la connaissent savent très bien que sa présence risque de se faire de plus en plus rare car elle souffre de la maladie de Ménière, un mal qui la poursuit depuis toute petite. Cette pathologie provoque des acouphènes et entraîne des pertes d'audition. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser son rêve et de devenir chanteuse. Mais à certaines conditions : pas plus de deux concerts par semaine, car des vertiges peuvent apparaître rendant alors impossible ses prestations. Son meilleur traitement reste le soutien indéfectible du public.
Très vite, elle passe à « Tu me manques même quand t'es là », une compo traitant de la relation passion, particulièrement émouvante.
L’artiste répète à qui veut l’entendre qu’elle est heureuse de venir fouler les planches des festivals du plat pays. Le public, lui, est complètement hystérique. Des dizaines de festivaliers brandissent des pancartes sur lesquelles est mentionné ‘Hoshi, je t’aime’. Emue, elle ne peut s’empêcher de laisser couler ses larmes. Un joli moment d’émotion.
Généreuse et humaine, on la sent fusionnelle au sein de son band, et on remarque même qu’il existe une grande complicité avec sa bassiste.
Mathilde Gerner, à l’état-civil, s’épanche sur la bestialité sans nom dont elle a été victime à travers son appel au manifeste, « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux. Hoshi, elle-même victime d'agression homophobe, a écrit cette chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’. Une compo qui malheureusement a encore des raisons d'exister auprès des biens pensants. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui dit-elle ! Le public ne peut s’empêcher, à son tour, de lever le majeur, signe de l’intégration des mœurs.
L’artiste parle avec tristesse de son grand-père, un homme qui lui a communiqué la fibre musicale alors qu’il l’emmenait voir des concerts. C’est donc à la mémoire de ce grand monsieur qu’elle entame « Marcel », au refrain poignant ; une chanson qui rend à la chanson française ses heures de gloire.
Douée pour les métaphores et autres figures de style, elle achève son set par « Réveille-toi », sous le regard bienveillant de son public.
Après une heure de concert, un constat s’impose, Hoshi reste bel et bien l'étoile montante de la chanson française ; et pour cause, elle est parvenue à imposer son style musical bien à elle. Des textes simples, une musique entraînante et une aura exceptionnelle, des valeurs qui ont rendu cette femme sympathique.
Elle regagne les backstage, ses musiciens la suivent. Un cœur avec ses mains se dessinent. Hoshi maîtrise décidément les codes du genre.
Direction la Colline pour y voir et écouter Eddy de Pretto, un habitué des lieux, lui aussi.
Alors que lors de sa première tournée, le chanteur français faisait uniquement appel à un batteur et proposait un concert assez sombre et percutant, il a décidé de changer de fusil d’épaule sur cette tournée baptisée « Crash Cœur », le titre de son troisième disque sorti fin de l’année dernière. Exit donc les balades engagées, l’artiste mise avant tout sur des compos R&B où la danse et la fête sont reines.
Le podium accueille une structure métallique. Une toile géante se dresse tout au fond ; ce support servira aux nombreuses images qui vont flirter avec les chansons.
Alors qu’il entame son set par « Crash <3 », Eddy de Pretto se hisse sur la plateforme métallique afin d’y présenter ses musiciens. Mais de manière virtuelle, puisque ceux-ci ne jouent sur des bandes-son. C’est sans intérêt ! Un concert ne se justifie que par les interactions entre l’artiste et son public mais aussi ses musicos. L’artiste semble faire fi de ces préceptes et a donc décidé de miser sur le visuel et la scénographie.
Il paraît tout de même bienveillant ce soir et assène à qui veut bien l’entendre que le but du concert est de faire oublier les galères du quotidien. C’est donc pas le biais de « R+V » ou de « Mendiant de love » qu’il entend transmettre le message. Oui Eddy, du love, du love et encore du love.
Biberonné par Brel, Brassens ou encore Barbara, Eddy a, depuis ses débuts, ce pouvoir extraordinaire d’utiliser les mots pour fédérer et inviter l’auditeur à s’interroger sur le monde et autres vicissitudes de l’existence.
Vêtu d’un Marcel et d’un short/training, il fait vraiment vieille France. Manque plus que la baguette sous le bras et le béret. Bref, un Français à l’image des Français.
Il en fait trop ! Trop d’image et trop d’expositions comme quand il se campe vers les différentes caméras placées sur le podium, dont les images sont diffusées directement sur l’écran disposé sur la scène. C’est vachement autocentré. Ce type est d’un narcissisme démesuré.
Alors qu’un moment de grâce s’installe pour « Parfaitement », très vite le tempo s’accélère sur à « pApA $ucre » et ses images de fausses publicités. Si l’idée a de quoi retenir l’attention des aficionados, c’est surtout le « Soleil levant » qui se dresse devant eux et éveillent leur curiosité.
Si l’œuvre de De Pretto se résume par le choix de textes poignants sur fond de mélodies accrocheuses, il reste le plus convainquant lorsqu’il évoque le kid qu’il est, une chanson qui fustige la virilité abusive et l’homosexualité refoulée par le conservatisme sociétal. Le public connaît par cœur ce titre multi-radiodiffusé et certains spectateurs se reconnaissent en lui. Ou encore sa « Fête de Trop », évoquant muqueuses, amants de passage, mecs chopés ou encore rails de coke enfilés. Un titre qui lui avait d’ailleurs permis de décrocher une nomination largement méritée aux Victoires de la musique, en 2018. Si cette recette n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui, elle reste néanmoins taillée pour le live !
Ce soir, Eddy (re)fait du De Pretto. Et c'est dommage ! Pas vraiment de surprises à l’horizon donc ! L'artiste s’adresse surtout à lui-même.
L’écorché vif offre pourtant une belle palette de ses capacités lyriques et musicales à travers le très doux « Love’n’Tendresse », une chanson au vitriol sur ce que l’on cherche tous : un peu d’amour et de la tendresse. Une compo qui s’imprègne de son vécu tout en dénonçant, sans aucune prétention, les injustices de (sa) la vie.
Un set autobiographique qui jette un œil dans le rétroviseur pour relater certains grands moments de son existence, traversée d’épisode ténébreux.
Si cette bande-son ressemble davantage à un ‘best of’ et ravit le plus grand nombre, elle frustre les plus exigeants qui regrettent la trop grande prévisibilité du show. Un peu plus de liberté dans le champ d'action artistique et du lâcher-prise auraient fait un bien fou.
Bigflo et Oli se produisent maintenant sur la main stage. La pluie battante vient de s’inviter. Votre serviteur n’a pas prévu le coup, il est trempé jusqu’aux os. Stratégiquement, il se lance à la poursuite d’un abri. Aucun à l’horizon, ils sont tous été pris d’assaut.
Il décide donc d’emprunter le chemin du retour. En espérant que le parking ne soit pas devenu un marécage, sans quoi il sera nécessaire de faire appel à la générosité des fermiers du coin pour tracter la bagnole. Suite au prochain épisode !
Photos Vincent Dufrane là
(Organisation : Ronquières festival)