Du haut de ses trente balais (32 pour être précis), Ian Kelly nous propose son nouvel album, le troisième déjà de sa jeune carrière. Canadien pur jus, puisque fils du rapprochement entre une anglophone et un francophone, Ian a grandi à Montréal où il vit et sévit d’ailleurs depuis sa naissance. Il n’a pas encore 13 ans quand il jette les bases de son rêve. Autodidacte, il s’assied derrière la batterie de son frère, se met à la guitare, puis au chant, reprenant rapidement les classiques de l’époque, de Pearl Jam, entre autres… au cœur de son premier band.
Quelques années plus tard, employé comme technicien au Spectrum de Montréal, toute grosse scène locale, il débute l’apprentissage, toujours seul, de divers instruments, s’achète un ordi et enregistre ses premiers projets. En résulte un premier disque intitulé « Insecurity » qu’il publie en 2005, sur son propre label.
Deux événements boosteront ses débuts. Le premier, lorsqu’il assure au pied levé (en fait, ce soir-là il accomplit son job de technicien) la première partie du concert d’Alanis Morissette, devant 2500 spectateurs conquis ; et le second, en défendant son premier ouvrage sur les ondes de Télé-Québec. Médusé, Michel Bélanger, big boss d’Audiogram, lui propose illico un contrat.
Trois années plus tard, « Speak Your Mind » tombe dans les bacs. Disposant de nettement plus de moyens, Ian Kelly peut alors totalement s’exprimer à travers un mélange de pop et de folk teinté d’une bonne sonorité ‘roots’, un style qu’il soutient par un tout bon jeu de cordes, des arrangements minutieux ainsi que des mots bien pesés et surtout bien dits.
L’album se vend à plus de 40 000 exemplaires au Canada et plus de 100 dates sont au programme de la tournée. Continuant les concerts le week-end, Ian et ses musiciens démarrent les sessions de travail pour concocter le troisième elpee, « Diamond & Plastic ».
L’accent est à nouveau mis sur les cordes, omniprésentes sur les 13 chansons qui peuplent cet ouvrage. Les arrangements réalisés par Jon Day sont splendides, mettant réellement en valeur le travail de compositeur d’Ian. Deux quatuors à cordes balaient les mélodies mélancoliques d’un souffle léger, d’une fraîcheur souriante et d’une variété surprenante, passant du violoncelle au banjo, de la guitare électrique à l’acoustique au gré de la fantaisie d’une chanson ou de l’autre.
Marié à Sophie, l’amour de sa vie (sic) et père de deux jeunes enfants, ce parfait auteur/compositeur/interprète promène ses mélodies intimistes et énergiques sur lesquelles il pose des textes empreints de bon sens, explorant le monde qui l’entoure, soucieux des problèmes, des peurs, mais surtout des joies d’élever une famille aux côtés de la femme qu’il aime.
« Diamond & Plastic », la pureté au naturel pour le premier et la maîtrise de l’homme sur les éléments pour le second résument parfaitement le niveau atteint sur cet opus, aboutissement d’une quinzaine d’années de travail pour un artiste qui a atteint la parfaite maturité.
Quelques titres, particulièrement bien torchés devraient permettre à Ian Kelly de pénétrer dans le cercle restreint des songwriters respectés tels Ian Matthews ou encore Elliot Murphy. Epinglons notamment « I Would Have You », caractérisé par son refrain éblouissant de bonne humeur, « Parliament », parfumé d’effluves Counting Crows, « What You Like », mis à la sauce REM, « Your Garden », digne d’un Damien Rice des grands jours ou encore « Drinking Alone », ballade géniale folk/pop qui traduit en musique un thème pourtant difficile à aborder… Ensuite, « Workday » et « We’ll Meet Again » pour la grande beauté des jeux de cordes. On notera, pour terminer, une reprise tout en finesse et en délicatesse de « White Wedding » de ce bon vieux Billy Idol.
Les références et les qualités se bousculent donc au portillon démontrant encore, si nécessaire, la diversité et le niveau artistique atteints sur cette œuvre. Un must !