Will est à peine âgé de 22 ans. Un très jeune harmoniciste anglais, originaire d'un petit village du Wiltshire. Il est le frère de la chanteuse Dani Wilde, responsable au cours de ces dernières années, de deux albums de bonne facture, parus sur le label allemand Ruf. En 2007, il avait concocté, pratiquement seul, "Nothing but trouble", un elpee qui avait reçu d’excellentes critiques. Il reconnaît, pour influences majeures, deux sources d'inspiration, deux artistes qui ont développé une technique très personnelle : le vieux Charlie Musselwhite et Pierre Lacoque, issu de la formation de Chicago, Mississippi Heat. De très solides références, il faut le souligner. En 2010, Will a décroché le Blues award anglais de meilleur harmoniciste!
Mr Wilde a une plume très prolifique puisqu'il a écrit les douze plages de cet opus. Pour la circonstance, il a reçu le concours de fines pointures. En l’occurrence, Pete Wingfield aux claviers (NDR : en plein British Blues Boom des sixties, il a fondé Jellybread, avant de se mettre au service de Van Morrison, Buddy Guy et même de Paul McCartney), le guitariste Stuart Dixon (ex-Geno Washington), le bassiste Rober Innis (ex-Chaka Kahn) et le drummer Jamie Little ; ce dernier se chargeant également de la mise en forme.
Will a du souffle à revendre, et il le démontre dès les premières notes d’"Angel come down", une compo qui s’appuie sur un riff puissant. On peut déjà discerner l’empreinte laissée par Memphis Charlie Musselwhite. Il chante d'une voix assurée face à des chœurs, ma foi, quelque peu encombrants. Un traitement funky est accordé à "Waster my life aways", une piste dynamisée par ses changements de rythme. Les envols à l'harmonica sont de haute facture, proches de Jason Ricci et Jon Popper. Pétillant, "No no no" nous transporte dans le monde de la Tamla Motown" (NDR : northern soul). Les chœurs féminins, sont ici bien en place! Plage complexe "HLS", aborde des lyrics revendicateurs, mettant en cause le traitement infligé aux animaux en laboratoire. L'arrangement alimente un climat dramatique et l'harmonica chromatique en rajoute une couche à cette sensation de malaise. Différent, "Fly around the world" baigne dans une certaine forme d’allégresse ; celle de jouer du blues au sein d’un environnement funkysant, en soufflant dans son frêle instrument. Will redevient plus grave. Son âme est en peine lorsqu’il chante le tendre "Wish you were mine", d'une voix très soul, tout en signant sa sortie instrumentale la plus émouvante. Boogie classique, "If I get my hands on you" illumine les talent de Mr Wilde et du vétéran Wingdield, qui s'éclate à l'orgue. Blues lent de toute bonne facture, "Mosquito" est un morceau victime de la piqûre d’un moustique, à moins que ce ne soit de la morsure d’une jolie Kenyane… Sa grande sœur, Dani, est venue donner la réplique sur "Blues is my first love", cocktail de funk et de rap, produit par Mike Vernon en personne. Ce personnage mythique a bossé en compagnie de toutes les grosses pointures du blues anglais. Il a aussi fondé autrefois le label Blue Horizon. Finement ciselé, "Let's get high" est un dernier blues lent. Aux côtés de Matt Schofield et de Ian Siegal, Will Wilde apporte un vent de fraîcheur au blues insulaire…