Mick Clarke est un vétéran de la scène blues anglaise. Il s’est révélé à la fin des sixties, alors que la vague du blues anglais s'estompait. Il était la figure de proue de Killing Floor, une formation responsable de deux albums, mais également de concerts mémorables, accordés en soutien de Freddie King. Au cours des seventies, il fonde Salt, un quartet de blues rock qui ne fera guère fortune. Depuis la vague de blues qui a marqué les 80’s, il énormément tourné aux commandes de son Mick Clarke Band. Un groupe qui a publié toute une volée d’album. Le premier ? "Looking for trouble", chez Appaloosa. Mick est très populaire en Europe ; mais également est c’est paradoxal, dans l'Oregon, sur la côte du Pacifique. Son dernier opus, "Solid ground" est paru chez Taxim. Il remonte quand même à 2006.
Pour enregistrer cet elpee, Mick a reçu la collaboration de l’harmoniciste Dangerous Dave Newman et du drummer Russell Chaney. Il cumule chant, guitare, basse et claviers. Les sessions se sont déroulées au studio de Mick, Fabulous Rockfold, dans le Surrey. Et pour préserver la spontanéité des compos, il n’a conservé que des premières prises.
Morceau cool, "Cheap" ouvre l’elpee. Baignant au sein d’un climat de swamp boogie blues, ce titre figurait sur l'album "Tell the truth", un long playing datant de 1991. Blues indolent, "Poor day" paresse à travers les marais louisianais. Epaulé par l’harmo de Dangerous Dave, Mick concède un solo qui reflète la torpeur ambiante. Clarke a sorti son bottleneck pour attaquer le ravageur "Groundhog man", un excellent boogie rock qui libère un max d’énergie. Lors de cette piste, sise à la croisée des chemins du blues de Chicago et du Delta, Mr Newman souffle puissamment dans sa musique à bouche. Une rythmique implacable et lourde balise "Wanna do", un Chicago shuffle. Mick reprend "Shake that boogie", l'un de ses titres fétiche. Caractérisée par sa slide détonante, cette plage figurait sur "Rock me", un long playing publié en 1984. Autre blues lent, bien trempé dans les swamps proches de Baton Rouge, "Twenty miles", est parcouru de cordes chargées de feeling, mais particulièrement paisibles. Blues/rock bien équilibré, "Slipaway" évoque les Groundhogs, d’autres anciens ténors du british blues. Instrumental très rock'n'roll, "Go go Freddie" constitue probablement un hommage à Freddie King. Faut dire que pour Mick, c’était un maître. "Something's wrong" opère un changement de style. Une ballade indolente, mélodieuse, caractérisée par ses vocaux placides et cette gratte aux sonorités enchanteresses. Imprimé sur un tempo tempéré, "I should've waited" épouse une ligne mélodique proche du "Rock me baby" tout en trempant dans un climat réminiscent d’"On the road again". Un blues/rock dynamisé par une excellente intervention à l’harmo. Et cet opus bourré d’énergie s’achève par "Woodsman", un boogie inoxydable.
Au cours des dernières années, Mr Clarke a pris un malin plaisir à remonter ses anciennes formations. Salt. Et puis surtout Killin' Floor. D’ailleurs, un nouvel elpee est en préparation et sa sortie prévue d’ici quelques mois. Quant à Salt, flanqué de son chanteur/harmoniciste originel, Stevie Smith, il part en tournée cet automne.